C’est notre cher Luc qui m’a donné l’envie de ressortir ce disque et de vous en parler, après qu’il nous eut parlé de leur première partie de Robert Plant au Palais des Sports. Et au passage quand je dis notre "cher" Luc, c’est le mot, si vous saviez ce qu’il nous coûte en notes de frais… Tenez ce concert du beau Robert, faut qu’on lui rembourse sa place, le taxi pour y aller, car Môssieur depuis qu’il est chroniqueur vedette au Deblocnot’ ne veut plus prendre les transports en commun, et comme si ça ne suffisait pas son entrée ensuite au Lido et les consos, soit disant pour interviewer Robert si jamais il s’était trouvé là... Mais le summum c’est cette note de frais de 80 Euros avec une certaine Madame Ginette, rue Saint Denis, une informatrice qui aurait connu Robert jeune parait il ; mouai, n’empêche que j’ai un doute là….
Mais revenons à nos moutons ou plutôt nos chameaux avec ce disque anglo-gambien que j’avais glissé avec circonspection dans ma platine, n'appréciant que très modérément tout ce qu'on balance sous l'étiquette "World Musique ", d’ailleurs c’est quoi de la World Musique, quel terme idiot, toutes les musiques sont à part égales des musiques du monde, non ? Ou alors certaines sont plus égales que d’autres, comme disait Coluche… Le petit coté ethnique, un rien condescendant de ce terme m’énerve quelque peu...
Cet album, enregistré dans les studios de Peter Gabriel, est la seconde collaboration après Soul Science de 2007 entre Justin Adams - guitariste anglais, et passionné de musiques africaines, qui produit les albums de Tinariwen, les bluesmen touareg. Fils de diplomate il a vécu au Moyen Orient et s'est imprégné de cette culture, il accompagne aussi régulièrement un certain Robert Plant, ex pilote de Zeppelin - et Judeh Camara, gambien installé à Londres depuis 2003, issu d'une famille de griots, chanteur et joueur de ritti, sorte de violon peul à 1 corde, dont il tire des sons incroyables. Ils sont accompagnés du percussionniste Sahah Dawson Miller, qui lui puise son inspiration dans les musiques brésiliennes, cubaines et du Maghreb.
Disons le tout net, l'alchimie opère et la rencontre du rock, du blues et des sons du désert et des Caraïbes est hautement réussie,vous serez transportés des berges du Mississippi au massif du Hogar, des bas fonds de Chicago aux regs du Ténéré. Rythmes arabisants, orientaux et afro-américains s'entremêlent, on reconnaîtra une adaptation libre du Hoochie Coochie Man de Muddy Waters, standard du blues s'il en est, la plus étonnante version qu'il m'ait été donné d'entendre et aussi Kélé Kélé, et ses forts relents de Hey Bo Diddley, plus de superbes titres comme Sahara qui nous transporte littéralement dans le désert ou Gainako, sur l'importance des racines africaines.
Ce disque est envoûtant, je l'écoute là en vous écrivant et je vois le soleil qui se couche sur les dunes du Sahara, une caravane passe au loin, un chien aboie, le vent apporte les senteurs épicées du désert, à coté de moi un chameau boit dans l'oasis et une jolie touareg juste vêtue d'un boubou aux milles couleurs m'invite à prendre le thé à la menthe sous sa tente, voila qui promet !
Mais que se passe-t-il, le disque est fini, tout cela n'était qu'un mirage... Il flotte, ça sent le lisier, je ne vois par ma fenêtre que la lande désolée, un chien galeux hurle à la mort, et en fait de jolie touareg, c'est ma vilaine factrice, qui sanglée dans sa veste PTT, vient m'apporter le dernier pli de mon trésor (public) qui me rappelle que je n’ai toujours pas payé ma TRS (taxe sur les rapports sexuels-je sais ça n’existe pas encore mais ça ne saurait tarder)... Je remets le disque…
"Sahara"
L'AVIS DE LUC B. :
Voilà comment on remercie un Déblocnoteur, certes zélé, mais dévoué à son blog ! Ce que vous ne savez pas, c'est que je m'étais glissé dans le coffre de la limousine de Robert Plant, qui en sortant du Lido, fonça vers son hôtel, le George V. Je n'avais toujours pas mon interview, et tentai une dernière ruse. Las, au parking de l'hôtel, le chauffeur a fait descendre Monsieur Robert, puis a verrouillé portières et coffre. Je ne suis ressorti qu'au petit matin. Savez-vous combien coûte une nuit au George V, même sans petit déjeuner et dans un coffre de Bentley, au second sous-sol ? Hein ? Non ?
Je confirme ce qui vient d'être dit. Pas ces allégations fumeuses, mais les propos se rapportant au duo Justin Adams et Camara. Ils ont fait la première partie du concert de Robert Plant à Paris, ce 24 octobre dernier. Quelle prestation ! Le premier titre était acoustique, Camara au ritti, et Adams jouant d'une espèce de petite mandoline. Chanson africaine, enjouée, accompagné par le batteur qui frappait la caisse en bois sur laquelle il était assis. Puis Justin Adams, dans un excellent français, nous a raconté son amour de l'Afrique et de ses rythmes, ses sonorités, et sa rencontre avec Camara. Un simple coup de téléphone. Appelle ce type, lui dit une connaissance... Adams appelle, et Camara joue de son ritti, de l'autre côté de la ligne. Adams en aime le son, et immédiatement, les deux musiciens s'accordent pour enregistrer ensemble. Lorsque Justin Adams prend sa guitare électrique, c'est le mariage du blues, du punk rock, avec le sable chaud du Sahara. De longs morceaux hypnotiques, sur des bases boogie, qui fleurent de John Lee Hooker à plein nez. Adams ne tient pas en place, sautille, shoote dans des ballons imaginaires, danse, délaisse sa guitare pour des percussions, alors que Juldeth Camara, stoïque, chante le blues dans sa langue, et joue du ritti, avec une dextérité incroyable, hendrixienne ! A l'arrière, le duo basse/batterie assure une base rythmique sans faille, toujours à l'écoute, prêt à rebondir sur un appel des solistes. Il y a de la spontanéité dans cette musique, on se laisse porter, on s'élève, on décolle !
Ils ont reçu une véritable ovation, et ce n'est pas faire injure à Robert Plant, de dire que ce soir-là, sa première partie lui a presque volé la vedette..
(à lire sur le concert de Robert Plant au Palais des Sports: http://ledeblocnot.blogspot.com/2010/11/robert-plant-en-concert-par-luc-b.html)
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