lundi 16 septembre 2024

LA MARTIENNE DIABOLIQUE de David MacDonald (1954) - par Claude Toon-Nanar

- Pfff, CLAUDE !!! Nema est furax, tu lui as pourri sa soirée TV avec ton film de SF cucul la praline… Quoique elle s’est endormie au bout d’une demi-heure, moi j’étais morte de rire… Enfin… de temps à autre… Il faut être très bon public et amateur du second degré pour tenir la distance…

- J’ai déniché ce chef-d’œuvre du cinéma british par hasard sur Canal + replay… Je te l’accorde Sonia, l’histoire n’a aucun intérêt. Ce film se classe dans la brocante du 7ème art… Mais pour assurer une chronique de qualité amusée, il était indispensable que tu le vois, avec en prime le regard critique de notre rédactrice littéraire…

- Admettons… Bon on s’y colle ! 

- Oui les lecteurs sont déjà morts de peur, hihi !!! 

 

Oui, je sais, Luc, notre cinéphile expert m’a déjà gourmandé pour avoir écrit des billets sur des films débiles, au hasard : Frankenstein conquiert le monde du spécialiste japonais du genre horrifique-SF-loufoque Ishirô Honda, l’un des papas des aventures de Godzilla. Ce cinéaste nippon concurrençait son homologue américain Roger Corman, le roi du nanar poilant tourné en trois jours pour une poignée de dollars (ne pas confondre avec un western de Sergio Leone). J’ai rédigé le RIP de Corman en début d’année et commenté en hommage l’inénarrable La petite boutique des horreurs, un délire botanique mettant en scène une plante géante très carnivore ; un film moins terrifiant qu’hilarant. (Clic)

Cela dit, pour prendre en compte la remarque de Luc, ma plume diverge de temps à autres pour assurer la promotion des musts du cinéma social : Vittorio de Sica, Rossellini, Flaherty… et d'autres films pas forcément géniaux, quoique, certains... mais qui m’ont touché et qui à mon goût sont passés trop inaperçus face à l’invasion bourrative, récurrente et tapageuses des productions MARVEL.

 

Ô ! et puis naviguer entre la spiritualité partagée entre Lamartine et Liszt ou les réflexions sur l’héroïsme chez Vaughan Williams oblige pour m'évader à un exercice de rédaction facétieuse qui m’amuse au plus haut point. Les mélomanes "classique" sont parfois étiquetés intellos ou snobinards voire d’autres quolibets encore plus méprisants ! Beurk, tu parles Charles ! Alors là, je vais me régaler à brocarder… cette "chose" venue d'un autre monde cinématographique 😊.



 Soucoupe volante ou détendeur butane

Devil Girl from Mars (soit La diablesse venue de Mars, traduction perso du titre original) : fut réalisé par David MacDonald un cinéaste écossais (1903-1984) assez oublié, Luc confirmera. Une rumeur prétend que Douglas Fairbanks l'aurait incité à faire carrière dans le cinéma à Hollywood. Il sera assistant de Cecil B. de Mille dans des films cultes comme Cléopâtre et Sous le signe de la croix dans les années 30, mais aussi de K. WidorT. Garnett, H. Hathaway, R. Walsh… Une belle école !

Ce film de S.F. sera tourné en 3 semaines dans une ambiance bon enfant sur le plateau. Second film S.F. en noir et blanc british*, on le regarde de nos jours d’un œil attendri par la naïveté du scénario, la banalité vaudevillesque de la mise en scène, la puérilité des "trucages"… Mais on ne peut nier que MacDonald a su jongler avec un manque de moyens criants et un casting faiblard. Il produit tout sauf un film d'horreur, plutôt une comédie, voire une satire du genre très sérieux en vogue aux US en ce temps de guerre froide. Un clin d'œil à Le jour ou la terre s'arrêta du grand Robert Wise par la présence du robot n'échappera pas aux amateurs. (En l'occurrence Chani chargé de la maintenance et porte-flingue).

(*) Le premier d'après mes recherches étant Four Sided Triangle, la 1ère production de la Hammer (spécialiste des remakes des Dracula et des Frankenstein jusqu'à saturation) et réalisé par Terence Fisher

 

"Tiens ! une flying saucer"

Pas de générique en introduction. C'est rare à l'époque. Premier plan : un avion de type Douglas DC 2 survole une mer de nuages et à [00:13] ! BOUM !!!!!!

 
 

Waouh ! et là, défile le générique… Trop tard, on flippe à mort (Renaud), et on ne lit rien, trop bouleversés par le sort de l'équipage et des passagers dispersés façon puzzle (Audiard).

Changement de décor : une auberge et un pub fermés pour l'hiver, enfin pas le comptoir, nous sommes en Écosse, une bâtisse cosy paumée dans une lande écossaise à 10 km du premier bled. Le speaker de la BBC soliloque sur la chute d'un astéroïde dans la région.


Quant à la martienne diabolique, on poireautera 25 minutes avant de la voir !!!

La pension de famille est tenue par un couple vieillissant, les Jamieson.  Madame travaille, monsieur picole… La jeune serveuse Doris déprime. Une seule cliente au départ : Ellen Prestwick, qui a rompu avec son amant londonien et glande en minaudant telle la mannequin déchue qu'elle fut… Le petit Tommy est hébergé par sa tante, un petit ado débrouillard.

