vendredi 14 juillet 2023

INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINEE de James Mangold (2023) par Luc B.

 

Critiques plus que mitigées pour ce cinquième et dernier opus de la saga, ben moi j’vais vous dire, je n’ai pas boudé mon plaisir. Qu’est ce qu’on attend d’un film comme ça ? Que ça défrise ou décoiffe, selon la nature de cheveux, que le héros nous revienne fidèle à nos souvenirs, fringant, insolent et bougon, des voyages, de l’archéologie, une pincée de fantastique, de merveilleux, et des nazis, plein de nazis. Et l’élément essentiel à tout bon film d’aventure, des moyens de transports de tous poils, sur terre, sur mer, dans les airs… Le cahier des charges est donc rempli.

On regrettera tout de même deux aspects : le film est trop long, au sens trop rempli, et Steven Spielberg n’est pas derrière la caméra. Non pas que James Mangold soit un tâcheron (ses COPLAND, WALK THE LINE, 3H1O POUR YUMA, LE MANS 66 étaient dans des genres très différents de bons films) mais si on considère Spielberg comme un grand metteur en scène, c’est qu’il y a une raison. Mangold connaît le modèle auquel il se réfère, mais il manque ce p’tit truc qui fait d’une bonne scène un moment d’anthologie. Ce que sait faire Spielberg. Souvent dans ce CADRAN DE LA DESTINÉE (quel titre nunuche, on sent que George Lucas traînait dans le coin) on se dit : comment Spielberg aurait-il filmé, ça ? Il l’aurait placée où sa caméra ?   

Trop long mais pas ennuyeux. Le film est quasiment une seule et même course poursuite ininterrompue. Mais il faut savoir couper au montage, se dire qu’une énième poursuite (celle à pied sur les toits de New York, celle à cheval dans le métro) c’est un peu too much, et qu’en resserrant les boulons, un film de deux heures aurait juste était parfait.

Le prologue qui se passe en 1945 enfile les morceaux de bravoure à un rythme effréné, Mangold reprend là où Spielberg nous avait laissé à l’épisode III (nous passerons pudiquement sur l’oubliable IV, une commande que Spielberg a tournée un flingue sur la tempe). Toutes les figures du genre se retrouvent adaptées au type de véhicule. Le héros retenu par la godasse, la tête frôlant le sol à deux secondes de se faire exploser le crâne, une fois ça va, deux fois, mais à chaque coup, ça devient redondant.

La première qualité du film vient du scénario, qui ménage les rebondissements et révèle de bonnes surprises. Comme le personnage joué par la formidable Phoebe Waller-Bridge, pleine de charme et d’insolence, ni bimbo, ni nunuche. C’est Helena Shaw, la filleule du professeur Jones, qu’elle vient sortir de sa retraite pour retrouver le deuxième morceau du cadran d’Archimède, une relique qui aurait le pouvoir de prédire l’avenir, mais surtout, parait-il, de trouver des failles temporelles permettant de remonter le temps. Helena Shaw ne jure que par le fric. Quand son parrain lui assène que « sa place est dans un musée », la pétillante brune n’a aucun scrupule à refourguer l’objet au plus offrant, même un nazi, Jürgen Voller joué par Mads Mikkelsen. Arrffff, changer le cours de l’Histoire et du troisième Reich en particulier, joli fantasme !

C’est l’aspect fantastique du film, comme il y en a toujours eu dans la saga, entre l’Arche de Moise ou le Saint Graal, mais ici dénué de prosélytisme religieux. Indiana Jones affirme qu’il ne croit qu’à la science, et aux preuves de la science. Il y a une mise en abîme assez intéressante à propos de voyage dans le temps. On commence en 1945 avec un Harrison Ford rajeuni à coup de botox numérique. C’est plutôt bien fait, et replonge aussi le spectateur trente ans en arrière. Puis on revient en juillet 1969, l’Amérique fête le départ d’Apollo 11 vers la Lune, et Jones son départ à la retraite.

