jeudi 3 juin 2021

SIBELIUS – Symphonie N° 3 (1907) – Colin DAVIS (Orchestre symphonique de Boston 1977) – par Claude Toon

 


- Retour en Finlande Claude… Plus précisément en compagnie de Sibelius. Troisième symphonie ce jour après les numéros 2, 4, 5 et 7 et des poèmes symphoniques…
- Chère Sonia, après ces quatre symphonies majeures, on ne peut délaisser les 1, 3 et 6 qui ont aussi beaucoup de charme ; mi classiques, mi romantiques, mi novatrices.
- Hihi, ça fait trois mi ! Elle parait plus courte, une petite demi-heure… Encore un nouveau chef, enfin Colin Davis est souvent présent dans le blog, tout est relatif…
- Le chef anglais a enregistré trois fois le cycle des sept symphonies, à Boston fin des années 70, et à Londres début des années 90 en numérique et début XXIème siècle. Les opinions divergent…
- Ah bon, ces intégrales ne sont pas des références ? Sinon, le style de la pochette me fait penser à l'édition vinyle…  Un peintre scandinave ?
- On reproche au maestro une certaine langueur, mais justement cela allège la farouche 3ème… Oui les pochettes d'origine affichaient toutes des tableaux d'Edward Munch. 


Jean Sibelius en 1907

Ahhh le contrôle continu ou les examens, les concours, les entretiens, et pourquoi pas la présentation du carnet de santé ou celui de famille pour l'admission à un conservatoire réputé… Et je ne parle pas du prix de Rome en immersion à la villa Médicis qui a honoré un nombre incalculable de bêtassots besogneux épris d'académisme et royalement oubliés 😄. Villa Médicis où un Maurice Ravel se fera "jeter" d'année en année (5 fois). Autre exemple plus dramatique : si Alois Delug, directeur de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne en 1908 avait accepté dans ses rangs un jeune moustachu efflanqué du nom d'Adolf Hitler sans prétexter le manque de talent en dessin du futur tyran - ouais ok, ses croûtes n'étaient pas géniales à une époque où Gustav Klimt inventait l'une des plus belles peintures modernes – l'Europe aurait peut-être fait l'économie d'un monceau de ruines et de 50 millions de morts atroces… (Lire sur cette hypothèse le livre passionnant d'Éric-Emmanuel Schmitt : La Part de l'autre.)

- Tu veux en venir où exactement Claude ? C'est un article sur Sibelius – Colin Davis je crois… hihi, bêtassot, pas courant mais dans le dico, le gros

- Eh bien, que justement Colin Davis, clarinettiste de formation ne fut pas admis à suivre des cours de direction d'orchestre car en parallèle, son jeu de piano n'était pas extraordinaire… C'est en remplaçant au pied levé Otto Klemperer souffrant dans Don Juan de Mozart en 1959 que le monde découvrira un jeune chef sans formation a priori solide mais bourré de talent, l'un des maestros anglais les plus géniaux de son temps… La sélection à l'entrée des écoles est à la fois un outil indispensable pour recruter des élèves mais un outil dangereux quand les jurys ne sont guère éclairés…

La biographie complète du maestro british Colin Davis est à lire dans le RIP qui lui avait été consacré lors de sa disparition en 2013 (Clic). Le chef était célèbre notamment suite à un défi personnel qu'il se lance dans les années 60-70 : enregistrer l'essentiel des œuvres orchestrales et lyriques de notre génie français Hector Berlioz. Toute l'œuvre symphonique (6 CD) et surtout les opéras, Benvenuto Cellini, Les Troyens, Beatrice et Benedict (9 CD) sont toujours édités et constituent une somme de référence. N'oublions pas une interprétation excellente du Requiem (Clic). Pionnier dans ce répertoire, il fera école et je m'aperçois qu'il existe une intégrale du catalogue de Berlioz en 27 CD parue chez Warner avec des artistes de bon aloi…


Colin Davis

Le répertoire de Sir Colin Davis a donné lieu à la rédaction de plusieurs articles. Berlioz bien entendu avec son Requiem de 1968, sa version récente d'Harold en Italie avec Tabea Zimmermann et la pittoresque Symphonie Funèbre et Triomphale de 1969, les deux symphonies d'Elgar, un maestro anglais ne peut que briller dans l'univers musical de la perfide Albion (Il accompagna la jeune Hilary Hahn dans le fort difficile et ambitieux concerto pour violon de ce compositeur), Shéhérazade de Ravel – encore un Français. On remarque que toutes ses gravures ont été réalisées avec l'orchestre symphonique de Londres auquel le chef était très fidèle même en n'étant son directeur que de 1995 à 2006 (Index). Hormis cette grande phalange londonienne, Colin Davis a dirigé l'orchestre de la radiodiffusion bavaroise (j'avais cité son interprétation lumineuse de la messe en Fa de Bruckner il y a peu), et l'orchestre symphonique de Boston à de nombreuses époques.

