jeudi 4 juin 2020

Lucky PETERSON (13.12.1964 - 17.05.2020) R.I.P.



     J'avais pu le voir, pour la première fois, dans une petite salle de deux cents têtes maximum, un vieux hangar sans âge, à la charpente en bois, réaménagé en salle de spectacle. L'homme tenait la scène comme s'il y était né. Il était généreux, convivial, et surtout talentueux. Il avait à cœur de séduire l'auditoire, même si celui-ci, à des milliers de kilomètres de son fief, était honteusement réduit (quelques dizaines d'amateurs ravis). Il était descendu de son petit piédestal et avait arpenté les quatre coins de la salle avec sa guitare.
Une seconde fois, l'année suivante, lors d'un festival de Blues, fort heureusement largement plus fourni en spectateurs. Le succès de ses derniers disques n'avaient changé en rien son approche. En plein milieu du set, il descendit de scène avec sa guitare et traversa la foule qui s'écartait avec respect, le sourire jusqu'aux oreilles, l'applaudissant à tout rompre. Lorsque je m'écartais à mon tour, je lui assénais une tape amicale sur l'épaule, mais ... peut-être un poil trop brusquement. Il se retourna un peu surpris avec ses grands yeux noirs écarquillés et interrogateurs. Un bébé de bien 120 kilos surgit écartant les spectateurs innocents de ses grosses paluches et de ses larges épaules comme s'ils n'étaient que des enfants. Mais d'où sort-il celui-là ? De mon plus grand sourire j'articulaIS- avec un accent à couper au couteau - un "You've got the Blues !". Peterson répond immédiatement par un large sourire "Ultra-brit" et des yeux rieurs, et claque la main que j'avais brandie (celle friande des tapes dans l'épaule). Son molosse aussi, sourit, et tous deux repartirent, bien décidés à continuer leur procession.
Ces deux soirées avaient été chaudes et réconfortantes. La troisième et dernière le fut un peu moins mais restait d'un haut niveau.
 

   Né Judge Kenneth Peterson le 13 décembre 1964 à Buffalo (état de New-York), ville proche de la frontière canadienne et des chutes du Niagara, Il est 
très tôt immergé dans le milieu de la musique, grâce à son père, James Peterson. Lui-même guitariste et chanteur de Blues, mais aussi propriétaire d'un club, le Governor's Inn" où se produisent régulièrement quelques illustres personnages. Ainsi, encore tout jeune garçon, il peut écouter, observer et converser ponctuellement avec James Cotton, Buddy Guy, Koko Taylor et Muddy Waters. Pour les plus illustres. Bref, il est tombé dans la marmite encore tout petit. C'est dans ce club qui commence à se produire précocement, à l'orgue et au chant, devant un public. Un peu comme un phénomène. Parallèlement, il apprend aussi les rudiments de la batterie.

Un soir, Willie Dixon qui est de passage le remarque, et se propose de lui servir de parrain. Il lui fait enregistrer un premier disque alors qu'il n'a que cinq ans (!), "Our Future : 5 Year Old Lucky Peterson". Avant de passer dans quelques émissions de télévision (dont le Tonight Show de Tony Carson et le Ed Sullivan Show).
Trois années plus tard, en 1972, Il enregistre un second disque, sans prétention, avec son père cette fois-ci, "The Father, The Son, The Blues". 
   Sans abandonner les études, il ne cesse de fréquenter assidûment le club du paternel, de s'y produire, et parfois d'accompagner pour quelques chansons les musiciens de passage. Sans se démonter devant la notoriété de certains, bien au contraire. C'est comme d'aller à l'école du Blues et de la Soul, en brûlant les étapes, et travaux pratiques à la clef.

     Ses parents le placent au Buffalo Academy for Visual and Performing Arts où, avec l'orchestre symphonique de l'école, il apprend à maîtriser le cor d'harmonie.

