- Allo Claude, en confinement de nouveau… Pas idiot ton papier sur une
messe, si Dieu pouvait revoir sa copie pour une fois…
- Enfin Sonia, pas de blasphème, ce
billet est prévu depuis des années, du beau du grand, du très grand
Beethoven…
- Un disque de 1957, pas terrible le son et ça tousse, un live culte à
tous les coups, pourquoi ce choix ?
- Une vision bouillonnante et des
chanteurs d'exception, et oui le son n'est pas top pour cette époque de la
stéréo déjà maîtrisée.
- Je vois qu'il existe un autre must en stéréo de papi Klemperer également
de référence chez EMI avec un son meilleur…
- Oui, mais Schwarzkopf, Merrinam,
Rehfuß, le ténor moins connu József Simándy et le chef allemand étaient
vraiment touchés par la grâce divine ce soir-là…
- Rien que cela, hihi…
Beethoven 1824 |
À propos de sa Missa Solemnis (Messe solennelle, mais vous l'aurez déjà traduit), Beethoven parlait de "sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage" ! Le compositeur travaillera sur ce monument religieux à la fin de sa vie
entre 1818 et 1823, date de la création. Œuvre
tardive - le maître mourra en 1827 - et inattendue
chez Ludwig, croyant peu investi dans la religiosité dogmatique ; un euphémisme. Un
ouvrage testamentaire de près d'1H30 ; la synthèse du travail d'une vie pour
le fondateur officiel du romantisme musical. On peut s'interroger sur ce
projet du compositeur qui s'illustrera pour l'éternité dans trois formes en
particulier : les 32 sonates pour piano, les 9 symphonies et les 17 quatuors, trois cycles parmi les plus emblématiques des genres ?
Petit retour vers l'époque baroque, l'âge d'or de la musique religieuse, désolé, c'est un peu encyclopédique,
mais tellement démonstratif de l'influence des compositions de période en
période…
1749 : un an avant sa mort, Bach achève La Messe en Si, autre chef d'œuvre très ambitieux de l'office catholique (l'ordinaire)
mis en musique. Un patchwork de pièces plus ou moins "parodiés" à partir
d'extraits des centaines de cantates et grands oratorios destinés aux liturgies protestantes. Une remarque s'impose : Bach apparaît dans l'histoire de la musique comme le dernier compositeur
privilégiant le sacré par rapport au profane (malgré l'abondance des concertos divers, pièces pour clavecins, recherches contrapunctiques comme l'art de la fugue ou le Clavier bien tempéré). Logique pour un musicien travaillant pour les princes de l'Église ou des
nobles très pieux.
Il est essentiel de rappeler
que son contemporain Haendel, anglican de par son choix de vivre en Angleterre, offrira de
nombreux oratorios de grande classe, citons l'incontournable "Messie", ou, assez prisés aussi des mélomanes : Solomon, Israël en Egypte, etc…
Edition Schott de 1827 |
Et très curieusement dans le demi-siècle qui suit, dit
époque classique, les têtes d'affiches qui succèdent au Cantor ne semblent pas se
passionner pour l'art religieux ; n'oublions pas que le siècle des lumières
n'est guère calotin et que
Mozart
ou
Haydn
seront proches de la Franc-Maçonnerie qui prend son essor. Pour
Mozart, seuls le
Requiem
et la
messe en Ut
"K 427" (inachevée car sans l'agnus Dei) méritent que l'on s'y attarde… Il existe
une petite dizaine de
messes brèves
écrites à la va vite et, de simples curiosité pour les aficionados de
Wofgang Amadeus
(j'avoue avoir les gravures mais ne les avoir écoutées qu'une fois…). Même
situation dans le catalogue de
Haydn
plus riche, quatorze messes dont seules les six dernières (portant un titre
: "Nelsonmesse", "Theresienmesse", etc.) sont à retenir car, de composition tardive, là encore le vieux
Joseph
fait montre d'une habileté créatrice qui déjoue l'ennui lors de l'écoute.
(En passant je recommande l'intégrale parue chez Chandos de
David Hickocx.)
