mercredi 30 septembre 2020

TOO SLIM and the TAILDRAGGERS "The Remedy" (2020), by Bruno


      Ouais, Too Slim and the Taildraggers, rumeurs ou pas rumeurs ? Cela fait près de trente-cinq ans que ce trio écume les bars et les clubs du Sud des Etats-Unis, info ou intox ? Info ou intox : de la formation originale, seul demeure Timothy Langford, le "too slim "en personne" ? Qui, au passage, n'est plus si slim que ça, du moins si l'on se réfère à son tour de taille de pantalon. A ses débuts, le trio balançait un blues Texan dans le style prisé par les frères Vaughan, rumeur ou pas rumeur ? Info ou intox : Aujourd'hui, il cumule quinze albums studio, rumeurs ou pas rumeurs ? Alors ? Info ou intox !?!
 

 Depuis maintenant plus de dix ans, chaque album de Langford et de ses Taildraggers s'installe tranquillement dans le Top 10 des charts Blues américains, et reste pourtant chez nous - haut lieu de la culture - quasiment inconnu. Info ou fake news : ? Le trio a été élu meilleur groupe de Blues par une fondation de Blues quatre années de suite, et deux de ses albums "meilleurs disques de l'année". Rumeurs ou pas Rumeurs !?! Info ou fake news : à ce jour, il aurait reçu plus de quarante prix divers (décernés par diverses associations et fondations).

   Oui, on peut se poser beaucoup de question sur ce groupe fondé en 1986, à Spokane - la ville des Lilas et berceau de la fête des pères, située à l'extrême est de l'état de Washington - qui n'a su, ou pu, conquérir le cœur de l'Europe.

     Bien qu'issu donc d'une localité plutôt frisquette, et historiquement pauvre en matière de Blues, la musique de Tim "Too Slim" Langford a toujours dispensé suffisamment de parfums sudistes, du Texas à la Floride, pour qu'on le croit originaire du Sud des USA. Parfois même, ça plonge radicalement dans le Southern Rock. Rien d'étonnant lorsque l'on connait les influences revendiquées du sir : Freddy King, Lightnin' Hopkins, Duane Allman et Lynyrd Skynyrd. 
Par contre plus étonnante, celle de Robin Trower, que l'on peut certes retrouver à l'occasion au tournant d'un long chorus chargé de phaser ou de wah-wah.
D'ailleurs, voici maintenant quelques années qu'il s'est installé à Nashville. Région au climat plus clément, mais surtout plus exposée musicalement que Spokane. 
 

  Là où il se montre particulièrement fortiche, c'est qu'à l'écoute d'un de ses disques, on pourrait croire que c'est le genre de gars doué mais qui s'installe dans une zone de confort, rabâchant jusqu'à plus soif sa recette. Or, chaque album diffère du précédent, dans une longue et lente progression qui l'amène aujourd'hui à dangereusement approcher les frontières de contrées où le Blues et le Boogie forniquent avec le Hard. Ce n'est pas radical, sauf si l'on passe de ses débuts, soit ses deux premiers essais de 1988 et 1990, à la deuxième décennie du vingt-et-unième siècle. C'est comme qui dirait le jour et la nuit.

     En résumé, le  Too Slim and the Taildraggers 2.0 - ou 2020 - se veut être un trio badass, fervent disciple d'un Blues-rock charnu et graisseux de la famille des premiers ZZ-Top, avec la pugnacité d'un George Thorogood first period. Du blues-rock fin comme du gros sel ? C'est effectivement l'impression que ce "The Remedy" peut donner suite à une écoute distraite. Mais ça reste surtout un impression.
 
