CHOUANS ! de Philippe de Broca (1988) - par Pat Slade
La chouannerie est une période particulièrement sanglante de la
révolution quand une partie de l’ouest de la France devient un rempart
contre la république.
Quand la Bretagne se soulève !
assassinat de Marat par C. Corday
J’ai toujours aimé l’histoire, que ce soit de notre pays ou celle du
monde, mais je fais un rejet de la période de la révolution française.
Pourquoi ? Cette page d’histoire était le programme de classe de
troisième dans les années 70 et mon professeur d’histoire,un corse à l’accent bien prononcé était un inconditionnel de cette
période. Il nous en gavera pendant deux trimestres et demi ! Alors que le
programme s’arrête à la guerre froide, nous passerons de la Terreur au
début de la guerre froide en survolant les tranchées de Verdun et le
débarquement. Et pendant la période que l’on appelait la semaine des 10%
(Une période où le programme n’était plus suivi et des jeux remplaçaient
la routine) même si en fin d’année le BEPC nous attendait, et bien ce professeur
nous fera étudier sous forme d’une pièce de théâtre le procès de Charlotte Corday
et en plus le tout sera enregistré sur un magnétophone.Quelle joie dans nos yeux d’adolescents ! Apprendre un texte sur la femme
qui noiera Jean-Paul Marat (oui, oui ! noyé ! Il a été emporté par une lame) sera d’un ennui mortel.
J.Cottereau dit "Chouan"
La chouannerie, pour beaucoup, est une révolte qui se déchaine dans les
pays vendéens ; ce n’est pas tout à fait juste. Les Chouans étaient des insurgés royalistes de Bretagne, du
Maine et de la Basse-Normandie, mais ils seront aussi actifs en Vendée. Un
nom qui vient d’un certain Cotterau qui
portait ce surnom de chouan
(«Chat-huant» ou «chouin» le nom de la chouette hulotte en gallo
le dialogue de la Haute-Bretagne) selon certains, parce qu'en faisant la contrebande du sel, ils
contrefaisaient le cri du chat-huant pour s'avertir et se
reconnaître.
En septembre 1987, je séjourne en Bretagne avec armes et bagages (Autrement dit : tente de camping et sac à dos !), et mon périple commence à Saint Malo en passant par Roscoff,
Brest, Camaret (Voir le curé celui qui a les c...qui pendent et les filles qui se disent toutes vierge !), Douarnenez pour ensuite descendre à Quimper mais pas avant d’avoir
fait un passage obligatoire par Locronan. Une ville aux charmes
typiquement bretons avec ses maisons de granit. Mais quand je passe
par Locronan, c’est surtout pour faire un passage par sa librairie où
l’on trouve tous les ouvrages concernant la Bretagne et par la maison Le Guillou, la boulangerie ou tu trouves le meilleur Kouign Amann de la
région.
Je ne ferai pas ce périple à pied mais avec ma vieille Renault 18
break ! Et le jour où j’arrivais à Locronan, je serai étonné de voir
une construction qui bloque la rue principale qui mène sur la place de
l’église. Et en arrivant sur la place qu’elle ne fut pas ma surprise de voir
une estrade avec une guillotine fièrement dressée vers le ciel et, à
première vue, en parfait état, prête à fonctionner. Aurais-je fait un voyage
temporel ? Je ne pense pas, mon break ne ressemble pas à une
DeLorean et ne fait pas du 88 milles à l’heure. Le fin mot de
l’histoire je l’aurais d’un gendarme qui faisait le pied de grue auprès de
la bascule à charlot. Ce dernier me dira que ce n’est qu’un décor de cinéma
pour le prochain film de
Philippe de Broca «Chouans !».
«Les Chouans» est avant tout un roman d’Honoré de Balzac paru en 1829. C’est à la fois un drame, une tragédie, une histoire d'amour, un
roman politique et un roman historique, tous les éléments que l'on
retrouvera dans le film de Philippe de Broca. Un film avait déjà été adapté du roman en 1947
«Les Chouans» avec Jean Marais
et Madeleine Robinson.
«Chouans !» est autre chose, l’histoire se déroule principalement autour d’une
vieille famille noble de Bretagne, celle du conte
Savinien de Kermadec (Philippe Noiret) qui a un fils légitime, Aurèle (Stéphane Freiss), Tarquin (Lambert Wilson) un
enfant qu’il a recueilli à l’âge de dix alors que ce dernier avait fuit le
monastère où il vivait et Céline, jeune femme recueillie au
berceau par Kerfadec et élevée en même tempsque les deux autres. En grandissant les deux garçons auront des
sentiments réciproque envers la jolie Cécile. La révolution se
déchaine, Tarquin est un républicain acharné et il deviendra
commissaire du peuple. Aurèle, de retour des Amériques (On ne disait pas encore Etats-Unis !) par la force des choses prendra la défense de la monarchie en croisant
des personnages comme la marquise Olympe de Saint-Gildas (Charlotte de Turckheim) et le baron de Tiffauges (Jean-Pierre Cassel) deux nobles particulièrement infectes et odieux.
Un film plein de rebondissements et d’anachronismes, le comte de
Kermadec est un peu hors du temps. Tout ce qui se passe en dehors
de son château n’a pas l’air de le concerner. C’est une poète lunaire qui
ne rêve que de fabriquer des machines volantes, la première sera une
réplique d’une Montgolfière (Le premier vol avait eu lieu en 1783), il fabriquera ou réinventera l’ornithoptèrede Léonard de Vinci, le deltaplane (Il a été crée en 1811 soit 22 années plus tard) et pour finir une aile delta à moteur
(Le concept de l’aile volante motorisée a vu le jour en 1876), Philippe de Broca a prit
quelques libertés avec les époques.
Entre le drame, l’amour, la guillotine, la Terreur sur fond d’histoire
réelle et revisitée (Je ne ferais pas un résumé du film !), c’est une jolie carte postale de la Bretagne où certains personnages
sont étranges voire effrayants comme
Maxime Leroux
en prêtre réfractaire complètement illuminé ou le général de la république
(Michael Gempart) qui parle avec un fort accent allemand (l’acteur est Suisse).
«Chouans !» est une reconstitution remarquable - des scènes d’action réussies - à
la fois flamboyante et tragique accompagnée par la superbe musique de
Georges Delerue. Une sorte de drame shakespearien ou 2 hommes rivaux sont amoureux de la
même femme et s'affrontent par idéologie interposée.
Il n’y a pas de parti-pris, les républicains y sont décrits comme des
libérateurs sadiques tueurs d’enfants et les Chouans comme des pilleurs
qui torturent les paysans pour leurs voler leurs biens. En fin de
compte, seul l’amour et la mort gagneront la bataille.
Quelques incongruités et quelques anachronismes, mais du bon
spectacle.
La grande histoire à travers une romance, aux grandes répercutions.
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