Et nous voilà au début du XIXème siècle, aux portes du
romantisme. Comme toujours, j'attribue à
Beethoven
la pose de la première pierre de ce courant littéraire et artistique, qui va
durer tout le siècle, lors de la création en 1803 de la
symphonie N° 3 Héroïque. Quant à la musique religieuse,
Beethoven n'en a guère cure. Son répertoire sacré avant 1823 pourrait le
laisser supposer. Composé vers 1802 pour une création en 1811,
le soporifique petit oratorio
Le Christ au Mont des Oliviers
fleure bon la commande tout comme sa première
messe en ut
de 1807 qui ne bouleverse pas l'histoire de la musique spirituelle ;
elle est assez proche stylistiquement de celles de
Haydn.
Le XIXème siècle sera celui de l'opéra, de
Verdi
à
Wagner
en passant par
Berlioz
et bien d'autres, de la musique chambriste et symphonique,
Brahms
et
Schuman. Certes une
3ème messe
de
Bruckner
et les
deux dernières messes
de
Schubert
s'imposent comme des réussites…
Mendelssohn
composera deux oratorios et sauvera de l'oubli les chefs-d'œuvre de
Bach. Bref, qu'arrive-t-il à
Beethoven
pour esquisser en 1818 une messe gigantesque qui sera l'ouvrage de sa
vie à en croire son auteur et un ouvrage essentiel du genre ? Elle ne sera
jamais jouée en entier du vivant de
Beethoven
!
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Depuis 1812, date de la création des
7ème
et
8ème symphonies,
Beethoven
connaît les heures les plus noires de sa vie : la surdité est
définitive, la mort de son frère et confident Karl en
1815 (Karl reçut en 1802, tout comme son autre frère
Johann le
testament d'Heiligenstadt, lettre aux
accents suicidaires d'un compositeur confronté à la perte progressive de
l'audition). S'ajoute le dénuement chronique,
Beethoven
refusant toute dépendance envers un "protecteur" comme il était d'usage du
temps de
Mozart
et de
Haydn
et une santé dégradée. Alcoolique notoire,
Beethoven
souffre de cirrhose, et sans doute aussi de tuberculose notamment dans les
années 1816-17, en témoignent des pneumonies à répétition. Ajoutons
le saturnisme, intoxication au plomb fréquent chez les poivrots de l'époque,
fussent-ils des génies. (Un facteur aggravant les troubles auditifs, le vin était sucré à
l'acétate de plomb…) Public et interprètes se détournent de ses œuvres avant-gardistes et très
difficiles à exécuter, techniquement parlant, surtout pour les pianistes… En
un mot, ce n'est pas la joie, plutôt une période dépressive voire de nouveau
suicidaire… Des années peu fécondes sur le plan artistique pour
Beethoven
luttant contre le mal être moral et physique, englué dans des procès
sordides avec sa belle-sœur veuve de Karl et, encore pire, la Vienne
musicale qui le boude, un public frivole qui lui préfère
Rossini
et feu
Mozart
et leurs opéras-bouffes, remarquables certes, mais… Quelques rares œuvres
pour musique de chambre géniales comme les
sonates pour piano-violoncelle 3 & 4
marquent néanmoins ce passage à vide.
Archiduc Rodolphe D'autriche (1788-1831) |
En 1817,
Beethoven
émerge enfin de sa neurasthénie, utilise faute de mieux des carnets de
conversation, et une baguette entre les dents et le piano pour percevoir les
vibrations… Et puis, il se fiche des critiques, retrouve sa liberté de
novateur. Il compose une sonate de trois quart d'heure, d'une exigence
virtuose inouïe et d'une modernité d'écriture sans pareille. On aura reconnu
la
sonate n°28
dite "Hammerklavier" commentée dans ces pages… On se gausse de la partition injouable mais
consciemment ou pas,
Beethoven
vient de décider pour l'avenir ! Un brin de misanthropie qui le conduit à
renouer avec la foi chrétienne, ô plus dans le sens spiritualité que
dogmatique. L'idée de composer une grande messe germe dans son esprit… Son
ami et élève l'archiduc Rodolphe doit être intronisé
Archevêque d’Olmütz six mois plus tard.
Beethoven
veut lui dédicacer cette messe. Rodolphe s'en passera, car pris de
passion par un projet fou,
Beethoven
va travailler cinq ans sur la
Missa Solemnis…
Je feuillette ma bible de chevet sur
Ludwig van de Brigitte et Jean Massin.
Beethoven
écrit les cinq parties de la messe dans l'ordre :
Kyrie (1818-19),
Gloria (1819),
Credo (1820),
Sanctus-Benedictus (1821) et
Agnus Dei (1821-1822). Comme pour la
"Hammerklavier", la complexité et l'inventivité sortent du commun.
