The Pretty Reckless est un quatuor américain sur lequel on a dès ses débuts braqué les projecteurs. Principalement (euphémisme) pour la jolie frimousse de Taylor Michel Momsen. Cette jeune fille qui a débuté très (trop ?) tôt dans le show business. Ce qui a été pris pour un caprice de jeune star - ou un coup de fatigue - s'est révélé comme un réel désir de se vouer à la musique. Et au contraire de la grande majorité, voire la totalité des stars adolescentes, Taylor n'a pas négocié son âme et cédé à un système de musique commerciale et consommable. Elle, au grand dam de son entourage, est morte pour le Rock'n'Roll. Enfin, en guise de Rock'n'Roll, ça carbure surtout aux grosses guitares saturées, sur-saturées même. La demoiselle navigue indifféremment du power-pop heavy juvénile (particulièrement sur son premier essai, où elle n'avait que seize ans (!) ), au grunge, au Heavy-metal, au Rock alternatif mode "puissant", du folk même, et parfois simplement au Hard-rock.
Il convient de préciser que jusqu'à présent, la demoiselle n'a pas spécialement besoin de ça pour vivre. Après, bien sûr, tout dépend du train de vie. Pour mémoire, après quelques publicités (la première à 3 ans), Taylor s'est faite remarquer pour la première fois sur grand écran, aux côtés de Jim Carrey dans "The Grinch", où, à seulement 7 ans, elle incarne la petite Cindy Lou qui va attendrir l'affreux Grinch. Elle échappe de peu, d'entrer chez Disney et d'enfiler la tenue d'Hannah Montana (ce qu'elle estimera plus tard avec le recul comme une chance). En 2007, elle a un rôle pour la série "Gossip Girl" dans laquelle elle demeure pendant quatre saisons. Jusqu'à l'été 2011, où elle décide d'abandonner sa carrière d'actrice pour se consacrer totalement à la musique. Egalement suivi plus tard par l'arrêt de sa carrière de mannequin débutée en 2008. Entre autres confidences au sujet d'une enfance perdue ou gâchée, Taylor raconte : "Personne ne souhaiterait travailler dès l'âge de deux ans, mais je n'ai pas eu le choix ; mes parents avaient signé pour moi un contrat. J'ai passé toute mon enfance sans amis, partagée entre école et travail. Je n'avais pas de vraie vie.". En dépit d'un certain avantage et d'une certaine notoriété qui a permis de jeter la lumière sur son groupe dès ses débuts, évitant ainsi une difficile période de galère, elle en garde une certaine amertume. La sensation d'avoir été exploitée comme un simple produit.
Quelques années plus tôt, elle avait déjà dû faire l'impasse sur la poursuite d'études supérieures qui, entre la télévision et son implication dans la musique, était vouée à l'échec.
Bref, arrive le premier album, "Light Me Up", qui, bien que prometteur, trahit néanmoins un manque évident de maturité. Taylor n'a alors que seize ans lors des sessions, et elle avait déjà écrit la majorité des chansons bien avant de monter ce groupe. Si a contrario la voix de Momsen paraît être déjà passée à l'âge adulte, l'orchestration, elle, paraît surfaite. Toutefois, cela ne l'empêche pas de faire une percée honorable, surtout au Royaume-Uni. Les vidéo-clips chiadés, et la présence d'une chanson, "Make Me Wanna Die", dans le blockbuster "Kick Ass" et dans la série "Vampire Diaries" (saison 2) ont contribués à cette première étape vers le succès. Le petit "scandale" - probablement orchestré - suscité par un clip restituant la Cène (selon Leonardo) mais en la couvrant d'une atmosphère de perdition et de débauche, ne manque pas de faire réagir des associations religieuses ; ce qui génère une publicité gracieuse.
Peu après la sortie du disque, le producteur Kato Khandwala (Papa Roach, My Chemical Romance, Blondie, We Are Harlot, Pop Evil) a conscience des faiblesses de ce premier jet et du groupe, d'autant que ce dernier n'est à l'origine que des copains venus donner un coup de main. Il présente donc à la jeune fille un de ses amis, le guitariste-compositeur Ben Phillips. Bien que de prime abord absolument réticent, Phillips consent à une rencontre pour faire plaisir à Kato, tout en étant persuadé qu'il perd son temps. Il y a visiblement une différence d'âge entre Phillips et la jeune chanteuse. Probablement qu'il devait considérer qu'il s'agissait d'un caprice de starlette en manque de nouvelle sensation (impression partagée par l'entourage de Taylor). Ben Phillips se dit aussi être un guitariste de Blues, ce qui aurait pu être un facteur d'incompatibilité. Cependant, si on a la curiosité de prêter une oreille à la succincte production du Ben Phillips Band (de 2000-2001), on découvre un Punk-rock édulcoré de Pop. Quant à son groupe le plus récent, "Famous", auteur d'un album en 2005, "All The Wicked", ça navigue dans les eaux tumultueuses des Velvet Revolver, Audioslave et Soundgarden. Justement, ça tombe bien, ces deux derniers sont parmi les groupes préférés de la demoiselle. Le Blues du sieur Phillips doit remonter à son apprentissage, à moins que l'on ne considère Soundgarden comme du Blues irradié (par des rayons Gamma).
