jeudi 19 novembre 2020

BEETHOVEN – MISSA SOLEMNIS (1824) – Otto KLEMPERER (Live 1957) - par Claude Toon

- Allo Claude, en confinement de nouveau… Pas idiot ton papier sur une messe, si Dieu pouvait revoir sa copie pour une fois
       - Enfin Sonia, pas de blasphème, ce billet est prévu depuis des années, du beau du grand, du très grand Beethoven…
- Un disque de 1957, pas terrible le son et ça tousse, un live culte à tous les coups, pourquoi ce choix ?
       - Une vision bouillonnante et des chanteurs d'exception, et oui le son n'est pas top pour cette époque de la stéréo déjà maîtrisée.
- Je vois qu'il existe un autre must en stéréo de papi Klemperer également de référence chez EMI avec un son meilleur…
       - Oui, mais Schwarzkopf, Merrinam, Rehfuß, le ténor moins connu József Simándy et le chef allemand étaient vraiment touchés par la grâce divine ce soir-là…
- Rien que cela, hihi…


Beethoven 1824

À propos de sa Missa Solemnis (Messe solennelle, mais vous l'aurez déjà traduit), Beethoven parlait de "sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage" ! Le compositeur travaillera sur ce monument religieux à la fin de sa vie entre 1818 et 1823, date de la création. Œuvre tardive - le maître mourra en 1827 - et inattendue chez Ludwig, croyant peu investi dans la religiosité dogmatique ; un euphémisme. Un ouvrage testamentaire de près d'1H30 ; la synthèse du travail d'une vie pour le fondateur officiel du romantisme musical. On peut s'interroger sur ce projet du compositeur qui s'illustrera pour l'éternité dans trois formes en particulier : les 32 sonates pour piano, les 9 symphonies et les 17 quatuors, trois cycles parmi les plus emblématiques des genres ?

 

Petit retour vers l'époque baroque, l'âge d'or de la musique religieuse, désolé, c'est un peu encyclopédique, mais tellement démonstratif de l'influence des compositions de période en période…

1749 : un an avant sa mort, Bach achève La Messe en Si, autre chef d'œuvre très ambitieux de l'office catholique (l'ordinaire) mis en musique. Un patchwork de pièces plus ou moins "parodiés" à partir d'extraits des centaines de cantates et grands oratorios destinés aux liturgies protestantes. Une remarque s'impose : Bach apparaît dans l'histoire de la musique comme le dernier compositeur privilégiant le sacré par rapport au profane (malgré l'abondance des concertos divers, pièces pour clavecins, recherches contrapunctiques comme l'art de la fugue ou le Clavier bien tempéré). Logique pour un musicien travaillant pour les princes de l'Église ou des nobles très pieux.    
Il est essentiel de rappeler que son contemporain Haendel, anglican de par son choix de vivre en Angleterre, offrira de nombreux oratorios de grande classe, citons l'incontournable "Messie", ou, assez prisés aussi des mélomanes : SolomonIsraël en Egypte, etc…


Edition Schott de 1827

Et très curieusement dans le demi-siècle qui suit, dit époque classique, les têtes d'affiches qui succèdent au Cantor ne semblent pas se passionner pour l'art religieux ; n'oublions pas que le siècle des lumières n'est guère calotin et que Mozart ou Haydn seront proches de la Franc-Maçonnerie qui prend son essor. Pour Mozart, seuls le Requiem et la messe en Ut "K 427" (inachevée car sans l'agnus Dei) méritent que l'on s'y attarde… Il existe une petite dizaine de messes brèves écrites à la va vite et, de simples curiosité pour les aficionados de Wofgang Amadeus (j'avoue avoir les gravures mais ne les avoir écoutées qu'une fois…). Même situation dans le catalogue de Haydn plus riche, quatorze messes dont seules les six dernières (portant un titre : "Nelsonmesse", "Theresienmesse", etc.) sont à retenir car, de composition tardive, là encore le vieux Joseph fait montre d'une habileté créatrice qui déjoue l'ennui lors de l'écoute. (En passant je recommande l'intégrale parue chez Chandos de David Hickocx.)

