mardi 14 septembre 2021

JOHN LENNON : «TWO VIRGINS» (1968) - par Pat Slade

 


Aujourd’hui, je me censure bien à propos (moi-même en personne) à propos de mes propos sur John Lennon et pourtant il n’y a pas de quoi casser quatre pattes à un canard dans cette affaire ! Comment cela je ne suis pas clair Sonia ? Lis la suite...


«Two Virgins» un album à poil mais pas au poil !! 



J’aime John Lennon, le bad boy des Fab Four et pourtant je devrais le répudier ! Pourquoi ? Parce que ce dernier m'a coûté trois jours d’interdiction sur le réseau social le plus pratiqué sur la planète. Et tout cela à cause de la pochette d’un album où ce dernier est photographié nu avec Yoko Ono. Je me doutais bien que les modérateurs ne laisseraient pas passer la photo, alors j’avais masqué les objets du délit, que ce soit la Censuré de  Lennon ou la Censuré et les Censuré de Yoko sur la face A de la couverture, et même sur la face B j’avais caché leurs Censuré ! 

Au 21éme siècle alors que l’on peut voir sur les réseaux sociaux le corps de jeunes femmes dénudées sans être frappé par une implacable censure, il suffit de mettre le tableau de Gustave Courbet «L’Origine du monde» qui représente une Censuré en gros plan pour tomber sous les griffes acérées de l’interdiction. J’avais déjà eu droit, il y a quelques années, à un bannissement identique avec une pochette d’un album de Led Zeppelin «Houses of the holy» qui pourtant était bien anodine ; mais, damnation l'image de jeunes filles nues escaladant une montagne n’avait pas plu à certains esprits bien pensant toujours en addiction à la bonne vieille morale judéo-chrétienne. Alors que si vous prenez la pochette de l’album du groupe Odeur «1980 : No Sex !» présentant une poupée gonflable allongée nue dans un bac de douche avec un rasoir à la main, le poignet droit entaillé et du sang sur les murs ne sera frappée d’aucune interdiction malgré la violence de l’image. 

«Messieurs les censeurs bonsoir !» comme le dira Maurice Clavel en 1971 lors d'une émission de télévision avant de prendre ses cliques et ses claques et de quitter le studio. La censure est partout, du film «La religieuse» de Jacques Rivette adapté du roman de Diderot en 1966 aux caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo, elle est tapie partout dans l’ombre depuis des siècles. Censuré de Censuré de Censuré de censure. Le Toon se rappelle de l'esclandre et de la tête du du psychorigide Jean Royer, maire de Tours pendant 36 ans et aussi mariole que Christopher Lee dans un Dracula de la Hammer... et qui n'y était pour rien soi-dit en passant. (Chaque protagoniste présentait avant le débat un petit documentaire ; l'idée que le président Pompidou commençait à en avoir "raz la casquette de toujours voir l'exécutif vivre dans l'idolâtrie du gaullisme de la résistance" - le lot censuré était "aversion" - avait été coupée au montage du film de Clavel. merci au Toon encore hilare en revivant la soirée - c'est bien les vieux pour ces témoignages.

Nous sommes en 1968 et l’histoire de John et de Yoko n’a pas encore commencé même si il y a déjà deux ans qu’ils se sont rencontrés lors de l’exposition à l’Indica Gallery de Londres. En 1968 alors que le double album blanc des Beatles s’apprête à être publié, alors qu’un autre album est déjà dans les bacs, il s’agit de «Two Virgins» le premier album d’une trilogie qui comprendra en 1969 «Unifinished N°2 :Life with the Lions» et «Wedding Album». «Two Virgins» sera enregistré en une nuit dans le grenier du manoir de Lennon à Weybridge. Un album totalement expérimental dans la lignée de «Révolution 9» sur l’album blanc… en pire ! On y trouve de tout, des chants d’oiseaux, des hurlements, de l’improvisation vocale, des parties sonores déformées et même des extraits de vieux disques 78 tours des années 20. Quand Lennon enregistrera cet album avec Yoko, il n’existe entre eux qu'une simple amitié sous fond de collaboration artistique. Lennon souhaite produire musicalement Yoko et toute la nuit ils vont s’amuser avec des sons et plusieurs boucles sonores que John gardait pour les Beatles. Pendant que Cynthia sa femme est en vacance en Grèce, Yoko va pousser des cris incongrus (Comme à son habitude !) alors que John appuiera sur les boutons de son magnétophone afin d'agrémenter la chose d'effets sonores. La prise de substances illicites aura surement contribué à la réalisation de cette bouillie sonore. John et Yoko finiront par faire l’amour, John trompant ainsi Cynthia (Ils divorceront en 1969).

Le nouveau couple adultère se considère comme deux vierges, puisque tout est une première fois pour eux, ce qui expliquera le titre de l’album. Pour ce qui est de la photo de la pochette, elle sera réalisée dans le sous-sol de la maison de Ringo ou vivait John et Yoko après son divorce. C’est Lennon qui déclenchera l’appareil avec un retardateur. Une bombe était lâchée sur l’industrie du disque. Il présentera l’album aux Beatles, Georges et Ringo ne diront pas grand-chose mais Paul lui dira : «Ne fait pas ça» Plus tard Yoko dira : «En fait, je pense qu'il n'avait pas tort. Mais c'est justement ça qui a donné à John l'envie de le faire». Evidemment la pochette de l’album sera censurée dans de nombreux pays, il sera associé à une pochette en kraft ne montrant que le visage des deux protagonistes et le nom de l’album. Pour qu’il soit distribué il faudra changer de label. Bien que la pochette originale soit masquée, la police d’un aéroport du New Jersey saisira et détruira en 1969 pas moins de 30.000 vinyles importés d’Angleterre. La presse musicale n’en parlera pas ou peu, certains imprimeurs refuseront d’imprimer la pochette, il deviendra l’album le plus controversé et le moins écouté de l’histoire du rock. Comme me dit le Toon "tu m'étonnes John"  😅 !!!!                                                                                                                                 

Peut-on parler de musique dans cette inextricable et tapageuse charpie avant-gardiste tout juste écoutable. Il ne reste que le scandale graphique d’une pochette qui aura fait parler d’elle. Il faudra attendre fin 1970 pour avoir un album écoutable «John Lennon/Plastic Ono Band».

En fin de compte on peut parler de musique sans montrer sa Censuré et son Censuré ! 

Pas d’extrait de «Two Virgins» trop pénible à écouter ! Mais deux titres de son quatrième album «John Lennon/Plastic Ono Band» avec une pochette où il n'y ni Censuré, ni Censuré et ni de Censuré . 

Messieurs les censeurs, bonsoir !


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