LÉGENDES D’AUTOMNE est en réalité un recueil de trois histoires, de romans courts, « Une
Vengeance », « L’Homme qui abandonna son nom » et « Légendes
d’Automne ». On retient ce dernier titre sans doute à cause de l’adaptation
cinéma sortie en 1995, réalisée par Edward Zwick avec Brad Pitt en autres. Film
qui ne traine pas une merveilleuse réputation, m’enfin, je ne l’ai pas vu.
Jim Harrison |
L’histoire
commence en 1914. William Ludlow dit au revoir à ses trois fils, Samuel, Alfred
et Tristan, qui partent faire la guerre en France. On les suit voyager à cheval
dans les grandes plaines du Montana, accompagnés d’un indien, Un Coup, qui
devra rentrer avec les chevaux. On a donc plusieurs récits, celui des
trois fils et leurs aventures en chemin, puis sur le front en Europe, et celui
du père qui reste au ranch avec son contremaître Decker et sa femme indienne.
L'épouse du père, Isabel Ludlow, passe l’hiver à Boston où elle prend quelques amants
pour passer le temps, avant de revenir à la belle saison.
image tirée du film : les trois frangins |
Concision
du récit, je l’ai dit, avec un sens de l’ellipse qui accélère la narration. Par
exemple, Harrison peut écrire : « Tristan s’arrêta en Angleterre où il
retrouva son grand père avec qui il s'embarqua pour une traversée de
deux mois, et après un séjour à Boston pour embrasser sa mère il partit pour Cuba où
il vécut deux ans ». Concision. 24 mois en une phrase. ! Il n’y a pas de dialogues dans
ce livre. Dialogues qui servent souvent pour les tâcherons à remplir des pages, un "turc" pour les auteurs en mal d'inspiration. Quand Harrison veut faire parler des personnages, il écrit seulement « Untel lui dit ça, l’autre répondit
que ». On reste dans le descriptif, la narration, mais une phrase suffit pour qualifier
un intérieur, un paysage, un caractère, comme un coup de pinceau habilement
envoyé sur la toile.
Alfred
lui deviendra politicien, sénateur. Il a une relation plutôt tendue avec son
frère, ils aimeront la même femme, Suzannah, en proie à une dépression
chronique. Faut dire que Tristan après l’avoir épousée est parti quelques temps…
plusieurs années ! Je ne vous raconte pas l’intrigue en détails, parce qu’il se passe beaucoup de choses, des évènements qui en imbriquent d’autres,
des coups du hasard, des drames, des morts. On croise pas mal de personnages, le rythme de l’écriture vous happe dès le début pour
ne vous lâcher qu’à la fin. 80 pages c’est vite passé.
Si
vous ne connaissez pas cet auteur, LÉGENDES D’AUTOMNE est une bonne porte d’entrée,
c’est facile à lire parce que remarquablement écrit, raconté, c’est romanesque,
vivifiant. Le terme de Légendes renvoie presque à la mythologie et ses héros, c’est
vrai qu’il y a chez Tristan un aspect fascinant, dans son parcours, ses
épreuves, aucun personnage ne laisse indifférent, même les plus secondaires.
Jim Harrison est à mon sens un des plus grands écrivains du 20 eme siècle . Même si son oeuvre est inégale , la dernière période de sa vie n'a pas été la plus brillante au sens littéraire bien sûr , ce prodigieux auteur nous a livré quand même de purs chefs d'oeuvre . Il faut absolument lire "Dalva" son oeuvre majeure et la suite "La route du retour" . Ses tous premiers romans sont aussi dignes qu'on s'y attarde .
RépondreSupprimerLe film tiré de la novella "Legendes d'automne" n'est pas si mauvais que cela.