Cependant, derrière cette face d'apparence dorée et inespérée, le jeune Peterson regrettera de ne pas avoir pu profiter des plaisirs simples de l'enfance et de l'adolescence, notamment en s'adonnant au sport. Son père, soucieux qu'il soit un musicien infaillible, voyant en lui l'espoir d'une carrière auréolée de succès, veille sur lui comme une mère poule, le préservant de tout sports et autres jeux pouvant nuire à son parcours musical. Transfert des espoirs non réalisés du père à son enfant.

     Au début des années 80, encore jeune adolescent, il est recruté par Little Milton, avec qui il y a l'occasion, pour la première fois, de se produire en Europe. Une fois bien rodé, il monte en grade et devient le directeur musical de l'orchestre de Milton.

 Parallèlement, il rencontre Melvin Taylor, de cinq ans son aîné. Tous deux fondent le Youngblood Blues Band, qui assume des concerts sans qu'aucun disque ne soit enregistré. Par contre, à la même période, on retrouve Taylor et Peterson sur deux galettes distinctes, éditées en 1984 par le label français Isabel Records. Sur son disque, "Ridin' ", il se limite alors aux claviers - en plus du chant-, Melvin Taylor assurant les parties de guitares. Et sur l'album de Melvin Taylor, il assure aussi l'intégralité des partie de claviers. Sur l'album de Lucky, il y a déjà les prémices de sa diversité à venir avec un "Futher Up the Road" transformé en funk torride à la James Brown, et le "You Don't Have to Go" en Soul concupiscente. 
La même année, il quitte Milton pour rejoindre pour trois ans Bobby "Blue" Bland.


   A vingt-quatre ans, en 1988, il s'installe à Dallas et commence une carrière de session-man... en Floride, pour 
King Snakes Records. Il apparaît sur la plupart des disques de ce label (Joe Beard, Kenny Neal, Rufus Thomas, Lazy Lester) sortis à la fin de cette décennie. Sous la houlette de  Bob Greenlee, producteur, compositeur et musicien de King Snake Records, il enregistre deux disques personnels distribués par Alligator. C'est donc à vingt-cinq ans qu'il entame sérieusement une riche et longue carrière solo.


     Le premier disque, sorti 1989, "Lucky Strike" révèle un multi-instrumentiste et chanteur d'un talent indéniable. Toutefois, le classicisme de l'album ne lui rend pas vraiment justice. Sous la férule de Greenlee qui compose seul ou avec autrui, l'intégralité de l'album, il n'a pas encore les moyens de s'exprimer pleinement. Cela commence doucement avec "Triple Play", sorti l'année suivante. Un peu plus nerveux et fougueux, un une poignée de chansons essayent déjà de s'extirper, mais sans l'abandonner, d'un Blues conventionnel. Résultat logique de son implication, bien que partielle, dans la composition.

     La décennie suivante, est celle de la révélation. Il saisit une opportunité en signant avec Gitanes Jazz Production, l'antenne Jazz de Polygram - qui cherche à enrichir son catalogue en se tournant vers le Blues -. Le label Français, conscient du fort potentiel de sa jeune recrue, ne cherchant pas forcément un énième disque de Blues conventionnel, lui laisse non seulement les coudées franches mais lui offre les moyens nécessaires pour réaliser un album de grande envergure. Notamment en employant un producteur de renom, jusque là spécialisé dans le Jazz, John Snyder. Le résultat est un disque classieux, comportant un lot de Blues de velours, racés et parfois mâtinés de jazz. Notamment la reprise raffinée du classique de Chester Burnett, "Who's Been Talkin' " qui - ô miracle - séduit même les radios françaises. Le rythme chaloupé aux réminiscences latin-rock évoquant Santana y étant pour beaucoup.


     Toutefois, il ne fait pas l'unanimité, certains lui reprochant d'être un opportuniste retournant sa veste pour chercher les faveurs des radios. 