Beethoven
aurait analysé la
Messe en Si
de
Bach, la démesure de la partition en témoigne. La densité inventive de la
composition rend l'écoute difficile. Même le grand
Furtwängler ne la jouait que rarement, avouant avoir du mal à comprendre les intentions
mystiques de l'œuvre dans leur globalité. Trop rapide, trop lente, mal
chantée ou encore l'impasse sur la subtile orchestration et c'est l'ennui
assuré.
Beethoven
aurait souhaité une création dans la foulée. L'ouvrage, promis à plusieurs
cours d'Europe en souscription ne rapporte pratiquement rien financièrement
à l'auteur. Une première aura lieu néanmoins à Saint Pétersbourg le 18 avril
1824. Déception à Vienne où, en mai, seules les trois premières
parties seront interprétées en tant que trois Hymnes, sans grand succès !?
Sous le gouvernement de Metternich, la censure interdisait la
représentation d'une messe dans un concert public. Débile ! Heureusement,
dès la dernière note de la
Missa Solemnis
couchée,
Beethoven
s'attelai à terminer la
9ème symphonie commencée en 1822 qui, par sa durée et son chœur final de vingt
minutes, prolonge son travail sur la symbiose entre les univers
symphoniques et lyriques. La
9ème symphonie est créée lors du même concert avec les débuts de la messe ; Et là, c'est
un triomphe… La messe est imprimée par Schott peu de temps après la
mort de
Beethoven
en 1827. La première a lieu en 1830.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Otto Klemperer en 1957 |
Friand de
Beethoven
dès l'adolescence, la
Missa Solemnis
n'était pourtant pas "mon œuvre" pour l'île déserte. Je l'avais découverte
avec la version 2 sur 4 en studio de
Karajan à
Berlin
et pour DG avec la voix séraphique de
Gundula Janowitz. Puis je tentais l'approche "authentique" de
John Eliot Gardiner, la première de ses deux productions, celle de 1989 chez
Arkiv, avec
The Monteverdi Choir
et
The English Baroque Soloists. Fougueuse, mais des chanteurs un peu timides à mon goût, un violon
anémique dans le benedictus… Un petit
regain d'enthousiasme vint à l'écoute des grands chanteurs d'oratorio réunis
en 1965 par
Otto Klemperer
qui œuvrait chez EMI avec le
Philharmonia
:
Söderström,
Höffgen,
Kmentt,
Talvela
; n'en jetez plus… vraiment "solemnis" mais un peu austère.
Les années "blog" (2010') venues, je me devais d'explorer ce que
Ludwig
estimait comme sa plus "grande
œuvre…". Pas facile d'encenser
ardemment une musique qui n'éveille pas la passion, même si ce sentiment est
marginal. En écoutant une émission de 2014 en Replay de
France Musique "la tribune des critiques de disque", une interprétation de 1957 a enfin fait voler en éclats ma
relative indifférence !
Pour ceux qui ne connaissent pas, "la tribune des critiques de disque" est née pendant la Guerre à Casablanca* sous le titre "Une œuvre, deux interprétations" ; nous sommes à l'époque du 78 tours. Une idée du musicologue et grand
cinéphile Armand Panigel (1920-1995). En 1946, l'émission prend ses
quartiers à la RTF puis sur
France Musique. Divers autres
animateurs succéderont à Panigel qui quitte l'émission en
1983. Le principe ne change guère depuis 75 ans : un quatuor de
musicologues écoutent en aveugle six interprétations d'une même œuvre pour
établir un palmarès qui bien entendu pourrait paraître subjectif, mais pas
tant que cela, car nos protagonistes ont souvent des avis qui divergent.
Principe Snob ? Non, juste un peu à l'époque où le pittoresque
Antoine Goléa, le laquais du sérialiste intégriste
René Leibowitz, dénigrait avec une mauvaise foi confondante "ce qu'il n'aimait pas", des baroqueux à
Sibelius. Très pédagogique, l'émission démontre la difficulté pour les artistes
de travailler une partition dans le but de combler les mélomanes. Rien de
didactique, au contraire, des plaisanteries, et parfois une petit larme
quand un virtuose de légende déçoit…
Elisabeth Schwarzkopf & Nam Merrinam |
Jérémie Rousseau
propose six versions récentes… Tu parles J
! Le premier extrait du
Kyrie
fleure bon l'acidité de la mono. Très drôle la blague… Pourtant quelle
clarté, l'éclat des trompettes, le soyeux des cordes ; certes un chœur
immense mais d'où surgit le "kyrie" entonné par le ténor puis la soprano et
enfin la mezzo. Ô on tressaille… Madame
Schwarzkopf
serait-elle de la partie avec son aigu diabolique ?
