vendredi 13 janvier 2023

AVATAR 2 : LA VOIE DE L'EAU de James Cameron (2022) par Luc B.

 

C’est simple, on prend les mêmes et on recommence. En plus long.

Mais aussi en plus beau, car James Cameron ne semble concevoir le cinéma qu’en repoussant les limites technologiques, c’est son dada.

Alors ça raconte quoi ? La même chose qu’en 2009 clic vers AVATAR 1, la construction et l’intrigue sont calquées sur le premier épisode. Jake Sully vit désormais à temps plein sur Pandora avec sa petite famille (sans vouloir heurter l'intimité des héros, il a fait comment avec sa Na'vi ?), il est toujours l’affreux écolo-gauchiste épris de nature et de liberté face au conglomérat militaro-industriel qui veut piller les ressources minières de sa planète adoptive. Conscient que sa présence met en danger le reste de son peuple, il fait ses valises et part avec les siens en dragon (avec leur pass Na’vi Go) se mettre à l’abri chez les Metkayina, peuplade Na'vi vivant sur un archipel, donc des Na’vi – gables.

Qui ne voient pas l’arrivée de leurs lointains cousins d’un bon œil. Ils sont pacifistes, ont su éviter jusque là tous conflits, et craignent de voir débarquer les ennemis de Jake Sully. Ce qui ne va pas tarder à arriver…

Vous vous souvenez du méchant, le colonel Quaritch [photo à gauche]  tué à la fin du premier opus ? Et bien il est de retour, tout bleu, puisque (accrochez-vous) il avait pris ses précautions et signé une convention obsèques avec option sauvegarde de mémoire, à réimplanter sur un avatar. Après 43 annuités très pénibles, le bougre remet les compteurs à zéro et rempile, j'en connais que ça ferait rêver. Vous vous souvenez de Grace Augustine (jouée par Sigourney Weaver) tuée à la fin du premier opus ? Elle est aussi de retour, ne fume plus mais cause, j’ai pas trop compris si Kiri est sa fille (la scène sur le caisson) ou elle-même réincarnée (c'est Sigourney qui joue), et puis il y a Spider, de la tribu de Jake Sully mais rejeton du colonel, un beau bordel de famille recomposée, appelez Super Nanny à la rescousse !  

Bref, l’entame du film, qui fait tout de même presque une heure, est un peu longuette, Cameron, 13 ans après, est contraint de rappeler le contexte pour les nouveaux spectateurs. Il y a une belle séquence d'action aérienne histoire de nous mettre en appétit, et une impressionnante explosion au napalm qui aurait dû éradiquer toute vie sur Pandora, mais dont la famille Sully réchappe.

Cameron sait qu’il doit surprendre, innover, donc exit les poursuites en dragons et les hélicoptères XXL, place au surf sur des grosses baleines (les tulkuns) et poursuites en hors-bord et aéroglisseur géant. Cameron a toujours adoré créer des véhicules-monstres, c’est étonnant de voir comme il recycle des éléments de TERMINATOR 1 & 2 ou ALIENS 2. Et puis de PIRHANAS 2 à ABYSS et TITANIC, Cameron a toujours aimé l’environnement aqueux (de poisson) et plusieurs scènes dans l’aéroglisseur qui se retourne rappellent un autre célèbre naufrage de paquebot. On notera que Cameron est habitué des opus 2, quatre à ce jour sur neuf films, à quand la suite de TITANIC ?

La deuxième partie donne dans le récit d’apprentissage, rien qu’on ait déjà vu mille fois dans un film avec ados turbulents, ça se frite entre les enfants de Jake/Neytiri et ceux de Aonung/Ronal (aux tatouages maoris). Cette dernière est jouée (en motion capture) par Kate Winslet, qui depuis TITANIC a appris à nager. On ne reconnaît absolument pas l’actrice, comme aucun des acteurs avatarisés, c’est d’ailleurs rigolo de penser que ces comédiens jouent dans le plus grand succès mondial du cinéma sans qu'on voie leurs bouilles à l’écran. Quelle abnégation !

Ce qui pose tout de même question. Peut-on vraiment parler d'interprétation quand l'acteur devient un accessoire comme un autre, ripoliné en post-prod ? Et au risque de passer pour un vieux con, le projet de Cameron est-il encore un film de cinéma, ou un animé, un Pixar de luxe, une démo de jeu vidéo ? 