Par la suite, une autre frange de conservateurs sera désorientée par ses perpétuels changements d'orientation. Car en effet, profitant de sa chance d'être alors dans une boîte où il a l'autonomie nécessaire à une libre exploration musicale, pendant plus de dix ans, Lucky Peterson n'aura de cesse de réaliser des albums différents du précédent. Au risque de décevoir et de perdre une partie de son public.
Cependant, si certains de ses disques déçoivent parfois son auditoire, Les concerts, eux, ne désemplissent pas. Au contraire, tournant incessamment et assurant le show, il devient rapidement une valeur sûre que les festivals réclament, inscrivant son nom en caractère gras en haut de l'affiche, afin d'assurer la fréquentation.

     En 1994, il envoie en pâture un disque magistral, 
débordant de wah-wah chatoyante, de vibrations positives et de jovialité, où l'ombre de Jimi Hendrix va bien au-delà de l'excellent version de "Up From the Skies". Mais "Beyond Cool" divise avec son orientation "guitare" flirtant sans retenu avec le Rock, nourri de nombreux soli relativement longs mais savoureux de bout en bout. Evidemment, cela fait réagir les puristes, tandis que la presse spécialisée "guitare", elle, est en extase. Plus que jamais, il s'impose en véritable virtuose.


     "Lifetime" ne fait que creuser le fossé. En se liant d'amitié avec Bootsy Collins, il s'immerge dans le Funk avec plus ou moins de bonheur. Plutôt lourd et maladroit, "Lifetime" tombe même dans l' "hérésie" avec un morceau exhalant le Heavy-rock. Les derniers gardiens du temple du Sacro-saint Blues qui croyaient encore en sa rédemption sont achevés. Qu'importe, il n'en a cure et enfonce le clou en ressortant l'album quelques mois plus tard, remixé par Boosty en personne. Il trace sa propre route, au risque de s'y perdre ou de trébucher. Qu'importe. Et c'est principalement cela qui rend ce musicien talentueux si intéressant.

     Brouillant les pistes, contre toute attente, il s’associe dans le même temps à Mavis Staples pour enregistrer un disque à la mémoire de Mahalia Jackson, où il se contente humblement et sobrement d'assurer le piano et l'orgue Hammond B3. "Spirituals & Gospel : Dedicated to Mahalia Jackson" est un retour brutal au traditionnel.

   Après un album "Move", où il revient pour une bonne partie au Blues qui redonne foi aux puristes, il effectue un nouveau virage inopiné avec un album éponyme totalement consacré à la Soul, où il néglige sa guitare pour se consacrer presque exclusivement à l'orgue Hammond. L'accueil est mitigé, les avis partagés, tout comme pour ses concerts d'alors où la première partie réservée à la Soul est loin de faire l'unanimité. Irréfutablement, c'est de la bonne musique, cependant, elle peut faire pâle figure en comparaison de ses blues fiévreux et ses boogies entêtants.

   Sa dernière production pour Gitanes-Jazz, "Double Dealin' ", met tout le monde d'accord. C'est un retour au Blues en fanfare, mais un Blues qui n'a pas oublié ses expériences passés. Un Blues à la fois finaud et viril, qui a trouvé un équilibre précaire entre la tradition et la modernité. Une certaine modernité qu'il fait des émules et ouvre des portes. 


     Cette période remarquable se termine en apothéose, en 2003, avec un "Black Midnight Sun" osé, ambitieux et de toute beauté produit par Bill Laswell. Un album magique qui aurait largement mérité le tapis rouge et les honneurs. Mais voilà, l'aventure, l'exploration sont risquées lorsque l'on est un artiste catalogué dans un genre précis. Pour ne pas dire enfermé. Lucky Peterson est l'un des trop rares musiciens de Blues à prendre des risques, oser abattre des cloisons. (c'est oublier que nombre de grands bluesmen des 60's avaient aussi pris des risques en faisant muer le Blues). Pourtant, à l'exception du disque à Mavis Staples, qui reste d'ailleurs traditionnel, jamais il ne quitte vraiment le Blues.


