- Je viens de croiser M'sieur Pat Claude, il m'a appris pour le maestro
Bernard Haitink… toi aussi tu es au courant à voir ta tête…
- Ben Oui Sonia, 92 ans, le grand âge bien entendu… Mais pour moi cet
artiste d'exception m'accompagne depuis 55 ans… Musicalement parlant…
Tant au disque qu'au concert…
- Ah je comprends… Je parcours l'index… six chroniques… un répertoire
éclectique… Tu vas nous en parler…
- Oui quelques lignes quand même, l'avant-dernier géant des podiums du
XXème siècle est parti ; il ne reste que Herbert Blombstedt,
93 ans, toujours en activité !!!! Je ne vois vraiment personne d'autre
de cette génération encore en vie…
Bernard Haitink en 2020 |
Je n'aime guère écrire les R.I.P. lors de la disparition de très grands
hommes ou femmes, on obtient souvent un agrégat de platitudes, certes
positives…
Il y a en effet six chroniques réparties sur les onze années de vie du
Deblocnot. Logique, car bien au-delà du talent du maestro, c'est son
incroyable production discographique qui a jalonné les 65 ans de Carrière de
Bernard Haitink.
Pour une biographie résumant sa carrière au pied levé, la tâche est facile,
je fais un copier-coller quasi in extenso de celle écrite pour la première
chronique dédiée à la
5ème symphonie
de
Chostakovitch…
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Bernard Haitink voit le jour à Amsterdam en 1929.
Parcours classique d'études du violon et de la direction d'orchestre.
En 1961, à seulement 32 ans, il succède à Eduard van Beinum comme directeur de l'un des meilleurs orchestres du monde :
Le Concertgebouw d'Amsterdam. Il va le diriger 27 ans, jusqu'en 1988.
Haitink va devenir une légende du disque. Dans les années 60, début 70,
il entreprend de graver en parallèle l'intégrale des symphonies
de Mahler et celles de Bruckner. Personne n'avait encore osé ce doublé depuis l'avènement de la stéréo
! Les seuls concurrents en ces années-là : Bernstein et Kubelik pour Mahler et Jochum pour Bruckner. Il va briller dans les deux intégrales, et ce patrimoine reste
toujours au catalogue. Il reprendra les deux cycles à Vienne et Berlin, hélas chez Philips qui mettra fin à mi-parcours à
l'entreprise ! Haitink explorera aussi les poèmes symphoniques de Liszt, là encore une première et un sans-faute. Une discographie
immense… Brahms, Strauss, Wagner…
DE 1967 à 1979, le chef conduit aussi
le philharmonique de Londres. C'est au tournant de l'ère numérique que DECCA lui
propose d'enregistrer toutes les symphonies de Chostakovitch avec soit le philharmonique Londres (une Jaguar), soit au Concertgebouw (une Ferrari). En occident, c'est une première et un choc. Pour
l'intégrale, à l'époque, on ne dispose que des disques réalisés par les
chefs russes, avec des orchestres vaillants mais imparfaits (exception :
le Philharmonique de Leningrad qui n'enregistre pas, Mravinsky déteste cela), et des pressages Chant du Monde nasillards… Seul Marris Jansons reprendra le flambeau avec divers orchestres européens dans les
années 2000 avec une réussite plus inégale, mais des must
(4ème). Il y en d'autres bien sûr : deValery Gergiev à Andris
Nelsons à Boston…
Le style Haitink : la précision, la finesse du phrasé, aucun hédonisme. Le chef, à
84 ans, continue sa carrière exemplaire à Chicago, Vienne, Dresde,
Paris, Londres, toujours à un niveau superlatif. (Texte écrit il y a 8
ans environ)
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Salle Pleyel en 2008 |
Hormis la musique de l'époque baroque,
Bernard Haitink
a tout dirigé, absolument tout ou presque… surtout les compositeurs de
l'époque classique à l'époque moderne, avec une passion pour les romantiques
tardifs.
