Crénom ! Y'a des groupes, comme ça, qui arrivent encore à vous surprendre. Même si ce n'est pas nécessairement dans le bon sens... Il y a deux ans, la formation regroupant trois cousins, Goodbye June, avait sorti un formidable alboum de Heavy-rock trempé de vibrations 70's. Un disque si bon qu'il laissait envisager un avenir suffisamment prometteur pour que s'ouvrent grandes les portes de la renommée. Or, le petit dernier a de quoi surprendre, laisser dubitatif plus d'un auditeur. Car en effet, aux premières écoutes de cette courte petite galette, la nouvelle sensation est que Goodbye June est tombé dans la facilité. [Grave accusation là ! Gaffe au procès ! Ou à la censure !]
Explications ?
Le chanteur Landon Milbourn a quelque peu mué, ou transformé sa tonalité ; oh, pas beaucoup, bien légèrement même, mais suffisamment pour qu'elle évoque inévitablement une icône du Rock australien. Ni plus ni moins que Bon Scott. C'était déjà précédemment perceptible, mais auparavant il y avait une alternance entre divers registres, alors que là, il semble - en apparence - avoir fait un choix radical. Pas du clonage, non, mais ce sont ces intonations et cette tonalité, ce petit air de diablotin taquin et narquois qui réveille le fantôme de l'australo-écossais. Cela, dangereusement amplifié par une guitare qui met de l'huile sur le feu avec des riffs bien typés AC/DC. Néanmoins des riffs qui font irrémédiablement taper du pied, et qui, il faut bien le concéder, mettent du baume au palpitant. Haut les cœurs ! De plus, sur le clip du single, la six-cordes à la rythmique n'est autre qu'une Gibson SG. Soit c'est de la provoque, possible, soit ils ont profité des confinements pour découvrir AC/DC, en particulier celui de l'ère Scott, et s'y sont noyés. Marinant des semaines, des mois entiers dans ce virulent Hard-blues jusqu'à ce que toutes les cellules de leur corps en soient imprégnées. Ce qui fait que depuis, bien malgré eux, lorsqu'ils branchent leur instrument, il n'en sort plus que de la musique typée "made in Australia" - généralement millésimé 70's. Pas impossible, mais peu probable 😁. Une autre possibilité consisterait en une simple perte d'imagination, de pouvoir créatif, incitant la formation, devant la pression de l'échéance d'un nouvel album devant succéder à l'excellent "Community Inn", à recourir à la facilité en piochant dans un terreau riche et fertile.
Quoi qu'il en soit, on en vient très rapidement à se désintéresser du disque. Jusqu'à ce que, une fois reposé (après une cure de Xanax et de Cardiocalm), et en connaissance de cause, on refourgue l'objet dans le mange-CD (y'en a des gourmands). Et là, finalement, le verdict tombe: c'est un bon disque. Un très bon même. Et pour sa défense, il suffit simplement de faire remarquer que tout ne repose pas sur l'unique et lourde référence australienne. Loin de là. D'ailleurs, même si la longue intro frôle le procès, "Step Aside" se pare de quelques atours Glam et se fend d'un break psychédélique. Un titre aux propos récurrents chez les jeunes rockers heureux de leur nouvelle vie, fiers de leurs sacrifices et de leur pugnacité, et pas encore usés par la route et les pressions. "Maman et Papa ont voyagé en prêchant et en enseignant l'Evangile. Puis, nous nous sommes installés dans une ville merdique. Juste une bicoque et une bible. Depuis, j'ai été partout. J'ai vu ce qui comptait réellement. Maintenant quand je repense à toute cette douleur, j'en ri... Tous mes amis sont allés à l'université, ont eu des emplois, des femmes et des enfants. Mais moi, c'est dans cette guitare que j'ai trouvé la paix. Et j'en jouerai jusqu'à ma mort". Hélas (?), la chanson éponyme prête le flanc pour se faire battre - les avocats se pressent au portillon - en appliquant quelques unes des recettes des frères Young (sauf pour le solo saturé de fuzz défaillante) et en ressuscitant Bon. De même que "Breathe And Attack", Hard-blues vénéneux, qui pourrait être le fruit d'une étude des "Stiff Upper Lip" et "Ballbreaker". "Je suis né sur la rivière, élevé par les rochers. J'ai déménagé en ville et j'ai eu un choc culturel. Je suis le fils d'un prédicateur mais j'ai perdu cette fièvre".
