mardi 19 janvier 2021

MARIE-JOSÉE NEUVILLE - La Collégienne de la Chanson - par Pat Slade



Si vous farfouillez dans les disques de vos parents, grands-parents voire même arrière grands-parents (C’est selon les générations), Je mettrais ma main au feu que si vous ne tombiez pas sur un 45 tour de Marie-Josée Neuville qui fît une belle carrière de la fin des années cinquante et pendant une partie des années soixante.



L’École est finie



«Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître» Les paroles de la chanson de Charles Aznavour sont en parfaite concordance avec la personnalité que je vais évoquer. Marie-Josée Neuville est une chanteuse oubliée qui chantait des chansons tombées dans l’oubli, et c’est bien dommage ! Née en 1938, elle voulait être danseuse, mais on la trouve trop grande... alors la chanson sera sa porte de sortie vers l'art et la culture. Peut-ête un clone de Georges Brassens en jupon, non pas quelle porte la moustache, mais le contenu de certains de ses textes prêteront à confusion. Elle compose elle-même ses chansons et elle s’accompagne à la guitare. En 1955 à l’âge de 17 ans face à huit cent concurrents, elle présente avec sa guitare et ses nattes (Pour l’anecdote, elle sortait de la piscine), sa première chanson «Une guitare, une vie» dans un concours d’amateurs la kermesse des étoiles et elle décroche le 1er prix. La kermesse aux étoiles était une grande kermesse annuelle organisée par les anciens combattants de la 2e DB du général Leclerc au bénéfice de leurs œuvres sociales. Parmi les anciens combattants, le présentateur Jean Nohain et Jean Gabin étaient toujours présents.

Après ce premier succès, elle signe chez Pathé-Marconi et devient «La Collégienne de la Chanson» on l’entend sur les ondes et son succès en font une vedette du jour au lendemain. Son premier 45 tour sort avec quatre titres dont «Une guitare, une vie» mais aussi «Johnny Boy» qui fera son petit bout de chemin. Marie-Josée Neuville aura l’obligation par Pathé-Marconi de porter des nattes en public jusqu'en 1958. 1956 sera une année chargée, elle chante à la Place de la République aux profits des étudiants, elle remporte un autre concours réservé aux auteurs-compositeurs de chansons, ce qui lui permettra de faire un premier passage à l’Olympia au mois de mars et un second en octobre. A son premier passage, elle chante quatre chansons dont l’une va provoquer une grande polémique (victor !). «Le Monsieur du Métro» Une chanson, au texte assez franc et au vocabulaire que Brassens n’aurait pas renié. La chanson parle du harcèlement dans un espace public et en parler à la fin des années cinquante était une chose plutôt osée. Marie-Josée Neuville raconte qu’elle s’est fait embêter et toucher dans le métro par un homme qui croit avoir le droit de l’importuner : «Un souffle puissant d'asthmatique. Et malodorant par surcroît. M'obligeait à une gymnastique. Pour m'éloigner du maladroit. À me voir frétiller de la sorte. Une dame en courroux s'écria. "Pour la bagatelle de la porte. Elles sont championnes à cet âge-là» La réponse ne ce fait pas attendre, le comité d’écoute (Le CSA de l’époque) censure et interdit la chanson de diffusion radiophonique. Avec ce titre, sa photo apparaitra dans tous les journaux, elle fera même la une de Paris Match. Marie-Josée se produira au théâtre de Bobino dans le programme de Charles Aznavour en 1957. Elle sort son deuxième simple avec «Le Monsieur du Métro» mais aussi «Nativité» qui lui aussi sera interdit sur les ondes par le même comité d’écoute, ce qui n’empêchera pas le disque d’avoir un immense succès.

En 1958 à l’âge de vingt ans, elle est libérée de son contrat avec Pathé-Marconi, elle commencera à donner des concerts à l’étranger. La nouvelle Marie–Josée Neuville affiche un nouveau look, : maquillage, talons hauts et plus de natte. Elle assure la première partie des Platters dans une tournée au Maroc et trois semaines à l’Olympia. A cette époque les Platters sont au sommet de leurs gloires et la salle de Bruno Coquatrix verra plusieurs grandes stars s’assoir sur les fauteuils de velours rouge, BB, Gina Lollobrigida et même Marylin Monroe. Marie-Josée ne changera pas son répertoire, je tenais à préciser que l’orchestre était dirigé par Quincy Jones. Retour en 1961 avec un nouvel album et elle épouse Gérard Herzog alpiniste, écrivain, cinéaste et frère de Maurice Herzog.

Les années 60 seront prolifique mais pas que dans la chanson. Entre une tournée au Canada et au Gabon avec un gala devant 20.000 spectateurs, elle va devenir animatrice radio et télévision, elle participe à «Le Magasine des Animaux» de François de la Grange, elle jouera dans un feuilleton radiophonique sur Europe n°1. En 1967 sous la direction de son mari, elle joue dans le film «La Grande Crevasse» d’après Frison-Roche. En 1969, elle est l’héroïne d’une série télévisée. Un nouveau film avec son mari en 1972 «Ossicum 12». En 1979 elle écrit un roman «La Source Perdue». A l’occasion de la parution de son livre, Pathé-Marconi produit un album de ses principaux succès. En 1980 elle tourne dans «La voie Jackson» toujours de Gérard Herzog avec Samy Frey et Guy Marchand. La même année, elle enregistre onze nouvelle chansons qui ne seront publiées quand 1998 «Couleur Sépia». En 2011 l’intégrale de 1956 à 1962 est rééditée en coffret.


A 82 ans, la collégienne a rangée sa guitare et profite d’une retraite bien méritée.      

 




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