Un pays perdu, du pétrole, deux camions, de la nitroglycérine, un ticket
de métro, une histoire d’hommes !
Le sale air de la peur !
Georges Arnaud |
Henri-Georges Clouzot |
Le tournage n’a pas été sans problèmes, Yves Montand, après un voyage au Brésil refuse de travailler en Amérique Latine à cause de la misère qui y régnait et trouvait politiquement indécent de tourner là-bas. Henri-Georges Clouzot lui propose alors de tourner le film en Espagne, ce qu'il refuse tout autant par pur dégoût du régime franquiste. Le réalisateur céde et tourne le film dans le sud de la France, en construisant des décors en Camargue et en se servant de la bambouseraie d'Anduze pour sa végétation luxuriante. Un régiment du génie d'Avignon a été sollicité pour fabriquer tout les ouvrages qui serviront au décor du tournage. C’est dans l’ancien camp de Saliers prêt d’Arles que sera construite la ville de Las Piedras avec des palmiers en métal et des cactus en plâtre. La scène de nuit ou les camions roulent sur «La tôle ondulée» sera tournée à la bambouseraie de Prafrance (Anduze), des puits et des derricks ont été construits en Camargue. (La tôle ondulée est un phénomène apparaissant sur les routes ensablées et venteuses ; deux solutions pour éviter les vibrations : rouler au pas ou à une vitesse élevée - heu, quand on trimbale de la Nitroglycérine, le choix est cornélien).
Vera Clouzot… |
Sans spolier trop, après livraison, sur le chemin du retour, un camion (sans sa Nitro, mais avec son chauffeur😥) finit dans un ravin… En contrebas, après la fin du tournage, les morceaux dudit camion resteront là recouverts par d’autre débris jusqu’en 1990, sur la portière on pouvait encore lire le logo de la compagnie pétrolière SOC. Ok, on était pas trop écolo à l'époque
Le réalisateur s’entoure d’une distribution internationale (logique dans ce bled de paumés cosmopolites) : un italien Folco Lulli (Luigi), un américain d’origine allemande Peter Van Eyck (Bimba), une brésilienne (Linda) Véra Clouzot, un turc Dario Moreno (Hernández), un franco-italien Yves Montand (Mario) et un Breton Charles Vanel (Jo) fraîchement débarqué pour des raisons douteuse, pas des motifs humanitaires a priori, on y reviendra.
Y.Montand C.Vanel |
F.Lulli P.Van Eyck |
500 km d’épreuves suivront, des routes défoncées, un ponton fragilisé par le temps, un rocher bloquant le passage et devant être pulvérisé avec un peu de Nitro. La rencontre avec un étang de pâtrole gluant issu d'un pipeline percé. Se retrouvant devant ce lac de pétrole Mario et Jo ne devront pas s’arrêter au risque de s’enliser, Jo sonde le fond, des câbles attachés tant bien que mal autour des roues agissent comme des treuils, une scène d'anthologie : système D, patauger dans le Brut, le risque des blessures épouvantables ou… de l'explosion. Une fois passée les deux hommes reprennent leurs routes en attendant la réussite ou l'inéluctable. Que sont devenus leurs autres camarades. Rares sont les films aventureux enchaînent des prises de risques avec un suspens aussi terrifiant...
En 2010 le film est classé à la neuvième place de la liste des
«100 meilleurs films du cinéma mondial» effectuée par le
magazine
Britannique Empire.
Charles Vanel obtiendra le prix
d’interprétation masculine au festival de Cannes en 1953.
Le critique Bosley Crowther du New
York Times déclarera : «L'excitation provient entièrement de la conscience de la
nitroglycérine et de sa manipulation délicate et essoufflée.
Vous êtes assis là en attendant que la salle de cinéma
explose !»
Un suspens à la française à voir et à revoir
La vie de Georges Arnaud n'est pas banale non plus..
RépondreSupprimerhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Arnaud
Grand film!
RépondreSupprimerIl y a deux plans proprement sidérants dans ce film (y'en a plus que deux...) où l'on voit le personnage de Véra Clouzot lessiver le sol à quatre pattes, et aller comme lécher la main de son maître, assis dans un fauteuil. En position de chienne soumise... Clouzot alterne avec un plan de gamins jetant des pierres à un chien errant. Ce qui donne une idée de ce que Clouzot pensait du genre humain. On a coutume de penser que seule la seconde partie du film, en camion, est passionnante, car plein de suspens. Mais la longue première partie avec ce ramassis de loques qui traîne dans le bled est tout aussi tendue. Plusieurs aspects de ce film me rappellent la "Horde Sauvage" de Peckinpah, notamment dans le plan d'ouverture avec les insectes.
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