dimanche 10 avril 2022

BEST-OF POUR ROBERT & R.I.P. de MIGUEL ÁNGEL ESTRELLA



LUNDI : Claude et Pat s’échangent des vidéos de filles sur Internet, oui oui, d’une violoniste moldave pour être plus précis, Rusanda Panfili, une virtuose aussi à l'aise dans des airs classiques populaires que dans les mélodies folks de tous les pays…

MARDI : s’ils se retrouvent sur la musique classique, pas sûr que le Toon emprunte les disques de Nina Hagen de Pat, qui nous a parlé de la punkette teutonne dont la voix couvre 23 octaves, et qui enregistrait son premier opus en 78, sobrement intitulé « Nina Hagen Band ». Sobrement, hum… on parle du nom, pas du contenu.     

MERCREDI : un Bruno quelque peu désappointé à l’écoute du « See where the night goes » le troisième album du trio de Nashville Goodbye June, le gosier du chanteur ressemblant de plus en plus à celui de Bon Scott. Pas très original, mais au final un solide hard-rock bluesy.   


JEUDI :
la plus célèbre crinière blonde du rock (Sylvie Vartan ? Julien Doré ? Ophélie Winter ?) avait surpris son monde y’a 15 ans avec un disque country en duo avec Alison Krauss. Robert Plant (puisqu’il s’agit de lui) remet le couvert avec sa partenaire sur « Raise of roof », prolongement naturel du premier opus, que Benjamin a adoré.

VENDREDI : le réalisateur Kenneth Branagh, après quelques errements hollywoodiens et alimentaires (l’élevage intensif de poireaux) revient avec un film personnel, chronique de son enfance à… « Belfast ». On ne sait pas ce que Luc a le plus apprécié, la somptuosité de la photo noir et blanc, ou celle de l’actrice principale…

👉 On se retrouve dès lundi avec Claude piqué par une Mouche, puis jeudi avec Maurice Ravel (travailler plus pour gagner plus, comme disait l’autre… tout ce que gagne le Toon c’est un second ticket restau) et passerons nous voir la divine Janis Joplin, le barbare Ted Nugent, et les danseuses de Cédric Klapisch

Bon dimanche.


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R.I.P. MIGUEL ÁNGEL ESTRELLA

Je vous parle d'un temps que les moins de cinquante ans, y compris les mélomanes amateurs de classique, connaissent sans doute mal… Quoique ! Dans les années 70-80, l'Amérique du sud voit la plupart de ses pays gangrenés par des dictatures parmi les plus terrifiantes et sanglantes de son histoire depuis la fin la guerre. La mémoire est courte, perso j'avais entre 25 et 35 ans, c'est tout dire…

En Argentine, le péronisme agonise dans une guérilla permanente. Un putsch dirigé par le général Videla prend en main le pays en 1976 pour établir une tyrannie effroyable qui fera des milliers de morts. Cela avec la bénédiction de la CIA et de l'Église catholique (on ne réécrit pas l'histoire, le fait est là). Au Chili, depuis 1973, le général Pinochet, autre soudard, a renversé le régime démocratique gagné dans les urnes par Salvador Allende qui est assassiné. Pinochet établira aussi une tyrannie qui se maintiendra jusqu'en 1988… En 1973, en Uruguay, autre coup d'état militaire qui maintient en place un dictateur de paille, Juan María Bordaberry. Même régime de censure et de terreur que son voisin argentin. Bien entendu la CIA est derrière toute cette plongée en enfer du continent (Opération Condor).

À ce sujet, un film de Costa Gavras tourné en 1972, État de siège résume bien les drames de l'époque. Yves Montand accepte exceptionnellement d'endosser le rôle du salaud absolu : un agent du FBI spécialiste de "la formation à la torture" des bourreaux des polices des pays latinos. Il est enlevé par des révolutionnaires. Le film a été tourné au Chili pendant le court gouvernement Allende. Dit donc Pat, à ta plume…

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Pourquoi cette entrée en matière. J'entends un peu trop parler de dictature en France depuis quelques années… Le mécontentement à sa place suivant l'attente de chacun de la part de nos gouvernants, aucune contestation là-dessus. Mais il faut garder raison. Je ne pense pas que l'on découpe les militants de gauche à la tronçonneuse dans les caves des casernes. Pas plus qu'à l'image du guitariste Victor Jara dont les militaires chiliens broyèrent les mains avant de le cribler de 44 balles… A-t-on découpé le fort en gueule Francis Lalanne en rondelles. Non ! Il peut toujours jouer, chanter, exprimer ses opinions (même complotistes) ; et cette liberté-là… est formidable.

 

Le pianiste classique d'origine argentine Miguel Angel Estrella vient de mourir à l'âge de 81 ans. LUI a vraiment connu l'indicible d'une dictature, et quand on parle de répression et de cruauté, cet artiste connaît son sujet…



Miguel avait vu le jour en 1940 dans la province pauvre de Tucuman. Il fait ses études à Buenos-Aires. En 1965, il vient à Paris perfectionner l'analyse et l'interprétation auprès de la grande prêtresse Nadia Boulanger et d'Yvonne Loriod. Il commence sa carrière dans son pays natal mais cet humaniste de gauche (la vraie, la sincère) prend la mauvaise habitude d'aller jouer de la musique dans les bidonvilles et affiche des idées révolutionnaires ! Pour le régime de Videla, cela n'est rien d'autres qu'un acte communiste antipatriotique ?! Il est arrêté en 1977, torturé, ses mains n'en sortiront pas indemnes… Dans le cadre des arrangements "Condor", il est emprisonné en Uruguay à Montevideo dans des conditions effroyables. Pour ne pas craquer mentalement, il continue de jouer sur un clavier factice confectionné avec les moyens du bord…

 

Bien qu'il ne soit pas l'unique victime de la barbarie, un comité de soutien se forme en France pour exiger sa libération. À la tête de cette initiative : Nadia Boulanger alors âgée de 93 ans, le célèbre compositeur Henri Dutilleux et le violoniste Yehudi Menuhin. Il est libéré en 1980, rejoint la France et après une longue et douloureuse rééducation, il reprend les concerts en 1982. Il enregistre un disque titré "Musique en prison" qui réunit des œuvres de Bach, Beethoven, Bartok… D'autres gravures suivront : Haendel, Brahms, le 3ème concerto de Beethoven avec J.C. Casadesus. Parus chez Erato, ces disques ont hélas disparu du catalogue…

En parallèle de sa carrière, Miguel Angel Estrella fonde une ONG nommée Musique espérance qu'il définit ainsi "Mettre la musique au service de la communauté humaine et de la dignité de chaque personne ; de défendre les droits artistiques des musiciens — en particulier des jeunes — et de travailler à construire la paix".

Daniel Balavoine lui avait consacré une chanson tout comme Michel Berger, sans doute plus dédiée à tous les prisonniers politiques, mais le titre Diego libre dans sa tête visait explicitement l'Amérique latine.

 

Deux vidéos : La sonate de Liszt, l'une des œuvres pour piano les plus virtuoses jamais composées, et la chanson de Daniel Ballavoine.




3 commentaires:

  1. J'inaugure mon cdd: Pedro c'est Annie Cordy (c'est le plombier de son quartier).
    Je verrais plutôt Diego (pas Maradona), aussi puissamment repris par Johnny

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  2. Merci Juan
    J'ai écrit ce texte à "la va vite".
    Le titre exacte de la chanson de Michel Berger étant "Diego libre dans sa tête" : https://www.youtube.com/watch?v=5JHaH1GzAO8

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