S’il y a bien une chose qui me passionne, ce sont les affaires criminelles, mais pas les crimes de notre époque comme ceux de Guy Georges ou d'Emile Louis, mais ceux du passé, ceux des ennemis public n°1, des truands, des sérials killers et de la pègre de l’après guerre.
Les Aventures de la Bascule à Charlot
La Bande à Bonnot |
Quelles que soient les époques, le crime a toujours existé : le vol, le
meurtre ou le plus souvent les deux ensembles. Dès le début du siècle
dernier, des illégalistes connus sous le nom de la bande à Bonnot
vont commettre les premières attaques à main armée en voitures alors que
la police se déplaçait encore à vélo. Sous le couvert du drapeau noir de
l’anarchisme, ils vont tuer sans vergogne ni honte tous ceux qui vont s’opposer à leurs sombres desseins. Mais
comme la justice triomphe toujours, une partie de la bande sera tuée et
l’autre passera en jugement et ira «cracher dans la sciure» en passant par la guillotine du bourreau Anatole Deibler.
Landru |
Autre histoire qui va défrayer la chronique judiciaire vers le début du
XXème siècle, celle d’Henri-Désiré Landru l’abominable barbe bleue de Gambay, petite commune des Yvelines.
Landru est connu pour avoir été le
premier homme à militer pour la femme au foyer 😆. Avant de devenir un
assassin, il sera un escroc qui par tous les moyens possibles et
inimaginables ira voler l’argent de ses concitoyens. Il achètera un garage
qu’il revendra immédiatement sans avoir payé l’ancien propriétaire. Il va
faire croire qu’il a crée une fabrique de bicyclettes à pétrole, il
organisera une campagne publicitaire spécifiant que toute commande doit être accompagnée d'un mandat
représentant un tiers du prix. Les commandes afflueront pour un produit
qui n’existe pas, ou du moins que sur le papier, il disparaitra avec
l’argent en poche. D'escroquerie en escroquerie, il fera quelques séjours
en prison. Ce n’est que pendant la première guerre qu’il va devenir le
coureur de dotes. Onze meurtres plus tard et tous dans les mêmes
conditions Landru sera arrêté. Le bonhomme avait de l’humour, tout au long
de son jugement les bons mots vont fuser. Devant l’hilarité du public à
son procès le président menacera : «Si les rires continuent, je vais demander à chacun de rentrer chez
soi !», ce à quoi Landru répliquera :
«Pour mon compte, monsieur le Président, ce n'est pas de refus» La seule chose qu’il perdra ce ne sera pas son sens de l’humour mais sa
tête en 1922.
Marcel Petiot |
Un autre personnage très chaud et sadique en tout point, le fameux
docteur Marcel Petiot. Cet homme qui était mentalement dérangé sera maire de
Villeneuve-sur-Yonne, comme médecin c’était un charlatan, il va se
barder de plusieurs diplômes en médecine qui n’existaient pas. Comme Landru, la guerre sera un tremplin pour s’enrichir, il va acheter un hôtel
particulier à Paris rue Le Sueur
(16e) qu’il va transformer en véritable usine à tuer, une chambre à gaz
perso, la chaudière faisant office de crématoire, un Birkenau privé. Il
proposera des passages à l’étranger à des personnes israélites cherchant à fuir la gestapo. Il sera condamné
à mort pour le meurtre de vingt sept personnes (soixante trois selon Petiot). Il avait aussi le sens de la répartie quand l’avocat général vient
le réveiller un matin de mai 1946 : «Ayez du courage, Petiot, c'est l'heure», il rétorquera : «Tu me fais chier !» Mais tout comme Landru, ce sera un problème de calorifère et de feu de cheminée qui trahiront
les deux hommes. Voila pourquoi tous les ans nous sommes dans
l’obligation de faire ramoner notre cheminée.