Il faut attendre encore pour que James Cameron déploie son réel savoir-faire : les séquences d’action, qui montent crescendo, efficaces, lisibles, sans montage stroboscopique, finalement du cinéma de papa 2.0. L’ignoble colonel Quaritch (quelque peu adouci par la paternité, hélas) et ses mercenaires se servent de braconniers des mers pour attirer Jake Sully hors de sa cachette, en massacrant les tulkuns, ce qui nous vaut de belles scènes, y compris à l’intérieur même des bestiaux (comme dans Pinocchio !). L’affrontement final, sans cesse retardé, est un peu laborieux mais efficacement mis en scène. Le gars sait y faire.

On notera tout de même des trous dans la raquette, ou dans le scénario (ils s’y sont mis à quatre !), des incohérences surprenantes. Lorsque Kiri fait une crise d’épilepsie, des humains surgissent pour la soigner - leur hélico sera hélas repéré. Mais d'où viennent-ils exactement, et pourquoi n’interfèrent-ils pas davantage avec l’intrique ? Sully est-il toujours dans un caisson, qu'est devenu son double humain, l'original ? (voir épisode 1)

Les Metkayina devraient participer à l’assaut final, on les voit tous alignés sur leurs planches de surf, puis plus rien. Seul Jake Sully et la famille se castagnent à l'écran. Chez les méchants : quid de l’armée, de la général Machinchose et de son armada ? Cameron préfère mettre en avant le courage du père Sully, il nous gave un peu avec son discours très paternaliste, le daron protecteur, qui inculque tolérance et respect mais prend les armes dès qu'on touche aux siens et à sa patrie. Pour de la SF, c'est très archaïque, conventionnel, et disons-le, conservateur. On appréciera aussi les petits soutifs en liane sur les dames et demoiselles Na'vi, ridicules, couvrez ce sein (bleu) que je ne saurais voir, même à l'autre bout de la galaxie. On est si ébloui par les images qu'on ne pense pas à réfléchir sur l'intrigue, sauf qu'en trois heures on a le temps de cogiter... 

Bon, on a compris que l’intérêt de la chose n’était pas là, mais dans les images créées par James Cameron. Pépère a développé une caméra 3D (12 K !) qui permet de désynchroniser les images dès le tournage (et non fabriquer de la 3D en post production), il a conçu son film pour les salles IMAX, avec un ratio d’image de 1:1.90. Mais comme la plupart des salles sont équipées d’écrans normaux, allongés, il est surtout projeté en scope 1:2.39, une image rognée en haut et en bas, surprenant pour un réalisateur si pointilleux de techniques. 

J’ai vu le film au format allongé, en 2D, avec des couleurs sombres, la pire configuration qui soit. Mais à en juger par de nombreuses scènes, l’explosion de napalm, les poursuites sous-marines, les petites et grosses bestioles qui pullulent, et aux dires des commentaires, AVATAR 2 serait une tuerie absolue en termes d’immersion. J’ai presque envie de me trouver une salle IMAX pour le revoir.

C’est du grand et beau spectacle, ça décoiffe, c'est qualitatif, mais très bébête dans son propos. Cameron nous avait habitué à plus de rigueur, les scénarios des deux TERMINATOR sont tout de même mieux fichus. On peut faire le parallèle avec les films de Christopher Nolan, qui s'adressent aux BAC +12 option physique quantique, quand Cameron cible plutôt les gamins. Comme pour l'épisode 1, il est dommage qu'il n'ait pas su (ou voulu) créer véritablement un univers, se contentant de recycler une intrigue vue dans 70% des westerns.  

couleur  -  3h12  - format imax 3D 1:1.90 ou 1:2.39.


1 commentaire:

  1. Je viens de lire ton na'vi sur ce film ...
    Je dois être une des rares personnes au monde à être passé à côté du 1er ... je l'ai vu, mais j'en ai rien retenu (ou rien compris) ... alors la suite, pfff, on attendra ...
    Pourtant j'aime bien Cameron, les terminator, le second alien, titanic, enfin ses best sellers quoi, je suis très grand public à temps perdu, et je trouve ces films géniaux ... mais là, comment dire, je m'en fous de ses avatars même si c'est sûr que tu dois en prendre plein les mirettes ...

    RépondreSupprimer