mardi 26 mai 2020

FredObert - DU VELOURS (2020) - par Pat Slade



Enfin le déconfinement ! Je pars pour le Berry… je sais ! Il y a 248 kilomètres de distance donc plus de 100 klm de mon domicile, mais la chronique d’un artiste français n’attend jamais ! De plus un artiste qui a déjà eu une chronique dans nos colonnes.





FredObert Joue Sur Du Velours





B.Caillault - FredObert -  Y.Cluseau
FredObert ? J’en avais déjà parlé il y a trois ans avec son premier album «Le Blues du Berry». Je ne vais pas refaire le portrait de ce sympathique artiste de l’Indre et ressortir toute les litanies et les méchantes énumérations que j’avais faites sur le Berry vu par mes yeux de parisien borné, vous n’aurez qu’à vous reporter sur cette chronique en cliquant ici (clic).

Le dernier FredObert sort enfin avec le retour du printemps et le déconfinement tant attendu ! «Du velours» Un titre qui pourrait avoir plusieurs sens, soit on parle du tissu, soit d’un bon vin que l’on déguste (Le petit Jésus en culotte de velours !) ou alors qu’il est doux au toucher donc dans ce cas à écouter ? Je donnerai mon appréciation après plusieurs écoutes attentives et approfondies.

J’ouvre l’enveloppe que le facteur a déposée dans ma boîte à lettres et en sort un CD à la couleur blanche où se dessinent les portraits des trois protagonistes qui vont œuvrer pour le renouveau et le bien-être de la chanson en français qui veut dire quelque-chose. Une pochette qui s’ouvre en triptyque avec, sur le panneau de droite, les noms des généreux donateurs pour la production de l’album (la fameuse campagne de financement participative qui aide beaucoup d’artistes indépendants à pouvoir s’exprimer et à ce produire) ; et j’en vois certains que je connais bien comme la chanteuse et amie Hélène Gerray et son compagnon (Et aussi ami) l’artiste peintre (et écrivain) Alain Coulon. Et bien sûr, j’ai droit à ma petite dédicace (Merci Fred !). Je mets le disque dans mon lecteur et je prends le livret avec les paroles et déjà la couverture donne le ton, il est écrit «Song Bouc», un trait d’humour comme je les aime et qui ne me rend pas chèvre ! Fred a réuni de nouveau les musiciens qui l’encadraient sur son premier album, autrement dit Benoit Caillault à la basse et contrebasse et Yannick Cluseau à la batterie, guitares, banjo et chœurs. «49.9» Un titre qui rappellera des souvenirs à beaucoup de personnes qui ont été ado dans les années 70-80, Fred nous parle de sa Motobécane de couleur orange le fameux  modèle AV 92 (Enfin je pense que c’est celle-là !) sur une musique un peu folklore western qu’un Renaud à l’époque de «Laisse Béton» n’aurait pas reniée tellement c’est dans le style. Moi, en attendant, je n’ai eu qu’un Peugeot 102 qui a fini à la casse ! «Chez Jeannine» FredObert est un nostalgique de certaines choses et de certains endroits et je le comprends en écoutant cette très belle complainte agrémentée d’un accordéon qui donne encore plus de force au morceau. L’histoire d’un vieux troquet de campagne comme il en reste peu de nos jours et qui en disparaissant efface l’image d’une France du terroir. J’ai connu un troquet similaire dans l’Eure et tout ce que Fred raconte dans cette chanson s’y retrouve. Le café servi à la casserole dans des mazagrans, le vieux babyfoot, «les trophées de footeux sans argent». Le monde avance et les souvenirs de notre jeunesse disparaissent.
"Ou qu'il est le chapeau ??"

«Le Plan De Table» Rien qu’au titre, on sait que l’on va parler mariage et de ses inconvénients. Sur une musique jazzy dans un style Jonasz ou Charlélie première mouture, la mise en place d’un plan de table avec beaucoup d’humours. «La Carte Postale» Sur un ton plus oriental arrosé de darbouka, de kayamb et de ribab, l’image d’un petit village bien tranquille qui «Du plus pur quidam au facho clandestin, l’autochtone succombe à l’appel du bleu…». Après avoir lu les paroles avant écoute, je m’attendais à quelques chose de nostalgique, mais après, je trouve que cela colle parfaitement avec le texte ! «Lettre à Renaud» Je n’ai jamais été un grand admirateur de Renaud, hormis pendant sa genèse, autrement dit les quatre premiers albums, mais cette chanson est tout simplement magnifique avec une très belle orchestration, une ode à un vieux chanteur qui s’est perdu dans les vapeurs d’alcool. Fred… chapeau bas !!! 

Chapeau, la transition est toute trouver pour le titre suivant. Un petit coté Brassens rythmé pour parler du galure, du couvre-chef, du bitos «Mon Chapeau» Beaucoup verrait cela comme un accessoire secondaire, mais Fred lui voit ça, comme il le dit lui-même, c’est la pièce essentielle à sa panoplie de tous les jours comme d’autre porte une cravate.

«Les Persiennes» Une belle ballade triste et nostalgique avec encore une belle orchestration qui réveille les consciences. Une histoire qui rappelle un fait divers d’après guerre, une affaire d’injustice criminelle ou deux hommes Raymond Mis et Gabriel Thiennot seront mis au banc des accusés à tort. «Le Plus Beau Jour de Ma Vie» Nous sommes beaucoup dans ce monde à avoir vécu cette situation celle du mariage, celle de rentrer dans la norme et ensuite du désenchantement avec le divorce. Je me suis presque reconnu dans cette chanson, mais ce n’est pas moi qui suis partie. «Les Larmes de Crocodiles» Bon sang que cette chanson est belle !! Le père et le partage avec son enfant qui grandit au fil du temps et où l’amour paternel, s’il est toujours présent, reste très protecteur avec cet enfant qui rentre dans la vie. Un texte magnifique avec une musique écrite au diapason, ça sent le vécu. «Casamance» La Casamance cette région naturelle du Sénégal a inspiré Fred. Sur un rythme un peut bossa, si La Fontaine avait écrite la chanson, il l’aurait appelée : «Le bouc, le légionnaire et la Chèvre». Une histoire drôle mais à ne pas mettre entre toute les oreilles, quand on parle de chèvre et de légionnaire, on connait la suite… !

B.Caillault - FredObert -  Y.Cluseau
 «Tonton Martine» Fred parle t-il d’un personnage réel ou le sort-il de son imagination ? «Elle a des allures de Rambo maquillé à la Norma Jeane», «Un peu partout les gens racontent qu’elle a servi dans la légion et qu’elle a un fusil à pompe toujours planqué dans son blouson». Franchement qui aurait envie de croiser un tel personnage ? «Comme un gamin» De beaux arpèges de guitare avec un harmonica à la Neil Young, encore une belle histoire tiré de la galerie des personnages de son terroir, celle d’un personnage que l’on aurait pu trouver «Chez Jeannine».

Du velours ? Pas uniquement, c’est de la soie, du cachemire, de l’alpaga, de la vigogne et j’en passe et des meilleurs. Cet album est une pépite, des textes tendres, des personnages parfois insolites, de l’humour à revendre et un regard sur une planète en manque de sourires et de poésies. FredObert est un gars qui devrait sortir de sa cambrousse pour faire éclater son talent en pleine lumière.




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