samedi 23 octobre 2021

R.I.P. Bernard HAITINK (1929-2021) par Claude Toon

 


- Je viens de croiser M'sieur Pat Claude, il m'a appris pour le maestro Bernard Haitink… toi aussi tu es au courant à voir ta tête…
- Ben Oui Sonia, 92 ans, le grand âge bien entendu… Mais pour moi cet artiste d'exception m'accompagne depuis 55 ans… Musicalement parlant… Tant au disque qu'au concert…
- Ah je comprends… Je parcours l'index… six chroniques… un répertoire éclectique… Tu vas nous en parler…
- Oui quelques lignes quand même, l'avant-dernier géant des podiums du XXème siècle est parti ; il ne reste que Herbert Blombstedt, 93 ans, toujours en activité !!!! Je ne vois vraiment personne d'autre de cette génération encore en vie… 


Bernard Haitink en 2020

Je n'aime guère écrire les R.I.P. lors de la disparition de très grands hommes ou femmes, on obtient souvent un agrégat de platitudes, certes positives…

Il y a en effet six chroniques réparties sur les onze années de vie du Deblocnot. Logique, car bien au-delà du talent du maestro, c'est son incroyable production discographique qui a jalonné les 65 ans de Carrière de Bernard Haitink.

Pour une biographie résumant sa carrière au pied levé, la tâche est facile, je fais un copier-coller quasi in extenso de celle écrite pour la première chronique dédiée à la 5ème symphonie de Chostakovitch

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

 

Bernard Haitink voit le jour à Amsterdam en 1929. Parcours classique d'études du violon et de la direction d'orchestre. En 1961, à seulement 32 ans, il succède à Eduard van Beinum comme directeur de l'un des meilleurs orchestres du monde : Le Concertgebouw d'Amsterdam. Il va le diriger 27 ans, jusqu'en 1988.

Haitink va devenir une légende du disque. Dans les années 60, début 70, il entreprend de graver en parallèle l'intégrale des symphonies de Mahler et celles de Bruckner. Personne n'avait encore osé ce doublé depuis l'avènement de la stéréo ! Les seuls concurrents en ces années-là : Bernstein et Kubelik pour Mahler et Jochum pour Bruckner. Il va briller dans les deux intégrales, et ce patrimoine reste toujours au catalogue. Il reprendra les deux cycles à Vienne et Berlin, hélas chez Philips qui mettra fin à mi-parcours à l'entreprise ! Haitink explorera aussi les poèmes symphoniques de Liszt, là encore une première et un sans-faute. Une discographie immense… BrahmsStraussWagner

DE 1967 à 1979, le chef conduit aussi le philharmonique de Londres. C'est au tournant de l'ère numérique que DECCA lui propose d'enregistrer toutes les symphonies de Chostakovitch avec soit le philharmonique Londres (une Jaguar), soit au Concertgebouw (une Ferrari). En occident, c'est une première et un choc. Pour l'intégrale, à l'époque, on ne dispose que des disques réalisés par les chefs russes, avec des orchestres vaillants mais imparfaits (exception : le Philharmonique de Leningrad qui n'enregistre pas, Mravinsky déteste cela), et des pressages Chant du Monde nasillards… Seul Marris Jansons reprendra le flambeau avec divers orchestres européens dans les années 2000 avec une réussite plus inégale, mais des must (4ème). Il y en d'autres bien sûr : deValery Gergiev à Andris Nelsons à Boston…

Le style Haitink : la précision, la finesse du phrasé, aucun hédonisme. Le chef, à 84 ans, continue sa carrière exemplaire à Chicago, Vienne, Dresde, Paris, Londres, toujours à un niveau superlatif. (Texte écrit il y a 8 ans environ)

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Salle Pleyel en 2008

Hormis la musique de l'époque baroque, Bernard Haitink a tout dirigé, absolument tout ou presque… surtout les compositeurs de l'époque classique à l'époque moderne, avec une passion pour les romantiques tardifs.

Le site Discogs récence 590 albums depuis 1960. (Avec souvent plusieurs LPs ou CDs par album.) Bernard Haitink était l'homme des intégrales comme cité ci-dessus. Bien entendu, il reste célèbre pour le doublon Bruckner-Mahler dans les années 60-70 avec le Concertgebouw d'Amsterdam, réalisation osée à une époque où le public reste encore réservé vis à vis de ces symphonistes. Mais quels grands chefs s'attaquera aussi à des cycles complets des symphonies de Chostakovitch ou de Vaughan-Williams ? Aucun en occident ! Pendant ce temps-là, les confrères plus adulés comme Karajan, Böhm, Bernstein tournent parfois en rond dans le répertoire germanique, avec talent néanmoins …

Quelques souvenirs personnels : trois concerts et un opéra.

Début des années 80, visite du Concertgebouw d'Amsterdam à Paris. Au programme ; une symphonie 104 "Londres" de Haydn, pétulante, et une 9ème symphonie de Bruckner prométhéenne.

2006 au TCE avec l'orchestre national de France, centenaire de Chostakovitch oblige : Suite sur des vers de Michel-Ange chantée par Matthias Goerne puis une 15ème symphonie idéale de poésie, d'ironie et de causticité.

Enfin, Salle Pleyel, 2008, soirée avec l'Orchestre symphonique de Londres : une 25ème symphonie de Mozart un peu sage mais un "Une vie de héros" de Richard Strauss… dionysiaque, "une plénitude sonore jouissive grâce à un excellent London Symphony, précis, coloré, équilibré" diront les critiques… Je confirme !

Et pour conclure, j'ai eu la chance d'assister en juin 2007 à l'ultime prestation lyrique du maître au TCE. Cinq représentations scéniques de Pelleas et Mélisande de Debussy. Une 6ème séance en style "concert" étant donnée à Amsterdam le samedi en guise d'adieu à son orchestre fétiche…

La critique : "C’est décidément l’un des plus beaux Pelléas que nous n'ayons jamais entendus" ! C'est le problème des RIP, le côté un peu répétitif…

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

 

Liste des chroniques :

2013

Dmitri Chostakovitch 5ème symphonie - Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam

Clic

2014

Franz Liszt – Les Préludes - Philharmonique de Londres

Clic

2015

Richard Strauss – Une Symphonie Alpestre – Orchestre symphonique de Londres

Clic

2016

Ralph Vaughan Williams – Symphonie N° 3 "Pastorale" - Philharmonique de Londres

Clic

2017

Gustav Mahler – Symphonie N°4 - Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam (1983)

Clic

2019

Anton Bruckner – Symphonie N°7 - Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam (1978)

Clic

Deux vidéos de belle facture :

En mars 2009, Bernard Haitink dirige la mer de Claude Debussy avec le Concertgebouw d'Amsterdam dans la salle néerlandaise à la sonorité si lumineuse.

Plus rare ; le maestro était un pédagogue actif. Le voici dirigeant en 2014 avec la subtilité qu'on lui connaissait l'une des symphonies les plus "injouables" du répertoire, l'étrange, décousue, bizarre et onirique 7ème symphonie de Mahler. L'orchestre est celui du Royal College of Music, une école londonienne de prestige. On considère que l'interprétation de cette œuvre DG par Haitink et la Philharmonie de Berlin serait la référence… (Philips). Une symphonie qui terrorise les orchestres et certains chefs


   

1 commentaire:

  1. Oh oui la 7e de Mahler je n'ai jamais accroché et pourtant j'aime monsieur Gustav. L'intégrale des 15 symphonie de Chostakovitch pour 42 euros chez Amazone ce n'est pas la ruine, je serais curieux d'entendre sa version de la n°7

    RépondreSupprimer