jeudi 24 juin 2021

JIM JONES AND THE RIGHTEOUS MIND "Super Natural" (2017) par Benjamin

Jim Jones est un rocker comme on en fait plus depuis la mort des Stray Cats. La Jim Jones Revue, son premier groupe, ramenait le rock au berceau. Une guitare, une basse, une batterie, et un rythme binaire, voilà de quoi ressusciter cette devise immortelle : bebopalulabebopbamboum !

La Jim Jones Revue, c’était les Stray Cats avec le feu au cul, Eddie Cochran croisant le fer avec le MC5. Autant dire qu’en 2011, quand ces puristes ont tiré leur révérence, leurs fans sont partis noyer leur chagrin dans les bars rétro. Et la cuite allait durer 6 ans, jusqu’au jour où une bande de teddy boy recroisa le nom de Jim Jones. C’était dans une de ces foires aux disques qui sont autant de lieux de résistance au milieu de la médiocrité ambiante. La pochette les rebuta un peu, elle ressemblait trop aux délires morbides des crétins du heavy metal. L’agressivité des enfants de Black Sabbath était en grande partie responsable de la mort du swing, alors ils ne voulaient pas voir Jim Jones tomber dans cette bouillie infâme.

Nos amis puristes prirent tout de même le disque, et enfourchèrent leurs vieilles Harley pour écouter cette curiosité. La vieille sonorisation crache un riff déchirant, qui ouvre la voie à une orgie sonore assourdissante. Cette entrée les laisse sans voix, ce qui est joué ici avec une force inédite, c’est bien le rock dans ce qu’il a de plus cru.

S’inscrivant dans la lignée du pur rock’n’roll, ce premier riff semble ressusciter la hargne proto punk des frères Asheton. Jim Jones and the Righteous Mind c’est la Jim Jones Revue plongée dans un bain acide et produisant sa propre version du rock psychédélique psychotique. Après une intro qui botte les fesses d’Iggy Pop, les mercenaires s’en prennent au groove vicieux de John Lee Hooker sur « Base is loaded ». Le jungle beat est violemment lacéré par un riff chromé, tout droit sortie du Detroit de la belle époque. Le solo réveille d’ailleurs le fantôme de Fred Sonic Smith, chaque note sonnant comme une décharge dévastatrice.

Kick out the rock motherfucker !

La pression ne redescend même pas sur « Somethings gonna get it hand on you » cette dance voodoo jouée avec un groove sulfureux. « Super Natural » fait partie de ces disques qui prennent l’auditeur à la gorge dès les premières secondes, pour ne plus le lâcher. Quand le tempo ralentit, c’est pour mettre plus de force dans chaque décharge. La batterie de « No fool » imprime un rythme tribal, sur lequel vient se calquer un riff répétitif et dévastateur. Les distorsions donnent au titre un air de délire psychotique, une simplicité dérangeante sortie du brasier « Sister ray »

Les auditeurs commencent alors à demander grâce devant tant de violence groovy. Qu’ils se rassurent le piano de « Aldecide » lui donne presque des airs de ballade. Mais la guitare est encore là, rugissant entre deux cœurs vindicatifs et le rythme ne tarde pas à s’accélérer.  Sorte de pub rock sous hormones, « Boil yer blood » est un boogie saignant qui ferait passer « Endless boogie » pour une bande de sous Allman Brothers. Jim Jones ménage ensuite ses effets, posant une voix plus apaisée sur le blues ésotérique « Shallow grave »

Cette petite accalmie prépare le terrain pour le dernier assaut, la charge électrique nettoyant l’auditeur de toute la guimauve que ses oreilles ingèrent à longueur d’année. « Till it’s all gone » est le titre le plus sauvage de l’album et, si « Everyone but me » semble refermer le bal sur une note apaisée, il flotte dans cette mélodie une aura de danger que l’on a plus croisée depuis la sortie de « Raw power ».

Lorsque les dernières notes s’évanouissent, nos teddys boys finissent leurs Jack’s d’une traite. Le rock’n’roll venait encore de se réinventer pour quelques années, et ce disque était un acte de renaissance digne des grands disques de Creedence, des Stooges, du MC5… Il est le descendant de tous ces groupes qui, de différentes manières, ont su ramener le rock au bercail.

Crédit photo : Christophe Girard-Berthet

3 commentaires:

  1. Une petite rectif par rapport au fait de dire que la Jim Jones Revue est le 1er groupe de Jim Jones. Ce dernier a auparavant traîné ses guêtres dans 2 groupes très recommandables : Thee Hypnotics et the Black Moses. la Jim Jones Revue : un des groupes qui a su redonner ses lettres de noblesse au ROCK.

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  2. En tant que leader la Jim Jones revue n était pas son premier groupe ?

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  3. Je crois que si donc l'affirmation ouvrant cette chronique n'est pas totalement fausse.

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