Enfin, quoi qu'il en soit, c'est une surprise pour le musicien. Non seulement la starlette sait chanter, mais en plus elle a du coffre. Et même un brin de personnalité. En dépit de la différence d'âge, un lien de confiance et de respect se crée. L'entente est réciproque et Taylor préfère laisser son vieux matériel de côté pour en créer un nouveau avec Phillips. Ce dernier ramène ses potes, ceux de la formation "Famous" ; soit Mark Damon à la basse (ancien jazzman et tromboniste à ses heures) et Jamie Perkins à la batterie, et ainsi, depuis courant 2010, la formation reste inchangée. Preuve qu'il s'agit bien d'un groupe et non d'une formation de mercenaires diligentée par le management.
The Pretty Reckless accumule rapidement quelques hits et serait en conséquence le premier groupe mené par une femme à cumuler trois hits d'affilée à la première place des charts Rock. Toutefois, ce n'est vraiment qu'à partir de 2016 et de l'album "Who You Selling For" que son sens de l'écriture et de la composition s'épanouit réellement. Le groupe semble enfin avoir réussi à briser quelques chaînes, et ose fouler du pied - chaussé de talons de 17 cm et de semelles compensées - d'autres terres. Finalement, il aura tout de même fallu à la jeune Taylor et à son groupe quelques années pour se réaliser et trouver sa voie. Moins ébouriffé, vert et impatient, il fait fi du "sympathique prêt-à-consommer" et de l'anecdotique pour gagner en consistance. Le planant et sombre "The Devil's Back", "Prisoner", le sudiste "Back to the River" avec la guitare de Warren Haynes, "Take Me Down", "Who You Selling For", et surtout le monstrueux "Wild City" - sorte de "Papa Was a Rolling Stone" carburant aux stéroïdes - dégagent l'éclat scintillant de beaux bijoux. De plus, les textes de Taylor semblent toucher une jeunesse peu ou prou désabusée. Bien que fort bien accueilli par la presse (spécialisée ou non), les ventes sont moins flatteuses que précédemment.
Cependant, alors que le quatuor est en plein essor, s'affirmant sur scène comme un sérieux concurrent, des évènements vont temporairement le fragiliser et l'inciter à prendre du recul et du repos. Le premier est le décès d'une des idoles de Taylor, le chanteur Chris Cornell, alors que Pretty Reckless effectuait la première partie de la tournée de Soundgarden. Au début de l'année 2018, Jamie perd son frère. Puis, c'est l'accident mortel de moto de leur producteur, Kato Khandwala, quasiment le cinquième membre de la troupe, un ami. Ce n'est qu'en 2019 que le groupe se retrouve pour réaliser un nouvel album.
D'entrée, on met les points sur les "i" avec la chanson "Death by Rock'n'Roll". Profession de foi, énième ode au Rock'n'Roll. Taylor tient, au cas où la Mort la faucherait précocement, à ce que l'on se souvienne d'elle comme d'une musicienne-chanteuse de Rock et non plus d'une actrice. Notamment d'un rôle encombrant (sur quatre saisons) d'une série télé à succès. Le premier verset mentionne à cet effet le suicide de Jenny (Humphrey) notifiant ainsi le sujet clos et enterré. Cette chanson éponyme rue dans les brancards. La troupe était dans les starting-blocks et piaffait d'impatience de lâcher les watts. Un puissant Hard-rock un brin bluesy avec un son Heavy-metal. En fait, cette pièce doit énormément au "Evil" de Cactus, au point que l'on croirait entendre une reprise adaptée au goût du jour.