     Désormais, comme s'il avait perdu la foi, déçu de ne pas avoir eu la reconnaissance plus large, Lucky se contente de jouer un Blues nettement plus traditionnel, même lorsqu'il y injecte encore quelques doses - mesurées - de Rock. Comme s'il avait baissé les bras,  Il est vrai qu'entre-temps, quelques blanc-becs étaient devenus des stars simplement en rajoutant quantité de disto et autres effets dans leur brouet. On ne retrouvera plus le chatoiement et la pétulance qui faisaient de Lucky Peterson un bluesman à part, exceptionnel et passionnant. Indéniablement l'un des meilleurs des années 90.

Dorénavant, son éclat semble terni, et l'inspiration tarie. 
Toujours présent sur scène, il se fait plus discret discographiquement, en se contentant d'un duo avec d'autres musiciens. A commencer par son vieux père, James Peterson, pour un album honorable. Puis avec Tommy McCoy et ensuite avec le Hollandais Andy Aledort (avec Larry McCray en guest). De bons albums mais qui ne marquent pas les esprits, au contraire des précédents.

   Il revient en 2009 avec carrément trois disques. Trois disques sortis simultanément, tous dédiés à des reprises de Soul. Trois disques instrumentaux où l'orgue est roi. Un pari osé - peut-être un brin mégalomane - qui ne prend pas. La pilule étant un peu grosse à avaler. Cuisant échec commercial.

      Les années suivantes, il se contente de sortir régulièrement des disques sans surprise et sans éclat. Se reposant sur ses talents innés de multi-instrumentiste, donnant la sensation du vieux bluesman se reposant sur sa gloire passée, s'installant confortablement dans une routine. Pourtant, là encore, dans chacun de ses albums, il y a encore quelques soubresauts suffisamment réjouissants pour faire ouvrir le porte-feuilles.

Cependant, l'âge et la prise de poids pèsent sur ses concerts qui ont perdu en énergie. Lui qui descendait de scène pour fendre la foule armé de sa guitare, joue désormais assis, comme si d'un coup, il avait pris dix ans.
     A partir de 2009, il consacre une partie de son énergie à promouvoir sa jeune épouse Tamara. Deux album en découlent, "Darling Forever" et "Whatever You Say" sortis sur le label Anglais JSP.
     En 2014, avec l'album "The Son of a Bluesman", il donne l'impression de se ressaisir, d'essayer de renouer avec l'excellence.
     En 2017, il se fit plaisir en rendant hommage à une de ses grosses influences, Jimmy Smith. Un disque respectueux du maître, sans esbroufe, dans un juste équilibre entre les cuivres et la guitare.

     En ce début d'année, à la veille d'une nouvelle tournée qu'il doit annuler à cause d'une crise sanitaire, il se retrouve coincé à Paris par un confinement imposé dans l'urgence. Ce qui lui inspire un CoronaVirus Blues capté dans sa chambre d'hôtel et envoyé sur les réseaux sociaux. De retour à Dallas, alors qu'il respecte le confinement en famille, il est soudain pris d'un malaise et s'écroule inconscient. Évacué en urgence à l'hôpital, il y décède rapidement sans que l'on ne soit parvenu à le ranimer. Judge Kenneth "Lucky" Peterson a succombé à un accident vasculaire cérébral massif.