Toutefois, si l'on poursuit, l'horizon s'élargit sur des contrées plus modérées, teintées de motifs Pop et de Glam metal. Ainsi, "Take a Ride" pourrait être une résurgence des Poison, Mötley Crüe et autres Ratt. Même si le slow-blues "Nothing" frôle la rechute, avec cette sensation que d'un instant à l'autre, à la suite d'un couplet, va surgir un "She's got the jack ! She's got the jack, jack! jack !". Toutefois, l'orchestration est nettement plus sombre et moite, presque inconfortable. Et le sujet, plutôt que grivois, patauge dans le désarroi d'un pauvre hère englué par son amour toxique et sa faiblesse "Je suis tellement malade et fatigué, finissant sans rien... Tu as volé tout mon amour, tu as volé toutes mes affaires, tu as volé toute ma vie, mes désirs et laissé sans rien. Je suis juste un imbécile... Prends tout mon amour, prends toute ma fierté et laisse moi mourir. J'essaie juste de survivre sans rien". "Three Chords", le deuxième single (à ce jour, il y en a déjà cinq tirés de l'album), se place juste entre ce Glam-metal et ce Heavy-rock'n'roll à la sauce aussie.
Elargissement confirmé avec la belle ballade mélancolique "What I Need", débutant sobrement sur un air simple de piano avant d'éclater comme un missile en plein ciel, teintant fugacement la nuit de mille feux ; avant qu'elle ne reprenne ses droits, nous enveloppant de son sombre manteau. Quatre minutes bien trop courtes pour ce petit bijou. "Quelque chose à l'intérieur monte et je ne peux plus le cacher. Je ne l'ai jamais vraiment cherché. J'ai été aveuglé par ce qu'on m'a dit d'être".
Avec "Baby, I'm Back", le groupe sublime le British-blues / proto-Hard avec une touche de funk délétère - confession d'un fêtard entraîné par sa faiblesse vers le fond. Et "Everlasting Love" attise les éternelles braises de Creedence Clearwater Revival et les mélangent à l'approche plus moderne d'un Kings Of Leon - avec un p'tit solo en hammer-on et pull-off façon Angus -. Mais Landon, lui, ne se dépêtre pas de sa voix de chat de gouttière balafré, félidé margoulin, maître de sa ruelle mal famée. Plus que jamais il en joue, lui donnant cet air de sympathique canaille apparenté à feu-Bon Scott.
Un album peu imaginatif ? Mais péripatéticienne, on s'en fout. Oui, certes, pas totalement, mais l'important c'est qu'un album de Rock procure du bon temps. Non ? Et celui-ci fait plus que son job.
Les clones de groupes et d'artistes sont légions, et il serait ardu de dénombrer ceux de Led Zeppelin, Kiss, Black Sabbath, Hendrix, Freddy King, Otis Rush, Aerosmith, Motörhead, Bowie, Scorpions, Nugent, Nicole Croisille, AC/DC, Slade, etc, etc, tant la liste est longue. On peut faire le choix de toujours rechercher la stricte nouveauté, que les sus-nommés ont pu faire naguère (qui eux-mêmes pourtant...), où sinon des entités tels que Klaus Nomi, Venom, Entombed, Sim, Yoko Ono, avant qu'ils ne soient vite dépassés et mis au rebut. Cercle vicieux.
Bref, quoi qu'il en soit, il serait injuste de cataloguer Goodbye June sous la rubrique de clone - précédemment, certains avaient focalisé sur ses supposées accointances avec Led Zep -, alors que chacun de ses disques parvient à proposer quelque chose de différent. Cette fois-ci, avec "See Where the Night Goes", le groupe a juste fait le choix d'être plus séminal et de se recentrer sur un solide Hard-rock bluesy. D'être relativement plus radical, plus heavy, plus direct. Finis les arrangements, les suppléments de violon et de claviers (à l'exception de quelques plaquages d'accords à l'orgue Hammond pour exacerber les explosions musicales), désormais, on parle plus de "rock'n'roll".
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