Troisième chronique sur les films qui m’ont marqué et «Subway»
fait partie de ceux-là.
Métro c’est trop !
Des films avec des scènes dans le métro ils en existent beaucoup, mais
ceux oùl’action ne se passe que dans les couloirs du métropolitain, il y
ena peu. J’oserais citer «La Grosse Caisse» d’Alex Joffé en 1965 avec Bourvil et PaulMeurisse, mais nous sommes sur la ligne 5 station
Quai de la Rapée, une station en
extérieur. «Subway» fait partie de ces exceptions où l’intrigue se déroule dans le milieu
clos, étouffant et oppressant des couloirs et des dessous de la RATP et
où l’action reste confiner dans la lumière blafarde des néons. J’ai
toujours aimé Luc Besson, ses films ont changé l’image du cinéma français. Que ce soit «Le Dernier Combat», «Le Grand Bleu», «Léon» ou «Nikita» (mon préféré !), nous n’avions jamais vu des films avec de tels scénarios dans le
paysage cinématographique français.
Un cinéma qui sortait d’une certaine léthargie, une nouvelle vague
émerge, plus jeune, plus branchée que l’ancienne. L’influence de la
publicité et du clip y sont pour quelque chose. Dans les années 60,
la nouvelle vague était représentée par
Truffaut,
Chabrol,
Godard ou
Resnais pour ne citer que ceux-là, pour
les années 80, il faudra compter sur des
Léo Carax,
Jean-Jacques Beineix ou
Luc Besson et ce dernier gardera une
certaine aura auprès du public à l’inverse des deux autres. Il se fait
connaitre avec «Le Dernier Combat» un film post-apocalyptique qui sort peu de temps après le succès de «Mad Max», tous ses synopsis de film sont empruntés au cinéma mondial, des
gimmicks hérités du cinéma de Hong Kong, ou des polars comme «Nikita» ou «Léon», et même à l’imagerie des BD signées
Bilal ou
Moebius dans «Le Cinquième élément».Pourquoi évoquer «Subway» ?Parce qu’il contient déjà tout ce qui impressionne dans le cinéma de Besson, l’énergie, le coté rock’n’roll, l'atmosphère pesante.
C.Lambert
Les rôles : Pour Fred le blond peroxydé, les noms de
Sting et de
François Cluzet furent avancés avant que
Besson ne rencontre
Christophe Lambert, un inconnu du grand public qui venait d’achever le tournage de «Greystoke, la légende de Tarzan» qui n’était pas encore sorti. Pour Héléna le réalisateur aurait bien vu
Charlotte Rampling, mais l’actrice
anglaise insistera pour que
Jean-Michel Jarre, son compagnon de
l’époque compose la musique. Heureusement, Luc Besson reste fidèle à son compositeur de prédilection, Eric Serra. Il propose alors le rôle à
Isabelle Adjani avec qui il avait tourné
le clip du morceau de
Serge Gainsbourg «Pull marine».
J.Reno
Le rôle du roller est initialement prévu pour Richard Anconina
et ce sera finalement
Jean-Hugues Anglade qui sera retenu, il
avait le même agent qu’Isabelle Adjani.
Les autres rôles seront distribués après des rencontres sur d’autres
tournages comme Michel Galabru,
Jean-Pierre Bacri et le chanteur
Arthur Simms. Pour le rôle du mari
d’Héléna, Luc Besson engage
Constantin Alexandrov un homme d'affaires d'origine russe qui avait en partie financé son
premier film «Le Dernier Combat». Et puis il y a le batteur tenu par
Jean Reno, un rôle avec à peine dix mots
de dialogue, il ne fait que jouer avec ses baguettes pratiquement tout le
long du film, le réalisateur a toujours eu tendance à être avare pour
faire parler Léon dans ses longs métrages. «Subway» est presque un huis-clos, il y a très peu de scènes en extérieur, une
seule exactement : la poursuite en voiture au début du film. Un scénario
assez minimaliste qui ne sert pas à grand-chose, toute la narration étant
portée par l’action et le visuel. Mais l’intrigue reste intéressante car
très
nouvelleet inattendue.
C.Lambert - I.Adjani
On se souvient bien des trois lignes qui introduisent le film, une phrase
de Socrate
(To be is to do), une phrase de Sartre
(To do is to be) et une phrase de Sinatra
(Do be do be do), ce qui relie bien les côtés créatif et musical. Un film que l’on
pourrait résumer en disant qu’un certain Fred se réfugie dans les
bas-fonds du métro parisien après avoir dérobé des documents
compromettants chez le riche mari de la belle Helena dont il est
secrètement amoureux. Pourchassé à la fois par les flics et les sbires du
mari, il va vite se mêler à une étrange faune souterraine. Le métro
devient un repère, une nouvelle cour des miracles pour Fred qui est un
personnage adulte mais très ado dans sa tête presque naïf, il fait
exploser des coffres justes pour s’amuser comme un gamin avec des pétards
à mèche, avec ses désirs de monter un groupe de rock, ses réactions face à
Héléna, il se déplace dans la vie comme s’il était dans un jeu.
