mardi 10 mars 2020

LES VÉCÉS ÉTAIENT FERMES DE L’INTÉRIEUR (1976) de Patrice Leconte - par Pat Slade



Quand le cinéma se combine avec la bande dessinée, ça donne un film absurde à la limite de la bêtise la plus noire… mais parfois, même les navets peuvent être drôles !





...Plutôt maigre comme indice !






P.Leconte et M.Gotlib
Tout l'affaire commence à partir des histoires qui paraissaient dans le journal Pilote dans les années soixante dessinées par Gotlib et que l’on retrouvere dans les albums des Rubrique-à-brac. Les aventures de deux flics : le commissaire Bougret et l’inspecteur Charolles qui, par des moyens loufoques, illogiques et saugrenus arrivent à résoudre des affaires de meurtre. Les principaux protagonistes étaient, hormis les personnages principaux, deux suspects. Gotlib prendra pour modèles ses collègues de Planche à dessin. Charolles était le dessinateur Gébé, Bougret sera Gotlib lui-même et pour les suspects, il prendra Fred le papa de Philémon et co-fondateur d’Hara-kiri et Goscinny le rédacteur en chef de Pilote et créateur d’Astérix. Cette parodie des séries télévisés «Les cinq dernière minutes» et de «Les enquêtes du commissaire Maigret» finiront sur le grand écran avec la première réalisation de Patrice Leconte qui, en plus, écrira le scénario et les dialogues en collaboration avec Gotlib. Patrice Leconte qui réalise des courts métrages, fait des films publicitaires et écrit pour Les cahiers du cinéma va aussi produire quelques planches pour le journal Pilote. En 1976, Leconte se lance dans le projet d’adapter les personnages de Gotlib.

Petite anecdote, Georges Perec (Je soutiens Georges !!) («La disparition») introduit les personnages de Bougret et Charolles dans son roman «La vie mode d'emploi» (chapitre XXXIV) paru en 1978. Il cite Gotlib comme étant une de ses sources d'inspiration. Il lui a consacré un court texte, publié dans son recueil posthume «Cantatrix Sopranica L.» en 1991.

Le commissaire Bougret et l’inspecteur Charolles deviendront le commissaire Pichard et l’inspecteur Charbonnier, et les rôles seront endossés par Jean Rochefort et Coluche. Jean Rochefort, l’un des acteurs fétiches de Patrice Leconte, leur première collaboration fût chaotique. L’acteur était persuadé qu’il était en train de jouer dans le plus gros navet de l'histoire du cinéma. Il refusait même de parler à Leconte qui lui transmettait ses instructions via le premier assistant-réalisateur. Il était également frustré de se voir voler la vedette par Coluche qui lui était complètement impliqué dans le film, Coluche qui refusera même son cachet pour sa prestation.

Gaspard Gazul -Roland Dubillard
«Les Vécés étaient Fermés de l’Intérieur» une comédie-polar assez simple et complexe à la fois, Gaspard Gazul poinçonneur de bus à la R.A.T.P est retrouvé mort dans ses toilettes. Cause du décès : Une bombe a explosé au moment où il a tiré la chasse. Détail de l’intrigue : Le verrou était fermé de l’intérieur. Indice : un boulon retrouvé sur le sol de son appartement. Il s’ensuit une recherche de témoins qui renvoie à un autre témoin, etc. faisant ainsi traverser le pays aux enquêteurs et cela jusqu’au dénouement final.

Danièle Evenou
Une grosse parodie des films policiers des années 50 avec les codes du genre et dans un esprit très « Gotlibien » ; un commissaire taciturne et un assistant qui ne comprend jamais rien à l’intrigue. Les séquences s'enchaînent : un club de boxe (Tenue par Robert Dalban, une «gueule» du cinéma), les falaises d’Etretat avec Danièle Evenou en péripatéticienne bretonne délocalisée, et un manoir où l’on peut voir deux jumelles valser nues sans aucune raison. On peut d’ailleurs voir plusieurs femmes nues au gré du film (à un moment, le duo va prendre le train, et sur le siège en face d'eux, ils tombent sur une femme totalement dévêtue, comme si de rien n'était et surtout sans aucune logique). 
"Tu vas parler Ordure !!"
Quelques acteurs connus y font des apparitions comme Jean-François Derec, Gérard Jugnot ou la victime Gaspard Gazul joué par Roland Dubillard ou des inconnus comme Billy Bourbon dans le rôle de Joseph OrdureTu vas parler Ordure !»). Ce film est un grand n’importe quoi tout à fait dans le style de Gotlib, de l’absurde, encore de l’absurde, toujours de l’absurde !

Le film sortira le 7 janvier 1976 avec une affiche signée par Jean Solé (Fluide Glacial). Il bénéficie de très peu de promo et la une critique est catastrophique ; le public ira quand même le voir avant que la semaine suivante sorte «Les Dents de la Mer» ! Le film quittera l’affiche. Il sortira tout de même en Italie avec le titre «Il cadavere era già morto» («Le cadavre était déjà mort»).

Suite à ce naufrage, Patrice Leconte ne tournera pas avant trois ans, jusqu’au moment ou il réalisera «Les Bronzés». Quant à la relation entre le réalisateur et Jean Rochefort, ils se réconcilièrent lors du tournage de «Tandem» en 1988.

Quant au film, il deviendra culte pour certains au même titre que «La cité de la peur (Le film de les Nuls)» d’Alain Berbérian. «Les vécés étaient fermés de l’intérieur» est un film bancal à voir sans avoir des goûts de chio… !    





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