mardi 2 mars 2021

GENESIS - Selling England By The Pound (1973) - par Pat Slade


Genesis n’est pas le plus ancien groupe de rock progressif, Pink Floyd apparait deux ans avant sa création, mais il fait partie, avec ces derniers et Jethro Tull du triumvirat qui ouvrira les portes à une nouvelle page dans le monde du rock.


Vendre l’Angleterre à la Livre ou au poids ??




Dans une précédente chronique, j’avais raconté mon tout premier concert de rock, celui de Genesis au Palais des Sports de Paris en juin 1977 ; mais comment le groupe du Surrey est-il entré dans mon univers ? Tout commencera avec l’achat de deux albums en 1976 «Genesis Live» de 1973 où je craquerais pour des titres comme «Watcher Of The Skies», «Musical Box» mais surtout sur «The Knife». Ce fût le début d’une histoire d’amour, mais avec mon second achat «Wind and Wuthering» l’amour deviendra de la passion. Et à partir de là, je commencerai à remplir ma discothèque des albums du groupe jusqu’à chercher le tout premier «From Genesis to Revelation» première édition de 1969 que je trouverais, mais malheureusement avec un prix qui ne rentrera pas dans mon budget.

«Selling England By The Pound» sort en novembre 1973, il est toujours à l’heure actuelle pour beaucoup de gens considéré comme le meilleur album de leur début de carrière (Avec «A Trick of the Tail» peut-être ?). Mais il y a toujours une bataille entre ceux de la période Peter Gabriel plutôt progressive et ceux de la période Phil Collins plus pop et à la voix plus feutré, et je ne parlerais même pas de la période Ray Wilson sur «Calling All Stations» en 1997. Il y aura plus tard la même guéguerre avec Marillion et les inconditionnels de Fish (Comme moi !) et ceux de Steve Hogarth (Pas comme moi !). Enfin Bref ! Nous sommes en 1973. Leur album live vient de sortir et leur précédent album studio «Foxtrot» a eu un beau succès des deux côtés de la Manche. Le gang de Peter Gabriel va ce consacré à son beau pays l’Angleterre. Un groupe de jeunes issu de la classe moyenne va comparer le passé glorieux de son pays au détriment de son présent. L’Angleterre se vend à la Livre ! Une pochette d’une peinture de Betty Swanwick représentant un homme allongé, endormi, sur un banc public à côté duquel se trouve une tondeuse à gazon, derrière lui, une allée de  parc avec des promeneurs habillés comme à l’époque victorienne. Peter Gabriel va endosser le rôle de Britannia, la personnification féminine de la Grande-Bretagne (Tout comme la Marianne en France) dans un pays rongé par le capitalisme.

 «Dancing With The Moonlit Knight» la chevalière désabusé et nostalgique qui voit son pays partir en sucette : «Can  you tell me where my country lies ?» (Peux-tu me dire où gît mon pays ?). Huit minutes de musique qui commence par un chant a capela et l’introduction de la douze cordes de Steve Hackett avec un magnifique thème musical aux arpèges délicats jusqu’à s’envoler sur un furieux thème rock ou Tony Banks rajoute avec ses claviers la crème qui fera tenir cette pièce montée, sans oublier Phil Collins qui ne se fait pas oublier, mais que je trouve un peu en retrait par rapport à ses potes. «I Know What I Like (In Your Wardrobe)» Peter Gabriel et ses textes fantasques s’inspire d’une peinture de Betty Swanwick (auteur de la pochette 1915-1989). D’après Gabriel, le garçon sur le banc s’appellerait Jacob et incarnerait l’attitude des anglais le dimanche, entre tondeuse à gazon et flemmardise. Un rythme enjoué coincé entre bruit étrange et sitar électrique joué par Steve Hackett. «Firth of Fifth» souvent cité parmi les plus beaux morceaux du groupe, déjà pour sa longue introduction au piano, son envol crescendo et sa partie calme avec son mélancolique solo de flûte, ses synthés flamboyants et son solo de guitare lyrique qui reprend celui de la flûte, 9 minutes 37 de bonheur.

«More Fool Me» Phil Collins prend la partie chant avec cette jolie ballade acoustique de Mike Rutherford où l’influence d’Anthony Phillips se fait encore sentir. «The Battle of Epping Forest» Le gros morceau de l’album avec ses presque 12 minutes et la tragicomique histoire d’une bataille rangée entre citadins des faubourgs dans une forêt de la banlieue londonienne et même une partie qui relate les premiers ébats sexuels d'un évêque. Le morceau aurait du être plus condensé, plus court, mais cela reste un bon titre. «After The Ordeal» Un instrumental de Steve Hackett qui avec «The Cinéma Show» dixit Tony Banks, ne devaient pas figurer sur l’album. «The Cinéma Show» un début de mélodie enchanteresse ou les guitares de Rutherford et de Banks s’entrecroisent et pour la première fois apparait le synthétiseur sur un de leur album. En live, c’est un titre incontournable, il est sur le live «Second Out» Les cinq concerts enregistré à Paris en 1977 mais ils ne l’ont jamais joué, (pour comprendre lire la chronique (clic)). Enchainement direct avec «Aisle of Plenty» qui reprend le thème du premier titre avec un couplet en plus qui rappel bien la nostalgie pour la vieille Angleterre.

«Selling England By The Pound» c’est de la musique médiéval-moderno-victorienne, un peu comme «Au-delà Du Délire» d’Ange en 1974. Un équilibre subtile dans les harmonies, un album majeur pour un groupe en parfaite cohésion, Genesis était alors en plein état de Grâce        




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