 

Et nous voilà au début du XIXème siècle, aux portes du romantisme. Comme toujours, j'attribue à Beethoven la pose de la première pierre de ce courant littéraire et artistique, qui va durer tout le siècle, lors de la création en 1803 de la symphonie N° 3 Héroïque. Quant à la musique religieuse, Beethoven n'en a guère cure. Son répertoire sacré avant 1823 pourrait le laisser supposer. Composé vers 1802 pour une création en 1811, le soporifique petit oratorio Le Christ au Mont des Oliviers fleure bon la commande tout comme sa première messe en ut de 1807 qui ne bouleverse pas l'histoire de la musique spirituelle ; elle est assez proche stylistiquement de celles de Haydn.      
Le XIXème siècle sera celui de l'opéra, de Verdi à Wagner en passant par Berlioz et bien d'autres, de la musique chambriste et symphonique, Brahms et Schuman. Certes une 3ème messe de Bruckner et les deux dernières messes de Schubert s'imposent comme des réussites… Mendelssohn composera deux oratorios et sauvera de l'oubli les chefs-d'œuvre de Bach. Bref, qu'arrive-t-il à Beethoven pour esquisser en 1818 une messe gigantesque qui sera l'ouvrage de sa vie à en croire son auteur et un ouvrage essentiel du genre ? Elle ne sera jamais jouée en entier du vivant de Beethoven !

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Depuis 1812, date de la création des 7ème et 8ème symphonies, Beethoven connaît les heures les plus noires de sa vie : la surdité est définitive, la mort de son frère et confident Karl en 1815 (Karl reçut en 1802, tout comme son autre frère Johann le testament d'Heiligenstadt, lettre aux accents suicidaires d'un compositeur confronté à la perte progressive de l'audition). S'ajoute le dénuement chronique, Beethoven refusant toute dépendance envers un "protecteur" comme il était d'usage du temps de Mozart et de Haydn et une santé dégradée. Alcoolique notoire, Beethoven souffre de cirrhose, et sans doute aussi de tuberculose notamment dans les années 1816-17, en témoignent des pneumonies à répétition. Ajoutons le saturnisme, intoxication au plomb fréquent chez les poivrots de l'époque, fussent-ils des génies. (Un facteur aggravant les troubles auditifs, le vin était sucré à l'acétate de plomb…) Public et interprètes se détournent de ses œuvres avant-gardistes et très difficiles à exécuter, techniquement parlant, surtout pour les pianistes… En un mot, ce n'est pas la joie, plutôt une période dépressive voire de nouveau suicidaire… Des années peu fécondes sur le plan artistique pour Beethoven luttant contre le mal être moral et physique, englué dans des procès sordides avec sa belle-sœur veuve de Karl et, encore pire, la Vienne musicale qui le boude, un public frivole qui lui préfère Rossini et feu Mozart et leurs opéras-bouffes, remarquables certes, mais… Quelques rares œuvres pour musique de chambre géniales comme les sonates pour piano-violoncelle 3 & 4 marquent néanmoins ce passage à vide.


Archiduc Rodolphe D'autriche (1788-1831)

En 1817, Beethoven émerge enfin de sa neurasthénie, utilise faute de mieux des carnets de conversation, et une baguette entre les dents et le piano pour percevoir les vibrations… Et puis, il se fiche des critiques, retrouve sa liberté de novateur. Il compose une sonate de trois quart d'heure, d'une exigence virtuose inouïe et d'une modernité d'écriture sans pareille. On aura reconnu la sonate n°28 dite "Hammerklavier" commentée dans ces pages… On se gausse de la partition injouable mais consciemment ou pas, Beethoven vient de décider pour l'avenir ! Un brin de misanthropie qui le conduit à renouer avec la foi chrétienne, ô plus dans le sens spiritualité que dogmatique. L'idée de composer une grande messe germe dans son esprit… Son ami et élève l'archiduc Rodolphe doit être intronisé Archevêque d’Olmütz six mois plus tard. Beethoven veut lui dédicacer cette messe. Rodolphe s'en passera, car pris de passion par un projet fou, Beethoven va travailler cinq ans sur la Missa Solemnis

