LUNDI : Claude et Pat s’échangent
des vidéos de filles sur Internet, oui oui, d’une violoniste moldave pour
être plus précis, Rusanda Panfili, une virtuose aussi à l'aise dans
des airs classiques populaires que dans les mélodies folks de tous les
pays…
MARDI : s’ils se retrouvent sur
la musique classique, pas sûr que le Toon emprunte les disques de
Nina Hagen de Pat, qui nous a parlé de la punkette teutonne dont la
voix couvre 23 octaves, et qui enregistrait son premier opus en 78,
sobrement intitulé
« Nina Hagen Band ». Sobrement, hum… on parle du nom, pas du contenu.
MERCREDI : un Bruno quelque peu
désappointé à l’écoute du
« See where the night goes »
le troisième album du trio de Nashville Goodbye June, le gosier du
chanteur ressemblant de plus en plus à celui de Bon Scott. Pas très
original, mais au final un solide hard-rock bluesy.
VENDREDI : le réalisateur
Kenneth Branagh, après quelques errements hollywoodiens et
alimentaires (l’élevage intensif de poireaux) revient avec un film
personnel, chronique de son enfance à…
« Belfast ». On ne sait pas ce que Luc a le plus apprécié, la somptuosité de la photo
noir et blanc, ou celle de l’actrice principale…
👉 On se retrouve dès lundi avec Claude piqué par une Mouche, puis jeudi avec Maurice Ravel (travailler plus pour gagner plus, comme disait l’autre… tout ce que gagne le Toon c’est un second ticket restau) et passerons nous voir la divine Janis Joplin, le barbare Ted Nugent, et les danseuses de Cédric Klapisch.
Bon dimanche.
Je vous parle d'un temps que les moins de cinquante ans, y compris les
mélomanes amateurs de classique, connaissent sans doute mal… Quoique !
Dans les années 70-80, l'Amérique du sud voit la plupart de ses pays
gangrenés par des dictatures parmi les plus terrifiantes et sanglantes de
son histoire depuis la fin la guerre. La mémoire est courte, perso j'avais
entre 25 et 35 ans, c'est tout dire…
En Argentine, le péronisme agonise dans une guérilla permanente. Un putsch dirigé par
le général Videla prend en main le pays en 1976 pour établir
une tyrannie effroyable qui fera des milliers de morts. Cela avec la
bénédiction de la CIA et de l'Église catholique (on ne réécrit pas
l'histoire, le fait est là). Au
Chili, depuis 1973, le général Pinochet, autre soudard, a
renversé le régime démocratique gagné dans les urnes par
Salvador Allende qui est assassiné. Pinochet établira aussi
une tyrannie qui se maintiendra jusqu'en 1988… En 1973, en
Uruguay, autre coup d'état militaire qui maintient en place un dictateur
de paille, Juan María Bordaberry. Même régime de censure et de
terreur que son voisin argentin. Bien entendu la CIA est derrière toute
cette plongée en enfer du continent (Opération Condor).
À ce sujet, un film de Costa Gavras tourné en 1972,
État de siège résume bien les
drames de l'époque. Yves Montand accepte exceptionnellement
d'endosser le rôle du salaud absolu : un agent du FBI spécialiste
de "la formation à la torture" des bourreaux des polices des pays latinos. Il est enlevé par des
révolutionnaires. Le film a été tourné au Chili pendant le court
gouvernement Allende. Dit donc Pat, à ta plume…
Pourquoi cette entrée en matière. J'entends un peu trop parler de
dictature en France depuis quelques années… Le mécontentement à sa place
suivant l'attente de chacun de la part de nos gouvernants, aucune
contestation là-dessus. Mais il faut garder raison. Je ne pense pas que
l'on découpe les militants de gauche à la tronçonneuse dans les caves des
casernes. Pas plus qu'à l'image du guitariste Victor Jara dont les militaires chiliens broyèrent les mains avant de le
cribler de 44 balles… A-t-on découpé le fort en gueule
Francis Lalanne en rondelles. Non ! Il peut toujours jouer,
chanter, exprimer ses opinions (même complotistes) ; et cette liberté-là…
est formidable.
Le pianiste classique d'origine argentine
Miguel Angel Estrella
vient de mourir à l'âge de 81 ans. LUI a vraiment connu l'indicible d'une
dictature, et quand on parle de répression et de cruauté, cet artiste
connaît son sujet…
Miguel
avait vu le jour en 1940 dans la province pauvre de Tucuman. Il
fait ses études à Buenos-Aires. En 1965, il vient à Paris
perfectionner l'analyse et l'interprétation auprès de la grande prêtresse
Nadia Boulanger
et d'Yvonne Loriod. Il commence sa carrière dans son pays natal mais cet humaniste de
gauche (la vraie, la sincère) prend la mauvaise habitude d'aller jouer de
la musique dans les bidonvilles et affiche des idées révolutionnaires !
Pour le régime de Videla, cela n'est rien d'autres qu'un acte
communiste antipatriotique ?! Il est arrêté en 1977, torturé,
ses mains n'en sortiront pas indemnes… Dans le cadre des arrangements
"Condor", il est emprisonné en Uruguay à Montevideo dans des conditions
effroyables. Pour ne pas craquer mentalement, il continue de jouer sur un
clavier factice confectionné avec les moyens du bord…
Bien qu'il ne soit pas l'unique victime de la barbarie, un comité de
soutien se forme en France pour exiger sa libération. À la tête de cette
initiative :
Nadia Boulanger
alors âgée de 93 ans, le célèbre compositeur
Henri Dutilleux
et le violoniste
Yehudi Menuhin. Il est libéré en 1980, rejoint la France et après une longue et
douloureuse rééducation, il reprend les concerts en 1982. Il
enregistre un disque titré "Musique en prison" qui réunit des œuvres de
Bach,
Beethoven,
Bartok… D'autres gravures suivront :
Haendel,
Brahms, le
3ème concerto
de
Beethoven
avec
J.C. Casadesus. Parus chez Erato, ces disques ont hélas disparu du catalogue…
En parallèle de sa carrière,
Miguel Angel Estrella
fonde une ONG nommée Musique espérance qu'il définit ainsi "Mettre la musique au service de la communauté humaine et de la
dignité de chaque personne ; de défendre les droits artistiques des
musiciens — en particulier des jeunes — et de travailler à construire
la paix".
Daniel Balavoine lui avait consacré une chanson tout comme
Michel Berger, sans doute plus dédiée à tous les prisonniers
politiques, mais le titre Diego libre dans sa tête visait explicitement l'Amérique latine.
Deux vidéos : La
sonate
de
Liszt, l'une des œuvres pour piano les plus virtuoses jamais composées, et la
chanson de Daniel Ballavoine.
J'inaugure mon cdd: Pedro c'est Annie Cordy (c'est le plombier de son quartier).
RépondreSupprimerJe verrais plutôt Diego (pas Maradona), aussi puissamment repris par Johnny
Merci Juan
RépondreSupprimerJ'ai écrit ce texte à "la va vite".
Le titre exacte de la chanson de Michel Berger étant "Diego libre dans sa tête" : https://www.youtube.com/watch?v=5JHaH1GzAO8
Et avec exact sans "e" c'est encore mieux...
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