mardi 9 mars 2021

MIKE BLUEBERRY et ALEXIS Mc COY - par Pat Slade


La bande dessinée représentant les cow-boys, les indiens et les yankees, ce n’est pas seulement Lucky Luke, les Tuniques Bleus ou Chick Bill. Des dessinateurs ont représenté un monde plus réaliste. Mac Coy et surtout Blueberry, une série mythique dans le neuvième art.


MICHEL MYRTILLE (Blueberry) : «♪♫ I'm a poor lonesome cowboy ♫♪»



J.M. Charlier - J.Giraud
Michel Stéphane Myrtille voit le jour dans le journal Pilote en 1963 sous le pinceau du dessinateur Jean Giraud (Gir - Moebius) et la plume du scénariste Jean-Michel Charlier. Mike Steve Donovan de son vrai nom est né en octobre 1843 en Georgie, sa mère était créole et décèdera en le mettant au monde et son père un irlandais propriétaire d’une plantation mourra pendant la guerre de Sécession en défendant son domaine contre les troupes de l'Union. Mike sera confié à une nourrice noire et vivra la jeunesse d'un fils de planteur, destiné à devenir un véritable gentilhomme du Sud. Accusé injustement du meurtre du père de sa fiancée, il va prendre la fuite en abandonnant sa famille, sa promise et ira rejoindre les lignes nordistes pour échapper à la justice du sud. Surpris par une patrouille yankee qui lui demande son nom, ne sachant quoi trop répondre, son regard ce posera sur un buisson de myrtille, le soldat yankee Mike Blueberry (surnommé Nez Cassé) est né.

Blueberry est une grande gueule, une forte tête, teigneux, bagarreur, rouspéteur, insolent indiscipliné et pas toujours respectueux de la rigueur militaire. Il n'hésite pas parfois à déserter pour remplir au mieux ses missions. Il est hirsute, mal rasé, débraillé. Il a tout les defauts : buveur, joueur, tricheur, un lieutenant de cavalerie qui est le parfait archétype de l’antihéros. Mais il n’en reste pas moins un homme qui ignore la peur, il fait passer l'honneur, l'amitié, le respect de la parole donnée avant tout, il risque sa vie sans sourciller pour défendre les bonnes causes. Et comme tout héros, il aura ses compagnons de route tout comme des ennemis mortels. Le plus plaisant reste Jimmy Mc Clure un vieux prospecteur d'argent, alcoolique qui vagabonde depuis 40 ans. Un des plus fidèles compagnons d'aventure de Blueberry, Mc Clure est un peu le capitaine Haddock de la série, moins les jurons. Red Neck Wooley plus âgé que Mike est éclaireur pour l'armée et, avec Jimmy, ils deviennent des personnages récurrents de la série
 
Jimmy Mc Clure
Les femmes aussi entreront dans son microcosme comme Chihuahua Pearl, une femme sans scrupule, vénale et qui joue de ses charmes pour arriver à ses fins. Le seul amour de Blueberry qui pourtant la laissera partir pour épouser un riche homme d’affaire. Les ennemis sont nombreux et je ne citerais que Jethro Steelfinger qui porte une redoutable prothèse de main métallique, la sienne ayant été tranché par un coup de tomahawk. En 53 albums, Blueberry va croiser des personnages réels comme Cochise, Geronino ou Sitting Bull, mais aussi Wild Bill Hickok (Sa compagne était Calamity Jane), Wyatt Earp ou des militaires comme le général Dodge (1831-1916) qui a participé à la construction du premier chemin de fer transcontinental américain. C’est ce même général qui lui cassera le nez d’un coup de béquille d’où sont surnom de nez cassé. Mike Blueberry qui commencera son histoire comme militaire mais sera exclu de l’armée, rendu à la vie civile. Il sera tour à tour shérif, joueur de poker (Où il sera mêlé à la fameuse fusillade d’OK Corall), éclaireur pour l’armée et même hors la loi.

A la mort de Jean-Michel Charlier c’est François Corteggiani qui reprendra les scénarios. Puis, à celle de Jean Giraud, deux dessinateurs reprendront la suite, Colin Wilson pendant six albums et Michel Blanc-Dumont qui est connu pour l’histoire de Jonathan Cartland une BD qui parlait aussi du Far West. L’histoire de Blueberry est divisée en six séries qui représentent chaque aspect de sa vie ; la dernière est intitulée «La jeunesse de Blueberry» qui comporte 20 albums. Le personnage vieillit en même temps que ses aventures, un album sera avorté avec le décès de Moebius «Blueberry 1900». Le cowboy de 58 ans continue à chevaucher les plaines de l’ouest en quête d’aventure. 


ALEXIS MC TIMIDE (Mac Coy) ON DIRAIT LE SUD !



A.H. Palacios - J.P. Gourmelen

La première fois que j'ai lu les aventures du lieutenant Alexis Mac Coy sera dans le journal de Lucky Luke en 1974, un journal qui ne comportera que 12 numéros. A l’inverse de Blueberry, l’histoire se passe du côté des uniformes gris des confédérés. Dessiné par l’espagnol Antonio Hernandez Palacios et scénarisé par Jean-Pierre Gourmelen, Alexis Mac Coy est une histoire violente, rehaussée par un graphisme rigoureux. Surement la seul BD qui a pour cadre la guerre de Sécession avec un soldat un peut cabochard mais surtout une tête brulée. 

Pendant les quatre premiers albums, le Général Hood (1831-1879) devra faire appel au Lieutenant Mac Coy pour des missions délicates et sortir les armées du sud de l’embarras. A chaque différente histoire, le soldat confédéré, malgré le côté difficile des missions s’en sortira sans une égratignure. Ces récits nous font découvrir cette guerre avec son florilège de lâches, de traitres, d'espions et de héros. Mais la guerre de Sécession a cessé, ça c’est sûr ! Et Mac Coy se retrouvera prisonnier des soldats de l’union. Mais ces derniers ayant entendu parler de ses exploits vont l’embaucher dans leurs rangs pour une mission au Mexique ou il croisera les armées de Napoléon III. Une mission qui sera un fiasco, il rejoint un régiment de cavalerie commandé par son ancien général sudiste. Il y a beaucoup de similitude avec Blueberry, puisque Mac Coy a aussi son Sancho Pança en la personne du sergent Charley et l’histoire se mêlera à la fiction, puisque Little Big Horne et la bataille de Cameron, bataille de la légion étrangère où 65 soldats résistèrent à l’assaut de 2000 soldats mexicains en 1863 sont représentés. Edités entre 1981 et 1999, les 21 albums se succèdent dans le même registre et souffrent de la comparaison avec Blueberry, mais ils méritent quand même plus qu'un coup d’œil.


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