Je feuillette ma bible de chevet sur Ludwig van de Brigitte et Jean Massin. Beethoven écrit les cinq parties de la messe dans l'ordre : Kyrie (1818-19), Gloria (1819), Credo (1820), Sanctus-Benedictus (1821) et Agnus Dei (1821-1822). Comme pour la "Hammerklavier", la complexité et l'inventivité sortent du commun. Beethoven aurait analysé la Messe en Si de Bach, la démesure de la partition en témoigne. La densité inventive de la composition rend l'écoute difficile. Même le grand Furtwängler ne la jouait que rarement, avouant avoir du mal à comprendre les intentions mystiques de l'œuvre dans leur globalité. Trop rapide, trop lente, mal chantée ou encore l'impasse sur la subtile orchestration et c'est l'ennui assuré.

Beethoven aurait souhaité une création dans la foulée. L'ouvrage, promis à plusieurs cours d'Europe en souscription ne rapporte pratiquement rien financièrement à l'auteur. Une première aura lieu néanmoins à Saint Pétersbourg le 18 avril 1824. Déception à Vienne où, en mai, seules les trois premières parties seront interprétées en tant que trois Hymnes, sans grand succès !? Sous le gouvernement de Metternich, la censure interdisait la représentation d'une messe dans un concert public. Débile ! Heureusement, dès la dernière note de la Missa Solemnis couchée, Beethoven s'attelai à terminer la 9ème symphonie commencée en 1822 qui, par sa durée et son chœur final de vingt minutes, prolonge son travail sur la symbiose entre les univers symphoniques et lyriques. La 9ème symphonie est créée lors du même concert avec les débuts de la messe ; Et là, c'est un triomphe… La messe est imprimée par Schott peu de temps après la mort de Beethoven en 1827. La première a lieu en 1830.

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Otto Klemperer en 1957

Friand de Beethoven dès l'adolescence, la Missa Solemnis n'était pourtant pas "mon œuvre" pour l'île déserte. Je l'avais découverte avec la version 2 sur 4 en studio de Karajan à Berlin et pour DG avec la voix séraphique de Gundula Janowitz. Puis je tentais l'approche "authentique" de John Eliot Gardiner, la première de ses deux productions, celle de 1989 chez Arkiv, avec The Monteverdi Choir et The English Baroque Soloists. Fougueuse, mais des chanteurs un peu timides à mon goût, un violon anémique dans le benedictus… Un petit regain d'enthousiasme vint à l'écoute des grands chanteurs d'oratorio réunis en 1965 par Otto Klemperer qui œuvrait chez EMI avec le Philharmonia : Söderström, Höffgen, Kmentt, Talvela ; n'en jetez plus… vraiment "solemnis" mais un peu austère.

Les années "blog" (2010') venues, je me devais d'explorer ce que Ludwig estimait comme sa plus "grande œuvre…". Pas facile d'encenser ardemment une musique qui n'éveille pas la passion, même si ce sentiment est marginal. En écoutant une émission de 2014 en Replay de France Musique "la tribune des critiques de disque", une interprétation de 1957 a enfin fait voler en éclats ma relative indifférence !

Pour ceux qui ne connaissent pas, "la tribune des critiques de disque" est née pendant la Guerre à Casablanca* sous le titre "Une œuvre, deux interprétations" ; nous sommes à l'époque du 78 tours. Une idée du musicologue et grand cinéphile Armand Panigel (1920-1995). En 1946, l'émission prend ses quartiers à la RTF puis sur France Musique. Divers autres animateurs succéderont à Panigel qui quitte l'émission en 1983. Le principe ne change guère depuis 75 ans : un quatuor de musicologues écoutent en aveugle six interprétations d'une même œuvre pour établir un palmarès qui bien entendu pourrait paraître subjectif, mais pas tant que cela, car nos protagonistes ont souvent des avis qui divergent. Principe Snob ? Non, juste un peu à l'époque où le pittoresque Antoine Goléa, le laquais du sérialiste intégriste René Leibowitz, dénigrait avec une mauvaise foi confondante "ce qu'il n'aimait pas", des baroqueux à Sibelius. Très pédagogique, l'émission démontre la difficulté pour les artistes de travailler une partition dans le but de combler les mélomanes. Rien de didactique, au contraire, des plaisanteries, et parfois une petit larme quand un virtuose de légende déçoit… 


