jeudi 28 mars 2024

Adolf Fredrik LINDBLAD – Symphonies N°1 & 2 (1832/1855) - Gérard KORSTEN (1999) - par Claude Toon


- Pfff, il sort d'où encore ce mec avec son blase imprononçable ? Et puis les deux symphonies en une seule chronique, une promo ? Tu nous sors les fonds de tiroirs du romantisme, les soldes… Adolf ? pas de bol le gars, un teuton déclassé ? Plus d'une heure de bouse genre 2/2/2/2-2/2(3) cordes etc. ?

- NON MAIS ÇA VA BIEN DANS TA TËTE SONIA !!! D'où te vient cette rhétorique charabiesque et belliqueuse ? M'enfin ma belle… et le standing sémantique du blog alors ? tu fréquentes qui ? Des morveux des collèges en rébellion avec notre belle langue française, ou quoi ?

- SNIFF Sniff. Dézolé Glaude. J'ai deux heures de retard à cause de la SNCF en grève… Nema voulait me prêter son Solex… J'ai eu peur…

- Mouais Mouais admettons… SNCF en grève est un pléonasme, calme-toi. Linblad n'était pas un allemand mais un suédois, un pote de Mendelssohn et de Weber, certes un peu oublié je te l'accorde. Un style sans doute daté, mais une écriture attrayante… Il a surtout composé des lieder et de la musique de chambre…

- Ah, une découverte pour beaucoup alors… Au moins ça ne me vrille pas les tympans, avec ma migraine… Encore désolée Claude…

- Bah ça arrive… Linblad ne prenait pas le train… 


Adolf Fredrik Lindblad

Houlà, il n'y a peut-être pas que les aléas chroniques de la SNCF qui menacent Sonia d'un Burnout ! Bilan du mois passé : Mahler : 8000 mots, Beethoven : 4000 mots, Bach-Scherchen : 3000 mots… Elle est peut-être au bout du rouleau la Sonia. Réaction du gentil papi Toon, on lève le pied cette semaine avec un billet allégé, genre le premier single de Mireille Mathieu de 1966… Attendez… je fouille … tiens le voilà, on va l'écouter, j'avais 13 ans à sa sortie… "OUI JE CROÂÂÂÂÂ"… Ah m**e, chez Rega, ils sont radins, j'ai pas de centreur 45 tours alors que l'alimentation propose cette vitesse… À ce prix là ! P**n !!!

- Paaaaaat, t'as pas un centreur 45 tours à me prêter ?

- Ben non mon Toon, il se démonte pas, il est escamotable sur mon électrophone 1965 collector…

- Dites les mecs, cette chronique part en sucette, déjà 377 mots pour rien, GRRRRRR !!!

- Ok ok Sonia, je reprends…  

Sonia me tance 😓 ! Donc le compositeur Adolf Fredrik Lindblad est né le 1er février 1801 à Skänninge, bourgade au sud de la Suède . C'est le second compositeur de ce pays qui fait son entrée au Deblocnot après Kurt Atteberg en 2014 (Clic). La Suède souffre de ne pas avoir bénéficié d'un grand compositeur devenu mondialement célèbre comme : Sibelius en Finlande, Grieg en Norvège ou encore Nielsen au Danemark… On pourra évoquer un jour un outsider, Franz Berwald, même si je ne raffole pas de la musique de ce contemporain de Beethoven… Ô il en existe plein des compositeurs suédois, enfin à croire les cinq lignes qui leur sont consacrées en moyenne sur Wikipédia. Mais si je vous parle de Bror Beckman, au hasard, vous risquez d'imaginer un tennisman qui écrit une symphonie en 1895 qui stylistiquement parlant aurait pu l'être en 1825 😊.

J'ai découvert ce compositeur par hasard. J'avoue n'en avoir jamais entendu parler de ma vie, d'autant qu'il a principalement œuvrer pour un genre que je fréquente peu : le lied et la musique vocale, la sienne étant très peu jouée d'ailleurs. Et puis moins d'une dizaine de gravures parues chez des labels clandestins à force d'être confidentiels, ben… ça n'aide pas pour la postérité.

Merci à Naxos et Marco Polo d'avoir réédité cet album proposant les deux symphonies gravées dans de bonnes conditions… Le maestro Gérard Korsten donne beaucoup de vie à ces deux symphonies de style romantique traditionnel, mais joyeusement volubile ! Une découverte…


Gérard Korsten
 

Lire une biographie, même suédoise (traducteur automatique), n'apporte que peu de grain à moudre pour évoquer la personnalité d'Adolf Lindblad. Des compositeurs petits ou grands par leur talents ou à la vie écourtée ont connu des destinées plus mouvementées voire dramatiques : Norbert Burgmüller mort à 26 ans, Schubert à 31, Berlioz l'incompris, et que dire du jeune Wolfgang Graeser présenté dans la précédente chronique, musicologue de génie dans l'analyse de l'œuvre de Bach mais hanté par des démons psychologiques qui le conduisirent au suicide à 21 ans…

Lindblad parcourra le XIXème siècle romantique de manière banale voire pépère, hormis un épisode vaudevillesque mais sans cadavres à la fin, plutôt du Courteline que du Shakespeare 😊. Lindblad fait partie de ces compositeurs pédagogues qui ont un rôle important de leur vivant, s'adaptent dans leurs compositions au goût du public de leur temps et en retirent une temporaire notoriété qui s'efface après leur disparition en 1878 en ce qui concerne Lindblad. (77 ans, un bel âge pour cette époque.)

