Une histoire vraie, une histoire d’hommes qui ont fait leur trou.
Un seul trou suffit pour faire une passoire
Dans la vie il y a différents trous, les trous de souris, le trou normand,
les trous noirs, le trou du… le trou de la serrure et le trou de la
sécu ! Mais quand tu es logé par l’état dans la prison de la santé, il
n’y en a que deux, celui qui sert à s’évader et celui où tu peux atterrir,
c’est-à-dire le mitard.
Roland Darbant
Nous sommes en 1947. Quatre hommes incarcérés dans une seule
cellule accueillent un nouveau compagnon, Claude Gaspard (Marc Michel) ; malgré une certaine réticence, le courant passera entre les cinq
hommes. Monseigneur (Raymond Meunier) est le plus sympathique, Géo Cassine (Michel Constantin) un obsédé, Manu Borelli (Philippe Leroy-Beaulieu) le plus méfiant, qui pour l’anecdote, joue le rôle de celui qui
écrira le livre autobiographique
Joseph Damiani et qui plus tard prendra
le pseudonyme de José Giovanni et
deviendra le réalisateur que l’on connait pour avoir réalisé des films
comme ”La Scoumoune“, ”Le Gitan“ ou ”Le Ruffian“ et le scénariste de ”Les grandes gueules“chroniqué il y a peu. Giovanniavait été condamné pour des affaires de vol et d'extorsion contre des juifset d’intelligence avec l’ennemi. ”Le Trou“ sera son premier roman qui raconte sa tentative d’évasion de la
prison de la Santé. Et enfin, le dernier personnage, sûrement le plus
important, Roland Darbant (Jean Keraudy) le cerveau. Roland Darbant est le
personnage réel de l’intrigue, autrement dit, il ne joue pas un rôle, il
revit ce qu’il a vécu.
La vie en prison à cette époque devait être comme elle est décrite, les
longues journées en cellule ou comme nos protagonistes à assembler des
boites en cartons pour tuer le temps. Mais pendant que la prison dort, ces
derniers creuseront un trou pour s’évader et l’ingéniosité de Roland pour
fabriquer des objets comme un passe-partout ou un sablier sera le point
fort de leurs envies de libertés. A l’époque, l’affiche ne comportait pas
de vedettes, c’était le premier film où
Michel Constantin avait un rôle
important, pareil pour
Raymond Meunier qui plus tard se fera
connaître dans le rôle de Blanchot dans le feuilleton ”Thibaud ou les Croisades“ en 1969, Philippe Leroy-Beaulieu
qui était aussi en début de carrière, qui plus tard tournera surtout en
Italie et Marc Michel qui lui aussi était
un jeune débutant. Des apparitions de
Paul Préboit,
Gérard Hernandez inconnu à l’époque et le
roi des ”troisième couteaux“
Dominique Zardi l’homme au plus de 600
films.
R.Meunier - P. Leroy-Beaulieu
”Le Trou“ rappelle ”L’évadé d’Alcatraz“ avec Clint Eastwood en 1979
mais sans le style hollywoodien, plutôt le réalisme du film de taulard
comme "un condamné à mort s'est évadé" de Bresson, unité de lieu,
narration linéaire, pas de numéro d'acteur, de vedettariat. Une histoire
vraie qui d’un trou finira dans un autre, soit creuser un bout de tunnel
pour tenter de se faire la belle.
Je ne dévoilerai pas la fin du film, mais quand on sait que de la prison
de la Santé seulement 3 évasions ont réussi depuis 1927 dont celle de Jacques Mesrine. Alors ont-ils réussi ou pas ? Pour avoir la réponse, il faut voir
le film pour ceux qui ne l’aurait jamais vu.
Marc Michel - Michel Constantin
Roland Darbant
(Jean Keraudy c’est son nom d’acteur) s’était déjà évadé de la
prison de la Santé en 1946, il sortira de la centrale
de Melun après 12 ans de détention. Malgré son excellente prestation dans ”Le Trou“,
Roland Darbant ne se voit
étrangement proposer aucun autre rôle au cinéma, contrairement à
Michel Constantin, qui était débutant et non-acteur comme lui et connaitra la
belles carrière que l'on connait...
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