Christa Ludwig
serait la mezzo, non c'est aussi prenant mais plus timbré alto… Pour le
ténor, aucune prédiction… On verra bien… D'emblée, les quatre critiques en
studio et votre rédacteur sont bluffés… Qui, quoi, quand ?
L'émission est toujours en ligne sur le site France Musique
(Clic)
Cinq autres extraits (début du
Kyrie) proposés par la discographie concurrente subissent la même écoute
inquisitoriale ; certaines ont des qualités, d'autres sont à oublier (Herbert Blomstedt
à Leipzig est insipide, on n'ose y croire, triste). On élimine, on écoute
d'autres passages et toujours ce disque ancien et anonyme (un live car ça
toussote) s'impose. Mystère complet et enfin la réponse : un concert au
Concertgbouw d'Amsterdam
donné en 1957 sous la baguette hallucinée et exaltée d'Otto Klemperer. Une bande de radio remastérisé avec soin par le label ARCHIPEL.
Son clair hélas un peu dur, instruments en place bien étagés, chœur certes
imposant et un peu brouillon mais quelle ligne de chant…
Cette semaine, pas d'analyse détaillée (cette fois c'est vrai), juste un retour sur les artistes au faîte de leur art et quelques notes sur les passages qui m'ont enfin entraîné vers les sphères célestes J.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Heinz Rehfuß & József Simándy |
Dieu quelle lyrisme dans cette conception d'Otto Klemperer. On craint toujours un climat morose dans une messe d'une telle
ambition, aussi vaste. Là il y a la spiritualité, la prière et la
supplication mais sans épanchement et, surtout, l'allégresse. Nous sommes
plus près de l'ode à la joie de la
9ème symphonie
que de l'élan sulpicien en majesté de la
messe en fa
de
Bruckner. Comme insisteront avec raisons les quatre commentateurs, ça chante tout
le temps, l'articulation de la mélodie joue l'alacrité. L'orchestre bien
que disposant d'un effectif caractéristique de l'époque ne sonne pas
"bourrin" sous la battue du vieux maître germanique.
(Pour info : 2/2/2/2, 1 contrebasson, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones,
timbales, les cordes et un orgue si possible. Une composition "romantique"
qui n'évoluera quasiment pas pendant le XIXème siècle hormis
chez
Wagner.)
Beethoven
recourt au texte doctrinaire catholique en cinq parties. Chaque partie
étant elle-même scindée en section, de 3 à 8. Très admiratif de la messe
en si de
Bach, les sections s'enchaînent avec soit des ruptures de tonalité soit de
rythme. Le Ré majeur s'impose. Chez
Bach, se succèdent des chœurs seuls, des solos (basse ou ténor) ou encore des
duos (Soprano et Contralto dans le Christie).
Beethoven
ne sépare presque jamais ses quatre chanteurs. Il propose au contraire des
airs pour quatuor lyrique soutenu par le Chœur présent dans tous les
morceaux. Tournant ainsi le dos au style oratorio avec ses arias,
récitatifs, chorals, etc. cher à
Bach
et
Haendel.
- Ouiiiii Sonia, la basse ne chante pas dans le Kyrie I histoire de me
contredire… (Sonia épluche la partition de la page 5 à la page 10, on
aura tout vu.)
À propos des solistes :
Confirmation : La soprano
Elisabeth Schwarzkopf
est bien présente.