La discographie de Colin Davis est impressionnante ; le chef a enregistré au bénéfice de plusieurs labels : RCA (51 CD), Philips réédité par DECCA (une anthologie de 15 CD + des coffrets complémentaires), le label indépendant du LSO

Contrairement à certains confrères, Colin Davis n'était pas un adepte des intégrales à répétition dédiées aux symphonistes classiques et romantiques, je pense à Herbert von Karajan et à ses cycles Beethoveniens décennaux. Et curieusement, on trouve une passion pour le finlandais Jean Sibelius et trois intégrales de l'œuvre orchestrale (symphonies, poèmes symphoniques et pièces diverses). L'une avec l'orchestre symphonique de Boston fin des années 70 chez Philips et une seconde peut-être moins engagée avec le Symphonique de Londres dans les années 90 pour RCA et une dernière, testamentaire, avec le LSO entre 2002 et 2008. Comme je l'ai souvent évoqué, encensé dans les pays anglo-saxon, Sibelius est resté longtemps ignoré pour ne pas dire méprisé par la France, notamment à cause du compositeur et musicologue de quinzième ordre René Leibowitz, théoricien dodécaphonitophile intégriste, qui proférait après la Guerre que "le finlandais était le plus mauvais compositeur du monde" ! Heureusement, le temps a inversé les rôles et l'on inscrit plus souvent Sibelius au programme de concerts en France. Aller, halte aux vacheries, Leibowitz a bien défendu Berg, Webern et Schoenberg dans nos contrées traditionalistes musicalement parlant 😊.

On a pu reprocher un style bon chic bon genre adopté par Colin Davis dans son approche de Sibelius, un manque de rudesse pathétique dans cette musique nordique à la sauvagerie influencée par la rigueur du climat, l'ensorcèlement des sombres forêts et des mythes et contes cruels… Doit-on interpréter Sibelius avec une élégance british un peu apprêtée ? Si la question est pertinente pour l'intégrale londonienne, elle ne l'est pas pour celle captée à Boston pour une raison simple : entre l'orchestre de Boston et Sibelius, il y a une complicité historique… La complicité porte un nom : Serge Koussevitzky.


Serge Koussevitsky

Né en 1874 soit dix ans après Sibelius le compositeur et chef d'orchestre Serge Koussevitzky prend en main l'orchestre symphonique de Boston en 1924. Il va le diriger pendant un quart de siècle. Sans se désintéresser du répertoire classique, le maestro surdoué forge aussi sa réputation de mécène par des dizaines de commandes passées à des compositeurs de son temps. Exemples : Ravel (Concerto en sol), Stravinsky (Symphonie de Psaumes), Hindemith (Konzertmusik) et Roussel (3ème symphonie) et même la Turangalîla-Symphonie de Messiaen en 1948 ; n'en jetez plus !

Le maître est passionné par la musique de Sibelius qui a franchi la porte du postromantisme vers la modernité entre la symphonie N°1 (1899) et la N° 7 (1924). Vers 1930, Koussevitzky lui commande une 8ème symphonie qui ne verra jamais le jour car Sibelius a déjà abandonné pour toujours la composition, bien qu'il ait encore plus de vingt ans à vivre (1957).

Sibelius intègre le répertoire de l'orchestre mais, bien plus, Koussevitzky entreprend les premiers enregistrements des symphonies dans la cire des 78 tours. La discographie de l'époque est difficile à établir car les disques sont anciens (dès 1929, la 2ème symphonie) et la plupart sont des live. Les opus favoris du chef sont les 2, 4, 5, 6 et 7. Il existe une captation de 1939 de la 5ème pour Victrola rééditée en mp3 et une de novembre 1950 de la 2ème pour RCA dont on sort en transe.

Koussevitzky démontre ainsi que Sibelius est tout sauf un romantique tardif égaré dans un monde folklorique, peignant forêts et aurores chamarrées ou encore contant des légendes épiques et cruelles. L'homme déchaîne des couleurs et des joutes orchestrales rappelant un van Gogh projetant des traits de pinceau féroces. Il existe une multitude de rééditions pirates… J'ajoute à ce billet une exécution sidérale de 1950 de la 2ème symphonie après numérisation (on perd un peu en folie dynamique dans le crescendo incandescent du final par rapport au Lp).

Colin Davis apportera un éclairage plus élégiaque dans ses interprétations, un raffinement tout britannique influencé par Elgar, Vaughan-Williams, etc..