     Ce dernier disque en date, est à la fois relativement plus policé par une production "gros son", mais aussi plus gras. Fricotant donc même avec le Hard(-blues). En clair, de prime abord, ça respire bien souvent le ZZ-Top à plein nez. Les Texans pourraient attenter un procès, mais les morceaux en question ne sont en fait que des Blues revisités. Certes, souvent à la manière de ZZ, mais la matière première n'est rien d'autre que du Blues. En conséquence, s'il devait y avoir des plaignants légitimes, ce serait du côté des Elmore James, Bo Diddley, John Lee Hooker qu'il faudrait chercher. Mais ils ne sont plus de ce monde. Ainsi, attribuer cet album aux seuls ZZ-Top serait bien réducteur.
   D'autant que ça démarre sur un "Last Last Chance" qui a plus à voir avec les Rolling Stones que quoi que ce soit d'Américain. Et sur "She's Got the Remedy" qui suit, le trio s'aventure avec assurance dans un Hard-funk lourd et bitumeux, paré d'un chant hargneux.


   "Reckless", sur des guitares sauvages à la Thorogood, entame une danse endiablée sur un diddley beat.
Sur "Platinum Junkie", c'est un riff funky tranchant comme un coupe choux qui sert de décor à une histoire de toxicomanie, chantée avec une morgue de petite frappe esbroufeuse.
Avec  "Sure Shot", la petite troupe se fend même d'un Blues crépusculaire, porté par un banjo. Un blues roots moralisateur, prévenant de la tentation et du désespoir, de l'envie de consommer des palliatifs chimiques (soma) pour éviter d'affronter la réalité en face ; tandis que le diable est à l'affut, prêt à récolter les âmes perdues. Banjo aussi sur "Snakes Eyes", que l'on croirait subtilisé au répertoire de Neal Black. Tout comme "Think About That" d'ailleurs ; avec en sus, pour ce morceau, une réminiscence d'un swamp-rock façon Creedence Clearwater Revival.

   Toutefois, il est vrai que "Devil's Hostage" pousse le bouchon un peu loin en matière de "ZZ-top like" en allant jusqu'à mimer la voix graveleuse du révérend Billy G. C'est probablement bien plus un hommage qu'un hold-up, à moins d'être masochiste et de rechercher l'opprobre.
Et "Keep The Party Rollin' ", qui se trémousse sur un boogie au rythme distinctif généralement attribué aux Texans, doit autant au géniteur de "Boogie Chillen".  Il convient de rendre à John Lee ce qui appartient à Hooker.
Dans le même ordre, on retrouve aussi une excellent version de "Sunnyland Train", d'Elmore James, que les Béotiens attribueront rapidement à Billy et ses potes.

     Le petit plus du nouveau Taildraggers, c'est Zach Kasik, qui a appris à se tenir sur une scène dès l'adolescence, avec le frérot au sein de The Lugnuts, un trio de Southern Rock - Country Rock de bon aloi. Un groupe qui a refait surface, parallèlement aux Taildraggers. Plus tard, il apprend le métier d'ingénieur du son et en sort diplômé, ce qui l'amène à bosser pour Keith Richards (pour "A Bigger Bang" des Stones), Green Day et Paul McCartney. Puis ce petit bonhomme à l'allure frêle mais sympathique part s'installer à Nashville pour proposer ses services en tant qu'ingénieur mais également en qualité de musicien. Car Zach est non seulement capable d'assurer à la basse, à la guitare et au banjo, mais c'est aussi un très bon chanteur. Il finit par créer son propre studio, le Wild Feather Recording, où il est possible de s'enregistrer indifféremment en numérique ou en analogique. 
   Il rejoint Langford en 2016. C'est une valeur ajoutée considérable, car outre le fait qu'il a le talent pour trousser de savoureuse pièces de Blues-rock savamment assaisonnées d'ingrédients divers, piochés dans le funk ou le country-blues, le jeune Zach possède un grain de voix qui s'accommode parfaitement avec les Taildraggers. On lui doit d'ailleurs quelques bijoux de l'album, et pas des moindres. "She's Got the Remedy", "Reckless", "Sure Shot", "Platinum Junkie" et "Snake Eyes", soit, une bonne partie du haut du panier.
   Un jeunot qui redynamise la carrière de Tim Langford ; l'album précédant, "High Desert Heat", a en conséquence été nominé pour le meilleur album blues-rock de l'année (deux fois que la récompense lui glisse entre les doigts). Une collaboration productive et positive que l'on espère pérenne. 





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