ZODIAC est un groupe Allemand, du Münster, né de la rencontre de Nick Van Delft, et de Janosch Rathmer. Ce dernier, batteur du groupe de Metal-progressif à tendance atmosphérique, Long Distance Calling (toujours en activité), a le besoin irrépressible de jouer une musique plus viscérale. Ce qu'il fait donc avec son ami Van Delft. Au début, ce ne sont que de simples et longues improvisations, juste pour le plaisir ; et puis, un répertoire solide prenant doucement forme, découle l'envie d'aller plus loin, le désir de monter un groupe pour faire vivre et croître leur matériel.
Rathmer appelle le guitariste Stephen Gall, avec qui il avait joué pendant plus de dix ans (1999-2010) au sein de Misery Speaks, un groupe de Death Metal fraîchement dissous, auteur de quatre albums. Et Stephen, à son tour, entraîne à sa suite Robert Khar, avec qui il a joué au sein de Rocketchief ; un groupe de Heavy-metal assez typé 80's n'ayant réalisé qu'un seul disque maladroit.
Ce dernier passe à la basse et met en pratique ses compétences de claviériste.
Le jeune groupe ne perd pas temps et créé son propre label. Nanti d'un répertoire déjà en phase de maturation, une fois bien huilé, le quatuor enregistre un premier Ep, baptisé pudiquement "Demo 2011". Le disque relativement copieux avec six titres et sa trentaine de minutes, est très bien accueilli par la presse. Plus lourd et gras que ce qu'elle va produire par la suite, la troupe s'inscrit plus directement dans un rock Stoner.
A l'évidence, Zodiac se délecte des tonalités graves. Les guitares faisant parfois presque jeu égal avec la basse, qui, elle, a une préférence pour les médiums. Le timbre de la voix de Nick Van Delft est sombre, terne, cultivant un bouillon de pessimisme et de désabusement. Van Delft ne doit pas sourire souvent, ou alors en se cachant. Ce parti pris le rattache quelque peu à certains groupes de Stoner, sachant qu'il se garde bien de hausser le ton. Une voix de basse - entre le basso-cantante et le basso-baritono, mais sans la puissance - plus à l'aise et intense sur les tempi lents, s'éraillant avant de se briser dès qu'elle tente de monter plus haut. Il est souvent comparé à Chris Rea ou Mark Lanegan (ex-Screaming Trees et Queens of the Stone Age)
A l'heure où on a encore tendance à rajouter des morceaux pour allécher le chaland, en pensant que la quantité prime sur la qualité, Zodiac, lui, se contente de huit pièces. Neuf avec la pièce bonus. Mais des pièces abouties, qui prennent leur temps, avoisinant les cinq minutes, et changeant parfois de tempérament. A ce titre, l'écoute distraite de la musique de Zodiac peut laisser totalement indifférent. Pourtant, derrière un aspect de prime abord bourru et d'apparence primaire, on découvre une certaine richesse. Il y a même de la réserve et de la contenance, ce qui actuellement fait malheureusement défaut à bien des groupes du genre.
D'une certaine façon c'est à l'image de la pochette - sensuelle sans être racoleuse, impudique ou vulgaire. Accrocheuse, sans tomber dans le tape-à-l’œil de bas-étage. En d'autres mots, il n'y a nul besoin d'en faire des caisses pour séduire et être convaincant. Au contraire.
Au sujet de la pochette, outre le fait que son esthétique lui a valu une sélection dans la liste sélective des "pochettes de disques sexy (groupe Rock)" volume 1 (⇨ lien), on remarque aussi que le groupe s'est créé quatre glyphes distinctifs, d'apparence cabalistique, chacun affecté à un musicien. Comme il y a quarante et un ans, pour une pochette historique, sans titre, représentant un mur décrépi sur lequel est accroché un cadre. Le contenu offrait également huit morceaux. Ces symboles apparaissent déjà sur le précédent Ep.
Le morceau-titre pourrait induire en erreur avec sa consonance typée Queens Of The Stone Age., alors que le groupe semble globalement plus impliqué dans le Hard-rock 70's. Dans le Rock au sens large aussi, le groupe ne s'autorisant aucune barrière. L'avant final rappelle d'ailleurs le premier essai d'Iron Maiden.
