mercredi 12 janvier 2022

BRIDGE TO MARS - JOAKIM "J.J" MARSH "Bridge to Mars" (2016) by Bruno



Joakim "J.J." Marsh. Qui se souvient de J.J. Marsh ? .... J'attends ... Pat ? Luc ? Benjamin ? Sonia ?? Personne ?!? 🙄 Nema ? Non, il ne s'agit pas de J.J. Marsh, l'écrivaine Galloise.  Oui Toon ? 🙂 Comment ? C'est bientôt l'heure de passer à table ? Et ? On risque de louper celle de l'apéro ??? 😖 ....  Et après on se demande pourquoi en se décarcasse ?


     Joakim J. Marsh
a été le lieutenant de Glenn Hughes de l'an 1996 jusqu'en 2008. Soit douze années aux services d'un chanteur considéré comme l'un des meilleurs du heavy-rock, et ce, sur près de cinq décennies (!). Vingt dieux ! Marsh participe 
ainsi activement à sept albums studio de Glenn Hughes. Jouant de la guitare bien sûr (oui, Joakim est guitariste) mais s'investissant aussi conséquemment dans la composition, sur des albums souvent considérés parmi les meilleurs de l'ex-Trapeze & ex-Mark III. Evidemment, pendant cette longue période, il fait aussi partie des tournées internationales, y compris celle dédiée aux classiques du Deep Purple Mark III. Ce qui veut dire que le gars est loin d'être un manchot pour reprendre en trio, les titres de Deep Purple. Inséparable du Brummie (émigré depuis des lustres en Californie, afin de profiter du Soleil, des studios, des bars du coin et payer moins d'impôts),  il est aussi partie intégrante de l'association Hughes - John Lynn Turner, HTP, autrice de deux disques remarquées. Sans omettre le retour de Phenomena. Rien qu'avec ça pour carte de visite, y'a de quoi imposer le respect. Par contre, démissionnaire (?) en 2008, il ne joue que sur deux morceaux de "First Underground Nuclear Kitchen". 

     Mais auparavant, il fait ses classes avec Spellbound. Un quintet Suédois mi-glam mi-Heavy-metal mélodique, avec Spandex, frou-frous et tignasse bouffante de rigueur. A dix-huit ans seulement, il enregistre avec ce groupe son premier 33 tours. Toutefois, en dépit d'une bonne réputation dans les pays Scandinaves - suffisante pour organiser une tournée nostalgique à la fin des années 90 et enregistrer un troisième disque studio -, ce groupe est des plus classiques et sans grande imagination. Peu de temps avant de rejoindre Hughes, il change totalement de registre en rejoignant le multi-instrumentiste Simon Steebsland, issu de la scène progressive Suédoise. Il fait alors plus dans la musique expérimentale. Et peu avant l'arrêt de sa longue collaboration avec Hughes, il rejoint le claviériste Tomas Bodin, un ponte du Rock-progressif Scandinave, pour son son échappée temporaire de Flower Kings.


     Bref, apparemment lassé du Soleil et de l'agitation Californienne, Marsh rentre au pays en entraînant avec lui Thomas Broman. Ce dernier, Suédois également, jouait aussi depuis quelques temps pour Hughes (amusant comme Broman paraît sortir tout droit d'une planche de Richard Corben). Pas un perdreau de la veille non plus, avec un C.V. où l'on peut y lire les noms de John Norum, HTP, Electric Boys et Conny Bloom, Michael Schenker, Humanimal. 

Une fois de retour en terre natale, tous deux partent à la recherche d'un jeune gars pour tenir la basse, chanter et qui soit sur la même longueur d'onde qu'eux. Ils dénichent un Danois, Robert Hansen (aucun lien de parenté avec le serial killer américain) qui est alors encore avec Beardfish (1) -, qu'ils considèrent comme l'un des derniers et authentiques hippies debout. Arrivé relativement tardivement - le trio a fait ses débuts avec un autre bassiste -, Hansen aurait permis au trio de franchir un cap.

     Bridge to Mars est donc un trio. Un power-trio, mais pas dans le genre gros bourrin, les potentiomètres à fond et fonçant tête baissée ; c'est plutôt dans le style "je cogne, certes, mais je mets des gants. Je cogne certes, mais toujours avec élégance, retenant mes coups, faisant durer le plaisir. Uppercut proscrit" 😁. En fait, s'il s'agit indéniablement de Hard-rock, c'est avant tout dans une démarche "70's", avec quelques rares inclusions de denrées 60's penchant vers Cream, voire l'Experience. Dans la chanson "Mirror Magic Spirits" ose même créer un vortex s'ouvrant sur le jardin du Sergent Pepper de Liverpool.