      C'est un grand monsieur du Blues, et de la musique populaire en général, qui s'est éteint ce dimanche 17 mai 2020. Il laisse derrière lui une flopée de disques. Des bons, des moins bons, des inégaux, et des magistraux. Sans jamais donner l'air de s'essayer à un style ou un autre, sans se compromettre, Lucky Peterson fut un des trop rares musiciens de Blues à exceller dans d'autres styles limitrophes ; dont le Gospel, la Soul, le Funk et le Blues-rock. Son dernier disque, "Just Warming Up !"sorti en 2019, en hommage à ses cinquante ans de carrière (!), est une palette exposant fièrement toutes les nuances de couleurs chères à ce grand musicien et chanteur qu'était Lucky Peterson. Probablement son meilleur disque depuis 2003.


"Je n'ai pas choisi le Blues. C'est le Blues qui m'a choisi" dixit Lucky Peterson.



🎼🎶♩♬


🎼🎶♩♬


🎼🎶♩♬

6 commentaires:

  1. La tape amicale dans le dos... Essaie avec Mick Jagger, et c'est trois hélicos armés de mitrailleuses lourdes qui surgiront du ciel !

    RépondreSupprimer
  2. La tape amicale je l'ai fait avec Bernard Allison, autre surdoué du blues contemporain, mais comme cela se passait à coté du bar de la salle j'ai tapé sur sa guitare...Pour Lucky Peterson je l'ai vu également 3 fois sur les planches les 2 premières étant de sacrés concerts c'est pourquoi sa disparition soudaine m'a abasourdi sur le coup. Sa discographie est effectivement très hétéroclite mais je suis d'accord Beyond Cool est au-dessus du lot.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ha, j'aurais bien aimé le voir celui-là. Ses prestations paraissent torrides. Ça penche aussi parfois vers le Hard-rock (avec un peu de démonstratif, mais en condition live ça passe mieux que sur disque).

      Supprimer
  3. Vu aussi Lucky Peterson une fois, en concert, petite salle. Un trop gros son à l'époque, mais le gars généreux, qui faisait le show. J'avais vu aussi Buddy Guy dans la même configuration, qui circulait lui aussi dans la salle avec sa guitare, parfois tenue derrière la tête, comme Hendrix, reliée à un câble de 50 mètres, tenu par des types au dessus des têtes des spectateurs !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Buddy Guy ! J'ai eu la chance de le voir dans une petite salle communale cossue, à Nice, quelques années avant la signature Silvertone et l'explosion commerciale. Et j'ai pris une mandale ! Crénom ! Le gars, tranquillou, avec sa Guild Starfire branchée directement dans un Fender The Twin (les boutons rouges), avec juste une wah-wah pour effet, avait mis le feu à la salle (toutefois, en restant à sa place). Cela avait débuté assez tranquillement - blouse - pour progressivement monter en intensité, gravissant les échelons. Blues, Blues-rock, Heavy-boogie et Hard-rock. Si, si.
      Et comme tu le mentionnes, un florilège de postures de "guitar-hero" à la Hendrix, sans dérailler musicalement.
      Et à ce titre, je me souviens d'une interview de Jimi où il disait qu'il n'avait rien inventé. Que les bluesmen jouaient déjà comme ça en concert depuis longtemps. Et il citait notamment Buddy Guy.

      Un excellent moment resté en mémoire en dépit des années, hélas grévé par la prestation pitoyable d'un Junior Wells, sapé comme un maquereau, et copieusement éméché, qui avait l'air de s'emmerder. Et près à s'écrouler. Placée au milieu de celle de Buddy, cette prestation intermédiaire avait totalement refroidi la salle. Buddy, à son retour, sobre et en pleine forme, semblait un peu gêné.

      Après le concert de Buddy, j'avais du mal à comprendre comment des groupes de Hard-rock d'alors ne parvenaient pas à restituer autant d'intensité avec un mur de Marshall et un copieux rack d'effets. Et encore, quand le son n'était pas tout simplement mauvais, ridicule même pour certains.

      Supprimer
  4. Et Buddy Guy nous avait fait des imitations sur scène, il changeait sa voix, ses mimiques, son jeu de guitare, et passait de BB King à Albert King...

    RépondreSupprimer