Schwarzkopf, la diva concurrente de la
Callas. Née en 1915, cette chanteuse germanique d'exception par la
justesse de sa voix, ses suraiguës inouïes n'a jamais fait la une du blog
sauf dans des discographies alternative. Une faute à réparer. Elle
commence tôt une belle carrière dans l'Allemagne Nazie. Elle a 18 ans
quand Hitler prend le pouvoir et sera fascinée comme bien des jeunes par
le magnétisme des caciques du parti comme Hans Frank ou Goebbels. Soyons
juste, son talent l'imposera plus que ses choix politiques très fréquents
à l'époque. Et cela d'autant plus que son répertoire est très classique et
apprécié du régime :
Mozart,
Rossini, et surtout
Richard
Strauss
dont elle sera l'une des interprètes de référence. Par ailleurs, pendant
les années de 1942 à 44, la tuberculose met un frein à sa
carrière. Sa complicité avec
Karl Böhm
et
Wilhelm Furtwängler
lui est profitable. La paix revenue, sa voix d'archange fera les beaux
jours des scènes d'opéra (Mozart,
Johann
et
Richard Strauss), et son mariage avec Walter Legge, fondateur du
Philharmonia, orchestre de studio destiné à servir l'industrie moderne du microsillon
est une aubaine pour l'histoire du disque. En vrac, que du génial :
R. Strauss,
quatre dernier Lieder
(avec
Ackermann
en 1953, et
Szell
en 1966),
Le Chevalier à la rose
fabuleux avec
Karajan
en 1956, les
symphonies
de
Mahler
2,
4, et la Passion Selon St Matthieu de Bach avec
Klemperer, etc. Voir la belle discographie sur Wikipédia…
Amsterdam, 55 ans plus tard – La Missa Solemnis par Nikolaus Harnoncourt |
Originaire de Los Angeles, la mezzo
Nam Merrinam
(1920-2012) étudie le chant avec notamment
Lotte Lehmann, la diva du début du XXème siècle qui avait fui le nazisme.
Merrinam
sera une des chanteuses favorites d'Arturo Toscanini
; à ce sujet les veilles cires gravées avec l'impétueux maestro moustachu
ont été rééditées… Son art a beaucoup servi le chant italien de
Mozart
à
Verdi. J''avais mentionné cette artiste dans l'article consacré au
Chant de la Terre
de
Mahler… Dans les années 60-70, le label DG charge
Rafael Kubelik
de réaliser la première intégrale des
symphonies
de
Mahler, tâche concurrente de celle de
Haitink
à
Amsterdam
et de
Bernstein
à
New-York. Ces deux chefs complèteront le cycle avec leur vision du
Chant de Terre. La firme de Hambourg, au contraire confie l'enregistrement à
Eugen Jochum, grand chef peu familier de Mahler. C'est une réussite totale grâce à la
voix chaude de
Nam Merrinam. Le disque toujours disponible se situe dans la seconde rangée des
réussites, après
Ferrier-Walter
et
Ludwig-Klemperer
; à côté de
Maureen-Forester-Reiner.
Poursuivons avec le ténor hongrois
József Simándy
peu connu dans nos contrées (1916-1997). Grand, blond, beau mec, il
se distinguera principalement sur les scènes européennes ; un
Lohengrin qui a vraiment le physique du
preux chevalier jusqu'à la caricature… Un ténor à la voix vaillante
incarnant des personnages virils comme
Otello,
Florestan,
Tamino… Un grand serviteur de l'art
lyrique de son pays dont témoigne une discographie impressionnante chez le
label national Hungaroton, mal distribué en France…
(Documentaire et extraits des années 50-60, kitchissime, mais quelle
voix. Wagner chanté en hongrois
J)
Terminons cette présentation des solistes par le baryton-basse
Heinz Rehfuss
(1917-1988) d'origine allemande mais naturalisé américain.
Rehfuss
possédait un registre velouté a contrario d'une voix de prophète. Ses grands
rôles : Golaud,
Boris Godounov,
Don Giovanni. C'est dans le lied et les
oratorios que le chanteur a laissé une trace non négligeable. À ce propos
l'enregistrement du cycle des
Knaben Wunderhorn
de
Mahler
(alternance contralto-baryton) où il donne la réplique à
Maureen Forrester
(Le chant de la terrre culte avec
Reiner) reste un modèle du genre. Le disque Vanguard de 1963 avec
Felix Prohaska
n'a jamais quitté le catalogue.
Un quatuor lyrique de rêve qu'il deviendrait difficile de réunir de nos jours à ce niveau de qualité. Pour Klemperer, souvent présent dans le blog, voir l'index .
