mardi 12 septembre 2023

LE TROU de Jacques Becker (1960) - par Pat Slade


Une histoire vraie, une histoire d’hommes qui ont fait leur trou.



Un seul trou suffit pour faire une passoire




Dans la vie il y a différents trous, les trous de souris, le trou normand, les trous noirs, le trou du… le trou de la serrure et le trou de la sécu ! Mais quand tu es logé par l’état dans la prison de la santé, il n’y en a que deux, celui qui sert à s’évader et celui où tu peux atterrir, c’est-à-dire le mitard.

Roland Darbant
Nous sommes en 1947. Quatre hommes incarcérés dans une seule cellule accueillent un nouveau compagnon, Claude Gaspard (Marc Michel) ; malgré une certaine réticence, le courant passera entre les cinq hommes. Monseigneur (Raymond Meunier) est le plus sympathique, Géo Cassine (Michel Constantin) un obsédé, Manu Borelli (Philippe Leroy-Beaulieu) le plus méfiant, qui pour l’anecdote, joue le rôle de celui qui écrira le livre autobiographique Joseph Damiani et qui plus tard prendra le pseudonyme de José Giovanni et deviendra le réalisateur que l’on connait pour avoir réalisé des films comme ”La Scoumoune“, Le Gitan ou ”Le Ruffian“ et le scénariste de Les grandes gueules chroniqué il y a peuGiovanni avait été condamné pour des affaires de vol et d'extorsion contre des juifs et d’intelligence avec l’ennemi. ”Le Trou“ sera son premier roman qui raconte sa tentative d’évasion de la prison de la Santé. Et enfin, le dernier personnage, sûrement le plus important, Roland Darbant (Jean Keraudy) le cerveau. Roland Darbant est le personnage réel de l’intrigue, autrement dit, il ne joue pas un rôle, il revit ce qu’il a vécu.       

La vie en prison à cette époque devait être comme elle est décrite, les longues journées en cellule ou comme nos protagonistes à assembler des boites en cartons pour tuer le temps. Mais pendant que la prison dort, ces derniers creuseront un trou pour s’évader et l’ingéniosité de Roland pour fabriquer des objets comme un passe-partout ou un sablier sera le point fort de leurs envies de libertés. A l’époque, l’affiche ne comportait pas de vedettes, c’était le premier film où Michel Constantin avait un rôle important, pareil pour Raymond Meunier qui plus tard se fera connaître dans le rôle de Blanchot dans le feuilleton ”Thibaud ou les Croisades“ en 1969, Philippe Leroy-Beaulieu qui était aussi en début de carrière, qui plus tard tournera surtout en Italie et Marc Michel qui lui aussi était un jeune débutant. Des apparitions de Paul Préboit, Gérard Hernandez inconnu à l’époque et le roi des ”troisième couteauxDominique Zardi l’homme au plus de 600 films.

R.Meunier - P. Leroy-Beaulieu
Le Trou“ rappelle ”L’évadé d’Alcatraz“ avec Clint Eastwood en 1979 mais sans le style hollywoodien, plutôt le réalisme du film de taulard comme "un condamné à mort s'est évadé" de Bresson, unité de lieu, narration linéaire, pas de numéro d'acteur, de vedettariat. Une histoire vraie qui d’un trou finira dans un autre, soit creuser un bout de tunnel pour tenter de se faire la belle. 
Je ne dévoilerai pas la fin du film, mais quand on sait que de la prison de la Santé seulement 3 évasions ont réussi depuis 1927 dont celle de Jacques Mesrine. Alors ont-ils réussi ou pas ? Pour avoir la réponse, il faut voir le film pour ceux qui ne l’aurait jamais vu.

Marc Michel - Michel Constantin
Roland Darbant (Jean Keraudy c’est son nom d’acteur) s’était déjà évadé de la prison de la Santé en 1946, il sortira de   la centrale de Melun après 12 ans de détention. Malgré son excellente  prestation dans Le Trou, Roland  Darbant ne se voit étrangement proposer aucun autre rôle au cinéma, contrairement à Michel Constantin, qui était débutant et non-acteur comme lui et connaitra la belles carrière que l'on connait...



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