Guillaume Seznec |
Autre drame judiciaire, celui de Guillaume Seznec qui sera reconnu coupable du meurtre du conseiller général du Finistère Pierre Quéméneur dont on ne retrouvera jamais le corps. Une histoire
énigmatique et ambigüe avec pour fond des Cadillac rétrocédées à la France
par l’armée américaine et revendu à l’Union Soviétique. Toutes les
accusations ne seront basées que sur des soupçons et certaines petites
choses pourraient faire croire à une conspiration envers Seznec
comme la machine à écrire qui a servi à taper le certificat de vente du
domaine que Quéméneur
vendra à Seznec. Elle sera retrouvée dans sa grange alors que son fils témoignera
avoir vu deux hommes la déposer un soir. Un des policiers qui mènera
l’enquête sera Pierre Bonny, flic pourri, qui plus tard sera l’un des deux responsables de la
Gestapo française de la rue Lauriston. Seznec
sera condamné aux travaux forcés à perpétuité et sera déporté en Guyane en 1927
au bagne de Saint-Laurent-du-Maroni. Il sera libéré en 1947
et mourra renversé par un camion en 1954. Son petit fils Denis Seznec se battra pour la révision du procès et la réhabilitation de son
grand-père. Je l’avais vu sur scène à un concert de Tri Yann
lire la lettre de Guillaume Seznec
alors qu’il partait pour la Guyane. Une affaire pas très claire ou un
innocent a surement payé pour un autre.
Christian Ranucci |
En 1976 le mystère du "pull-over rouge", l’affaire Christian Ranucci. Encore une affaire dans laquelle beaucoup de zones d’ombre peuvent
faire croire à une erreur judiciaire. Une histoire qui sera très
médiatisée et le livre de Gilles Perrault
donnera lieu à une vive polémique. De grandes invraisemblances sur le meurtre d'un enfant de huit ans, des témoins qui ne reconnaissent
pas Ranucci, le propre frère de la victime qui dira que la voiture n’était pas une
Peugeot 304 coupé (voiture de Ranucci) mais une Simca 1100 qui aurait servi à enlever sa sœur, un pull-over
rouge trop grand pour l’accusé. Sans vouloir créer de polémique, je ne
pense pas que Christian Ranucci
méritait la sentence suprême à la différence de Patrick Henry
la même année qui assassinera un enfant de sept ans et que la police
retrouvera sous son lit. Condamné à perpétuité, il ne fera que vingt cinq
ans de détention, grâce à la célèbre plaidoirie de Mr Badinter contre la
peine de mort... Incorrigible, ce triste sir après de an de libération
anticipée, le monstre se fait dealer ! Retour à la case prison pour 15 ans
quasiment pour mourir, quarante ans de placard !
Gaston Dominici |
Même la campagne a ses assassins (comme le chantait Brassens), l’affaire Dominici en est l’exemple le plus flagrant. Une famille tenue d’une poigne de
fer par un patriarche bourru et acariâtre, l’omerta et la loi du silence
règne autour du meurtre d’un couple d’anglais et de leur petite fille de
dix ans. Ici encore malgré beaucoup de preuves, rien ne pourra établir
clairement la culpabilité du vieux Gaston Dominici
qui sera accusé du triple meurtre et sera condamné à mort en 1954
puis gracié en 1960. Il y a fort à penser que le patriarche a endossé les meurtres tout en
sachant qui de sa famille les avaient commis.
Mais toutes ses affaires criminelles ont été portées à l’écran. «La Bande à Bonnot» de
Philippe Fourastié en 1968
avec Bruno Cremer, Jacques Brel, Annie Girardot
et Jean-Pierre Kalfon. «Landru» en 1963 de
Claude Chabrol avec Charles Denner, Michèle Morgan, Danielle Darrieux
et aussi un téléfilm en 2005
avec Patrick Timsit, on pourrait aussi rajouter que «Monsieur Verdoux» en 1947
de Charlie Chaplin
serait un parallèle humoristique à l’affaire Landru . «Docteur Petiot» en 1990 de Christian de Chalonge avec Michel Serrault. «L’Affaire Seznec» en 1993, un téléfilm en deux parties avec Christophe Malavoy
et Jean Yanne, l’affaire Seznec
sera aussi relaté dans un disque de Tri Yann «Portrait» en 1995. «Le Pull-over rouge» de Michel Drach en 1979
avec Serge Avédikian
et «L’Affaire Dominici» en 1973 de
Claude Bernard-Aubert
avec Jean Gabin
et Victor Lanoux
et aussi un téléfilm en 2003
avec Michel Serrault
et Michel Blanc.
