mardi 22 décembre 2020

RENE PETILLON (1945-2018) - Un Breton dans la BD par Pat Slade



Pétillon a disparu en 2018. Il était le père de Jack Palmer, personnage récurent de la bande dessinée.




De la revue Planète à L’Écho des Savanes 



Les lecteurs de «L’Écho des Savanes» se souviennent surement de Pétillon avec ses histoires et ses personnages abracadabrants. Ce breton du Nord-Finistère est né en 1945 et ses parents tiennent une boulangerie. Autodidacte, à l’inverse de beaucoup de ses collègues, il ne fréquentera pas une école d’art. Après avoir envoyé des dessins par la poste, il commencera à dessiner en 1968 pour les revues Planète et Plexus toutes les deux dirigés par Louis Pauwels et pour «L’Enragé» le journal satirique considéré comme d'inspiration anarchiste fondé au début de mai 1968. Comme le dessin d’humour ne nourrit pas son homme, il se lance la BD et il ira frapper à la porte de «Pilote» où il publiera aussitôt un récit de six pages «Voir Naples et Mourir». L’humour de Pétillon se place entre les Marx Brothers et la revue «Mad», un humour ou l’absurde et la loufoquerie sont légion. Un trait minutieux (Qui se dégradera avec le temps) très chargé en encre de chine. En plus de ses références humoristiques, il ajoutera du Humphrey Bogart (Philip Marlowe) dans «Le grand sommeil» pour créer son personnage du détective Jack Palmer qui entrera par la grande porte du journal «Pilote» en 1974. Je découvrirai le monde de Pétillon dans un album de 1977 «Mister Palmer et le Docteur Supermarketstein». 

Mais en parallèle des aventures du détective, il imagine un autre personnage qui fera son chemin : «Le Baron Noir» une bande dessinée d’Yves Got que Pétillon va scénariser. Une satyre de l'actualité sociale et politique de l'époque mettant en scène des moutons avec leur prédateur : Le Baron Noir, un aigle. Un BD qui n’est pas sans rappeler «Le Génie des Alpages» de F’murr. Dix volumes entre 1976 et 2010 qui obtiendront le Prix de la meilleure œuvre comique française au Festival d’Angoulême en 1977

Tout en continuant à sortir des albums, il aborde le dessin de presse, d'abord par une planche d'actualité dans l'hebdomadaire «VSD», puis au «Canard enchaîné». Il sera le lauréat du grand prix de la ville d’Angoulême en 1989 et du Grand Prix de l'humour vache 2002.

Jack Palmer, un personnage de papier qui prendra vie sur le grand et le petit écran. En 2000 sort «L’Enquête Corse» Un portrait peut reluisant de la société Corse et de son anti-héros complètement dépassé par les évènements. Pétillon ne participera pas à l’adaptation cinématographique. Le personnage de Jack Palmer joué par Christian Clavier, à l’esprit aussi fin qu’un repas de noël préparé dans une cantine scolaire, a la langue bien pendue et qui semble jouir d’une certaine aisance matérielle à la différence de son personnage de papier qui est constamment fauché, vit dans une chambre de bonne sous les toits, trimbale ses affaires dans un sac Tati, ne parle pratiquement jamais et se contente d'être le spectateur d'un univers absurde qui le dépasse complètement. 

On apprendra le véritable nom de Jack Palmer : Rémi François dans un album de 1982 «Les Disparus d’Apostrophes». En résumé, «L’enquête Corse» c’est l’histoire d’un autiste qui rencontre un peuple sourd, muet et aveugle. L’histoire remportera l’Alph-Art du meilleur album français du festival d’Angoulême en 2001.


René Pétillon c’est six albums du Baron noir, dix neuf de Jack Palmer et trente cinq autres divers albums. Le crabe a eu raison de lui en 2018, Jack Palmer relira deux albums de son papa : «Les carottes sont cuites» et «Enquête au Paradis»




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