Sur la route de l'auberge, dans une guimbarde d'un autre âge, le professeur Arnold Hennessey, astrophysicien flanqué de Michael Carter, journaliste, sont chargés d'élucider le mystère de l'objet stellaire explosif… Ils décident de faire halte à l'auberge érigée ainsi au rang de QG. Miss Jamieson accepte d'ouvrir une chambre. Ah, j'oubliais, un certain Robert Justin alias Albert Simpson est arrivé plus tôt, trempé jusqu'aux os (Écosse oblige) et sans un sou. A priori un taulard en cavale accusé à tort de l'assassinat de sa femme (c'était un accident)… Sans doute sincère et amoureux de Doris… La patronne lui offre une chambre moyennant de menus services, comme servir à table. Manque de bol, Carter reconnait le fuyard et le convivial dîner improvisé dégénère en échauffourée…

 

À ce stade, on se demande si on regarde la bonne chaîne TV, car hormis l'explosion du zingue, et diverses allusions du professeur, on s'interroge "grave" sur la thématique réelle du film… S.F. horrifique ou partie de campagne… ?

 

Ouf, une lueur aveuglante embrase la lande et, les résidents de l'auberge, effarés, assistent à l’atterrissage nonchalant d'une soucoupe volante sur la lande. C'est bizarre cette idée d'une "soucoupe" dans les films de cette époque ?! Citons : Le jour où la terre s'arrêta, Les soucoupes volantes attaquent, Plan 9 from Outer Space*, etc. Enfin, ça permet des effets de toupies faciles à réaliser…

(*) Ah je vous le promet celui-là : des ET, une et un vampires, des zombies, la totale 😁!!

Miss Londres vs Miss Mars

Qui dit soucoupe volante dit occupants, au moins un ou une pilote. Bigre, la porte s'ouvre, une rampe se déploie. Angoisse 😊. Heuu une créature apparait, une chimère entre Belphégor (sans le masque), et un humanoïde allure LGBT+ pratiquant SM. Elle est vêtue d'une cape noire et d'un bonnet en espèce de kevlar, noir lui aussi. Pas gaie la tenue. Un vent fripon (Brassens) révèlera une mini-jupe et des collants gainant des gambettes dignes de celles de Cyde Charisse. Pas d'erreur, le génome XX prédomine. La femme au visage livide, hautain et inexpressif commence sa visite par un assassinat gratuit !!!!

À ce sujet, comment réaliser un effet spécial avec trois sous ? Prenez un vieil arriéré bossu et myope traversant la lande (un pigiste à l'auberge). Champ contrechamps : 1 - le pauvre homme effrayé ; – 2 Belphégor sort un pistolet zarbi et tire ; 3 – Il ne reste que les lunettes du pauvre bougre et un peu de fumée. Ahhh, toute la magie du cinéma : un figurant, une paire de lunettes et deux plans de 3 secondes. Il devait faire trop froid ou le temps manquait pour abandonner le pantalon… Principe de la désintégration sélective.

 

Revenons à la petite troupe de l'auberge. Les présentations sont glaciales. Je m'appelle Nyah, je viens de Mars, "je sais tout sur votre civilisation minable et patati et patata". Nyah débarque suite à un problème sur la planète rouge. Le #MeToo martien a pris le pouvoir absolu et il n'y a plus assez d'hommes pour éviter l'extinction de leur race !!!! Bon Ok, tu cherches des beaux mecs, en bonne santé et pas trop cons pour la reproduction… À voir le sens de l'humour de Nyah, la bagatelle torride pour rattraper le retard de fécondité n'est pas au programme… Ça me rappelle un film fin des années 70 : apocalypse 2024 complètement déjanté sur un synopsis similaire…


Sobre la déco dans la soucoupe 😅

 

La suite du film est un méli-mélo. Nyah et les patriotes british négocient la survie de Londres dont la destruction est prévue !?. Un mec doit se sacrifier (Carter ou Justin, les seuls beaux gosses). Jamieson est un poivrot usé et le professeur a dépassé la limite d'âge pour pratiquer la copulation stellaire intense 😊. Les négociations piétinent. Les plans pourris pour se débarrasser de Nyah échouent. Mais bon, malgré une situation dramatique, des petits couples se forment et se bécotent… Ah la puissance de l'amour 😮.

J'ai rarement vu un film de 1H17 présentant autant de scènes de remplissage inutiles. En fait voilà peut-être l'origine d'un comique involontaire… Je ne raconte surtout pas la fin, l'absurde des situations évoluant de manière exponentielle. Je comprends que l'équipe de tournage se soit bien marrée… Question terreur, la diablesse sexy, même si crâneuse, est d'une beauté à des milliards d'années lumières du bestiaire monstrueux de la franchise Alien.

Dernière interrogation : Le professeur est invité à visiter la soucoupe : des cloisons vierges, pas de déco, pas un meuble, une classique table ronde au centre et surtout : même pas un pieu pour Nyah et encore moins un micro-onde pour plats martiens à réchauffer. C'est le style systématique et stupidement sobre de l'époque et pourtant esthétique.

Pour le robot nommé Chani, j'ai mis une photo. Aucun commentaire sur le bidule Lego system (un acteur le fait marcher à 0,5 km/h)

 

Je conclus en citant un critique de l'époque "Cet effort primitif de science-fiction britannique est assez agréablement ridicule, principalement à cause de la splendide Nyah de Patricia Laffan.". 

Perso, j'aurais aimé plus d'humour dans les dialogues et un scénario moins fourre-tout… La photographie est assez soignée malgré un excès de scènes nocturnes… Bref une curiosité… guère plus. 


Pour choisir un sous titrage français : cliquer sur l'étoile paramètres et sélectionner la langue.

Autre solution : en regardant en format classique, les options proposent la version en français....


2 commentaires:

  1. Un film a regarder si tu as une heure a perdre dans ta vie. Le robot en playmobil avec le bruit d'un sonar de sous-marin qui désintègre les choses comme les martiens dans "les envahisseurs" aurait des soucis à se faire s'il devait faire une course contre Usain Bolt. Un film drôle et nul.

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  2. ça fout les j'tons !!! 😂

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