Aujourd’hui je vais dévoiler un peu de ma personnalité avec un film qui m'a
marqué et qui reste culte.
« Il est Vivant ! »
Costa-Gavras
J’ai commencé très tôt des collections en tout genre, la première étant
les disques vinyles, (mais ça ce n’est un secret pour personne !) la seconde étant tous ce qui est bouquins et bandes dessinées et
surtout tout ce qui concerne Tintin (Objet compris !) et la
troisième a été les affiches de films et de concerts. Cette passion m’a pris un
samedi alors que je me promenais au marché au puce porte de
Clignancourt. Une échoppe vendait toutes sorte d’objets en lien avec le cinéma et la musique : des affiches, des
photos, des autographes et mille bricoles qui te mettent des étoiles
dans les yeux. Et en farfouillant dans tout ce stock de papiers, je
trouve l’affiche de « Z » le film de Costa-Gavras
qui pour moi représentât un moment culte dans une salle obscure.
Pourquoi était-il culte ? Parce qu’il ma forgé mes convictions
politiques, le refus de toutes dictatures, la défense de la liberté
d’expression et la bataille pour la liberté en général, et mes idéaux se
trouveront renforcés quand je verrais le film suivant de Costa-Gavras «L’Aveu». Mais « Z » est avant tout un thriller politique avant d’être un film
politique.
Nous sommes à la fin des années 60, c’est l’époque du Flower Power, les
fleurs poussaient dans les cheveux et aux States soufflait une bouffée
d’air frais de liberté, et pourtant les dictatures militaires et les
régimes autoritaires faisaient régner un régime de terreur dans beaucoup
de pays, surtout en Amérique Latine. Plus proche de nous, le Portugal
subissait le régime autoritaire salazariste, En Espagne Franco depuis
1936 dirigera d’une main de fer un pays qu’il essayera de faire
vivre avec un système autarcique, mais la dictature la plus représentative
qui laissera des marques sur le vieux continent sera celle des colonels en
Grèce. Plus tard ce sera le Chili avec le coup d’état d’Augusto Pinochet suivi par l’Argentine avec Jorge Rafael Videla. Et tout ces dictateurs en uniforme qui feront subir les pires sévices
au peuples ne feront que forger mon idée que les régimes totalitaires sont
des choses à anéantir et comme disaient les partisans de la Seconde
République espagnole : ¡No Pasaran!.
Grigoris Lambrakis
La Grèce revendique une histoire très longue et très riche, mais je ne
remonterais pas jusqu’à l’antiquité, juste au début des années soixante
ou le climat politique est plutôt tendu. Les démocrates, la famille
royale et les militaires essayent chacun d’avoir une part du pouvoir. En
1963Grigóris Lambrákis
un député de l’EDA (Union de la Gauche Démocratique) est assassiné par une milice paramilitaire, un meurtre qui entrainera
indirectement un coup d’état en 1967 et qui instaurera la
dictature des colonels. Son assassinat sera le sujet du roman non
fictionnel « Z » de Vassilis Vassilikos et du film
éponyme de Costa-Gavras.
« Z » est un film dur et âpre. Un film qui se dit de fiction mais qui ne
l’est pas. Au tout début, on peut lire « Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou
vivantes n'est pas le fait du hasard. Elle est volontaire ». Une distribution à la hauteur de l’œuvre,
Yves Montant dans le rôle de Z aussi
appelé le Docteur, ses lieutenants et amis,
Charles Denner,
Jean Bouise,
Bernard Fresson,
Irène Papas qui interprète la femme
de Z, Jean Louis Trintignant le juge
d’instruction et Jacques Perrin pour ne
citer que les rôles principaux, tellement la liste est longue. Z est
l'initiale du mot grec ancien zêta qui signifie « il vit » ou
« il est vivant », Les opposants inscrivaient cette
lettre sur les murs pour protester contre l'assassinat de
Grigóris Lambrákis.
Denner-Fresson-Montant
Nous sommes dans un pays méditerranéen (La Grèce, bien qu'elle ne sera jamais citée !) la police et la gendarmerie estiment
qu’ils doivent s’opposer à tous les mouvements subversifs qu'ils
soient pacifistes, communistes ou anarchistes. Le nouveau chef de
l’opposition surnommé le Docteur arrive dans une grande ville pour tenir
une conférence en faveur du désarmement. Le climat est tendu, après son
allocution, alors qu’il sort de la salle, un triporteur va surgir et
« heurter » le député qui s’écroule et décèdera de ses
blessures à l’hôpital. La préfecture s’empresse de passer un communiqué
disant qu’il s'agirait d'un malheureux accident causé par deux ivrognes.
Entrent en scène un journaliste (Jacques Perrin) qui va mener son enquête en parallèle et mettre son nez un peu
partout et un juge d’instruction qui n’est ni pour la gauche, ni pour la
droite, il est tout simplement intègre. Il va découvrir rapidement à
parir du faisceau d'indices qu’il s’agit d’un assassinat organisé par un
organisme d’extrême droite le C.R.O.C (Combattants Royalistes de l'Occident Chrétien). Il comprend que toute l’affaire a été planifiée par les commandants
de la gendarmerie de la région et que les plus hautes autorités de
l’état sont aussi impliquées. Acculé, le pouvoir en place va reconnaitre
les faits et la hiérarchie militaire sera mise au banc de l’accusation
pour avoir organisé et couvert l’assassinat. Au procès, le jugement sera
clément, ce qui déclenchera une vague d’indignation, le gouvernement
démissionnera. Les sondages donnent l’opposition de gauche vainqueur aux
prochaines élections, pourtant les militaires prendront le
pouvoir.
J.L. Trintignant
Le juge d’instruction joué par
Jean-Louis Trintignant était
Khrístos Sartzetákis. En 1968,
pendant la dictature des colonels, il sera arrêté, emprisonné pendant un
an et renvoyé du corps des magistrats qu’il réintégra en1974. Il sera élu en 1985 président de la République.
Costa-Gavras avec « Z » commence on cycle de films politiques qui resteront dans sa
filmographie, s’en suivra « L’Aveu », « Etat de Siège », « Section spéciale », « Missing » et aussi « Amen ». Le réalisateur demandera à
Mikis Theodorakis de composer la
musique, mais ce dernier étant emprisonné sous le régime des colonels en
raison de son opposition à la dictature, ne pourra que faire passer le
mot : « prends ce que tu veux dans mon œuvre ». Il découvrira le film et sa musique qu'une fois libéré et exilé en
France.
Pourquoi dit-on "aller se faire voir chez les Grecs" d’ailleurs ??
Il valait mieux éviter à cette époque !
Nota : au sujet de cette expression, d'après le Toon qui a vécu dans
l'antiquité, elle prend souvent un sens erronée pour le moins vulgaire, quoique pas complètement faux sur ses origines.
Autre temps autre culture "éducative" chez l'élite grecque pour les
adolescents, parlons plutôt ,sans faire un dessin, de rite initiatique
(facultatif) à travers des pratiques très condamnées par ailleurs en
temps normal... paradoxe. Plus élégant, l'imprécation s'entend de nos
jours pas "Aller brûler en enfer..."
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