mardi 25 octobre 2022

CHOUANS ! de Philippe de Broca (1988) - par Pat Slade


La chouannerie est une période particulièrement sanglante de la révolution quand une partie de l’ouest de la France devient un rempart contre la république.


Quand la Bretagne se soulève !



 

assassinat de Marat par C. Corday
J’ai toujours aimé l’histoire, que ce soit de notre pays ou celle du monde, mais je fais un rejet de la période de la révolution française. Pourquoi ? Cette page d’histoire était le programme de classe de troisième dans les années 70 et mon professeur d’histoire,  un corse à l’accent bien prononcé était un inconditionnel de cette période. Il nous en gavera pendant deux trimestres et demi ! Alors que le programme s’arrête à la guerre froide, nous passerons de la Terreur au début de la guerre froide en survolant les tranchées de Verdun et le débarquement. Et pendant la période que l’on appelait la semaine des 10% (Une période où le programme n’était plus suivi et des jeux remplaçaient la routine) même si en fin d’année le BEPC nous attendait, et bien ce professeur nous fera étudier sous forme d’une pièce de théâtre le procès de Charlotte Corday et en plus le tout sera enregistré sur un magnétophone. Quelle joie dans nos yeux d’adolescents ! Apprendre un texte sur la femme qui noiera Jean-Paul Marat (oui, oui ! noyé ! Il a été emporté par une lame) sera d’un ennui mortel.

J.Cottereau dit "Chouan"
La chouannerie, pour beaucoup, est une révolte qui se déchaine dans les pays vendéens ; ce n’est pas tout à fait juste. Les Chouans étaient des insurgés royalistes de Bretagne, du Maine et de la Basse-Normandie, mais ils seront aussi actifs en Vendée. Un nom qui vient d’un certain Cotterau qui portait ce surnom de chouan («Chat-huant» ou «chouin» le nom de la chouette hulotte  en gallo le dialogue de la Haute-Bretagne) selon certains, parce qu'en faisant la contrebande du sel, ils contrefaisaient le cri du chat-huant pour s'avertir et se reconnaître.

En septembre 1987, je séjourne en Bretagne avec armes et bagages (Autrement dit : tente de camping et sac à dos !), et mon périple commence à Saint Malo en passant par Roscoff, Brest, Camaret (Voir le curé celui qui a les c...qui pendent et les filles qui se disent toutes vierge !), Douarnenez pour ensuite descendre à Quimper mais pas avant d’avoir fait un passage obligatoire par Locronan. Une ville aux charmes typiquement bretons avec ses maisons de granit. Mais quand je passe par Locronan, c’est surtout pour faire un passage par sa librairie où l’on trouve tous les ouvrages concernant la Bretagne et par la maison Le Guillou, la boulangerie ou tu trouves le meilleur Kouign Amann de la région.    

Je ne ferai pas ce périple à pied mais avec ma vieille Renault 18 break ! Et le jour où j’arrivais à Locronan, je serai étonné de voir une construction qui bloque la rue principale qui mène sur la place de l’église. Et en arrivant sur la place qu’elle ne fut pas ma surprise de voir une estrade avec une guillotine fièrement dressée vers le ciel et, à première vue, en parfait état, prête à fonctionner. Aurais-je fait un voyage temporel ? Je ne pense pas, mon break ne ressemble pas à une DeLorean et ne fait pas du 88 milles à l’heure. Le fin mot de l’histoire je l’aurais d’un gendarme qui faisait le pied de grue auprès de la bascule à charlot. Ce dernier me dira que ce n’est qu’un décor de cinéma pour le prochain film de Philippe de Broca «Chouans !».

«Les Chouans» est avant tout un roman d’Honoré de Balzac paru en 1829. C’est à la fois un drame, une tragédie, une histoire d'amour, un roman politique et un roman historique, tous les éléments que l'on retrouvera dans le film de Philippe de Broca. Un film avait déjà été adapté du roman en 1947 «Les Chouans» avec Jean Marais et Madeleine Robinson.    


«Chouans !» est autre chose, l’histoire se déroule principalement autour d’une vieille famille noble de Bretagne, celle du conte Savinien de Kermadec (Philippe Noiret) qui a un fils légitime, Aurèle (Stéphane Freiss), Tarquin (Lambert Wilson) un enfant qu’il a recueilli à l’âge de dix alors que ce dernier avait fuit le monastère où il vivait et Céline, jeune femme recueillie au berceau par Kerfadec et élevée en même temps que les deux autres. En grandissant les deux garçons auront des sentiments réciproque envers la jolie Cécile. La révolution se déchaine, Tarquin est un républicain acharné et il deviendra commissaire du peuple. Aurèle, de retour des Amériques (On ne disait pas encore Etats-Unis !) par la force des choses prendra la défense de la monarchie en croisant des personnages comme la marquise Olympe de Saint-Gildas (Charlotte de Turckheim) et le baron de Tiffauges (Jean-Pierre Cassel) deux nobles particulièrement infectes et odieux.

Un film plein de rebondissements et d’anachronismes, le comte de Kermadec est un peu hors du temps. Tout ce qui se passe en dehors de son château n’a pas l’air de le concerner. C’est une poète lunaire qui ne rêve que de fabriquer des machines volantes, la première sera une réplique d’une Montgolfière (Le premier vol avait eu lieu en 1783), il fabriquera ou réinventera l’ornithoptère de Léonard de Vinci, le deltaplane (Il a été crée en 1811 soit 22 années plus tard) et pour finir une aile delta à moteur (Le concept de l’aile volante motorisée a vu le jour en 1876),  Philippe de Broca a prit quelques libertés avec les époques. 

Entre le drame, l’amour, la guillotine, la Terreur sur fond d’histoire réelle et revisitée (Je ne ferais pas un résumé du film !), c’est une jolie carte postale de la Bretagne où certains personnages sont étranges voire effrayants comme Maxime Leroux en prêtre réfractaire complètement illuminé ou le général de la république (Michael Gempart) qui parle avec un fort accent allemand (l’acteur est Suisse).   

«Chouans !» est une reconstitution remarquable - des scènes d’action réussies - à la fois flamboyante et tragique accompagnée par la superbe musique de Georges DelerueUne sorte de drame shakespearien ou 2 hommes rivaux sont amoureux de la même femme et s'affrontent par idéologie interposée. Il n’y a pas de parti-pris, les républicains y sont décrits comme des libérateurs sadiques tueurs d’enfants et les Chouans comme des pilleurs qui torturent les paysans pour leurs voler leurs biens. En fin de compte, seul l’amour et la mort gagneront la bataille.

Quelques incongruités et quelques anachronismes, mais du bon spectacle.
La grande histoire à travers une romance, aux grandes répercutions.
Du bon cinéma français.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire