- Mais Claude, ce n'est pas l'article que tu devais proposer pour ton soi-disant départ du blog début 2021…
- Oui mais tu as fondu en larmes et a vendu la mèche sur les réseaux sociaux : résultats : Facebook et "X" en carafe, plusieurs milliers de mails ; une manifestation de 30 000 lecteurs entre République et Nation, un coup de fil du Président (la tuile, une plombe pendu au téléphone) et même une supplique du pape François… Et voilà je recycle un papier commencé pour dire "adieu", sur le thème, je cite "l'un des disques de ma vie"…
- Mais tu n'as jamais arrêté de publier en fait, je ne vois pas de
période sans classique depuis 2011… Un coup de cafard ?
- Franchement Sonia, je ne sais plus, les images ont été créées en avril 2020… Maggy ne s'en rappelle pas plus… Le Covid ? Mais avec le télétravail…
- Bof c'est du passé… J'avais mal accusé le coup. C'était gentil de m'avoir proposé ce demi-poste comme conseillère chez le disquaire de l'opéra de Paris avec votre ami… Ce n'était pas un hasard si tu pensais terminer comme tu avais commencé, par une version culte de l'Art de la Fugue de Bach, ancienne cette fois, de 1949 ! Écoutable ?
- Oui, le son mono est correct. Le chef avant-gardiste et iconoclaste Hermann Scherchen a exploré avec son ami Vuataz la spiritualité cachée dans cette œuvre… SI-DÉ-RAL !!!
DECCA 1949-1950 |
Aucun souvenir d'un motif précis justifiant le retrait définitif du
Deblocnot de votre rédacteur ? D'ailleurs, il ne faut jamais dire "fontaine je ne boirai plus de ton eau". La preuve.
Impossible de terminer sèchement une période de publication hebdomadaire de
neuf années (13 à ce jour) de commentaires et d'analyses d'œuvres classiques
de très haut vol ou plus modestes mais divertissantes ?
Bref, mon choix fut très personnel, celui d'un disque hors du commun, daté
et même iconoclaste pour certains, insurpassable pour d'autres, c'est mon
cas.
J'avais enregistré cette gravure un soir à la radio (France Musique fin des
années 70) lors d'une émission consacrée à "l'art d'Hermann Scherchen". Le disque Decca de 1949 jamais réédité avait totalement
disparu des bacs depuis des décennies.
Ah le temps des magnétophones à bandes où on pouvait copier dans d'assez
bonnes conditions des vinyles ou des concerts et autres diffusions FM. Là :
une bande Revox, la N° 32 😊.
Je ne connaissais l'œuvre que sommairement dans sa version pour clavier.
J'enregistre à tout hasard tellement le présentateur (?) s'envole dans le
dithyrambe… Et hop : le coup de cœur qui arrive tous les dix ans pour un
mélomane passionné. On me réclama des copies. Heureux hasard, vers
1982, Decca réédita chichement en LP pour Noël cette
interprétation mythique, meilleure que l'incunable diffusé. Depuis, on la
trouve dans le domaine public chez divers labels confidentiels.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Gravure de J.S. Bach
|
La disponibilité permanente de cette gravure depuis l'ère numérique, après
une traversée du désert de 30 ans, ne peut être le fruit du seul hasard,
d'un effet de mode. À l'heure où l'interprétation du millier d'œuvres du
cantor ne s'imagine plus autrement qu'avec des artistes formés au jeu sur
instruments anciens (viole, théorbe, effectifs minimalistes) et au chant
baroque (peu de femmes mais plutôt des contreténors et contraltos, des
maîtrises de garçons), on s'étonnera que les quatre enregistrements pour
orchestre moderne de tailles diverses du maestro
Hermann Scherchen
fassent encore le bonheur des discophiles. Une seule explication :
Bach
atteint dans l'art de la fugue un sommet d'abstraction absolu qui échappe à toutes les obligations en
termes d'instrumentation, l'ouvrage accède à l'intemporalité. Il est vrai
que le clavier semble le choix le plus adéquate, mais pas uniquement.
J'avais déjà détaillé ce phénomène dans mon premier article.
(Clic)
Pour appuyer ce propos, j'avais consacré à l'ingénieur électronicien et
acousticien André Charlin un billet sur ses travaux. J'illustrais
cette chronique de 2021 par l'enregistrement mythique pour trois orgues positifs
de l'œuvre.
(Clic)
par l'ensemble
Wolfgang von Karajan.
Thème structurant les fugues |
Il est admis que les cantates ou les passions doivent bénéficier d'effectifs allégés modernes. Une spirituelle intimité est de mise, à l'inverse des exécutions avec des centaines de chanteurs ou plus et d'un orchestre symphonique massif, le régal des londoniens le dimanche au Royal Albert Hall. L'Art de la fugue est un cahier de fugues, canons, etc. tous composés à partir d'un motif unique intégré 287 fois. A-t-il pour unique vocation de décliner toutes les formes de contrepoints imaginables pour un seul usage pédagogique, ou constitue-t-il la compilation testamentaire d'une vie de recherche musicologique pour ne pas dire mathématique ? Ce monument a priori purement solfégique s'adapte à toutes les formes d'orchestration…
1H30 ou plus ! Hormis les oratorios tels les
Passions, il n'était pas coutumier au XVIIIème siècle de jouer des
corpus aussi longs en un seul concert. Les études de
Czerny, très bien conçues pour les apprentis pianistes, sont fort ennuyeuses en
concert… Mais l'enchaînement des contrepoints dans l'Art de la fugue recèle un mystère : son écoute en continu, surtout dans la fantasque
orchestration de
Roger Vuataz
conduit l'auditeur à un état second comparable aux effets des exercices
sophrologiques voire du yoga, bref toutes les formes de méditations… Une
musique des sphères. Ça ne marche pas avec tout le monde bien entendu…
Chacun reste réceptif à un ou plusieurs styles musicaux.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Page 2 de la Fugue I |
Bach
commença ce cahier a priori ésotérique sur le plan technique entre
1740 et 1742. De cette période datent
12 fugues et
deux canons. En 1751 sont
ajoutés 2 fugues et
2 canons. Quant à la dernière
fugue à
trois sujets, il n'est pas certain
qu'elle fasse partie de cet ensemble publié en 1751, mais il est
d'usage de l'ajouter en conclusion. Oui, vous comptez bien, 19 pièces et 20
à écouter. Cela reflète nombre d'incertitudes et d'énigmes concernant
l'ordre, une éventuelle répartition par groupes de la version finale que
Bach
envisageait pour l'édition définitive.
Étant mort en 1750, le compositeur n'a jamais pu corriger
complètement les épreuves. Des correcteurs, peut-être ses fils qui avaient
grandi à coup de contrepoint se sont attelés a ce travail… sans doute au
mieux. Je vous épargne toutes les tentatives en deux siècles d'établir un
classement cohérent. Il y a des dizaines de sites plus ou moins
contradictoires sur le sujet.
Le manuscrit de l'Art de la fugue serait-il un travail de musique pure ?
Bach
ne composait jamais pour uniquement "mitonner" un solfège compliqué sans
arrière-pensées intellectuelles ou spirituelles. Il existe des
enregistrements pour tous les instruments (clavecin, piano-forte, piano,
orgue) ou des ensembles tels des quatuors (cordes, flûtes, saxophones, etc.)
et bien entendu l'orchestre et même les voix. Il faut pouvoir jouer les
quatre voix des fugues… point !
La magie de la partition ne peut naître que de la rencontre passionnée
entre la pensée de
Bach
et la vénération d'un ou plusieurs
interprètes pour l'œuvre. Certaines réalisations au clavier même virtuoses
peuvent s'avérer d'un ennui mortel. Même avec un manuscrit vierge de toute
directive instrumentale, sans aucun symbole de nuance (p, f, etc.) et
sans aucun tempo indiqué à la clé (la tonalité est immuablement ré mineur),
il me semble indispensable que les artistes recontextualisent leur lecture
de la partition dans l'espace plus vaste de la foi ardente de
Bach.
Notre disque chroniqué répond-il à cette exigence ? Pour moi oui,
l'aventure humaine et musicale de deux musiciens partageant une amitié, une
passion absolue pour cette partition, et une quête interprétative affectant
plusieurs décennies !
Hermann Scherchen
|
Bach, le compositeur génial et mystique de la première moitié du XVIIIème
siècle.
Roger Vuataz
: un musicologue et organiste féru de science, de philosophie et de
théologie.
Hermann Scherchen
: un maestro aux mêmes passions. Je parlais plus haut de rencontre
passionnée, et en voici une miraculeuse ; trois hommes, soucieux chacun
à leur époque de spiritualité associée à la science musicologique. Les deux
musiciens du XXème siècle travailleront à une adaptation
instrumentale et métaphysique de l'Art de la fugue de Bach. Évoquons en premier la personnalité atypique du maestro
Hermann Scherchen, sans doute la clé de voute spirituelle du projet.
Hermann Scherchen
Quand on parle de directeurs d'orchestre marquants dans
l'Allemagne-Autriche du début du XXème siècle, on pense en
priorité à
Furtwängler,
Klemperer,
Böhm,
Karajan. Les trois premiers sont nés vers la fin du XIXème siècle, et
tous ont appris leur métier lors des derniers feux (éblouissants) du
romantisme tardif et de la tonalité classique grâce à un
Richard Strauss
ou un
Gustav Mahler
; mais hormis
Klemperer, ils resteront un peu distants du modernisme naissant : notamment celui de
la seconde école de Vienne établie par
Schoenberg. De toute façon l'anathème lancée par les nazis sur ce courant, comme sur
les œuvres de compositeurs juifs, mettra un frein vers 1932 à cette
belle expérience novatrice. Ah les riches heures des théories de
Goebbels sur la "musique dégénérée".
Après la guerre, ces maestros au tempérament autoritaire ont assuré la
pérennité du patrimoine musical de la grande tradition germano-autrichienne.
Un choix personnel d'une carrière "traditionnelle" pendant l'explosion d'une
ère avant-gardiste caractérisée par l'émergence de modes d'écriture
nouveaux : la polyrythmie, l'atonalité, le dodécaphonisme et le
sérialisme, le style minimaliste-répétitif… Quoique l'on doit à
Herr von Karajan
mettant sa célébrité et sa
philharmonie de Berlin
au service de la publication en 1973 d'une intégrale en quatre LPs de
l'œuvre orchestrale de l'école de Vienne ! (Clic)
|
Ces vedettes des podiums et quelques autres ont néanmoins joué
Bartok,
Stravinski,
Prokofiev,
Hindemith. Un autre maestro de même talent et
de la même génération est quasiment oublié :
Hermann Scherchen
(1891-1966). Son caractère indépendant et exigeant, son attrait
affiché pour le communisme, des tempos parfois singuliers dans ses
interprétations et une discographie majoritairement gravée pour le label
éphémère Westminster Records (1949-1965), n'ont pas contribué
à la reconnaissance posthume qu'on lui devrait.
Originaire d'un milieu modeste d'aubergiste berlinois, le jeune
Hermann
ne suivra pas la voie des conservatoires prussiens. Malgré les aléas d'un
parcours d'autodidacte, il joue en virtuose de l'alto en concert dès l'âge
de seize ans, y compris comme remplaçant occasionnel à la
Philharmonie de Berlin
(période
Arthur Nikisch). Hermann
rencontre
Schoenberg
en 1911 qui cherche un assistant pour créer
Le pierrot Lunaire, œuvre charnière chantée en sprechgesang (déclamation) et dont
l'orchestration préfigure l'atonalité, le sérialisme, etc.
Entre 1914 et 1918, il connaît les prisons de Riga comme civil étranger (la Lettonie est alliée à la Russie). Scherchen avait été nommé chef de l'orchestre symphonique de la ville un mois avant 😫 !!! Quatre ans plus tard il relance sa carrière à la fois classique mais fortement active au service de la musique de son temps. La liste des créations qu'il assure en témoigne : L'Histoire du soldat d'Igor Stravinsky, les Trois fragments du Wozzeck d'Alban Berg, le Concerto à la mémoire d'un ange du même Berg, de nombreuses œuvres de Paul Hindemith… Et plus tard en 1954, Déserts de son ami Edgar Varèse au TCE avec l'Orchestre de la RTF et Pierre Henry, un scandale phénoménal avec un chahut rappelant l'émeute lors de la création du Sacre du printemps en 1913 😂 (YouTube).
L'arrivée d'Hitler au pouvoir l'oblige à quitter l'Allemagne pour la Belgique puis la Suisse quand l'Europe est envahie… Il rejette résolument l'idéologie nauséabonde nazie. De plus, son engagement à promouvoir la musique moderne l'inscrirait d'emblée sur l'index des défenseurs de l'art "dégénéré". Etant très proche des "juifs" Schoenberg et Berg… (35 compositeurs allemands, majoritairement juifs, mourront dans les camps.)
Il dirigera jusqu'à l'invasion de l'Europe en nomade. Scherchen ne s'attachera jamais à une formation ou à un opéra comme directeur officiel par amour de la liberté artistique. Exceptions : l'orchestre de la Radio de Beromünster de Zurich entre 1944 et 1950 et une présence assidue auprès de l'Orchestre symphonique de Vienne avec lequel il réalisera l'essentielle de sa discographie pour Westminster.
Après la folie nazie on lui avait proposé la direction de la Philharmonie de Berlin, de l'Opéra de Berlin ou encore de l'orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Des postes pour lesquels tout maestro ambitieux vendrait sa mère, il les refusera tous !!! On peut s'en étonner… Il préférera séjourner en Suisse, enregistrer à Vienne et mettre le pied à l'étrier de la nouvelle génération : Bruno Maderna, Pierre Boulez, Boris Blacher, Norman Del Mar, Iannis Xenakis ou Luigi Dallapiccola…
La discographie disponible de
Hermann Scherchen
est abondante mais disparate.
Haendel
(un
Messie
d'anthologie), de nombreux
Bach
dont une
passion selon Saint-Matthieu
de 4H – comme le
Messie
- qui restitue la tragédie et le sacrifice (pas un oratorio anglican
extatique à la mode
Klemperer
malgré des chanteurs géniaux), des
Mahler… On aimera la ferveur ou on détestera des tempos volontairement statiques
destinés à laisser chaque note s'épanouir et imprégner notre imaginaire… Une
chronique spéciale est à envisager… DG a racheté le fond
Wesminster mais les rééditions sont parcimonieuses…
Roger Vuataz et… un chaton |
Roger Vuataz
Né en 1898 à Genève, ville où il nous quittera en 1988,
Roger Vuataz
cumulait un nombre hors du commun de talents musicaux : organiste mais
jouant aussi de la flûte, de l’alto et de la clarinette, chef de chœur, chef
d’orchestre, carillonneur à la cathédrale de St-Pierre de Genève 😊,
critique musical, professeur au Conservatoire supérieur de Genève, directeur
musical du Studio de Radio-Genève et musicologue…
En tant que compositeur,
Roger Vuataz
nous a légué environ 130 œuvres qui ont quasiment toutes bénéficiées d'un
enregistrement. Il existe 13 albums disponibles via le site du musicien. À
noter que les œuvres symphoniques ont été captées avec l'Orchestre de la Suisse Romande (Clic). Pour ce faire une idée :
(Youtube)
Dans cet article, concentrons-nous sur la collaboration entre Roger Vuataz, l'homme-orchestre, et Hermann Scherchen.
Avant leur rencontre en 1935, en dehors des claviers, l'Art de la fugue
avait déjà une vie symphonique, celle de l'orchestration de
Wolfgang Graeser.
Wolfgang Graeser naquit à Zurich en 1906 et toucha un peu à
tout : violon, peinture, physique, maths, orientalisme, etc. L'adolescent
déniche chez un bouquiniste un exemplaire de
l'Art de la Fugue. Subjugué par les symétries structurelles qu'il y rencontre, il consacrera
sa vie à analyser sous un angle mathématique (sa passion extra-musicale) la
partition, en ne négligeant pas son impact émotionnel sur un auditeur. Il
conçoit ainsi une orchestration monumentale qui devait avoir un air de
famille avec les transcriptions des années 30 de
Stokowski
(Clic). L'instrumentation de
Graeser
pour grand orchestre à cordes et orgue en option est publiée et jouée dans
l'église Saint-Thomas de Leipzig le 26
juin 1927. C'est une première pour l'œuvre de
Bach
orchestrée et un triomphe grâce au chef
Karl Straub, lui aussi fasciné par l'ouvrage.
Plus triste : le jeune
Wolfgang, de nature dépressive, se suicide en 1927 à seulement 21 ans. À ma
connaissance, il n'existe qu'un enregistrement moderne de sa transcription,
celui de
Karl Münchinger
de 1965 à Stuttgart pour DECCA…
(Clic). On ne trouve sur le web que cette minuscule photo du jeune compositeur au
regard triste…
Hermann Scherchen estime-t-il cette orchestration encore trop conforme au style romantique, pauvre en couleurs ? Il suggère à Roger Vuataz d'écrire une nouvelle orchestration inspirée de la registration des orgues. Le musicologue en écrira trois, similaires dans le choix des groupes instrumentaux mais d'effectifs différents. Il existe trois pour le casting :
A. 31 musiciens : |
B. 24 musiciens (pour les petites salles) |
C. 42 musiciens (grandes salles) |
Groupe I : Cordes. (4 · 3 · 3 · 2 · 1)
Groupe IV : 1 Flûte, 1 hautbois, |
Groupe I : Cordes. (3 · 2 · 2 · 1 · 1)
Groupe IV : 1 Flûte, 1 hautbois, |
Groupe I : Cordes. (6 · 5 · 4 · 3 · 2)
Groupe IV : 1 Flûte, 1 hautbois, |
Hermann Scherchen semble recourir en 1949 à l'effectif de 24 musiciens tout comme Vuataz dans sa propre réalisation à Bruxelles en 1963. Suivant les fugues, pour rompre tout risque de monotonie dans les timbres, il répartit ces groupes de la manière suivantes :
1.
Contrepoint 1 : Fugue simple (Groupes des cordes)
2.
Contrepoint 2 : Fugue simple (Groupes des cordes)
3.
Contrepoint 3 : Fugue simple (Groupes des cordes)
4.
Contrepoint 4 : Fugue simple (Groupes des cordes)
5.
Contrepoint 5 : Fugue simple
6.
Contrepoint 6 : Fugue en diminution (en style français)
7.
Contrepoint 7 : Fugue en augmentation et diminution
8.
Contrepoint 8 : Fugue à trois voix
9.
Contrepoint 9 : Fugue à la douzième
10.
Contrepoint 10 : Fugue à la dixième |
11.
Contrepoint 11 : Fugue à quatre voix
12.
Canon à l'octave (Groupe des bois seuls)
13.
Canon à la dixième en contrepoint à la tierce (Groupes des cordes)
14.
Canon à la douzième en contrepoint à la quinte (Groupes des cordes)
15.
Canon par augmentation en mouvement inverse
16.
Contrepoint 16a : Fugue en miroir
17.
Contrepoint 16b : Fugue en miroir
18.
Contrepoint 18a : Fugue en miroir
19.
Contrepoint 18b : Fugue en miroir
20.
Contrepoint 19 inachevée : Fugue avec trois sujets
|
Aucune analyse subjective cette semaine. Je ressens à l'écoute depuis 45
ans un climat onirique et nostalgique, surement un effet de l'unique
tonalité de ré mineur utilisée, reflet d'un mysticisme plutôt austère (Bruckner
affectionnait cette tonalité). Petit détail : je ne reviens pas sur les
mystères ésotériques qui entourent le fait que la fugue 19, très longue,
ne soit pas achevée, laissant la dernière page à demi vierge.
Bach
presque mourant n'aurait-il pas eu le temps de terminer ou de dicter la
conclusion. Généralement, on stoppe net l'interprétation.
Marco Angius |
Vers 1965,
Hermann Scherchen
rédigera sa propre version qui donnera lieu à trois enregistrements (Vienne,
Toronto et enfin Lugano). L'orchestration se révèle encore plus enjolivée
avec la présence de cuivres. Par exemple les fugues 1 & 3 sont jouées
par les vents. Personnellement, je préfère la pureté du dispositif
instrumental de
Vuataz. Scherchen
joue la dernière note telle un point d'orgue. Est-ce une porte qui se
referme sur l'éternité ?
Le live de Toronto a ses fans, le son est vraiment mauvais. Je ne le
recommande pas en première écoute. Il existe une vidéo de la répétition à
titre documentaire.
Avec la cavalcade sympathique mais frénétique d'un
Goebel
sur instruments anciens, on pourrait croire que les baroqueux ont
définitivement balayé ces orchestrations influencées par le crépuscule du
romantisme, au bénéfice d'une virtuosité
instrumentale. Pas complètement, l'orchestre
di Padova e del Veneto
et son chef
Marco Angius
ont relevé le défi en 2015 en enregistrant l'orchestration de
Scherchen. Un petit choral (playlist 21) a été ajouté. La prise de son est, on s'en
doute, d'une clarté qui nous pince le cœur en songeant aux techniques
limitées disponibles en 1949. Une splendeur.
Une notation n'a pas de sens :
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