Quand le cinéma se
combine avec la bande dessinée, ça donne un film absurde à la limite de la bêtise
la plus noire… mais parfois, même les navets peuvent être drôles !
...Plutôt maigre comme indice !
P.Leconte et M.Gotlib |
Tout
l'affaire commence à partir des histoires qui paraissaient dans le journal Pilote dans les années soixante dessinées par Gotlib et que l’on retrouvere dans les
albums des Rubrique-à-brac. Les
aventures de deux flics : le commissaire Bougret
et l’inspecteur Charolles qui, par des
moyens loufoques, illogiques et saugrenus arrivent à résoudre des affaires de
meurtre. Les principaux protagonistes étaient, hormis les personnages
principaux, deux suspects. Gotlib prendra pour
modèles ses collègues de Planche à dessin. Charolles
était le dessinateur Gébé, Bougret sera Gotlib lui-même et pour les suspects, il prendra Fred le papa de Philémon et co-fondateur d’Hara-kiri
et Goscinny le rédacteur en chef de Pilote et créateur d’Astérix.
Cette parodie des séries télévisés «Les cinq dernière minutes» et de «Les enquêtes du
commissaire Maigret» finiront sur le grand écran avec la
première réalisation de Patrice Leconte qui, en
plus, écrira le scénario et les dialogues en collaboration avec Gotlib. Patrice Leconte
qui réalise des courts métrages, fait des films publicitaires et écrit pour Les cahiers du cinéma va aussi produire
quelques planches pour le journal Pilote.
En 1976, Leconte
se lance dans le projet d’adapter les personnages de Gotlib.
Petite anecdote, Georges Perec (Je soutiens Georges !!) («La disparition»)
introduit les personnages de Bougret et Charolles dans
son roman «La vie mode d'emploi» (chapitre XXXIV) paru en 1978.
Il cite Gotlib comme étant une de ses sources
d'inspiration. Il lui a consacré un court texte, publié dans son recueil
posthume «Cantatrix
Sopranica L.» en 1991.
Le commissaire Bougret et l’inspecteur Charolles deviendront le commissaire Pichard et l’inspecteur Charbonnier, et les rôles seront endossés par Jean Rochefort et Coluche.
Jean Rochefort, l’un
des acteurs fétiches de Patrice Leconte, leur première collaboration fût chaotique. L’acteur était persuadé qu’il était en
train de jouer dans le plus gros navet de l'histoire du cinéma. Il
refusait même de parler à Leconte qui lui transmettait ses instructions via le
premier assistant-réalisateur. Il était également frustré de se voir voler la
vedette par Coluche qui lui était complètement impliqué dans le
film, Coluche qui refusera même son cachet pour sa prestation.
Gaspard Gazul -Roland Dubillard |
«Les
Vécés étaient Fermés de l’Intérieur» une comédie-polar assez simple et complexe à la
fois, Gaspard Gazul poinçonneur de
bus à la R.A.T.P est retrouvé mort dans ses toilettes. Cause du décès : Une bombe a explosé au moment où il a
tiré la chasse. Détail de l’intrigue : Le verrou était fermé de
l’intérieur. Indice : un boulon retrouvé sur le sol de son appartement. Il s’ensuit une recherche de témoins qui renvoie à un autre
témoin, etc. faisant ainsi traverser le pays aux enquêteurs et cela jusqu’au dénouement
final.
Danièle Evenou |
Une grosse parodie des films
policiers des années 50 avec les codes du genre et dans un esprit très « Gotlibien » ; un commissaire taciturne et
un assistant qui ne comprend jamais rien à l’intrigue. Les séquences s'enchaînent : un club de boxe (Tenue par Robert Dalban, une «gueule» du cinéma), les falaises d’Etretat avec Danièle Evenou en péripatéticienne bretonne
délocalisée, et un manoir où l’on peut voir deux jumelles valser nues sans
aucune raison. On peut d’ailleurs voir plusieurs femmes nues au gré du film (à un moment, le duo va prendre le train, et
sur le siège en face d'eux, ils tombent sur une femme totalement dévêtue, comme si
de rien n'était et surtout sans aucune logique).
Quelques acteurs connus y font des apparitions comme
Jean-François Derec, Gérard
Jugnot ou la victime Gaspard Gazul
joué par Roland Dubillard
ou des inconnus comme Billy Bourbon dans le rôle
de Joseph Ordure («Tu vas parler Ordure !»). Ce film
est un grand n’importe quoi tout à fait dans le style de Gotlib, de l’absurde, encore de l’absurde, toujours de
l’absurde !
"Tu vas parler Ordure !!" |
Le film sortira le 7 janvier 1976 avec une affiche signée par Jean Solé (Fluide
Glacial). Il bénéficie de très peu de promo et la une critique est catastrophique ; le public ira
quand même le voir avant que la semaine suivante sorte «Les Dents de la Mer» ! Le film quittera
l’affiche. Il sortira tout de même en Italie avec le titre «Il cadavere era
già morto» («Le cadavre était
déjà mort»).
Suite à ce naufrage, Patrice
Leconte ne tournera
pas avant trois ans, jusqu’au moment ou il réalisera «Les Bronzés». Quant à la relation
entre le réalisateur et Jean Rochefort, ils se
réconcilièrent lors du tournage de «Tandem» en 1988.
Quant
au film, il deviendra culte pour certains au même titre que «La cité de la
peur (Le
film de les Nuls)» d’Alain Berbérian.
«Les vécés
étaient fermés de l’intérieur» est un film bancal à voir sans avoir
des goûts de chio… !
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