La pochette du coffret de la réédition DECCA étant ridicule, une caisse simili-bois avec des timbres postaux – je suis très souvent jaloux des jaquettes des albums de mes camarades rocker – j'ai donc illustré ce papier avec la pochette vinyle originelle avec une peinture d'Edward Munch ("Le cri") ; tous les disques de cette collection présentaient un tableau du peintre norvégien à l'inspiration mêlant le bucolique et le morbide… Je propose trois autres tableaux de Munch inspirés par la mer à l'approche de la ruée vers les plages.

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Edvard Munch : Bord de mer et maison rouge

Une biographie concise de Jean Sibelius est à lire dans la chronique de 2013 consacrée à la désenchantée symphonie N°4 (Clic). J'écrivais à l'époque :

Les deux premières symphonies créées en 1899 puis 1902 rencontrent un succès triomphal. Oui, elles sont toutes les deux des héritières du romantisme, voire de Tchaïkovski. Puis Sibelius voyage, rencontre Richard Strauss, maître de l'orchestration sophistiquée. Il compose une 3ème symphonie, plus concise, plus originale qui sera accueillie plus fraîchement. Détaillons un tantinet :

La 1ère symphonie surprend par son ampleur et sa richesse mélodique pour un premier essai dans le genre. Une œuvre à la fois descriptive et romanesque, un voyage en Finlande, l'évocation de la culture finnoise. Si le programme prévu suggérait des intentions impressionnistes comme "le vent froid qui souffle de la mer" ou "conte d'hiver", Sibelius s'en écartera pour un ouvrage de musique plus expressive. Une extériorisation des émois de Sibelius anime l'œuvre en cette période où la reconnaissance est enfin au rendez-vous, les drames personnels aussi… L'ouvrage est retouché au début du siècle. Le final affligé témoigne alors du désarroi de l'artiste après la mort à seulement deux ans de sa fille Kirsti. Le pathétisme d'un Tchaïkovski n'est pas loin…

La 2ème symphonie commentée dans ce blog est également une imposante composition postromantique, plus aride que son aînée, empreinte de nationalisme dans son final : un long crescendo martial, implacable, apocalyptique et triomphal. (Clic) Rien à ajouter, écoutez en fin de chronique l'interprétation volcanique de Koussevitzky.


Edvard Munch : Baignade

La 3ème symphonie composée entre 1904 et 1907 surprend sur plusieurs points. La durée est inférieure à la demi-heure. Elle ne comporte que trois mouvements, le "scherzo" servant d'introduction à la coda rythmée du final. L'orchestration retrouve l'effectif classique en vogue depuis Beethoven, pas de percussion hormis les timbales. Enfin, les deux premières symphonies conservaient globalement les structures sonates usuelles, la double thématique en particulier. Ici, le compositeur semble improviser et enchaîner des séquences de manière plus libre. Peu de thèmes très marqués parcourent l'œuvre, plutôt une myriade de motifs. L'ouvrage est en do majeur, une tonalité sereine. Sibelius semble être soucieux d'un retour à la musique pure, ce travail inattendu sert à l'évidence de prototype aux expériences modernistes des symphonies 4 à 7…      

Orchestration : 2/2/2/2, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales et cordes.

Une analyse complexe comportant une réflexion très personnelle ne se justifie pas. Cette musique semble couler de source et pourtant la partition introduit d'étonnantes innovations solfégiques ; nous écoutons une fresque séduisante et survoltée mais en rien simpliste.


1 - Allegro moderato (ut majeur) : l'introduction fleure bon l'exaltation et la bonne humeur. Une vigoureuse marche scandée par les contrebasses et les violoncelles inviten les cors et, ensemble ils amplifient un joyeux décor musical auréolé par les interventions successives de tous les pupitres des vents et des cordes. L'orchestre, comme un certain loup friand de petits cochons, gonfle, s'enfle et souffle un trait violent des trompettes [1:15]. L'esprit radieux de la symphonie est entièrement présent dans ces premières mesures. Le récit musical de Sibelius joue plus sur la manipulation des couleurs et des timbres instrumentaux que sur celle des phrases mélodiques comme il est d'usage. La section suivante conserve la rythmique martiale initiale mais adoucie par une mélopée romantique aux cordes. Et ainsi de suite, les épisodes se succèdent faisant songer au guilleret charivari d'une fête villageoise. On pourra se surprendre à taper du pied pour marquer la mesure, mouvement réflexe rare en écoutant de la musique classique. [7:08] Un développement toujours rythmé marque à la fois un changement de tempo et d'orchestration, la flûte bat la mesure sur un fond mélodique aux cordes, et pourtant le style processionnel du début se prolonge. De telles variations dans la composition sont légion… Pétillant et bucolique…


Edvard Munch : coucher de soleil

2 - Andantino con moto quasi allegretto (la mineur) : [10:50] Comme souvent avec Colin Davis, les tempos ne sont ni trop lents ni trop rapides, le flot musical respire et se construit sous toutes ses facettes. Cela sera très net dans ce charmant andantino en forme de ballade nocturne. On retrouve de manière plus diffuse la rythmique caractérisant l'allegro. On distingue également la pulsation d'un mouvement de valse qui se fera de plus en plus discret pendant l'évolution de l'andantino. [17:37] D'amusants pizzicati soutenus par des trilles de flûte terminent avec une délicate sensualité cette page très poétique. La danse des pizzicati est au programme 😊.