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Cette messe présente une curiosité : le
sanctus-benedictus et l'agnus dei affichent une durée exceptionnelle d'un grand quart d'heure, autant que le
gloria et le
credo. Le
sanctus donne une place prépondérante
aux solistes, le chœur se faisant discret, serein. On retrouve ce travail
très particulier entre les lignes de chant, ces voix qui s'entrecroisent,
une fraternité vocale. L'introduction du texte n'est que douceur et respect,
la reprise lancée par la soprano est jubilatoire. Un passage caractéristique
du style lyrique rappelant le célèbre quatuor de
Fidelio.
Plus étrange encore dans le
benedictus, suivant quelques mesures
instrumentales aux cordes, les voix cèdent la place à un violon solo, un
voyage astral dans l'extrême aigu qui a du déconcerter (affoler ?) le
premier violon de l'époque par sa virtuosité exigeante. Les voix mâles du
chœur accompagnent ce violon. Pourquoi ce mini concerto ? Mystère insondable
pour ce passage toujours intimiste dans la messe avant la reprise du
sanctus, mais à ce point. Encore un
moment dans lequel l'équilibre et la ferveur des quatre solistes n'a guère
de concurrence. (Merci Mmes
Schwarzkopf
et Merrinam.)
On appréciera aussi la folie du
Dona nobis pacem,
Beethoven
ne prie plus, il exige qu'enfin la paix soit !!! Colérique le
Ludwig.
Le tableau est suivi de trois propositions de versions modernes qui ne déçoivent pas : La première version de John Eliot Gardiner pour instruments d'époque, élégante malgré des chanteurs nettement moins engagés (Arkiv 5/6). Des quatre gravures Karajan, celles pour EMI en stéréo est la plus réussie, là encore grâce à un quatuor d'exception ; Le chef autrichien avait de toute évidence une affinité pour cette œuvre (EMI – 6/6). Et enfin Philippe Herreweghe propose une vision très humaine, sans effet cataclysmique (φ – 5/6). Ces trois disques possèdent une qualité technique très au-dessus du live de 1957, on s'en doute. Celle de Karajan est à écouter dans la seconde vidéo.
|
I. Kyrie |
|
|
|
|
1-Kyrie eleison |
Assai sostenuto |
Ré majeur |
[0:00] |
|
2-Christe eleison |
Andante assai ben marcato |
Fa dièse mineur |
[3:40] * |
|
3-Kyrie eleison |
Tempo I |
Ré majeur |
[5:22] |
|
II. Gloria |
|
|
|
|
1-Gloria in excelsis |
Allegro vivace |
Ré majeur |
[9:37] |
|
2-Gratias agimus tibi |
Meno Allegro |
Ré mineur |
[12:20] |
|
3-Domine Deus |
Allegro vivace |
Si bémol majeur |
[13:54] |
|
4-Qui tollis |
Larghetto |
Ré mineur |
[14:37] |
|
5-Quoniam |
Allegro maestoso |
La majeur |
[20:05] |
|
6-In Gloria Dei Patris |
Allegro, ma non troppo e ben marcato |
Ré majeur |
[21:13] |
|
7-Amen |
Poco più allegro |
Ré majeur |
[24:32] |
|
8-Gloria in excelsis Deo |
Presto |
Ré majeur |
[25:58] |
|
III. Credo |
|
|
|
|
1-Credo |
Allegro ma non troppo |
Si bémol majeur |
[26:42] |
|
2-Et incarnatus est |
Adagio |
Ré mineur |
[31:28] |
|
3-Crucifixus |
Adagio espressivo |
Ré mineur |
[32:56]* |
|
4-Et resurrexit |
Allegro molto |
Fa majeur |
[35:55] |
|
5-Credo in spiritum sanctum |
Allegro ma non troppo |
Ré mineur |
[37:21] |
|
6-Et vitam venturi seculi |
Allegretto ma non troppo |
Si bémol majeur |
[38:46] |
|
7-Amen |
Grave |
Si bémol majeur |
[43:22]* |
|
IV. Sanctus |
|
|
|
|
Sanctus |
Adagio |
Ré majeur |
[45:43] |
|
Pleni sunt cœli |
Allegro pesante |
Ré majeur |
[48:28] |
|
Osana |
Presto |
Ré majeur |
[49:29] |
|
Benedictus |
Andante molto cantabile e non troppo mosso |
Sol majeur |
[49:37] |
|
V. Agnus Dei |
|
|
|
|
Agnus Dei |
Adagio |
Si mineur |
[1:02:25] |
|
Dona nobis pacem |
Allegretto vivace |
Ré majeur |
[1:07:40] |
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