Avant ses 23 ans, je n'ai rien déniché d'insolite, Adolf était sans doute un gosse doué mais pas un génie précoce façon Mozart. À cet âge qui marque la fin de ses études musicales classiques, il entre pour se perfectionner à l'Université d'Uppsala pour trois ans. Cette université est la plus brillante de Suède parait-il. 1826 : Il part à Berlin suivre l'enseignement de Carl Friedrich Zelter, grand pédagogue, lui aussi oublié comme compositeur. De retour en 1827 à Stockholm, il fonde une école de piano qu'il dirigera jusqu'en 1862, soit trente-cinq ans. Quand je parle de stabilité de carrière.

Détail important. Comme maints compositeurs scandinaves, Lindblad voyagera souvent vers l'Allemagne où il se liera d'amitié avec Carl Maria von Weber à Dresde, mais surtout avec Felix Mendelssohn lui aussi élève du professeur Zelter, le jeune prodige et grand adolescent aura une influence notable dans la composition des deux symphonies.

Son catalogue comporte des dizaines, voire des centaines de lieder et de chansons qui firent sa renommée. Il ne faut pas mettre de côté sa production de musique de chambre : des pièces pour piano, dix quatuors, un trio, trois sonates et deux grands quintettes de bien belle facture… (Les quintettes ont été publiées en CD, pour le reste le travail est à faire…)


Jenny Lind

Au fait Sonia, l'affaire "Image-point de vue". Adolf avait épousé une demoiselle Sophie en ses jeunes années. Ah les hommes ! Adolf tombe amoureux d'une chanteuse Jenny Lind surnommée "Le rossignol Suédois", une soprano (1820-1887). Toute l'Europe l'admire notamment Berlioz. Adolf en est vraiment entiché dit-on ! Soit Sophie est d'une générosité sans borne ou d'une jalousie exaspérée. Elle proposera le divorce à son mari pour qu'il puisse aller batifoler et plus si affinités avec sa cantatrice. Mais, car il y un mais, et un gros, Jenny Lind … ne l'aime aucunement. Sonia, on envoie tout ça à Feydeau.

Blague à part, Jenny Lind connut une gloire certaine dans des rôles phares : Agathe dans Der Freischütz de Weber, Alice de Robert le diable de Giacomo Meyerbeer, des grands rôles de Giuseppe Verdi et La Somnambule de Vincenzo Bellini.

Personnage rêvée pour le cinéma, Grace Moore tenait le rôle de Jenny dans A Lady's Morals réalisé par Sidney Franklin en 1930, Ilse Werner dans un biopic de Peter Paul Brauer en 1941 et enfin Rebecca Ferguson dans The Greatest Showman de Michael Gracey en 2017. Belle digression 😊 ! Je vais voir avec Luc… "Sonia, arrêtes de te marrer !"

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Curieusement, les deux symphonies ne connaîtront pas le succès mérité. Pourtant Mendelssohn jouera la 1ère à Leipzig… D'ailleurs les œuvres des deux hommes sont assez semblables en termes de durée et de formalisme. La thématique de Felix est plus immédiate. Je n'analyse rien n'ayant pas de partitions à ma disposition. L'orchestration est celle de l'époque, vociférée par Sonia à son arrivée… Les motifs mélodiques s'imposent facilement, l'écriture ne se perd pas dans la facilité, surtout dans la 2ème symphonie à l'orchestration vivace et contrastée.

La symphonie N°1 date de 1832 et montre des liens évidents avec le classicisme des premières symphonies de Beethoven.  La symphonie N°2 date de 1855 et s'inscrit par des oppositions entre inspiration épique et dramatisme dans le courant romantique définitif.

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Né à Pretoria en 1960 Gérard Korsten a étudié le violon au célèbre Curtis Institute of Philadelphie et à Salzbourg auprès du violoniste et maestro Sándor Végh. Il a occupé des postes de violon solo dans divers ensembles européens tel l'Orchestre de Chambre d'Europe ou dirigé des orchestres dont les London Mozart Players.

Sa direction au scalpel, pleine de verve, convient idéalement à ces symphonies à l'esprit peu métaphysique… Il n'existe à ce jour pas de discographie alternative. Ça enlève du boulot pour Sonia 😊.


- Tu vois Sonia… 1500 mots cette semaine… relaxe… les pieds dans le tiroir…

Symphonie N°1

Symphonie N°2

  1. Allegro con brio [00:00]
  2. Presto [09:42]
  3. Adagio e molto cantabile [16:52]
  4. Allegro molto [24:46]
  1. Maestoso - Allegro molto [00:00]
  2. Poco allegretto [09:12]
  3. Scherzo: Presto [18:36]
  4. Finale: Allegro [25:08]

Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée.

Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…


INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool. 


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