Elisabeth Schwarzkopf & Nam Merrinam

Jérémie Rousseau propose six versions récentes… Tu parles J ! Le premier extrait du Kyrie fleure bon l'acidité de la mono. Très drôle la blague… Pourtant quelle clarté, l'éclat des trompettes, le soyeux des cordes ; certes un chœur immense mais d'où surgit le "kyrie" entonné par le ténor puis la soprano et enfin la mezzo. Ô on tressaille… Madame Schwarzkopf serait-elle de la partie avec son aigu diabolique ? Christa Ludwig serait la mezzo, non c'est aussi prenant mais plus timbré alto… Pour le ténor, aucune prédiction… On verra bien… D'emblée, les quatre critiques en studio et votre rédacteur sont bluffés… Qui, quoi, quand ?

L'émission est toujours en ligne sur le site France Musique (Clic)

Cinq autres extraits (début du Kyrie) proposés par la discographie concurrente subissent la même écoute inquisitoriale ; certaines ont des qualités, d'autres sont à oublier (Herbert Blomstedt à Leipzig est insipide, on n'ose y croire, triste). On élimine, on écoute d'autres passages et toujours ce disque ancien et anonyme (un live car ça toussote) s'impose. Mystère complet et enfin la réponse : un concert au Concertgbouw d'Amsterdam donné en 1957 sous la baguette hallucinée et exaltée d'Otto Klemperer. Une bande de radio remastérisé avec soin par le label ARCHIPEL. Son clair hélas un peu dur, instruments en place bien étagés, chœur certes imposant et un peu brouillon mais quelle ligne de chant…

Cette semaine, pas d'analyse détaillée (cette fois c'est vrai), juste un retour sur les artistes au faîte de leur art et quelques notes sur les passages qui m'ont enfin entraîné vers les sphères célestes J.

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Heinz Rehfuß & József Simándy

Dieu quelle lyrisme dans cette conception d'Otto Klemperer. On craint toujours un climat morose dans une messe d'une telle ambition, aussi vaste. Là il y a la spiritualité, la prière et la supplication mais sans épanchement et, surtout, l'allégresse. Nous sommes plus près de l'ode à la joie de la 9ème symphonie que de l'élan sulpicien en majesté de la messe en fa de Bruckner. Comme insisteront avec raisons les quatre commentateurs, ça chante tout le temps, l'articulation de la mélodie joue l'alacrité. L'orchestre bien que disposant d'un effectif caractéristique de l'époque ne sonne pas "bourrin" sous la battue du vieux maître germanique.

(Pour info : 2/2/2/2, 1 contrebasson, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales, les cordes et un orgue si possible. Une composition "romantique" qui n'évoluera quasiment pas pendant le XIXème siècle hormis chez Wagner.)

Beethoven recourt au texte doctrinaire catholique en cinq parties. Chaque partie étant elle-même scindée en section, de 3 à 8. Très admiratif de la messe en si de Bach, les sections s'enchaînent avec soit des ruptures de tonalité soit de rythme. Le Ré majeur s'impose. Chez Bach, se succèdent des chœurs seuls, des solos (basse ou ténor) ou encore des duos (Soprano et Contralto dans le Christie). Beethoven ne sépare presque jamais ses quatre chanteurs. Il propose au contraire des airs pour quatuor lyrique soutenu par le Chœur présent dans tous les morceaux. Tournant ainsi le dos au style oratorio avec ses arias, récitatifs, chorals, etc. cher à Bach et Haendel.

- Ouiiiii Sonia, la basse ne chante pas dans le Kyrie I histoire de me contredire… (Sonia épluche la partition de la page 5 à la page 10, on aura tout vu.)