     Pour faire court, Bridge To Mars représente une bulle où une nouvelle et chatoyante flore s'épanouirait en se nourrissant exclusivement d'un riche terreau, d'une terra preta, constitué de l'Electric Sun d'Uli Jon Roth, de Mahogany Rush, du Led Zeppelin des années 73 à 76 - soit celui correspondant aux albums "Houses of the Holy", "Physical Graffity" et "Presence"-, de Budgie, et de Rush

     Le morceau "Soul Shine" vient même taquiner le Whitesnake flamboyant - et peroxydé - de 1987. Tandis que "SuperFi Yourself" invite Soundgarden à rencontrer le Budgie d'antan. Et "River Of Dissillusion" navigue fièrement dans des eaux propres à Mountain, avec cette alternance de riffs gras, limite pachydermiques, et de mouvements plus légers, aérés par un orgue Hammond mesuré (celui de Steve Knight). En ce qui concerne toutes les sonorités apparentées à de l'orgue qui égrainent quelques mouvements - en particulier sur les derniers morceaux -, l'album spécifie pourtant "no synthezisers or keyboards has been used on this album"  - ce qui nous ramène aux bons souvenirs des Nugent et Queen des années 70 qui clamaient par là un réel travail du son à la guitare, et le rejet d'un rock progressif et/ou tous bidouillages de studio impossibles à reproduire sur scène. Ici, J.J. semble user de pédales Electro-Harmonix simulatrices de claviers. On l'occurrence d'orgue Hammond B3 (la fameuse Organ Machine C9, dotée d'une sélection "Lord Purple") et de divers autres claviers électriques (la Key 9). Possible aussi que cela soit aussi le fruit d'une manipulation du POG (le gros modèle, celui avec les tirettes), autre création de sorcier fou d'Electro Harmonix. Des petites boîtes magiques permettant d'inviter Ken Hensley, Jon Lord, ou Steve Knight, le temps d'une introduction ou d'un pont. 


    
Et puis, évidemment, l'ombre de Glenn Hughes ne cesse de surgir deci-delà, dans le chant au détour d'un refrain ou d'un pont. A croire que Hughes en personne, a été le professeur de chant de Joakim J. Marsh - oui, c'est bien lui qui chante -. Sur "Amaze My Mind", aussi étonnant soit-il, on jurerait que c'est bien son ancien employeur, celui qu'il nomme affectueusement 'big brother'", qui est venu pousser la chansonnette. [costaud, la chansonnette]. C'est même surprenant que Joakim J. Marsh, resté si longtemps au service de Glenn Hughes, n'a jamais pu révéler plus tôt ses talents de chanteur. Quelques années auparavant, il y a eu un album solo, tout aussi confidentiel (sauf en Europe du Nord), où il chante pour la première fois en soliste. Probablement le fruit d'un long travail, un défi à remporter, avec la présence de Hughes mettant la barre plus haute ; un sommet plus difficile à gravir. La crainte de son hypothétique et implacable 
jugement, ou simplement l'appréhension de la comparaison. Under pressure. Il est vrai qu'à deux ou trois reprises, sa voix déraille. Certainement les aléas d'un probable enregistrement "live". On entend d'ailleurs, on tendant bien l'oreille, le batteur s'esclaffer aux changements de rythme, tel un sergent-instructeur (comme autrefois Don Brewer de Grand Funk). Quoi qu'il en soit, il s'en sort fort bien, et même lors du difficile exercice du slow habillé de Soul, délivré avec énergie et passion - autrefois quasiment un passage obligé des groupes de Hard-rock -. C'est avec "All This Time", placé modestement en clôture, qu'il passe dignement l'épreuve. Une pièce malheureusement un peu alourdie par un solo qui s'étire un peu - précisément, deux couches de six-cordes qui se répondent et s'accouplent -. C'est la seule fois où il se laisse emporter par un babillage. Le reste du temps, ses soli sont généralement fondus dans la musique.

     Avec neuf morceaux pour 52 minutes et des poussières, la durée des morceaux dépassent allégrement les quatre minutes, mais ça ne tourne jamais en rond. On découvre toujours quelque chose, que se soit dans les circonvolutions de la basse fluide de Hansen, les patterns fougueux de Broman et bien sûr les savoureuses guitares de Marsh qui se font fort de varier les plaisirs. 

     Plutôt qu'un son de gratte en lames de rasoir, plus en adéquation avec la scène la Californienne, Joakim a opté pour un son mat, riche en graves modérés et veloutés. Une apparente prédilection pour les micros graves et centraux, porteurs d'un grain rond, entre une overdrive mate et une fuzz à l'écrêtement soigneusement plafonné, à l'oscillation tempérée. Hormis une ou deux Flying V et une Gibson SG Custom (à trois humbuckers), Marsh a une préférence pour les Stratocaster vintage qu'il booste généreusement à l'aide de crémeuses et consistantes saturations.

     Un disque qui peut surprendre au début, voire même décevoir lorsqu'on attend de retrouver peu ou prou la dynamique et le punch des opus de Glenn Hughes, mais qui finit pas s'imposer comme un grand disque. Ouais, un grand disque, dispensant divers morceaux comme autant de clefs tournant dans l'obscurité et ouvrant des mondes disparus. Alors oui, on peut estimer qu'il n'y a rien de vraiment révolutionnaire - mais à force de vouloir tout révolutionner, on finit parfois par faire des trucs qui ne ressemble à rien. A rien de beau ou d'attrayant -, ou de nouveau, mais ça reste un sacré bon disque de Heavy-rock millésimé 70's. Hélas, ses évidentes qualités ne l'ont pas empêché de passer inaperçu. It's a shame. 

     Alors que Marsh devait - en solo ou avec le groupe ? - entamer une tournée européenne en 2019, tout a été annulé sans donner d'autre explication qu'une vague "raison personnelle". On en sait pas plus. Théoriquement, elle était reportée pour l'année suivante, en 2020, mais avec les confinements et les interdictions de regroupements, il n'y a pas eu signe de vie. Depuis, que dalle.


(1) autre groupe de progressif Suédois, auteur de huit albums, dissolu en 2016. 

🎶✨♏

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