Clin d’œil aux films précédents : même salle de classe, sans les d’étudiantes enamourées tatouées d’un « I love you » aux paupières, mais des gamins soupirants d’ennui devant les blablas d’un vieux schnock. D’autres références parsèment le film, côté accessoires fétichistes, le fouet et chapeau toujours miraculeusement à portée de main, le vieil ami égyptien Sallah (on peine à reconnaître John Rhys-Davies, vieilli et très amaigri), Marion (merveilleuse scène avec les bisous là où ça n’fait pas mal, on ne pouvait rêver plus belle scène de fin), le jeune Teddy qui renvoie à Demi-Lune, en moins insupportable.

Dans les nouveaux seconds rôles, Toby Jones joue l’associé Basil Shaw (le papa d’Helena), avatar de Marcus Brody dans LA DERNIÈRE CROISADE (1989) et un Antonio Banderas hélas sous-employé, dont la prestation est écourtée par une balle de .45.

Comme on ne change pas une équipe qui perd, à chaque fois qu’Indiana Jones pense avoir récupéré l’objet de toutes les convoitises, le méchant débarque avec ses sbires et lui chipe des mains, leitmotiv de la saga. Quand il pense en avoir fini, Jones doit remettre le couvert. A pied, en side-car, à cheval, en train, en voiture, en avion, en bateau, en scaphandrier, ou en tuk-tuk. La poursuite dans les rues de Tanger, qui aligne pourtant tous les poncifs du genre, vaut vraiment le détour. Spielberg disait tout devoir à Belmondo dans L’HOMME DE RIO, on est vraiment dans cet esprit, ligne claire, bande dessinée, TINTIN (dont le thème de John Williams est un hommage : tin tintin tin tin tintin...). J’avais adoré LE SECRET DE LA LICORNE par Spielberg en 2011, dont où retrouve d'ailleurs certaines scènes quasi polycopiées.

Harrison Ford, toujours très classe, 78 ans aux nougats au moment du tournage, fait évidemment son âge, les scénaristes jouent là-dessus sans pour autant en faire un vieux con aigri (on pouvait éviter la scène avec les jeunes voisins hippie qui écoutent les Beatles, d'ailleurs quelle idée stupide de mixer les Stones et Williams dans la bande annonce !!). La mise en scène tient compte de l’âge de l’acteur, qui n’est plus capable de courir ou chevaucher sur de longues distances, d’où l’absence de plans longs, car morcelés au montage. Mais au contraire des blockbusters Marvel et Cie, pas trop d’effets numériques (y’en a, mais bien faits) ce qui donne au film une patine vintage.

C’est ça qu’on retient au final, un film presque à l’ancienne (déjà le projet initial de SpielbergLucas était de faire renaître les serials des années trente), qui privilégie l’action, l’humour, la désinvolture, une pointe de nostalgie. Même si la dernière séquence à Syracuse (je ne dirai pas le contexte) est encore trop étirée (allusion à GAME OF THRONES ?), il y a une idée très belle (que d’autres ont trouvé dramatiquement conne), où le vieux professeur d’archéologie Jones, la larme à l’œil dit : « j’ai passé ma vie à étudier ses gens, cette civilisation, je veux finir ma vie ici ». Un projet contrarié par un direct du gauche dans la gueule qui le ramène à la raison !

Quand on a de belles scènes sur le papier, qu’on a dépensé des millions à les tourner, c’est difficile de se dire qu’on doit les supprimer du montage final pour atteindre une durée classique de deux heures. C’est le seul reproche que je ferai à ce dernier INDIANA JONES : sa longueur. Comme un repas où les plats succulents se succèdent sans qu’on sache quand arrivera le dessert.


couleur  -  2H36  -  scope 1:2.39







4 commentaires:

  1. Eh ben moi je préfère MI... Au moins Thomas Mapother IV n'a pas (encore) 80 balais...
    Jamais adhéré à cette "franchise"...

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    1. Ce sera pour la semaine prochaine...

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    2. Oh putain Lucio faut te refiler la médaille du cooool....l'autre espèce de tanche d'anonyme on pourrait pas le lapider à coup de hache?

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    3. Normal, il est fait en "granit de Bretagne"...

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