mercredi 16 février 2022

LA FILLE AU BRACELET de Stéphane Demoustier (2019) - par Nema M.


Sonia et Nema ont regardé un DVD emprunté à la médiathèque. Elles sont avachies sur leur canapé :

- Ça fait froid dans le dos, dit Sonia.
- Oui, peut-être mais il s’agit d’un meurtre, répond Nema. On voudrait que celui qui l’a commis soit sous les verrous. Pour être tranquille, rassuré.
- OK. Celui qui a tué. Sauf que c’est qui ? reprend Sonia.
- Ce n’est pas ça l’objet du film, grogne Nema…

Lise (Mélissa Guers) et Céline (Chiara Mastroiani)

Non ce n’est pas un film policier à proprement parler. Flora, 16-17 ans, est morte. Lardée de coups de couteau. Retrouvée comme ça, nue, pleine de sang, chez elle, dans sa chambre. Lise, sa copine, est la dernière à l’avoir vue vivante. Elles ont passé la nuit ensemble après une fête sans doute un peu alcoolisée. Alors Lise est arrêtée. Emprisonnée, puis libérée mais avec un bracelet électronique et elle ne va plus au lycée. Deux années passent. C’est le procès.

 

Le matin de la première audience, le père, Bruno, donne à sa fille quelques dernières recommandations, comme de bien regarder les gens qui vont l’interroger et de suivre les conseils de son avocate. Le stress est là. Comment cela va-t-il se passer ? La mère, Céline, n’assistera pas aux premières audiences : pas le courage, pas possible, pas vrai. Bruno (Roschdy Zem) découvre sa fille au fil des détails plus ou moins intimes qui sont dévoilés pendant les audiences. Non, ce n’était déjà plus une enfant, ce n’est pas encore une femme, c’est une jeune adolescente qui découvre la vie à sa manière, à la manière de ses contemporains, avec des jeux décomplexés entre copines, avec de mauvaises blagues de cul filmées et diffusées sur les réseaux sociaux


Bruno (Roschdy Zem)

Difficile de se dire que l’on connait aussi peu sa propre fille. Mais, peu importe, l’amour paternel reste intacte. Céline (Chiara Mastroiani) viendra au procès. Et après une longue explication sur ce qui la laisse sans voix, sur ce qui l’a tétanisée dans cette affaire de culpabilité de sa fille si incroyable pour elle, elle saura merveilleusement bien dire ce qui, pour elle, est la clé de tout : « Lise s’est trouvée au mauvais endroit au mauvais moment ». Cela ne peut pas être autrement. Lise et Flora se connaissent depuis la maternelle. Elle et la mère de Flora se connaissent également très bien, elles vivent dans ce même quartier pavillonnaire tranquille, ou parfois on part sans verrouiller la porte car il y a quelqu’un à l’intérieur…  

 

Lise (Mélissa Guers). Maintenant elle a 18 ans. La veille du procès, elle prépare son bac seule dans sa chambre, plus ou moins vautrée dans son lit. Son petit frère veut qu’elle joue au ballon avec elle, mais elle n’a pas la tête à ça. On en est plus à l’époque de l’insouciance des jeux sur la plage en bas de la résidence secondaire du bord de mer. 


L'avocate (Annie Mercier) et Lise

Il y en a une qui est bien dans le « monde des adultes ». C’est l’avocate générale (Anaïs Demoustier). Tout n’est qu’une question de logique : le fait d’avoir été la dernière personne à avoir vu Flora vivante, le timing du meurtre, les mésaventures et les disputes entre les deux filles… Lise ne dit rien ou presque donc elle cache son acte de haine totale vis-à-vis de Flora à cause de cette histoire sur les réseaux sociaux. Et puis, il n’y a rien d’autre comme piste, et il faut que la société civile punisse un crime aussi horrible.   

Quant à l’avocate de Lise (Annie Mercier), bien que pouvant quasiment avoir l’âge d’être sa grand-mère, elle est celle qui a sans doute le mieux pénétré le monde fermé de Lise. Elle écoute, comprend, ne juge pas mais constate simplement que oui, on peut être super copines un jour, se haïr le lendemain, se rabibocher et se palucher le surlendemain. Et c’est à elle que reviendra le rôle de rappeler qu’en France, le code de procédure pénale fait que l’on ne peut pas être coupable sans preuves…


L'avocate générale (Anaïs Demoustier)

Il y en a une qui est bien dans le « monde des adultes ». C’est l’avocate générale (Anaïs Demoustier). Tout n’est qu’une question de logique : le fait d’avoir été la dernière personne à avoir vu Flora vivante, le timing du meurtre, les mésaventures et les disputes entre les deux filles… Lise ne dit rien ou presque donc elle cache son acte de haine totale vis-à-vis de Flora à cause de cette histoire sur les réseaux sociaux. Et puis, il n’y a rien d’autre comme piste, et il faut que la société civile punisse un crime aussi horrible.   

Quant à l’avocate de Lise (Annie Mercier), bien que pouvant quasiment avoir l’âge d’être sa grand-mère, elle est celle qui a sans doute le mieux pénétré le monde fermé de Lise. Elle écoute, comprend, ne juge pas mais constate simplement que oui, on peut être super copines un jour, se haïr le lendemain, se rabibocher et se palucher le surlendemain. Et c’est à elle que reviendra le rôle de rappeler qu’en France, le code de procédure pénale fait que l’on ne peut pas être coupable sans preuves…


Mélissa Guers et Stéphane Dumoustier

Film quasiment en huis clos, mais pas seulement : les rares scènes en extérieur ont une grande importance de même que certains personnages secondaires comme le petit frère ou Diego le petit copain. Les dialogues sont ciselés et l’ambiance très bien reconstituée. Les principaux acteurs sont excellents. Mélissa Guers a d’ailleurs obtenu pour ce rôle un César du meilleur espoir féminin. Le réalisateur a de son côté obtenu le César de la meilleure adaptation.

 

Nota : ce film est un remake d’un film argentin Acusada de 2018, inspiré d’un fait divers italien en 2007, le Meurtre de Meredith Kercher (Clic)

 

A voir !

 

96 minutes 



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