 

3 - Moderato - Allegro ma non tanto (ut majeur) : [21:10] Donc pas de scherzo au sens technique du terme. Sibelius parlait pour son début du final de "cristallisation du chaos", excellente définition pour cette succession de motifs sans liens apparents mais à l'orchestration ludique et palpitante. La liaison avec le final est presque indéfinie. [23:19] Une ébauche de thème se dessine langoureusement, secrètement. Après un passage frénétique (adoptant toujours une scansion appuyée), [25:12] le final s'élance de manière sage pour se métamorphoser crescendo en un cortège festif et déclamatoire. Les cordes chauffées à blanc laissent les magnifiques cors et flûtes du symphonique de Boston rugir pour acclamer les dieux nordiques (Enfin, je pense, à vous de voir 😊). Une vraie apothéose…

(Partition)


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La critique discographique n'étant pas une science exacte, achevons ce billet par des suggestions de conceptions variées de cette symphonie. Entre 1899 et 1924, Sibelius réinvente le genre tant sur la forme que sur le fond : du postromantisme au climat chaotique et énigmatique cher aux modernistes dans la dernière partition. La plupart des maestros ont produit une ou plusieurs fois des intégrales même si la captation s'étalait sur des années. Dans les chroniques passées, je citais comme grands crus : Gennady Rozhdestvensky, Paavo Berglund, Esa-Pekka Salonen… on pourrait ajouter Kurt Sanderling, Leonard Bernstein, Lorin Maazel, d'autres… Ne cherchez pas un chef français, c'est peine perdu 😓.

Pour écouter une 3ème symphonie qui pète le feu sans laisser de côté la clarté orchestrale s'épanouir, impossible de ne pas saluer la performance de John Barbirolli avec son Hallé Orhestra. Le son est des années 60, les cors n'ont pas la clameur cuivrée démente de ceux de Londres, Boston ou Vienne, mais ce chef et Sibelius étaient en osmose dans ce coffret réédité en permanence en CD et même en téléchargement ; c'est la pochette sympa ci-dessous (EMI – 6/6).

Entre 1952 et 1955, Anthony Collins grave une intégrale Sibelius culte disponible en MP3, faute de CD. Pour affranchir Sonia, Anthony Collins (1893-1963) est d'abord un compositeur anglais de musique de film qui a vécu essentiellement à Los Angeles (3 nominations aux Oscars). On lui doit quelques œuvres classiques sympas mais mineures. Info pour Luc : il est l'auteur de la B.O. de Le Paradis des mauvais garçons (Macao) de Josef von Sternberg avec Robert Mitchum et Jane Russel.

Fan de Sibelius, Anthony Collins réalise ces enregistrements avec l'orchestre symphonique de Londres, phalange réputée pour son travail pour le cinéma. Les tempi sont furieux (25' contre 32' pour Colin Davis dans les années 2000), la précision d'orfèvre dans l'équilibre sonore des pupitres exigée par Collins est sans faille, la prise de son mono exceptionnelle… Dans le final, les percussionnistes fracassent les membranes des timbales, bois, cuivres, bref tout l'orchestre s'encanaille ? Non, il explose "façon puzzzle disait Blier" ; en un mot, c'est complètement ouf !!! On pourra reprocher à cette approche un aspect cinématographique endiablé, mais un Sibelius aussi exaltant laisse pantois (DECCA – 6/6). Ce sont les seuls disques connus datant de l'ère du microsillon de ce drôle de bonhomme… (Holst et Elgar dans les années 30 toujours avec le LSO).

Et pour terminer ce petit panorama de la discographie, la dernière intégrale de Colin Davis (avec en prime Kullervo) montre un chef qui, n'ayant plus rien à prouver dans la maîtrise de ce corpus, se permet des tempos et un phrasé aéré qui n'éveillent aucun ennui… Prise de son en Live d'exception (LSO – 6/6). (Deezer)


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En complément de ce festival Sibelius : La 3ème symphonie sous LSD de Anthony Collins en 1954 à Londres, et la 2ème symphonie sous la baguette énergique de Serge Koussevitzky à Boston en 1950.


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