mardi 8 février 2011

CHARLES BRADLEY - "No Time For Dreaming" - (2011) par Rockin-JL


Parlera t’on de Daptone Records dans 40 ans comme on parle encore aujourd’hui du son Stax, Motown, Muscle Shoals, l’avenir nous le dira, en tous cas c’est bien parti tant le label de Brooklyn semble devenir une référence de qualité, autour de sa tête d’affiche Sharon Jones, mais aussi Lee Fields, Naomi Shelton, le Budos Band...

Redonner ses lettres de noblesse à la bonne soul et au Rythm’n’Blues est le credo de Daptone, puissent t’ils réussir et –rêvons un peu- puisse la chose pathétique qu'on appelle "éreunebi" disparaitre et ses stars de pacotille retomber dans un anonymat dont elles n’auraient jamais dû sortir, mais visiblement le chemin est long..

Mais trêve de digressions, venons en à Charles Bradley, dernière découverte en date du label. C’est facile d’écrire un papier sur Bradley, pas de risque de syndrome de la page blanche, sa vie est un roman, un road- movie plutôt, qu’on imaginerai bien filmé par Eastwood ou Scorcese.
Né en 1948 en Floride, il passe sa jeunesse à Big Apple, dans le quartier de Brooklyn, gamin de la rue parmi d’autres. C’est à 14 ans qu’il assiste à un concert de Mister James Brown à l’Apollo, il ne se remettra jamais du choc, funk, soul et Rythm’n’Blues rythmeront sa vie, vie qui sera loin d’être un long fleuve tranquille, une belle histoire que tonton Rockin’ va vous raconter..





Il devient chef cuisinier, dans le Maine, puis dans un Hôpital à New York, ensuite part sur la route, atterri en Alaska, s’installe 20 ans en Californie, tout en montant des orchestres et chantant dans les clubs, surtout des reprises de JB, des Meters .. Licencié, il quitte la Californie et retour à la case départ, Brooklyn, vit de débrouille et continue à chanter dans les clubs. La poisse lui colle à la peau et son frère est assassiné, la déprime guette notre soul man, mais la roue de la chance se devait de tourner un jour, un dirigeant de Daptone l’entend dans un club et le signe.


le Menahan Street Band

Il sort 2 singles avec les Bullets du guitariste producteur Thomas Brenneck (Sharon Jones, Amy Winehouse) , Bullets qui deviennent bientôt le Budos Band , orchestre instrumental funky / latino. Brenneck a aussi monté avec des membres des Dap Kings de Sharon Jones, des Antibalas , de Els Michel Affair et du Budos Band un projet parallèle , le Menahan Street Band, qui tire son nom de l’adresse de son appartement qui lui sert de studio à Menahan Street, et c’est ce groupe qui va servir de backing band à Bradley. Un groupe de fines gâchettes qui sait ce que chauffer et groover veut dire et qui s’avère un parfait support à la voix de Charlie.

Une voix qui sort des tripes et porte en elle la souffrance d’un homme qui en a bavé, a connu la mort de prés, et le racisme, la capitalisme sauvage (pléonasme), et la vie dans la rue. Une voix chargée d’émotions de feeling et d’âme (en français dans le texte), burinée à chanter depuis des décennies dans des boxons et oui la musique ça ne s’apprend pas en 3 mois dans un château…

No Time For Dreaming est son premier album et une franche réussite. Bien soutenu par le groupe, sa rythmique souple et imparable, ses cuivres (Dave Guy trompette, Leon Michels ténor sax) son orgue farfisa, ses guitares, ses congas, Bradley peut enfin donner sa pleine mesure et nous fait regretter cette tardive découverte.

Les compos sont bien travaillées, alternant titres groovants à la Sharon Jones comme les 2 meilleurs titres "I Believe In Your Love et "No Time For Dreaming" - Sharon que l’on retrouve d’ailleurs aux chœurs, je vous l’ai dit Daptone est une grande famille-funks à la James Brown et soul plus sentimentale, mais pas trop sucrée, à la Otis ou Solomon Burke ("Lovin’ You, "How Long"), Bradley se fait tour à tour rageur, puis poignant et chante ce monde "Coming Up In Flames" , comme sur "Heartaches And Pain" où il raconte le meurtre de son frère ou encore "Why Is It So Hard" qui raconte sa vie et égratigne le rêve américain ( Why is it so hard to make it in america/ a land of milk and honey/ a land supposed to built with love ..)

Brrr pas gai tout ça, à l’image de ce monde … Allez, pas de sinistrose, la prochaine fois je vous fais l’intégrale de Carlos et Patrick Sébastien, Youpee ! Pouet ! Tuuuuuuut !...................

(à lire sur Daptone et Sharon Jones:http://ledeblocnot.blogspot.com/2010/06/sharon-jones-i-learned-hard-way-2010.html)



6 commentaires:

  1. Shuffle master.8/2/11 10:37

    Pour Sharon Jones, il y a un moment que j'hésite. C'est bien, certes, mais pas de quoi se rouler par terre. Tu conseillerais lequel?

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  2. "le jour ou Shuffle Master se roulera par terre il pleuvra des crèpes" (vieux proverbe breton).
    Sharon? Le dernier sans doute "I learned the hard way" et "100 days 100 nights" tout aussi bien..

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  3. cat foirien8/2/11 12:56

    pour épondre à Shuffle master je citerai aussi Dap Dippin' with...(2000)! en gros, ils sont tous à écouter!
    pour en revenir à Ch Bradley, il meritait bien sa chronique, lui aussi....longue vie à Daptone Records et merci au déblochnot' !

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  4. Je confirme le choix de Rockin relatif à Sharon Jones.

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  5. Dès les 1ères notes, on sent que c'est du bon, qui nous ramène à la Soul de qualité. Celle qui a pratiquement disparu depuis plus de 20 ans...

    Mais où sont les bagouzes, les chaînes en or de 2 kg, la voiture tunée "Bling-bling", les gonzesses vulgaires et dénudées, les lunttes à 1000 $, les fringues de crétin-qui-joue-dur ? Et cette coupe ? Il ne fera jamais carrière ce gars là !! En plus c'est un ancien !! Beurk ! Aucun risque qu'il passe sur MTV ou MCM. Heureusement que ces chaînes font le tri pour nous.

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  6. Il nous a fait vibrer tout à l'heure à Nantes! E N O R M E !!!!!!!!!!!!!!!

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