Ah ! Un album que je souhaitais chroniquer depuis longtemps (3 ans exactement !)
Miriam Makeba - Paul Simon |
«Graceland» est considéré comme le premier album de world music, Paul Simon est un compositeur éclectique et a toujours su intégrer à sa musique des influences étrangères. Il se rendra directement sur place pour auditionner des groupes locaux, bravant l’embargo culturel imposé par les pays occidentaux en réaction à l’apartheid. Il ira jusqu'à faire venir des musiciens sud-africains à New-York ainsi qu’un groupe vocal : General MD Shirinda & The Gaza Sisters (groupe de chant traditionnel Shangaa, une polyphonie qui repose sur des chants alternés hommes femmes). Le Shangaa est un chant traditionnel du Lesotho.
En raison de la politique de l’apartheid et du régime
autoritaire, nationaliste et ségrégationniste de P.W Botha,
l’enregistrement sur place ne durera qu’une quinzaine de jours, les
paroles ne seront écrites qu’après.
Retour en Afrique avec «I Know What I Know» avec ce chœur féminin «sautillant». «Gumboots» Le gumboots dancing ou danse en bottes de caoutchouc. En général, les danseurs portent tous ce type de botte et effectuent une chorégraphie sur un rythme de percussion et de chants. Cette danse trouve son origine au début du xxe siècle, durant l’Apartheid auprès des mineurs noirs qui travaillaient dans les mines d'or de l'Afrique du Sud. «Diamond On The Soles Of Her Shoes», une intro en zoulou avec les voix du chœur masculin sud-africain Ladysmith Black Mambazo. Youssou N’Dour apparait dans les percussions. «You Can Call Me Al» Le hit de l’album qui se classera n°4 au Royaume-Uni, un titre empli de cuivre et un super riff de basse de Bakithi Kumalo. Un morceau qui a été indirectement inspiré à Paul Simon par le compositeur Pierre Boulez. «Under African Skies» on reste sur le même tempo avec ce titre chanté en duo avec Linda Ronstadt.
«Graceland». Alors que l'apartheid battait son plein, l’album fût considéré comme politiquement incorrect. Paul Simon fut notamment accusé de briser le boycott du régime ségrégationniste de Botha. Pourtant l’album ne prend aucune part idéologique à la différence de Peter Gabriel et son titre «Biko» ou Johnny Clegg un an plus tard. L’ONU reconnaitra que l’album n’apportait pas d’eau au moulin au gouvernement Sud-Africain et que le fait que Paul Simon ait été au devant des musiciens sud-africains était en quelques sortes une prise de position contre l’Apartheid. Il y aura quelques polémiques mais l’album n’en souffrira pas. Il se classera n°1 en Grande-Bretagne et recevra le Grammy Award de l’album de l’année.
L’Apartheid sera aboli en 1991 mais le pays de nos jours est toujours en équilibre instable que ce soit économiquement et politiquement.
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