Ce projet fut monté à l'initiative de Bob Daysley (Rainbow, Uriah-Heep, Dio, Chicken Shack, Gary Moore, Mumgo Jerry, Ozzy, Yngwie Malsmsteen, et certainement bien d'autres). Ce dernier, peut-être en panne de contrat juteux - il fut longtemps l'objet de divers contrats pour accompagner des artistes en tournée -, mais surtout aigri de ne plus pouvoir jouer les titres auxquels il avait participé à l'écriture du temps du Blizzard of Ozz, et a fortiori, de ne pas avoir été convié à la remasterisation de 2002 des disques « Blizzard of Ozz » et « Diary of a Madman » - Afin d'éviter tout désagrément, Ozzy a préféré inviter Robert Trujillo à rejouer les basses, et Mike Bourrin la batterie -.
Piqué au vif, il rallia son vieux compère d'alors, Lee Kerslake (The Gods, Machine Head, Uriah-Heep, Ozzy), pour former un groupe. D'autant plus pratique, que non seulement Lee connait évidemment le répertoire, mais en plus, il détient une partie des droits d'auteurs. Il y a apparemment une vieille querelle entre le couple Osbournes et le duo Daysley & Kerslake. Ces derniers avaient déjà auparavant poursuivi les Osbournes pour défauts de paiements (sic !), et omission de leurs noms dans les crédits en tant que compositeurs.
Il fallait encore trouver un musicien capable de rejouer les plans techniques de feu-Randy Rhoads sans risquer la blessure. Steve Morse (Dixie Dregs, Kansas, Deep-Purple - élu cinq fois guitariste de l'année sur Guitar-Player), était l'homme de la situation. Son bagage technique, sa dextérité et sa culture musicale, lui permettait d'accéder sans problème au répertoire. Pour le chant, Bob se tourna vers un de ses compatriotes australiens ; certainement un des musiciens les plus célèbres des antipodes et un des meilleurs chanteurs de ces contrées (et au delà) : monsieur Jimmy Barnes (Cold Chisel, himself). Un véritable hurleur (mais pas que, hein !), doté d'une voix fantastique, hors normes, chaude, émouvante, transcendante, sachant allier la Soul la plus profonde à la hargne du Rock le plus vindicatif (soit un mélange magique de Tina Turner, Wilson Pickett, Redding, Steve Marriott, Cocker, Bob Seger). Et afin de parfaire l'ensemble, tout comme à l'époque d'Ozzy, alors en guest, Don Airey (Rainbow, Deep-Purple, Whitesnake, Gary Moore, UFO, Judas Priest, Whitesnake, Ozzy, Black Sabbath) vient apposer ses claviers, souvent de façon discrète. Ce n'est que sur la deuxième édition du CD, que son nom et sa silhouette apparaissent sur la couverture.
Ainsi, à l'aide de cet équipage de vieux loups de mer, Bob & Lee allaient montrer au vieil Ozzy que non seulement ils avaient encore la pêche, qu'ils étaient loin d'être grabataires, qu'ils savaient encore faire chauffer les planches, mais qu'en plus, cerise sur le gâteau, leurs versions, leurs interprétations, pouvaient être meilleures. Car, former un tel groupe juste pour quelques concerts et interpréter uniquement des titres vieux de vingt ans, aurait été du gâchis. Erreur que ne feront pas ces vieux briscards. Tant qu'à faire, puisque l'on ait là, autant s'éclater avec du matériel neuf. C'est ainsi que l'on se retrouve avec une tripoté (pratiquement la moitié) de Heavy-rock de haute tenue.
Et pour le coup, certaines compositions originales de Living Loud se retrouvent être les meilleures pièces de l'ouvrage. En tête de liste, « Last Chance », un pur Heavy-rock percutant, entre AC/DC galvanisé et Hard-Rock US burné et sans chi-chis, du style qui force à dodeliner la tête en rythme ; « Every Moment a Lifetime », dans un registre différent, Heavy-Pop-rock, guitare aux réminiscences Hendrixiennes et Soul, solo éthéré d'essence Blackmorienne, nappes discrètes d'orgues. Deux joyaux qui surplombent aisément l'ensemble de l'opus. « Walk Away » et "Pushed me too Hard", se défendent bien, même si d'un niveau inférieur. Par contre, le seul titre ayant bénéficié d'un clip-vidéo, « In the name of the God » (un Pop-rock oriental), se présente comme le point faible, et est en décalage avec l'ensemble du disque qui œuvre dans un registre qui puise son inspiration dans le Heavy-Rock fin 70's allié à la flamboyance du Hard US, avec quelques incursions dans le Heavy-Metal (les titres d'Ozzy, of course). Donc nullement représentatif.