Le site Discogs récence 590 albums depuis 1960. (Avec
souvent plusieurs LPs ou CDs par album.)
Bernard Haitink
était l'homme des intégrales comme cité ci-dessus. Bien entendu, il reste
célèbre pour le doublon
Bruckner-Mahler
dans les années 60-70 avec le
Concertgebouw d'Amsterdam, réalisation osée à une époque où le public reste encore réservé vis à
vis de ces symphonistes. Mais quels grands chefs s'attaquera aussi à des
cycles complets des
symphonies de
Chostakovitch
ou de Vaughan-Williams
? Aucun en occident ! Pendant ce temps-là, les confrères plus adulés comme
Karajan,
Böhm,
Bernstein
tournent parfois en rond dans le répertoire germanique, avec talent
néanmoins …
Quelques souvenirs personnels :
trois concerts et un opéra.
Début des années 80, visite du Concertgebouw d'Amsterdam à Paris. Au programme ; une symphonie 104 "Londres" de Haydn, pétulante, et une 9ème symphonie de Bruckner prométhéenne.
2006 au TCE avec l'orchestre national de France, centenaire de
Chostakovitch
oblige :
Suite sur des vers de Michel-Ange
chantée par
Matthias Goerne
puis une
15ème symphonie
idéale de poésie, d'ironie et de causticité.
Enfin, Salle Pleyel, 2008, soirée avec l'Orchestre symphonique de Londres
: une
25ème symphonie
de
Mozart
un peu sage mais un "Une vie de héros" de
Richard Strauss… dionysiaque, "une plénitude sonore jouissive grâce à un excellent London Symphony,
précis, coloré, équilibré" diront les critiques… Je confirme !
Et pour conclure, j'ai eu la chance d'assister en juin 2007 à
l'ultime prestation lyrique du maître au TCE. Cinq représentations scéniques
de
Pelleas et Mélisande
de
Debussy. Une 6ème séance en style "concert" étant donnée à Amsterdam le
samedi en guise d'adieu à son orchestre fétiche…
La critique : "C’est décidément l’un des plus beaux Pelléas que nous n'ayons jamais
entendus" ! C'est le problème des RIP, le côté un peu répétitif…
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Liste des chroniques :
2013 |
Dmitri Chostakovitch 5ème symphonie - Orchestre du
Concertgebouw d'Amsterdam |
|
2014 |
Franz Liszt – Les Préludes - Philharmonique de Londres |
|
2015 |
Richard Strauss – Une Symphonie Alpestre – Orchestre
symphonique de Londres |
|
2016 |
Ralph Vaughan Williams – Symphonie N° 3 "Pastorale" -
Philharmonique de Londres |
|
2017 |
Gustav Mahler – Symphonie N°4 - Orchestre du Concertgebouw
d'Amsterdam (1983) |
|
2019 |
Anton Bruckner – Symphonie N°7 - Orchestre du Concertgebouw
d'Amsterdam (1978) |
Deux vidéos de belle facture :
En mars 2009,
Bernard Haitink
dirige
la mer
de
Claude Debussy
avec le
Concertgebouw d'Amsterdam
dans la salle néerlandaise à la sonorité si lumineuse.
Plus rare ; le maestro était un pédagogue actif. Le voici dirigeant en 2014 avec la subtilité qu'on lui connaissait l'une des symphonies les plus "injouables" du répertoire, l'étrange, décousue, bizarre et onirique 7ème symphonie de Mahler. L'orchestre est celui du Royal College of Music, une école londonienne de prestige. On considère que l'interprétation de cette œuvre DG par Haitink et la Philharmonie de Berlin serait la référence… (Philips). Une symphonie qui terrorise les orchestres et certains chefs…
Oh oui la 7e de Mahler je n'ai jamais accroché et pourtant j'aime monsieur Gustav. L'intégrale des 15 symphonie de Chostakovitch pour 42 euros chez Amazone ce n'est pas la ruine, je serais curieux d'entendre sa version de la n°7
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