PINK FLOYD ”Wish You Were Here“ (1975) par Pat Slade

Après le succès de ”Dark Side of the Moon“, le Pink Floyd se devait de faire pareil voire mieux.

The Light Side of The Planet Floyd

 Pink Floyd se devait de bien rebondir après le succès planétaire de ”Dark Side of the Moon“ et le groupe répondra avec brio. A force d’écoute, j’ai tendance à me ranger du coté de l’opinion de David Gilmour et Rick Wright que ”Wish You Were Here“ est le meilleur album du Pink Floyd. Mais quand je dis meilleur, il ne surpasse pas des ”Ummagumma“ des ”Atom Heart Mother“ ou des ”Meddle“ mais dans la nouvelle façon d’écrire leur musique, il surpasse ”Dark Side of the Moon“ (Je sais que certains crient déjà au scandale envers mes propos et vont me clouer au pilori !). Pourquoi dis-je que c’est le meilleur album du Floyd ? Parce que c’est le plus personnel du groupe, à la limite de la biographie du fondateur et âme du Floyd, Syd Barrett. Titre de l'album et chanson phare, "Wish You Were Here". C'est un hommage à Syd Barrett, génie créateur du groupe qui plonge chaque jour encore un peu plus dans la dépression et la paranoïa.   

Syd Barrett

 Pour David Gilmour, ”Dark Side…“ était une ligne  d’arrivée sur le plan de leur carrière et aussi artistique. Le temps des tournées campagnardes et  du psychédélisme est loin, ils sont maintenant une   énorme machine, et le show-business a broyé leurs   illusions en même temps que leur amitié. Le Floyd n’a plus la flamme divine et est au bord de la rupture. Plus rien ne va au sein du groupe, le succès de ”Dark Side Of The Moon“ les a épuisés physiquement et émotionnellement. N’ayant aucune  base de départ, ce sera un journaliste du New Musical Express qui les remotivera en leur suggérant le thème de l’absence. En partie composée pendant la tournée de 1974, les thèmes de l’album sont surtout une critique de l’industrie musicale sans parler de l’hommage à Syd Barett qui viendra leur rendre visite au studio Abbey Road durant l’enregistrement. 

”Shine On You Crazy Diamond (Part I-V) “ ouvre cet opus d’une façon magistrale, un tapissage des synthés de Rick Wright enchainé par la guitare larmoyante de David Gilmour, Roger Water parolier trouvera le bon thème et les bonnes paroles. Peut-être un des plus beaux morceaux du Floyd. ”Welcome To The Machine“ du Water de A à Z décrivant le monde angoissant du rock, personnellement, je trouve que le titre aurait pu, par sa sonorité, apparaitre dans ”The Wall“. ”Have à Cigar“ Encore du Water avec une parodie des producteurs et des maisons de disques avec Roy Harper au chant. ”Wish You Where Here“ Le retour de Gilmour avec cette superbe ballade que je considère comme un hymne pour les fans de prog, même si les paroles ne sont pas très optimistes. ”Shine On You Crazy Diamond (Part VI-IX)“ : une deuxième partie très rock ou le Floyd d’”Ummagumma“ n’est pas loin, la résurgence d’un passé (Pléonasme ?) qui n’était pas si lointain. En final, la reprise du thème principal et un point d'orgue avec les claviers de Rick Wright.    

Le meilleur album du Floyd ? Oui et non, je dirais que c’est un passage entre ce qu’il était et ce qu’il sera. Deux ans plus tard ils sortiront ”Animals“ que je n’ai pas trop aimé, album que j’ai trouvé trop brouillon. ”Wish You Were Here“ bénéficiera d'une pochette des plus complexe, emballée dans une de la cellophane noire avec un sticker représentant deux mains mécaniques engagées telle une poignée de main. Les photos sont toujours conçues par les studios d’Hipgnosis : deux hommes d’affaire dont l’un est en flamme, la pochette arrière dépeint un représentant de Floyd dépourvu de visage. L'intérieur de la pochette présente deux photographies encore liées au thème de l'absence : d'abord un voile rouge flottant au vent dans une clairière puis les jambes d'un nageur dépassant de la surface d’un lac comme s’il semblait venir de plonger.

A sa sortie, les critiques ne seront pas tendres, mais il sera salué unanimement rétrospectivement. Un album planant qui t’emporte, le dernier album collectif et même le dernier album selon certains.