mardi 3 mars 2020

SCOTT McKENZIE - "SAN FRANCISCO" (1967) - par Pat Slade



En 1967, un énorme happening va lancer le Summer of Love et un titre va en être l’hymne : «San Francisco» chanté par Scott McKenzie.



Du Human Be-In au Festival de Monterey 





Scott McKenzie
En 1967, la jeunesse a besoin d’air, de sortir du carcan parental et de créer sa propre révolution culturelle. En 1966 l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie sont en fusion avec des changements de régimes constants, l’Europe ce n’est pas mieux et au Proche-Orient c’est le foutoir. Et au États-Unis ? Le président Johnson s’enlise dans la guerre du Vietnam, il y a toujours des troubles raciaux qui vont amener la naissance du Black Power et la création du mouvement des Blacks Panthers, ce sera aussi le début de la construction du World Trade  Center. Mais les années changent et les modes aussi, les fleurs vont surgir dans les cheveux qui de leur côté vont pousser autant chez les gars que chez les filles. Le mouvement hippie et ses premières communautés vont apparaître en Californie qui élira vers la fin de l’année leur nouveau gouverneur, un ancien acteur raté, Ronald Reagan.


L’année suivante sera le déclencheur du Summer of Love. Tout va partir d’un happening le Human Be-In qui se déroulera en janvier 1967 au Golden Gate Park de San Francisco. Des centaines de personnes se rassembleront ainsi que toutes les pointures de la Beat Generation comme Gary Snyder, Allen Ginsberg, le pape du LSD Timothy Leary et le militant libertaire et antimilitariste Jerry Rubin qui créera le mouvement Yippie (A lire son livre «Do It» où il y raconte son histoire de contestataire perpétuel et de "fouteur de merde" d’élite !).

Mais en plus de ces contestataires professionnels, la musique sera aussi de la fête avec la présence de groupes qui en étaient à leurs balbutiements. Le Jefferson Airplane, le Grateful Dead, Big Brother and the Holding Company et Santana tiendront le haut de l’affiche de ce grand concert gratuit. Le Human Be-In est considéré comme un événement majeur au même titre que le festival de Woodstock ou celui de Monterey

The Mamas & The Papas et Scott McKenzie
Mais alors qu’est-ce que Scott McKenzie vient faire dans cette histoire ? Nous y voila ! Scott McKenzie est né en 1939 et commencera à chanter au lycée avec Tim Rose. Plus tard, il rencontrera John Phillips et les compères monteront un groupe de doo-wop, The Smoothies, qui enregistrera deux singles chez Decca. En 1964, il y aura une scission au sein du groupe et McKenzie voudra chanter seul et Phillips ira de son côté monter son propre groupe The Mamas & The Papas avec Dennis Doherty, Cass Eliot (Mama Cass) et sa femme Michèle Phillips. Deux ans plus tard, John Phillips écrit et produit «San Francisco (Be Sure to Wear Flowers in Your Hair)» pour McKenzie lors du Human Be-In pour promouvoir le Festival international de musique pop de Monterey. Dans l’enregistrement, Phillips y jouera de la guitare. Le succès est immédiat et le morceau se classe n°1 dans le monde entier. «San Francisco» devient un hymne hippies aux Etats-Unis et sera joué pendant le festival Summer of Love dans le quartier de Haight-Ashbury de San-Francisco. Il sortira ensuite «Like an Old Time Movie» toujours écrit par Phillips mais qui ne connaîtra pas le succès voulu. 

Scott McKenzie arrêtera d’enregistrer dans les années 70, il ne sortira que deux albums. En 1988, il composera avec Mike Love le chanteur des Beach Boys et John Phillips le titre «Kokomo» chanson figurant sur la BO du film «Cocktail» avec Tom Cruise et interprété par les Beach Boys.
Atteint d’une maladie inflammatoire du système nerveux, il décédera en 2012 à Los Angeles.

«San Francisco (Be Sure to Wear Flowers in Your Hair» sera adapté en français pour Johnny Hallyday. Petula Clark ira aussi de sa version la même année ainsi qu’un groupe punk The Gimmes en 2001, un DJ allemand PH Electro en 2009 et les anglais de New Order en 2014.
«San Francisco» prendra la première place dans les charts en délogeant les Beatles avec «All You Need Is Love» et la perdra quatre semaines plus tard doublé par Engelbert Humperdinck ( ?) et un morceau très pompeux «The Last Waltz» qui n’a rien à voir avec le film sur le dernier concert du groupe rock canadien The Band.

Les hippies ont presque disparu, Scott McKenzie que l’on surnomma dans un livre de chez Albin Michel «Spécial Pop»  de 1967 : «Le Pape des Hippies» est mort, les survivants de Monterey et de Woodstock ne courent plus les rues, le LSD à laisser sa place à la cocaïne et le Love and Peace est tombé aux oubliettes. Les temps et les modes ont changé et pas de la meilleure manière.     




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