jeudi 22 septembre 2022

BIG BIG TRAIN "The difference machine" (2007) par Benjamin

 

 

« La musique donne une âme au cœur et des ailes à la pensée. »

« Si vous voulez contrôler un peuple, commencez par contrôler sa musique »  Platon

 

Ecoutez les triompher sur nos radios. Essayez de supporter leurs baragouinages stupides et leurs faux idéaux. Assommez-vous avec leur techno insipide, leur rap stupide et leur pop plate. Supportez la fausse bonne humeur de présentateurs incultes vous demandant d’envoyer "stop" ou "encore" au 3615. Vous n’échapperez pas aux gloussements aliénant de la médiocrité moderne, elle vous suivra jusqu’à tuer votre esprit critique. Un jour, en faisant vos courses ou avant une séance de cinéma, vous vous surprendrez à siffloter un air de Stromae ou un refrain de maitre Gims. La médiocrité aura alors gagné une bataille, elle n’attend que votre servitude volontaire pour gagner la guerre. Vous ne serez alors pas le seul à vous être converti à ces plaisirs futiles, sans comprendre que cet abandon ne se limite pas au domaine musical. La pop moderne est le symbole d’une société à la recherche du plaisir immédiat, de la réussite sans effort.

Quand vous achetez un disque de musique commerciale, vous préparez également votre esprit à la littérature pour ceux qui n’aiment pas lire, aux films pour ceux qui ne s’intéressent pas au cinéma. Vous commencez alors à voir la culture comme un immense supermarché où le pâté aurait la même valeur que le foie gras, le caviar serait jugé équivalent du thon. Comme tout domaine a besoin d’une hiérarchie, vous laissez alors les entreprises vous imposer leurs modes, vous avalez ce qu’elle déverse dans ces immenses mangeoires que sont les plateformes de streaming et les grandes surfaces. Les plateformes ont basé leur succès sur une arnaque diabolique, promettre l’accès à un maximum de contenu pour un prix modique. Une fois attiré par cette grande promesse, l’auditeur est enfermé dans un système algorithmique tuant sa curiosité. Il pensera alors ne plus avoir besoin de chercher, se contentera de ce que son nouveau dieu lui sert. Une fois pris dans la toile de cet arachnide mangeur de cerveaux, la plateforme guidera progressivement l’auditeur vers le plus écouté, le plus regardé, le plus lu … Bref vers le tout-venant sacralisé par une masse moutonnière.  

Ce piège est d’autant plus implacable que, ne se sentant pas obligés de proposer l’intégralité du répertoire, ces plateformes condamnent de plus en plus de perles oubliées à l’oubli. Paradoxalement, alors que la majorité est très heureuse de s’envoyer des bouses sans effort de recherche, une petite résistance survit tant bien que mal. C’est ainsi que, malgré des ventes plus que modestes, les groupes de rock progressif ne cessent de se multiplier. Il est vrai que, contrairement à ce que pense une majeure partie des modernistes, l’homme a et aura toujours besoin de transcendance. Transcender le rock, lui donner l’importance culturelle du jazz, de l’opéra et de la musique classique, c’est exactement ce que fait le rock progressif depuis près d’un demi-siècle. Il existe des disques dans lesquels on entre comme dans un monastère, « The difference machine » est de ceux-là. Pour construire sa cathédrale sonore, BIG BIG TRAIN reçut l’aide du batteur et du bassiste de Spock’s beard, ainsi que du bassiste de Marillion Pete Trewavas.

Très américain dans son approche de la rythmique, le duo basse / batterie offre au groupe la puissance et l’énergie qui lui manquait. Quant à Pete Trewavas, il confirme son titre de plus grand bassiste prog moderne. Son jeu, moderne tout en gardant la douceur rêveuse des contemporains de King Crimson, parvient à réconcilier le rock progressif classique avec les errements pop des années 80. Si un thème lie les titres de ce « Difference machine » c’est celui de l’espoir. Espoir de découvrir un monde meilleur, espoir de vivre une vie plus épanouissante, espoir de vie après la mort et de retrouvaille après une longue séparation.
 