Un gros riff sabbathien pour "Only Love Can Save Me Now" qui n'a rien d'une romance. Kim Thayil et Matt Carmeron de Soundgarden sont d'ailleurs venus apporter leur science du Hard-rock / Stoner-grunge. Dommage que les refrains donnent dans le conventionnel, s'efforçant d'être fédérateurs et jeunes. D'un morceau pesant, écrasant, la troupe enclenche la cinquième et se pare de fer et de clous : "And So It Went" est tranchant et découpant comme la tronçonneuse de William Ashley. Tom Morello se joint au baroud et retrouve - en partie - la puissance de feu d'Audioslave. Certains passages évoquent l'Alice Cooper de "Brutal Planet" ; la chorale juvénile intervenant dans les derniers mouvements renforce l'affiliation. "25" aurait pu être une apaisante ballade - exsudant un parfum patent de B.O. de 007 -, mais elle développe une atmosphère funeste ; celle suivant l'affrontement où les corps violentés, brisés, sont unis dans une teinte de boue et de cendre. Juste conséquence après les trois précédentes pièces d'artillerie lourde. Pour mémoire, au sujet de cette sensation de cette "musique aux parfums de Bond", rappelons que Chris Cornell avait co-écrit et interprété "You Know My Name" pour "Casino Royale" (2006).
Après un modeste, martial et froid heavy-metal, "My Bones", qu'une partie galopante comme Uriah Heep (avec orgue de rigueur) ne parvient pas à réchauffer, c'est l'ouverture vers une Pop lyrique à la Coldplay, sympathique mais finalement creuse. "Le succès a montré quelque chose, en même temps rien. Je pensais que je l'avais mais il semble que je l'ai perdu". "Got So High" annonce une seconde partie plus mesurée, relativement plus lumineuse aussi, tournée vers un héritage musical remontant à quelques décennies en arrière. Une seconde partie peut-être plus intéressante, mais qui risque de ne pas être du goût du public le plus jeune, qui pourrait vraisemblablement la juger désuète.
Passé un étrange interlude, "Broomstick", échappé des cauchemars d'Alice Cooper, "Witches Burn", qui fait dans une forme de Hard-rock classique (deuxième vague, 76-82), n'a rien à voir avec l'imagerie fantasque déployée par un Dio, un Manilla Road ou un Sabbath. C'est un cri de colère envoyé à la face d'une ancestrale et liberticide société patriarcale qui, en dépit d'une lutte incessante, entretient encore sa mainmise. "Bienvenue dans le temps où les hommes sont des hommes et les femmes vendues... Après la nuit, ils ont toujours peur. Mais je sors la nuit, je ne m'excuserai pas. Il y a un prix que je paierai. Pour ça, je vais brûler... Mais je ferai ce que tu dis, j'apprends à obéir".
La formation ose une immersion dans le Folk avec "Standing at the Wall", dans l'intimité d'un sentiment de fragilité... enfin, jusqu'à ce que l'on envoie la grosse cavalerie, avec orchestre débordant de violons larmoyants et batterie maousse captée dans les canyons du Colorado. Cliché éculé de la ballade américaine à gros sabots, - plus proche de la variété que du Rock ou du Folk -, censée entraîner la larme à l'oeil. Sniff. Le revigorant "Turning Gold", saupoudré d'un filet d'orgue, bien que d'apparence assez classique, typé Heavy-rock mainstream, a le "hook" pour séduire les foules. Un truc pour faire remuer le public et gesticuler comme un ado dans sa bagnole.
Un nouvel hymne au Rock avec "Rock and Roll Heaven". cette fois-ci assez laid-back, croisement improbable entre les Stones et Bon Jovi. Chanson mélangeant références et clichés - étonnamment plutôt centrés sur les années 60 et 70 -, auxquels sont joints divers petits souvenirs de la chanteuse. Comme celui de la découverte marquante des Beatles et aussi celui de la collection des vinyles du paternel (l'héritage). Source d'émois fondateurs, à compléter avec les concerts auxquels elle assistait dès ses six ans (dont celui des White Stripes, à 7 ans, celui qui l'a convaincue définitivement de devenir chanteuse). Changement de registre pour clôturer ce chapitre avec "Harley Darling" qui aborde avec classe le Country-rock mainstream, bien que cette agréable et réussie road-song reste dans les clous.
The PRETTY RECKLESS ne cesse de faire preuve de progression et d'intérêt à chacun de ses albums. Ce dernier n'échappant pas à la règle, il se place actuellement comme la réalisation la plus intéressante. Sa seconde partie lui ouvre des perspectives qui ne sont pas ouvertes à tous. On remarque à ce sujet, que Taylor Monsem, tout comme le groupe, pourraient très bien faire dans le Country-rock. Une polyvalence qui s'est déjà manifesté sur le précédent disque - et qui n'a pas été du goût de tous -. Un savoureux brouet de Soundgarden, d'Halestorm, d'Audioslave, de Gathering, d'Alice Cooper (années 2000), d'Ayreon, de Danzig et d'Alter Bridge.