"Je vais laisser le diable me saisir. Et je devais juste le libérer. J'ai été le diable dans cet ange. Je suis le diable dans cet ange que vous voyez"
Le nerveux "Carnival" retient encore cette filiation avec le fleuron de la NWOBHM. Toutefois, il y a aussi un parfum de Thin Lizzy, dans ses moments belliqueux
"Ne craignez pas de me juger fou, maintenant que vous serrez la main ... Carnaval des cœurs brisés. Donnez-moi votre temps je vous donnerai le mien ! Le temps de tourner en rond, et en rond."
Ils prennent un gros risque en reprenant le slow-blues des trois barbus, "Blue Jeans Blues", à la partition facile d'accès mais dont l'interprétation réclame beaucoup de feeling. Si Van Delft ne parvient pas à égaler le toucher ni le feeling exceptionnel de Billy Gibbons, sa voix, par contre, se fond sans trop de mal dans celui du Reverend. Ce slow-blues aurait pu paraître incongru, mais trouve finalement sa place après les deux premières salves et le Heavy-boogie-metal "Horror Vision", aux faux airs de Twisted Sisters mâtiné de Budgie. Toutefois, il est regrettable de le gâcher par un final inutilement speedé, noyé dans la distorsion et la wah-wah. Paradoxalement, alors que Van Delft fait généralement preuve d'une certaine retenue tout au long de l'album, ce n'est pas ici le cas.
"Horror Vision" paraît être un exutoire d'un passé pénible du chanteur ; celui d'un travail éreintant et abrutissant dans une chaîne de montage. Une vision orwellienne ou le vécu du chanteur ? Un riff carré, en power-chords assez conventionnel, d'obédience sabbathienne.
Rahtmer, Gall, Van Deflt & Rhar |
La seconde partie de l'album est plus originale, à commencer par "Assembly Line" (récupéré du Ep et ici amélioré) qui, sans se dépêtre d'une noirceur qui semble lui coller à la peau comme la suie mêlée à la sueur, exhale quelques émanations alcoolisées de Southern-rock, dans le style bourru - et heavy - d'un Hogjaw. Avec quelques pics s'abandonnant au pur Hard-rock.
"Fils, ne demande pas combien tu vaux ni qui tu es. Ils le savent ... Perdre du temps chaque jour sur la ligne de montage... "
Plus surprenant après tout ce déballage de décibels et de sonorités mates et massives, comme confectionnées dans la forge des frères Brokk et Eitrir, "Thunder" dénote agréablement en ouvrant une porte sur une dimension acoustique. Guitare acoustique proche d'un country-blues plus tard rejoint par une électrique en retrait, nimbée d'une discrète reverb et travaillée au vibrato pour cultiver une atmosphère de western nocturne. Les deux six-cordes tissent un décor froid et sombre, vaguement rétro, où la lune tente désespérément de percer les amoncellement de nuages, tandis qu'au loin, gronde le tonnerre.
"Je peux sembler le laisser partir, le tonnerre dans ma machine".
A bien regarder, "Coming Home" - si l'on écarte le timbre sombre de Nick Van Delft - est de la famille des morceaux Hard-progressif d'un autre groupe teuton. En l'occurrence, ceux des Scorpions de la période Ulrich Roth. Ici, la chanson semble jouer entre plusieurs tableaux. Celui du thème récurrent des angoisses du musicien éloigné des siens, celui de l'incarcération et celui de la perte de soi.
"Je vais rouler vers les feux de l'enfer. Hors de prison ... Je ne reviens pas seul sur la frontière, sur la frontière ! Je rentre à la maison, perdu pour être retrouvé, retrouvé perdu. Je rentre à la maison dans mon âme, jusqu'à la tranquillité d'esprit"
"Dying Done" est un final présenté comme un bonus. Une pièce jonglant avec un doux Stoner coloré de psychédélisme et un Southern-rock copieusement heavy. Un instrumental à l'odeur de B.O. de blockbuster tapageur et saignant.
L'album rencontre un franc succès, et le groupe n'a aucun mal à franchir les frontières allemandes et européennes, traversant l'océan pour soutenir Monster Magnet aux USA. Ce qui ne trouble en rien le quatuor qui deux ans plus tard réalise un disque encore meilleur ; plus mature - à suivre...
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