mardi 18 février 2025

JEFF BUCKLEY - Grace (1994) - par Pat Slade



Jeff Buckley connaîtra une carrière éclair, un passage en coup de vent et un album qui est un classique.



Un Unique Album ou Un Album Unique ?



Franchement, je ne sais pas comment parler de cet album qui a marqué une génération. Jeff Buckley avait trente ans quand il lui prendra l’idée saugrenue d’aller se baigner dans le Mississippi. Ce ne sera qu’après sa mort qu’il sera le plus médiatisé et sa maison de disque Columbia ayant le sens des affaires ne perdra pas de temps pour programmer un album posthume. Mais sa mère s'oppose à cette initiative jugée trop précoce et non respectueuse de la mémoire de son fils. Cette dernière n’est pas irréprochable puisqu’elle reprendra le projet à son compte. Premier souci, dans quelle catégorie le classer, beaucoup le range dans le rock alternatif alors que personnellement je le mettrais dans un folk-rock (j’attends vos avis).   


La catalogue modeste de Jeff Buckley cpmporte un album studio gravé de son vivant, deux posthumes,  cinq live et deux compilations. Les vautours se sont nourris de ses restes encore chauds. L’argent n’a pas d’odeur parait-il. Jeff Buckley est le fils de Tim Buckley un musicien qui vivra plusieurs périodes musicales oscillant entre le folk, le folk jazz, le free jazz et le rhythm’n’ blues qui se désintéressera complètement de son fils. Jeff sera bercé par le piano de sa mère et la musique de son époque avec les Beatles mais aussi Crosby, Still, Nash, les Doors ou encore Led Zeppelin ce qui développera son éveil à la musique. A 13 ans le premier groupe pour lequel il se passionne est Kiss et à Noël il recevra sa première guitare électrique. Il développe beaucoup son jeu en jouant dans les différents groupes des lycées où il étudie. Il rencontrera le propriétaire d’un studio avec qui il se lie d’amitié. Il composera et enregistrera des arrangements pour des démos, Il accompagnera le temps d’un concert Judy Mowatt une ex. choriste de Bob Marley. Il faudra attendre 1991 et un concert en hommage à son père pour que tout démarre vraiment, après plusieurs aller-retour entre Los Angeles et New York et maintes péripéties.

Il formera un groupe pour entrer en studio et enregistrer, il n’était question qu’il  n'enregistre qu'un album de reprises, mais finalement il décide d'enregistrer ses compositions et de n'enregistrer que 3 reprises pour l'album. Une fois terminé, Jeff Buckley le nomme ”Grace“. ”Mojo Pin“ Selon Jeff la chanson se réfère à d’un de ses rêves, un junky qui pleure son amour perdu.e, un mojo pin c’est une aiguille d’héroïne. Une musique très planante et une voix avec un joli vibrato.  

 

Si ”Mojo Pin“ t’avait déjà étourdi, ”Grace“ enchaine et te crochète direct, un joli uppercut dans la face et tu te retrouves KO pour le compte…le coup de grâce ! La chanson se révèlera plus tard une sorte de prédiction à propos de la mort de Jeff. ”Last Goodbye“ s'intitulait à l'origine "Unforgiven" et avait une orchestration plus rock, c’est la chanson qui a eu le plus de succès commercial aux États-Unis. ”Lilac Wine“ : une reprise d’un titre des années 50 de James Shelton. Elle sera reprise plusieurs fois. ”So Real“ Le guitariste Michael Tighe rejoint Buckley dans l'enregistrement de Grace, il apporte avec lui ce qui allait devenir le riff principal de "So Real" qui est joué pendant les couplets.

 
Hallelujah“  De Léonard Cohen qui apparait sur l’album ”Various Positions“ en 1984. On pensera ce que l’on voudra mais la version de Buckley dépasse celle de Cohen (même si j’aime beaucoup le canadien) avec sa version en voix guitare. Depuis 2013 sa version est inscrite au registre national des enregistrements de la bibliothèque du congrès à Washington. ”Lover, You Should've Come Over“ Une ballade folk-pop qui commence avec un morceau d’harmonium, un titre dans la veine d’un Dylan. Corpus Christi Carol“ de Benjamin Britten souvent considéré comme le plus grand compositeur britannique depuis Henry Purcell. Le ”Corpus Christi Carol est avant tout un chant de noël du moyen âge, l'auteur original du chant de Noël reste anonyme. ”Eternal Life“ Gros son de guitare saturé, Buckley se lâche sur ce morceau avec des paroles parlant de la mort et de la vie éternelle. ”Dream Brother“ : une chanson écrite pour son ami Chris Dowd du groupe Fishbone pour lui dire de ne pas quitter sa petite amie enceinte de la même manière que le père de Jeff avait fait avec sa mère. ”Forget Her“ :  la chanson a été enregistrée lors des sessions pour le seul album. Elle est restée officiellement inédite jusqu'à ce qu'elle soit incluse dans la version remasterisée de l’album en 2004.  
Grace“ recevra le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros en 1995.  Un excellent album enregistré par un ovni qui deviendra une icône du rock post mortem.

 

     

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