On retrouve ici un thème cher à Genesis et autres Pink Floyd, c’est-à-dire les tourments existentiels de l’homme. Véritable fil conducteur de cette poignante méditation, la mélodie baroque du violon ponctue l’album tel un doux psaume. L’auditeur est littéralement emporté par les envolées lyriques de titres comme « Summer lease », feu d’artifice préparé par la bluette baroque qui ouvrit le disque.

Les mots sont portés par les tempos lents telles des prières universelles, percutent avec tendresse notre âme lors de grandes envolées. Les grands chants de « Perfect comin storm » et autres « Hope you made it » sont comme les récits des grands romans, ils restent dans votre esprit des années après que vous les ayez découvert. « The difference machine » est un message d’espoir, une dose de grandeur jazz, symphonie rock dans un univers de plus en plus médiocre. La dissidence progressive attendait l’arrivée d’une grande œuvre de BIG BIG TRAIN, la voici rayonnant de toute sa splendeur.

On est dans le progressif qui se respecte, donc deux extraits de respectivement 7 et 14 minutes ! 

   

4 commentaires:

  1. Le sempiternel refrain des "résistants" face à la "masse moutonnière"... Ca va, les chevilles ? Et s'il y en a qui aiment sincèrement ça, la "techno insipide", le "rap stupide" ou la "pop plate", on fait quoi, on les envoie en camps de rééducation musicale et on vous proclame "nouveau Dieu" ?

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  2. Non. On les emmerde !

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  3. Bigre, les esprits s'échauffent les amis… Benjamin exprime SON opinion sur l'air du temps et il en a le droit. Etant un pionnier du blog, je partage son propos par nostalgie, aucunement par mépris de ceux qui ont tout à fait le droit d'écouter, voir, ou lire ce qui leur fait plaisir, y compris les daubes. Mais si c'est de la daube, ben c'est de la daube et est-ce grave ? Sinon au bac, on mettrait la même note à toutes les copies en Français… En musique, l'analyse objective existe sur le plan qualitatif…
    Mais comme disait un ami : il faut mieux lire la "collection arlequin" que rien du tout…
    À une époque j'avais éreinté de manière comique les transcriptions hasardeuses de André Rieu sur des belles musiques : une chanson de Madonna, un aria de Bach et la valse Jazz de Chostakovitch. Mon reproche : massacrer l'existant, le travail des autres, ne pas chercher à composer comme le faisait l'ancien mais bon enfant Franck Pourcell…
    La "techno insipide" d'un David Guetta n'est pas faite pour le concert mais pour stimuler les désirs du public de se trémousser… Pourquoi pas, et je pense que même ce monsieur ne pense pas se hisser sur le podium à coté d'un Beethoven, d'un Springsteen, d'un Count Basie, etc.
    Entre un Rossellini et un David Lynch, je m'amuse à regarder les nanars de SF Asylum sur la chaîne Syfy, du Ed Wood en couleur 😊 et j'assume….
    Très orienté classique, on constate des phénomènes étranges : J'adore Richard Strauss, Maggy, mon épouse alias Nema, s'ennuie, "ne rentre pas dedans" pour la citer, bref "ça la fait ch**er. Elle est friande de Paganini, et moi j'adhère très peu, n'ayant écrit un premier billet qu'au bout de dix ans grâce à l'interprète… Comprend qui pourra.
    Bonne semaine à tous…
    http://ledeblocnot.blogspot.com/2011/06/andre-rieu-maestro-ou-classic-en-toc.html

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  4. Dont acte.
    Je note quand même que l'état de fait soulevé n'est aucunement l'œuvre de la (présumée) droite mais bien de la gauche. C'est en effet avec beaucoup de démagogie que Jack Lang poussa comme un dingue pour imposer rap et techno (musiques de "minorités-qui-ont-beaucoup-souffert" par excellence), au tournant des années 90. A mettre en lien aussi avec la chute vertigineuse du niveau scolaire. Mais comme disait Bossuet (?) : "Dieu se rit de ceux qui maudissent les conséquences dont ils chérissent les causes."

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