*-*-*-*
E.Buisson - J.L Trintignant |
Après toutes ces évocations d’affaires criminelles marquantes, passons
au sujet proprement dit. Parlons d’un truand, d’un ennemi public,
d’un tueur froid, et
Émile Buisson en est le parfait
exemple. En 1975, Jacques Deray racontera l’histoire d’un flic qui court après sa proie.
Roger Borniche (Alain Delon) deviendra le premier flic de France par son impressionnant palmarès
d’arrestation. Tout commencera par l’évasion d’Émile Buisson (Jean-Louis Trintignant) de l’hôpital psychiatrique de Villejuif. Il commencera le jour
même de son évasion par descendre celui qui l’avait balancé, ce sera
ensuite le braquage du restaurant l'Auberge d'Arbois
avec ses complices dont son frère
Jean-Baptiste (André Pousse). Une attaque suivie d'une course poursuite dans les rues de Paris
avec deux motards de la police ;
Buisson en tuera un de sang
froid d’une rafale de mitraillette (Et non de deux balles de pistolet comme on peut le voir dans le
film).
Buisson et Borniche |
La bande sera dénoncée et la police investira le refuge des bandits, tous
seront arrêté, dont son frère Jean-Baptiste, Emile
arrivera à s’échapper de peu. Les attaques violentes et les complices
assassinés par Buisson
parfois pour de simples suspicions en font un homme dangereusement
psychopathe. Roger Borniche
va tout faire pour arrêter cet homme qui sème derrière lui les cadavres
comme le petit poucet des cailloux. Son arrestation comprend plusieurs
versions, mais celle du film est celle de Borniche. Buisson
était hébergé (se planquait) dans une auberge pas loin d’Evreux en
Normandie "La Mère Odue". Un samedi de juin 1950, Borniche, sa femme et ses deux adjoints rentrent dans l’auberge où Buisson
est déjà attablé. Le quatuor se fait passer pour des médecins allant à
Rambouillet. Le policier ira donner un coup de téléphone, une urgence...,
dans la cuisine et, en sortant, il ceinturera le bandit qui aura le temps
de dégoupiller une grenade (Une grenade qui n’existe dans aucun récit). Buisson
est enfin arrêté. Deux fois par semaine, Borniche
le sortira de sa cellule de la Santé pour l’instruction judiciaire (Qui durera un an dans le film, trois dans la réalité). 36 meurtres et agressions depuis les années 30 sont attribués au gang de
Buisson. Le bourreau André Obrecht fera son office en 1956.
Borniche (Delon) |
Un film policier de bonne qualité avec une atmosphère et un décor qui
nous ramènent dans le Paris d’après guerre. le scénario est très romancé
et adapté du livre de Roger Borniche. Une belle distribution avec des «gueules» du cinéma français comme Maurice Barrier, Paul Crauchet, Mario David, Henri Guybet, Maurice Biraud, André Pousse, Denis manuel, entre autres. Dans une scène du commissariat un des suspects interrogé
n’est autre qu’Aphonse Boudard.
René la Canne |
Jean-Pierre Melville (3 films
d'exception :
Le Samouraï, Le Cercle rouge, Un flic) et
Georges Lautner (Mort d'un pourri, les seins de glace -
Clic) assureront aussi le mythe viril du personnage Delon... Toute une
époque...
Le super flic arrêtera aussi
René Girier dit
René la Canne, un truand spécialisé
dans les attaques à mains armée, les bijouteries et le cambriolage des
appartements de luxe, mais à la différence d’Émile Buisson, il n’a jamais tué. Il est surtout célèbre pour ses 17 évasions en 8
ans et surtout celle de son transfert de la prison au Palais de Justice,
il réussit à scier un trou dans le plancher du fourgon cellulaire. Une
évasion que l’on verra dans le film «Le Clan des Siciliens» en 1969. J’aurais pu aussi parler de
Mesrine, de
Pierre Loutrel dit
Pierrot le Fou, mais cette chronique
aurait été plus (Elle l’est déjà) judiciaire qu’une chronique
d’un film.
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