mardi 9 février 2021

VINCENT, FRANÇOIS, PAUL… ET LES AUTRES (1974) de Claude Sautet - par Pat Slade


Un classique du cinéma français, un classique de Claude Sautet avec une histoire classique.


Une histoire simple


Paul, Vincent, François
 «Vincent, François, Paul et les autres…» c’est l’histoire de trois amis quinquagénaires qui sont restés très jeunes dans leurs têtes malgré les problèmes pour gérer tant bien que mal l’évolution social de la sortie des trente glorieuses avec le premier choc pétrolier, l'avènement du giscardisme et surtout la redéfinition des rapports hommes-femmes. La vie d’un petit groupe d’amis que l’on pourrait définir comme des petits bourgeois de banlieue. Vincent (Yves Montand) un directeur d’entreprise qui va se retrouver en faillite, François (Michel Piccoli) Médecin bourgeois qui a trahi ses idéaux de jeunesse, Paul (Serge Reggiani) Ecrivain en panne d’inspiration, Jean (Gérard Depardieu) qui travaille avec Vincent, il représente la génération montante, la vitalité, la jeunesse, la force et la joie de vivre, tout ce que Vincent et les autres ont perdu. Même si le titre se situe du coté des hommes, les femmes restent primordiales dans cette histoire, elles jouent le rôle du miroir qui renvoie aux personnages masculins tour à tour leur lâcheté, leur bêtise, leur fragilité et leur violence. Lucie (Marie Dubois) la femme de François qui deviendra la maîtresse de Jacques (Umberto Orsini) un ami italien, Marie (Ludmila Mikaël) la petite amie de Vincent qui à pris la place de Catherine (Stéphane Audran) la femme de Vincent qui l’a quitté, Julia (Antonella Lualdi) la femme de Paul, celle qui reste la plus sage et garde la confiance de son mari et enfin Colette (Catherine Allégret) la petite amie de Jean.

Claude Sautet

Claude Sautet adapte un roman de Claude Néron «La Grande Marrade», une chose qu’il avait déjà faite avec «Max et les ferrailleurs» trois ans plus tôt. Une histoire de trois potes qui se retrouvent le week-end dans une maison de campagne pour discuter de tout et de rien, de la vie qui passe, de profiter du grand air. Les hommes bricolent ou jouent au ballon, les femmes s’occupent des enfants et de la cuisine. Les scènes à la campagne comme celles de la partie de foot révèlent quand même certaines rivalités masculines, comme l’action combinée entre Vincent et Paul qui amènera un but, François pestera «Regarde moi ces deux cons !».

C.Allégret, le gigot, M.Piccoli
Il ya la fameuse scène du gigot qui se conclut par le coup de gueule de François alors que ce dernier peut de temps avant avait asticoté Paul à propos du personnage de son roman resté en rade et ce dernier, plutôt idéaliste, se venge sur ses idéaux de jeunesse trahis. Pour l’anecdote, Claude Sautet était un tyran sur les plateaux de tournage et quand il fallut tourner cette scène, Michel Piccoli n’avait aucune envie de se mettre en colère, alors il eut l’idée d’imiter Claude Sautet dans ses fameuses saute d’humeur.

Le film tourne autour surtout du personnage de Vincent qui subit tous les aléas de la vie. Ce n’est pas une descente aux enfers pour lui mais plutôt un retour à la réalité de la vie. Est-ce le meilleur Sautet ? Non mais pas le plus mauvais non plus, certains préféreront «Max et les Ferrailleurs», «Mado», «César et Rosalie» ou «Un Mauvais Fils», mais on retrouvera comme toujours la scène de brasserie enfumée avec une multitude de personnages («Garçon !», «Max…», «César et Rosalie»), Il existe un style Sautet.

S.Audran, S.Reggiani 
Le quatuor des rôles principaux, Montant, Piccoli, Reggiani, Depardieu incarnent les différents tempéraments, même si les registres sont différents, quand l’un des personnages blesse un ami, il sera toujours là pour le réconforter en cas de besoin, on appelle cela l’amitié et la complicité. Il ne faut pas oublier Jean-Loup Dabadie pour le scénario et surtout la magnifique musique de Philippe Sarde (Il collaborera dix fois avec Sautet)

Entre les fragilités individuelles, la rudesse, les solitudes de chacun mais aussi beaucoup de tendresse «Vincent, François, Paul et les Autres…» est un film doux amer qu’on ne se lasse pas de revoir.    


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