P.S. : En visionnant le clip de "And So Went It" (ci-dessous), les trois séquences distinctes qui s'entremêlent, semblent, volontairement ou non, refléter un aspect de trois chanteurs qui ont marqué un temps les écrans de télévisions américaines. Soit Madonna (pour qui elle a fait le mannequin pendant quelques années), Marylin Manson (avec qui elle a partagé la scène) et Janet Jackson (le clip "Scream" avec le frérot, en noir et blanc, avec les frusques en latex ou vinyl).
P.S. : Une rumeur cours dans les bureaux du Deblocnot : Claude aurait acheté le skeud en catimini ; non pas pour l'écouter, loin de là, mais pour le mini poster. Pour compléter sa collection.
🎶👄
Très chouette disque comme les américains savent les faire. L'album de Thunderpussy il y a deux ans, celui ci maintenant, entretiennent un genre qui fait toujours plaisir à entendre lorsqu'il est élevé à ce niveau. Et pour ce qui est du poster, dans la version vinyl la photo occupe l'intérieur de la pochette double et il faut bien reconnaître qu'il y a là un argument de vente fort séduisant )))
RépondreSupprimerMiss Momsen ne semble pas avoir de difficultés particulières à exposer - parfois - sa plastique pour attirer l'attention sur "son" groupe. Toutefois, par rapport aux Miley Cyrus, Rhianna et consorts, elle joue en seconde division (et pas dans les premières places).
SupprimerEt dire qu'en son temps, Pat Benatar fut accusée d'être aguicheuse. De même que plus tard, Lita Ford et Lee Aaron. Autre temps, autres mœurs ?
Il me semble que Thunderpussy, bien que moins médiatisé, joue dans la catégorie supérieure. Dommage que ces quatre filles restent dans l'ombre. Mais on comprend que leur patronyme doit piquer les oreilles des médias. :-)
SupprimerFigure toi que Lee Aaron avait posé nue dans un magazine américain (Oui) à ses débuts, évidemment en France on a été privé de cette partie de son talent.. Heureusement qu'internet existe !
SupprimerQuant à Pat Benatar, même en pull elle me fera toujours plus d'effet que Rhianna nue )))
Les Thunderpussy viennent de gagner le procès envers je ne sais pas trop quelle organisation américaine qui les empêchait d'utiliser leur nom à des fins commerciales en raison de sa soi-disant obscénité... On va enfin pouvoir porter des t.shirts féministes )))
Oui, "Oui", sous l'insistance de son manager qui voyait là un bon coup de pub. Une expérience qui la poursuivi et qu'elle regretta amèrement, car revenant bien trop souvent dans ses premières interviews (effectuées par des mâles fébriles et un rien misogynes). Un picture-disc du Lee Aaron Project récupéra même la couverture de la revue avec évidemment Lee en couverture.
SupprimerPersonnellement, cela m'a longtemps gonflé de lire tous ces articles mettant en avant les formes et les tenues de ces jolies demoiselles, au détriment de leurs qualités de musiciennes. Enfin, en avant, c'était surtout des reproches acerbes. A croire que nombre de journalistes et pigistes de la planète Rock était d'inquiétants pervers. Ou simplement des frustrés du... Parallèlement, ils ne s'offusquaient pas que des jeunes gars, torse nu (ou plus), miment un acte sexuel ou d'onanisme devant une foule constitué à 95% de mecs... Là, ils applaudissaient des deux mains, mais si une jolie donzelle osait montrer ses gambettes, ils étaient prêts à ériger un bûcher (c'est un peu exagéré, certes :-) ).
Cependant, j'ai aussi longtemps entendu des plaisanteries moqueuses envers le Bowie des années Glam.
Tiens, je ne connaissais pas cette histoire de procès (ou j'ai oublié). Bon, c'est l'Amérique aussi. Il fallait s'y attendre. Mais par contre, White Snake, ce n'est pas obscène. Surtout pas 10cc ou Pearl Jam... :-) Ni même le terme de Cock-rock, longtemps utilisé par la presse musicale anglo-saxonne.
RépondreSupprimerJe crois bien que j'ai flingué mon cd de Thunderpussy à force d'écoutes incessantes (du bureau à la salle de sport)
Benatar - Rhianna, y'a pas photo.