M.Galabru
Des flics pas très malin comme Batman (J.P Bacri) et Robin (J.C Lecas), le premier courant dans les couloirs avec pour objectif d’attraper
le roller et, chaque fois qu’il se fait avoir, pousse toujours la même
insulte : «Merde !........Chier !». Il y a aussi le commissaire Gesberg (M.Galabru) un vieux flic râleur mais qui a roulé sa bosse, et qui en arrêtant le
roller aura une réplique qui restera célèbre : «Police, menottes, prison !», elle sera reprise dans le film «Polisse» de Maïwenn
en 2011.
La faune de «Subway» reste en tout point fascinante, il y a même un fleuriste
magouilleur (R.Bohringer) qui peut te fournir en fringues. Isabelle Adjaniest d'une beauté hypnotique. Elle sortait du tournage de «L’été Meurtrier» dans le rôle de l’épouse bourgeoise qui vire rebelle La scène où
elle insulte ses hôtes au cours d’un dîner mondain avec un look iroquois,
reste assez marrante. Il est évident que ce n’est pas Jean-Hugues Anglade
qui saute en roller au dessus de la voix du métro, c’était Thierry Penot
le champion du monde de vitesse de la spécialité. Et il y a toujours des
acteurs fétiches comme Jean Bouise
qui tient le rôle du chef de station et qui joue les faux imbéciles. Pour
l’anecdote, quand Richard Bohringer et Christophe Lambert
braquent la rame du R.E.R, le conducteur n’est autre que Luc Besson lui-même.
«Subway» sera le premier film français à utiliser la Steadicam, un système
stabilisateur pour avoir des vues plus fluides.
A.Simms - E.Serra
Puis il y a Eric Serra qui joue le
rôle du bassiste (Evidemment !) du groupe. Le musicien
va pondre une B.O considérablement rock. Le groupe dans le film était
(presque) de vrai zicos, Jimmy Blanche
le percussionniste, Arthur Simms le
chanteur qui accompagnera
Michel Jonasz, et
Alain Guillard au sax qui comme
Eric Serra sera l'un des compagnons de
route de Jacques Higelin. Dans la
dernière scène, Jean Reno était à la
batterie mais c’était Amaury Blanchard
qui a joué sur le disque. Les paroles du titre «Guns and People» ont été écrites par
Corinne Marienneau, l’ex. Bassiste de
Téléphone et «It’s Only Mystery» par C. Marienneau,
Jean-Louis Bertignac et
Eric Serra. Le compositeur recevra une
victoire de la meilleure musique de film en 1985 et l’album se
vendra à 100.000 exemplaires. Un seul titre que l’on entend dans le
film n’apparait pas sur le disque : «A Lucky Guy» un morceau de Ricky Lee Jones.
«Subway» mon film de chevet avec Adjani
en vamp (La vamp de chevet !), les bénéfices serviront à nourrir les dauphins dans son film
suivant. La route sera pavée d’or jusqu’en 1997
avec «Le Cinquième Élément» avant se ce perdre dans un conglomérat de films ou il laissera de
coté l’audace de ses débuts (Hormis peut-être avec «Lucy»).
Un film avec de l’action, des décors que tous les parisiens
connaissent, du rock, de l’amour, de l’humour, le tout additionné et
vous passez un bon moment. Avec «Subway», t'as le ticket chic, t'as le ticket choc !
Oh yes! Je crois que je le connais par cœur ce film! C'est là que je découvre Bacri ("Tu fais chier là, c'est vrai tu fais chier là..."). Rien à jeter, j'sais pas à quoi il carburait Besson à cette époque...il aurait jamais dû arrêter...
tout a fait d'accord avec toi, Besson était dans son âge d'or, "Subway" comme "Nikita" restes mes préférés alors que "le grand bleu" me laisse de marbre !
Oh yes! Je crois que je le connais par cœur ce film!
RépondreSupprimerC'est là que je découvre Bacri ("Tu fais chier là, c'est vrai tu fais chier là...").
Rien à jeter, j'sais pas à quoi il carburait Besson à cette époque...il aurait jamais dû arrêter...
tout a fait d'accord avec toi, Besson était dans son âge d'or, "Subway" comme "Nikita" restes mes préférés alors que "le grand bleu" me laisse de marbre !
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