BOB MARLEY : ”UPRISING“ (1980) - par Pat Slade

Le dernier album du roi Bob publié de son vivant avec une tournée qui passera par Paris.

Le Chant de la Redemption

Il y a 43 ans, nous étionsle 3 juillet 1980 et j’arrive l’aéroport du Bourget. Nous sommes 50.000 à avoir fait le déplacement pour écouter le pape du reggae malgré la pluie qui tombe à grosses gouttes. "Le pape avait rassemblé moins de monde", avait ironisé Coluche, le nuage de fumée qui stagne au dessus de la foule n’est pas dû à un quelconque fumigène mais aux ”cigarettes qui font rirent“ que le public fumait, soit tu restais debout et tu respirais à plein poumons pour pouvoir être un peu ”parti“, soit tu marchais à quatre pattes toute la soirée pour garder ton self contrôle. Au moment où le concert commencera, la pluie s’arrêtera comme par enchantement.   

C’était le concert à ne pas louper et qui de plus n’était pas excessivement cher pour l’époque (60 francs soit 9 € 15), Bob Marley and the Wailers vont jouer 21 titres tirés de leur répertoire, un véritable best of commençant par ”Natural Mystic“ pour finir par ”Get up, Stand up“. Mais en complément de tous ces classiques, voici 4 nouveaux morceaux du nouvel album ”Uprising“ sorti au mois de juin. Un concert mémorable et avec le recul des années, j’ai l’impression d’avoir été un privilégié d’avoir pu y assister (Il m’arrivera la même chose un an plus tard avec Queen et Freddy Mercury)... et, dernièrement, avec Sinéad O'Connor.

”Uprising“ le chant du cygne ! Le huitième et dernier album de Bob & The Wailers, celui qui deviendra son plus grand succès. ”Uprising“ le second album de la trilogie commencée avec ”Survival“ et qu’il n’aura pas le temps de finir. Marley n’hésite pas à continuer son combat avec ses textes. Bob était très fatigué au moment de l’enregistrement et son état inquiétait les Wailers. Il dénonce le proxénétisme avec ”Pimper’s Paradise“. Au crépuscule de sa vie il placera beaucoup plus de mysticisme dans ses compositions, Jah est toujours présent que ce soit dans ”We and Dem“ ou ”Forever Loving Jah“.   

Tout un album où pour la première fois il n’y aura aucune présence des cuivres dans les compositions. ”Uprising“ sera un succès public grâce au titre ”Could You Be Loved“ un genre de disco-reggae qui se classera dans le top 10 dans la plupart des pays du monde. Mais le morceau le plus emblématique de l’album restera ”Redemption Song“ la plus belle chanson du rastaman. Un titre où plane l’ombre de la faucheuse au dessus de Bob. Il y a dix ans, Luc avait chroniqué cette chanson (clic).

”Uprising“ sonne comme une épitaphe, le dernier album de sa vie terrestre. Un album post mortem qui aurait dû être celui qui bouclait la trilogie ”Confrontation“ sortira trois ans plus tard, même si entre-temps les vautours vont se remplir les poches autour de son cadavre encore chaud avec des compilations plus ou moins douteuses comme ”Chances Are“ sorti cinq mois après sa mort et un disque d’interviews. Il est parti rejoindre le paradis de Jah il y a 42 ans et sa musique est toujours aussi vivante.