Les compositions de l'ère Ozzy sont transcendées, emprunt d'une nouvelle jeunesse, enterrant parfois les originaux. C'est notamment le cas de « Flying High Again » & « Tonight » qui prennent ici, grâce à la voix de Barnes et la guitare de Morse, une expression plus Rock, Hard-blues, plus puissante, plus chaleureuse. De « Tonight », Living Loud a gommé toutes les ornementations pour ne garder que son essence ; le piano et les violons ont été remplacé par la gratte omnipotente de Morse qui donne ainsi une nouvelle force à ce titre (seul le solo peut sembler moins bon, moins lyrique). Les classiques « I Don't Know » et « Crazy Train » explosent les neurones, et Barnes, étonnement, se fond admirablement avec son timbre rocailleux dans ces classiques du Heavy-Metal. « Over the Mountain » n'apporte pas grand chose, si ce n'est une guitare au son plus actuel, (et un meilleur chanteur ?). Par contre, « Mr Crowley » n'est pas très réussi, et là, le timbre de Barnes est inadéquate, de plus noyée saturée par un effet ; plus fatiguant qu'autre chose.Au final, de bonnes et d'excellentes compositions personnelles (cinq), mélangées à celle co-écrites avec Ozzy & Rhoads, qui, pour le coup, ont pris un sérieux coup de jeunesse (un comble lorsque l'on sait que le "plus jeune" avait 48 ans au moment du méfait, et le moins, 57 !). Par contre, au niveau des soli estampillés Randy Rhoads, certains pourront trouver à redire, car effectivement, les deux hommes n'ont pas le même touché, et Steve Morse, bien que respectant l'esprit, le lyrisme (plus ou moins), n'a pas voulu recracher le solo à l'identique de bout en bout (pareillement à ce qu'il fait déjà en concert avec les standards de Deep-Purple). A chacun sa personnalité.
P.S. : La troisième édition offre le DVD (parue initialement en 2004) d'un concert, "Debut live concert 2004", reprennant intégralement le répertoire du disque avec en sus "Gimme Some lovin'" et "Good Times" (des Easybeats, déjà repris par Barnes).
Mmmm ! Voilà qui me parle. Pauvre Daisley, pas vraiment récompensé de ses travaux pour Ozzy. Je trouve les méthodes des Osbournes assez dégueulasses, pour ne pas dire mal honnête. Celles de Sharon en particulier.
RépondreSupprimerMike Bourrin à la place de Bordin... Tu l'as fait exprès ?
Encore une belle découverte à mettre à ton actif Bruno. Bravo.
Pas vraiment... en fait, j'avais écrit Borrin. En me relisant, rajouter un petit "U" grisé, pour un batteur, m'a fait doucement rire... cela ne fait pas d'mal.
RépondreSupprimerOui, les Osbournes semblent finalement de drôles de cocos. L'influence de Sharon ? Aux débuts de la carrière solo d'Ozzy, c'était elle qui gérait tout d'une main de fer. Son père était dans le show-business. Mais bon, personne n'est parfait. elle a tout de même sauvé Ozzy (la carrière et la santé), et a parfois aidé d'autres musicos.
Mais pas impossible qu'à leurs débuts, ils aient eu quelques "difficultés" financières qu'ils ont voulues résorber au détriment d'autrui.
Il est vrai que Ozzy doit beaucoup de sa carrière grâce à sa dame (à Saddam) de fer. Elle a de qui tenir, son père n'était pas un tendre non plus, même avec elle (lire la bio d'ozzy).
RépondreSupprimerexcellent excellent et ..... complètement inconnu pour moi!!! merci les gars, Ramone
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