À propos des solistes :

Confirmation : La soprano Elisabeth Schwarzkopf est bien présente. Schwarzkopf, la diva concurrente de la Callas. Née en 1915, cette chanteuse germanique d'exception par la justesse de sa voix, ses suraiguës inouïes n'a jamais fait la une du blog sauf dans des discographies alternative. Une faute à réparer. Elle commence tôt une belle carrière dans l'Allemagne Nazie. Elle a 18 ans quand Hitler prend le pouvoir et sera fascinée comme bien des jeunes par le magnétisme des caciques du parti comme Hans Frank ou Goebbels. Soyons juste, son talent l'imposera plus que ses choix politiques très fréquents à l'époque. Et cela d'autant plus que son répertoire est très classique et apprécié du régime : Mozart, Rossini, et surtout Richard Strauss dont elle sera l'une des interprètes de référence. Par ailleurs, pendant les années de 1942 à 44, la tuberculose met un frein à sa carrière. Sa complicité avec Karl Böhm et Wilhelm Furtwängler lui est profitable. La paix revenue, sa voix d'archange fera les beaux jours des scènes d'opéra (Mozart, Johann et Richard Strauss), et son mariage avec Walter Legge, fondateur du Philharmonia, orchestre de studio destiné à servir l'industrie moderne du microsillon est une aubaine pour l'histoire du disque. En vrac, que du génial : R. Strauss, quatre dernier Lieder (avec Ackermann en 1953, et Szell en 1966), Le Chevalier à la rose fabuleux avec Karajan en 1956, les symphonies de Mahler 2, 4, et la Passion Selon St Matthieu de Bach avec Klemperer, etc. Voir la belle discographie sur Wikipédia…


Amsterdam, 55 ans plus tard – La Missa Solemnis par Nikolaus Harnoncourt

Originaire de Los Angeles, la mezzo Nam Merrinam (1920-2012) étudie le chant avec notamment Lotte Lehmann, la diva du début du XXème siècle qui avait fui le nazisme. Merrinam sera une des chanteuses favorites d'Arturo Toscanini ; à ce sujet les veilles cires gravées avec l'impétueux maestro moustachu ont été rééditées… Son art a beaucoup servi le chant italien de Mozart à Verdi. J''avais mentionné cette artiste dans l'article consacré au Chant de la Terre de Mahler… Dans les années 60-70, le label DG charge Rafael Kubelik de réaliser la première intégrale des symphonies de Mahler, tâche concurrente de celle de Haitink à Amsterdam et de Bernstein à New-York. Ces deux chefs complèteront le cycle avec leur vision du Chant de Terre. La firme de Hambourg, au contraire confie l'enregistrement à Eugen Jochum, grand chef peu familier de Mahler. C'est une réussite totale grâce à la voix chaude de Nam Merrinam. Le disque toujours disponible se situe dans la seconde rangée des réussites, après Ferrier-Walter et Ludwig-Klemperer ; à côté de Maureen-Forester-Reiner.

Poursuivons avec le ténor hongrois József Simándy peu connu dans nos contrées (1916-1997). Grand, blond, beau mec, il se distinguera principalement sur les scènes européennes ; un Lohengrin qui a vraiment le physique du preux chevalier jusqu'à la caricature… Un ténor à la voix vaillante incarnant des personnages virils comme Otello, Florestan, Tamino… Un grand serviteur de l'art lyrique de son pays dont témoigne une discographie impressionnante chez le label national Hungaroton, mal distribué en France… (Documentaire et extraits des années 50-60, kitchissime, mais quelle voix. Wagner chanté en hongrois J)

Terminons cette présentation des solistes par le baryton-basse Heinz Rehfuss (1917-1988) d'origine allemande mais naturalisé américain. Rehfuss possédait un registre velouté a contrario d'une voix de prophète. Ses grands rôles : Golaud, Boris Godounov, Don Giovanni. C'est dans le lied et les oratorios que le chanteur a laissé une trace non négligeable. À ce propos l'enregistrement du cycle des Knaben Wunderhorn de Mahler (alternance contralto-baryton) où il donne la réplique à Maureen Forrester (Le chant de la terrre culte avec Reiner) reste un modèle du genre. Le disque Vanguard de 1963 avec Felix Prohaska n'a jamais quitté le catalogue.

Un quatuor lyrique de rêve qu'il deviendrait difficile de réunir de nos jours à ce niveau de qualité. Pour Klemperer, souvent présent dans le blog, voir l'index .

