mercredi 17 août 2011

Jimmy BARNES - "Barnestorming" - (1988) par Bruno


Tornade de fusion Soul-Blues-Rock à la sauce australienne

     Dans les années 80, suite à une petite invasion de groupes Rock des antipodes qui rivalisaient en qualité et assuraient comme des bêtes sur scène, on racontait que le public Australien était sans pitié, et qu'à chaque échelon gravi, le niveau se révélait être encore plus dur ; un public sans merci pour les demis-sel ou les prestations en demi-teintes. En conséquence, aucun groupe ne pouvait espérer enregistrer quoi que ce soit sans avoir eu, au préalable, la faveur d'un public intransigeant.
     Pas étonnant alors, qu'en matière de prestations scéniques, les formations venant des antipodes ont toujours eu bonne réputation. Et les enregistrements en publics ont (presque ?) toujours été synonymes de réussite (bien qu'hélas certains combos n'aient pas laissé de traces gravées, officielles, on peut citer à titre d'exemple : Live Line, If You Want Blood..., Live At Sunbury, 25 to Life, Shakin' the Devil's hand).

   
 Barnestorming
ne déroge pas à la règle. Bien au contraire. Avec ce Live, fruit du meilleur de trois concerts, qui alternent entre brûlots Heavy-Rock'n'Roll , gros Rock franc du collier, d'autres frôlant parfois le Rock FM (minoritaires), et quelques chaudes ballades rock (qui permettent de faire respirer les baffles), gorgées de Soul. Plus un lot de choix avec « Last Frontiers », « Driving Wheels », « No second Prize », et le magnifique « Working Class Man ». Des compositions qui s'érigent parmi les meilleures de
cet écossais immigré en Australie à l'âge de 5 ans, et devenu une institution dans son pays d'adoption. Il convient de spécifier que le terreau des trois précédents opus de monsieur est particulièrement riche. « Bodyswerve », « For The Working Class Man » (qui reprend aussi pour moitié des chansons du précédents) et « Freight Train Heart» sont trois brûlots absolument indispensables à tout amateur de Rock Aussie. Quelque chose évoquant un Americana « Springsteenien », « Bobsegerien », bien musclé et énervé. L'ombre du J.Geils Band de 70-73 plane également. Un J.Geils  Band passé à la moulinette d'un son plus Heavy. La musique de Barnes est très souvent décrite par la presse comme une fusion de Rock, de Soul et de Blues. C'est un fait, mais avec ce live, elle transpire abondamment par tous les pores un rock exultant. Celui qui saisit les tripes, qui file le frisson, qui hérisse la nuque, qui vous fait vous sentir vivant. L'intensité est parfois si forte que ce Barnestorming flirte souvent avec le Heavy-Rock.

     En véritable amoureux de musique, Jimmy ne résiste pas aux reprises de bon aloi, comme l'énergique et exaltant « Good Times » des Easybeats (groupe Aussie dont faisait partie le tandem Harry Vanda et George Young, les célèbres producteurs d'une bonne partie de la discographie d'AC/DC), « Seven Days » de Bob Dylan, ici dans une version appuyée, et l'emblématique « When A Man Loves A Woman » de Percy Sledge. Il rend aussi hommage à son passé au sein de Cold Chisel (1) avec les titres « Temptation » et « Rising Sun ». Deux chansons de sa composition.

     Jimmy Barnes, fabuleuse voix éraillée, chargée de rage et d'amour, puissante et viscérale, qui fait aussi bien appel à la Soul des Tina Turner (avec qui il fit un duo), Wilson Pickett, Otis Redding, qu'à des hurleurs comme Steve Marriott, Joe Cocker (un petit duo également), Bob Seger ou Jim Dandy, en passant par Freddie King. Il fait partie de ces chanteurs qui sont capables de donner du corps à n'importe quelle chanson. Juste par leur timbre et cette sensation que quoi qu'ils chantent, cela fait partie intégrante de leur vécu, de leur âme.
 

   Nul doute que sans le protectionnisme américain et le chauvinisme anglais, Jimmy Barnes aurait été tout naturellement adoubé, lui ouvrant grand les portes du panthéon des grands shouters de la musique populaire.

     Pour cette tournée, Jimmy est épaulé par Johnny Diesel (son beau-frère à partir de l'an 1989) aux guitares et au contre-chants (tout en réalisant également la première partie avec ses Injectors), secondé par Dave Amato (ex-Ted Nugent, futur REO Speedwagon, Cher, Richie Sambora), Chris Bailey à la basse (Angel City), Tony Brock à la batterie (The Babys, Roy Orbison, Rod Stewart, Elton John), et Peter Kekell aux claviers (Jimmy Barnes only).
Pas une formation d'accompagnement pour chanteur égocentrique et poseur, mais un véritable groupe soudé, faisant corps avec le leader, transpirant, souffrant, exultant avec lui. Néanmoins, on peut blâmer une batterie au jeu certes rigoureux mais plutôt rudimentaire.

     Un regret : les titres calibrés FM, « Too Much Ain't Enough Love » et « Waitin' For The Heartache», pourtant loin d'être mauvais ou seulement passables, perdus dans cette messe Rock'n'Rollienne, font figure d'intrus.

     Cet album, cinq fois disque de platine, est resté, en 1988, trois semaines n° 1 en Australie.
Plus tard, d'autres live furent enregistrés, et tous valent le détour.

1 – Driving Wheels, 5:35
2 – Good Times, 3:56
3 – Too Much Ain't Enough Love, 6:02
4 – Lessons in Love, 4:26

5 – Working Class Man, 4:10
6 – Waitin' For the Heartache, 4:55
7 – Do or Die, 4:58
8 – When A Man Loves a Woman, 4:49

9 – Last Frontier, 6:50
10 – Seven Days, 4:11
11 – Temptation, 3:11
12 – No Second Prize, 4:50

13 – Walk On, 4:19
14 – Rising Sun, 3:37
15 – Without Love, 4:40
16 – Paradise, 3:22

P.S. : à la fin de cette tournée, Jimmy Barnes fit un don de 25000 $ à un hôpital pour enfants de Sydney. Respects

(1) Cold Chisel est encore aujourd'hui adulé en Australie. Le départ de Barnes signera la fin du groupe. Des rapports houleux avait déjà failli précipiter sa démission. Ian Moss le guitariste fondateur, participa à certains disques de Barnes. Le groupe se reforme occasionnellement pour un concert commémoratif ou caritatif.

Autres articles sur Jimmy Barnes parus dans le Deblocnot': :
 the rhythm and the blues (2009)
living loud (2004)




2 commentaires:

  1. On peut retrouver Jimmy Barnes, venu en voisin, et en guest-star sur deux ou trois titres du live des Hoochie Coochie Men, groupe australien de blues, avec un certain Jon Lord à l'orgue hammond. Du très bon...

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  2. Tout à fait, Luc.
    Et pour les fans de Purple, on le retrouve également sur un live de ce dernier (concert à Newscastle).

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