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En 1997, après un dernier album 100 % british-blues, « Blues for Greeny », en hommage et constitué uniquement de reprise de Peter Green, Gary stupéfie, déconcertait son public, en délaissant complètement le Blues, sans pour autant revenir au Hard-Rock qui l'avait rendu célèbre dans un premier temps. « Dark Days In Paradise » est un disque atypique dans la discographie de l'irlandais. En effet, ce natif de Belfast avait décidé de surprendre, une fois de plus, ses fans en s'orientant vers une musique mâtinée de Soul, de Pop et de Rock plutôt « mainstream », à l'aide de Samples et de programmations. Se dirigeant ainsi vers une musique aux parfums Techno. Certains parleront de Jungle-rhythmn-rock. Mais là où Gary fait la différence, c'est qu'au lieu de composer des titres qui seraient plus « dance-floor » (pas trop le genre du gars), il s'est servi d'une matière première issue donc de la Techno (ou un truc du genre avec programmation, sample, jungle-rhythm) pour créer des chansons aux mélodies accomplies, tantôt sombres, nostalgiques, tantôt plus harmonieuses, raffinées, romantiques. "Dark Days" se positionne comme l'un de ses albums les plus travaillés, surtout au niveau des mélodies, et du chant ; bien qu'il ne se résume pas à cela. Et l'album ne sonne pas pour autant aseptisé ou « clinique », ou encore surproduit. La production (de Moore & Chris Tsangarides) garde une approche Rock.
Et afin de garder une certaine chaleur dans son approche, Gary s'était offert les services de sérieux bonshommes : Guy Pratt à la basse (Brian Ferry, Robert Palmer, Icehouse, Madonna, Pink Floyd, Jackson Michael, Sophie Ellis-Bextor, David Gilmour, etc, etc...), et Gary Husband (Trower & Bruce, Allan Holdsworth, John McLaughin, Level 42, Beck Jeff, Andy Summers, Mike Stern, Ron Sexsmith, etc, etc...).
Des musiciens au carnet d'adresses et à l'agenda impressionnants. D'ailleurs, il y a des patterns de batteries qui ne peuvent être réalisés que par un batteur de Jazz expérimenté - et non par une froide machine. Deux monstrueux musiciens qui insufflent une atmosphère plus ardente, plus vibrante. Tel des architectes, ces deux-là, grâce à leur présence, leur fondement, leur musicalité, ont permis à Gary d'ajouter ses touches de couleurs, même parcimonieusement, en toute sérénité, sans se soucier d'ébranler la structure, la charpente de la chanson.
Lorsque l'on pense à Gary Moore, on pense forcément guitare. Et ici, celle-ci paraît bien moins présente qu'elle ne l'était auparavant (et qu'elle le sera à nouveau par la suite). Point de gros riff gras et assassins millésimés « Corridors of Power», point de pentatonique ni de shuffle endiablé estampillés « After Hours », point de chorus fiévreux de l'ère « Wild Frontier ». Non, Gary n'a jamais était si peu bavard.
La guitare se fond littéralement dans l'espace sonore, et pas de solo inopportuns ou démesurés déstructurant l'assise de la chanson. Et pourtant, la Gibson LesPaul est bien présente, usant même parfois un bottleneck épais, une wah-wah à bon escient, ou d'un feed-back contrôlé.
Sur « What Are We Here For ? » (formidable titre invitant à un voyage nostalgique, introspectif et envoutant), Gary utilisait même parcimonieusement un vibrato dans un style arabisant. Ou bien s'agit-il d'un bottleneck travaillé au potentiomètre de volume ? Une véritable science de maîtrise. Néanmoins, sur les dernières minutes du long « Business As Usual », titre sentant bon les falaises ventées et herbeuses d'Irlande, Gary se lâche dans quelques cavalcades de guitares (plus rock que Hard). Et aussi, gros solo Hard-blues sur "Like Angels". Le chant de Gary s'est fait, autant que possible, plus soul (-blanc). Un disque d'une richesse telle, que l'on y découvre (ou redécouvre) toujours quelque chose. L'album suivant, « A Different Beat », enfoncera le clou, avec des rythmes et des sons plus franchement Techno (electro ?), mais avec en contrepartie une Gibson à nouveau très présente et mordante, et des titres bien plus durs. On retrouvera aussi, les restes de ces expériences sur l'album de son groupe éphémère, Scars, dans une optique nettement plus Heavy.
P.S. : Ce disque a souffert d'une absence totale de publicité (hormis le soutien de quelques magazines spécialisées de guitares - qui avaient été enthousiasmés), et d'une mauvaise distribution (digne d'un import de label indépendant). D'où, avec le suivant, le peu de reconnaissance dont il fait encore actuellement l'objet. Certainement, qu'il ne rentrait pas dans le moule qu'on lui avait désormais donné.
- One Good Reason 3.02
- Cold Wind Blows 5.26
- I Have Found My Love In You 4.53
- One Fine Day 4.57
- Like Angels 7.32
- What Are We Were For ? 5.43
- Always There For You 4.53
- Afraid Of Tomorrow 6.39
- Where Did We Go Wrong ? 6.36
- Business As Usual 13.34
Et pour la chanson "Darks Days...", armez-vous de patience et laissez dérouler le disque jusqu'au bout. Gary s'était fait, avec ce titre, un petit plaisir coupable (ou bien une tranche de rigolade ?) en jouant sur une musique qu'il n'avait jamais abordée jusque là.
Assurément, c'est assez difficile à restituer en concert avec une formation réduite
Très belle prestation, c'est beau, intense. A la reprise plus énervée, j'ai senti comme un parfum de TYA, la manière de poser la voix, l'ambiance (en plus corsée) genre "One of these days" sur le Recorded Live (tu nous le chroniques quand celui-là, hein ?)
RépondreSupprimerHaaa... "One of these days" est un titre dont je ne me lasse pas, et le "Recorded Live" a longtemps été un de mes disques de chevet.
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