RIP TERESA BERGANZA (1933-2022) - par Pat Slade

 Carmen est décédée une deuxième fois.

H Von Karajan : «La Carmen du Siècle» 

En ce matin du 13 mai 2022, je suis triste, le décès de la cantatrice Teresa Berganza me touche au même point que celui de Barbara. Une personne que j’aimais profondément pour son charisme, son humour et bien sur, son talent. J’avais plus d’atomes crochus avec la voix de la mezzo-soprano qu’avec celle de Maria Callas.

"Cosi Fan Tutte" et T. Strich Randal

Née en 1933 à  Madrid, elle commencera par apprendre le piano, l’harmonie, la composition, la musique de chambre, l’orgue et le violoncelle pour ensuite suivre des études de chant au conservatoire de Madrid. Elle obtient un premier prix en 1954 et commence très tôt des enregistrements de zarzuelas (Un genre qui associe action théâtrale, orchestre, chants et dialogues parlés, il s’apparente à l’opéra-comique français). Ses débuts officiels sur une scène lyrique se feront en 1957 sur les planches de l’Athénée de Madrid avec un récital des lieder de Schumann. La même année elle tiendra son premier rôle au festival d’Aix-en-Provence, celui de Dorabella dans «Cosi Fan Tutte» de Mozart, peut de temps après, ce on la rencontre à la Scala dans «Le Comte Ory» de Rossini. Viendra ensuite le rôle de Chérubin dans «Les Noces de Figaro», elle partagera la scène avec des pointures du chant : Maria Callas et Jon Vickers dans «Médée» de Cherubini. Un début de carrière partie sur les chapeaux de roue.   

 Carmen P. Domingo

La suite de sa carrière lui offrira les grands rôles du répertoire : «La Cenerentola» de Rossini et de Rosina dans «Le Barbier de Séville» du même Rossini, la coloration de sa voix de mezzo-soprano se prêtait bien au compositeur italien. De Purcell à Monteverdi en passant par Massenet et Offenbach (Elle a été une magnifique Périchole), elle va tout jouer. Mais son nom restera pour toujours associé à celui de «Carmen» de Georges Bizet. Après des années de préparation, elle reprend le rôle en 1977 au festival d’Edimbourg avec le London Symphony Orchestra sous la direction de Claudio Abbado avec Placido Domingo en Don José (Qui jouera le rôle plusieurs fois dans sa carrière), Mirella Freni en Michaela (Sur l’enregistrement ce sera Ileana Cotrubas qui reprendra le rôle et qui fut une très belle Michaela.). Les années 80 seront marquées par de nombreuses interprétations de «Carmen», notamment à Bercy en 1989, elle donnera sa dernière incarnation de la gitane légère en 1992 à la Maestranza de Séville (La ville de Carmen ! Relisez le livre de Prosper Mérimée) avec Placido Domingo à la baguette et José Carreras en Don José.

Master-classes

Ses apparitions sur scène se font rares par la suite,

Teresa Berganza se consacrant aux master-classes en formant une nouvelle génération de chanteurs souvent dans la maison de Georges Bizet à Bougival.

Auréolé de plusieurs distinctions comme la médaille d’or du mérite des beaux- arts du ministère de l’éducation et de la culture, le prix Prince des Asturies, le prix national de musique et la médaille d'or du cercle des Beaux-Arts d'Espagne pour l'ensemble de sa carrière, le lyrique a perdue une de ses plus grande interprètes.  

Ce soir, Carmen a perdue sa voix. 

P.S : J'ai en ma possession une dizaine de version de «Carmen», mais celle de Tereza Berganza restera ma préférée.