mardi 24 mai 2022

COCKTAIL MOLOTOV de DIANE KURYS (1980) - par Pat Slade


Un film qui passe très rarement et pour lequel j’ai une certaine tendresse. Je me souviens l’avoir vu quand il est sorti.




Diabolo Molotov ou Cocktail Menthe 5 ans après



Diane Kurys
 

Un film avec une touche de nostalgie pour tout les soixante-huitard qui se respectent. Le deuxième film de Diane Kurys comme réalisatrice. Un film où certains acteurs inconnus allaient percer, comme François Cluzet et d’autres qui avaient déjà une petite carrière derrière eux font des apparitions, comme Patrick Chesnais.


Nous sommes en 1968 et la France gronde. La petite Anne (Élise Caron) de «Diabolo Menthe» a bien grandi, c’est maintenant une jeune femme qui aime Frédéric (Philippe Lebas) peintre de décor dans un théâtre, il est toujours flanqué de son meilleur ami Bruno (François Cluzet). Les trois amis vont vivre les événements de mai 68 d’une manière très particulière. Après une soirée au théâtre (Qui ressemble à celui de l’Odéon), avec sa mère (Geneviève Fontanel, dans «Diabolo Menthe» c’étais Anouk Ferjac») et son beau père (Henri Garcin), ce dernier retrouve sa DS blanche avec des graffitis à la peinture rouge et est interpellé par un beatnik (Une apparition savoureuse tenue par Christian Clavier).

Le lendemain après une grosse altercation avec sa mère qui refuse la liaison de sa fille avec Frédéric qui ne sont pas du même milieu, Anne décide de fuguer et de rejoindre Frédéric pour partir au kibboutz. Après une nuit ensemble chez le garçon, il ne se voit pas partir en laissant tout derrière lui. Anne part seule et les deux amis vont lui courir après dans une 2CV brinquebalante. Entre Venise et Paris, beaucoup de péripéties vont ponctuer leur quotidien.

Arrivés en Italie, ils logeront dans un centre social, mais après avoir cassé un lavabo et fait un dégât des eaux, ils devront fuir à toutes jambes. Ils iront aussi dans un local de militants où Bruno fera une conquête qui par la suite leur volera bagages, argents et voiture (Les italiens ont toujours une image de voleurs qui leurs collent à la peau !!). Ils retourneront dans leur dernière demeure et Bruno ressortira avec un sac contenant un cocktail Molotov. En allant porter plainte au commissariat, Anne voit son sac et Frédéric comprenant un peu l’italien comprendra que la 2CV aurait servi à un vol. Ne voulant pas être impliqués, ils sortiront de la boite à pandore discrètement.

Dans les années 60, le stop n’était pas encore excessivement développé, les trois amis vont s’en rendre compte pendante la longue route qui va les ramener à Paris. Autant il y a beaucoup d’humour dans ce film, autant il y a des scènes touchantes. Ils vont se retrouver chez un CRS (Marco Perrin) qui était à Paris et qui a été renvoyé dans ses foyers après que ses nerfs aient lâché face à la violence des combats, il raconte comment il à vécu mai 68. Les trois jeunes, tout au long du film, regrette de ne pas être sur les barricades. Mais des évènements autres que ceux de la capitale vont assombrir leurs escapades, Anne est enceinte et de passage par Valence, elle va voir son père (Michel Puterflam. Qui était déjà son père dans «Diabolo Menthe») qui l’emmènera en Suisse pour se faire avorter.     

Rentré à Paris, Frédéric va voir son père qui est hospitalisé pour des problèmes pulmonaires. Avec Bruno, ils décident d’aller à la manif mais avant tout d’aller chercher Anne à la gare d’Austerlitz, arrivé dans le métro, la station est enfumée par les lacrymogènes alors que tout le monde fuit vers la rame, les deux garçons courent ver l’extérieur pour ce retrouver face à un cordon de CRS casqués. Ils ont aussitôt jetés dans un fourgon et envoyé au dépôt pour un contrôle d’identité. Voila comment ils auront vécu leurs mai68. Anne est de retour chez sa mère ou les choses se sont tassées. Fred et Bruno viennent la chercher et partent dans la DS blanche toujours taguée pour le début de leurs vies d’adulte. . «C’était presque l’été. L’essence était revenue et on voulait nous faire croire que tout était fini…Pour nous le voyage venait de commencer.» 

Un film, comme je l’ai dis, pour lequel j’ai une grande tendresse, pour sa fraicheur, son humour et la sobriété dans le jeu des acteurs (Philippe Lebas ne joue pas toujours très juste, mais il y a pire !), il y a un triangle amoureux entre les trois protagonistes, Bruno se rend compte des sentiments qu’il a pour Anne, mais ne  veux pas gâcher son amitié avec Fred et se mettre en porte-à-faux entre les deux tourtereaux. Les seconds rôles comme Marco Perrin en CRS dépressif et Patrick Chesnais en routier sympathique qui va livrer des fleurs pour la fête des mères, mais même coincé dans les barrages ne perd pas son calme et son flegme sont des clins d’œil  à cette époque troublée. Une bande originale d’Yves Simon et surtout la chanson de Murray Head «Dearest Ann» enjolivent bien les images.        

Diane Kurys pour ses deux premiers films aura réussi sa reconversion d’actrice en réalisatrice. La suite sera des succès comme «Coup de Foudre» en 1983 ou «La Baule-les-Pins» en 1990 qui comme beaucoup dans sa filmographie sont autobiographiques.

«Cocktail Molotov» a peut-être pris de la bouteille mais il reste un film à savourer après un «Diabolo Menthe».       




1 commentaire:

  1. Vu au ciné, comme Diabolo menthe, en un temps où les films qui s'adressaient à nous, les ados, étaient rarement autrement que niais. Le ton changeait diamétralement avec Diane Kurys et plus encore avec Cocktail Molotov.
    C'est vrai qu'il est moins maitrisé que son prédécesseur et que les sujets qu'il aborde l'ont tenu éloigné des diffusions télé, dommage car c'est un témoignage rare d'une époque trop souvent abordée par le cinéma français de façon systématiquement caricaturale.
    https://uptobox.com/m3zxcw3tqdei

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