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Cette messe présente une curiosité : le sanctus-benedictus et l'agnus dei affichent une durée exceptionnelle d'un grand quart d'heure, autant que le gloria et le credo. Le sanctus donne une place prépondérante aux solistes, le chœur se faisant discret, serein. On retrouve ce travail très particulier entre les lignes de chant, ces voix qui s'entrecroisent, une fraternité vocale. L'introduction du texte n'est que douceur et respect, la reprise lancée par la soprano est jubilatoire. Un passage caractéristique du style lyrique rappelant le célèbre quatuor de Fidelio.

Plus étrange encore dans le benedictus, suivant quelques mesures instrumentales aux cordes, les voix cèdent la place à un violon solo, un voyage astral dans l'extrême aigu qui a du déconcerter (affoler ?) le premier violon de l'époque par sa virtuosité exigeante. Les voix mâles du chœur accompagnent ce violon. Pourquoi ce mini concerto ? Mystère insondable pour ce passage toujours intimiste dans la messe avant la reprise du sanctus, mais à ce point. Encore un moment dans lequel l'équilibre et la ferveur des quatre solistes n'a guère de concurrence. (Merci Mmes Schwarzkopf et Merrinam.)

On appréciera aussi la folie du Dona nobis pacem, Beethoven ne prie plus, il exige qu'enfin la paix soit !!! Colérique le Ludwig.

 

Le tableau est suivi de trois propositions de versions modernes qui ne déçoivent pas : La première version de John Eliot Gardiner pour instruments d'époque, élégante malgré des chanteurs nettement moins engagés (Arkiv 5/6). Des quatre gravures Karajan, celles pour EMI en stéréo est la plus réussie, là encore grâce à un quatuor d'exception ; Le chef autrichien avait de toute évidence une affinité pour cette œuvre (EMI – 6/6). Et enfin Philippe Herreweghe propose une vision très humaine, sans effet cataclysmique (φ – 5/6). Ces trois disques possèdent une qualité technique très au-dessus du live de 1957, on s'en doute. Celle de Karajan est à écouter dans la seconde vidéo. 


 

I. Kyrie

 

Partition 

 

1-Kyrie eleison

Assai sostenuto

Ré majeur

[0:00]

 

2-Christe eleison

Andante assai ben marcato

Fa dièse mineur

[3:40] *

 

3-Kyrie eleison

Tempo I

Ré majeur

[5:22]

 

II. Gloria

 

 

 

 

1-Gloria in excelsis

Allegro vivace

Ré majeur

[9:37]

 

2-Gratias agimus tibi

Meno Allegro

Ré mineur

[12:20] 

 

3-Domine Deus

Allegro vivace

Si bémol majeur

[13:54]

 

4-Qui tollis

Larghetto

Ré mineur

[14:37] 

 

5-Quoniam

Allegro maestoso

La majeur

[20:05]

 

6-In Gloria Dei Patris

Allegro, ma non troppo e ben marcato

Ré majeur

[21:13]

 

7-Amen

Poco più allegro

Ré majeur

[24:32]

 

8-Gloria in excelsis Deo

Presto

Ré majeur

[25:58]

 

III. Credo

 

 

 

 

1-Credo

Allegro ma non troppo

Si bémol majeur

[26:42]

 

2-Et incarnatus est

Adagio

Ré mineur

[31:28]

 

3-Crucifixus

Adagio espressivo

Ré mineur

[32:56]*

 

4-Et resurrexit

Allegro molto

Fa majeur

[35:55]

 

5-Credo in spiritum sanctum

Allegro ma non troppo

Ré mineur

[37:21]

 

6-Et vitam venturi seculi

Allegretto ma non troppo

Si bémol majeur

[38:46]

 

7-Amen

Grave

Si bémol majeur

[43:22]*

 

IV. Sanctus

 


 

Sanctus

Adagio

Ré majeur

[45:43]

 

Pleni sunt cœli

Allegro pesante

Ré majeur

[48:28]

 

Osana

Presto

Ré majeur

[49:29]

 

Benedictus

Andante molto cantabile e non troppo mosso

Sol majeur

[49:37]

 

V. Agnus Dei

 

 

 

 

Agnus Dei

Adagio

Si mineur

[1:02:25]

 

Dona nobis pacem

Allegretto vivace

Ré majeur

[1:07:40]



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