J’ai
vu ce film lors d’une avant-première organisée le 8 mars, journée de la Femme. Ca
ne pouvait pas mieux tomber, vu le thème ! La salle était pleine à
craquer, 99% de femmes, dont le billet était gratuit pour l’occasion. Moi, j’ai
payé ! LA BONNE EPOUSE est une comédie franchement réussie, un brin
caricaturale, mais la comédie demande parfois de forcer le trait, ce qui
déclenche à la fois le rire, et la réflexion.
Le
scénariste et réalisateur Martin Provost situe intelligemment son récit en 1967.
En Alsace, le couple Van der Beck tient une école privée pour jeunes filles,
afin de les préparer à leur future vie de femme, d’épouse. Paulette Van der
Beck s’occupe des cours de maintien, comment servir le thé, de comptabilité du
ménage (mais il revient au mari de valider les comptes et gérer l’argent) et de
sexualité, le fameux devoir conjugal. Gilberte, sa belle-sœur, veille-fille fan
d’Adamo, tient le cours de cuisine. Et une religieuse, Marie Thérèse, dirige l’internat.
Un
mot tout de suite sur ce personnage génialement jouée par Noémie Lvovsky, qui
provoque le rire à chaque apparition, ancienne résistante adepte du fusil de
chasse, qui voit des communistes partout, et horrifiée que parmi les nouvelles
élèves l’une soit rousse, incarnation du Diable !
La
situation se complique pour l’école quand Robert van der Beck casse sa pipe. Madame
doit donc gérer l’institution criblée de dettes, s’en ouvrir au banquier André
Grunvald, qui se trouve être son amour de jeunesse, mais qui a aussi tapé dans
l’œil de la belle-sœur…
Tout
est très bien soigné dans ce film, décors, costumes, images, on pense
immédiatement au François Ozon de POTICHE ou HUIT FEMMES, un univers graphique,
en ligne claire. Martin Provost sort du huis-clos de l’école avec une grande et
belle scène en extérieur, Paulette et son amant gambadant dans les prés comme
de jeunes amoureux. Le temps passe, les évènements de mai 68 changent la donne,
Paulette Van der Beck entrevoit un début de liberté. Géniale scène où elle s’achète
un pantalon, qui aux dires de Gilberte lui fait un « super cul »,
puis ajoute : « mais tu vas le porter aussi pour sortir ? » !
Il
y a une pointe de vaudeville, avec le couple Paulette – André, quinquagénaires
transis d’amour se retrouvent clandestinement à l’hôtel, passent outre les
conventions, lui n’hésitant pas à grimper à la gouttière pour rejoindre sa
belle. A noter une scène fameuse lorsque Gilberte comprend que son amour
platonique est vain : tout laisse à penser à un geste tragique de sa part,
par dépit, mais Martin Provost, par une ellipse de montage, la fait montre métamorphosée
dans une robe aérienne (et de très mauvais goût !) alors que les pensionnaires
partent en bus à Paris au salon de l’art ménager !
Il
faut citer aussi le reportage d’une équipe télé dans l’institution Van der Beck,
à qui le gouvernement a offert un lave-vaisselle. Et sœur Marie-Thérèse de
déclamer : « je remercie Yvonne De Gaulle et Arthur Martin » !
Je
serai sans doute un peu plus critique envers les personnages des élèves. Les comédiennes
ne sont pas en cause, mais les portraits manquent de nuances. La fille délurée
qui fait le mur est forcément une jolie blonde, la pucelle (qui lors d’une
soirée entre filles soutient mordicus qu’elle n’a pas de clitoris, quelle idée,
pour quoi faire !) est d’un physique quelconque et affublée de lunettes
atroces. On passera aussi sur l’inévitable amourette lesbienne parce qu’on n’en
connait ni les tenants et aboutissants, juste que parce que ça fait joli dans
le décor ?
Le
film vire dans la dernière scène à la comédie musicale, un effet collatéral de
LA LA LAND ? Pourquoi pas, cela ajoute une touche de fantaisie, mais je ne
suis pas certain d’y adhérer totalement. Par contre, le film tient beaucoup à
la qualité des interprètes. François Berléand qui fait du Berléand, Edouard
Baer qui sort de ses rôles habituels, Yolande Moreau qui elle turbine dans le
même registre, mais son personnage est très attachant, Noémie Lvovsky géniale
donc, et bien sûr Juliette Binoche.
Cette
actrice est tellement belle, joue sur sa démarche, ses mimiques, ses gestes d’une
précision diabolique - la comédie requière ces qualités – elle est merveilleuse dans ses tailleurs cintrés rose, un look Jacky Kennedy, débitant ses répliques à
la mitraillette (on pense à la reine Katharine Hepburn) en maitresse femme
dépassée par la situation, son nouveau statut de chef d’entreprise, qui doit
tout apprendre d’un monde dont on l’a tenue à l’écart pendant 30 ans.
Je
vous avais parlé d’elle à l’occasion de UN BEAU SOLEIL INTERIEUR de Claire
Denis (2017) magnifique portrait d’une femme de 50 ans, contemporaine, elle
étincelait. Rebelote, mais cette fois dans la France gaullienne, deux films à
mettre en parallèle, pour dire les talents de cette actrice.
C’est
bien écrit, bien filmé, merveilleusement joué, c’est rythmé, coloré, et surtout :
on rit. Une vraie comédie, donc.
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C’est ma dernière "chronique de sortie
de film" puisque les salles de cinéma sont proscrites ! Et de toutes façons vous n'auriez pas pu aller le voir... Je suis au chômage technique, mais heureusement, il reste ma pile de DVD... Je vous propose un quizz. Ma prochaine chronique sera :
1) un film en noir et blanc
2) français
3) genre polar et" Nouvelle Vague"
4) l'acteur principal est aussi chanteur
5) Bobby Lapointe fait une apparition...
D’ici là, portez-vous bien et faites pas les cons...
1) un film en noir et blanc
2) français
3) genre polar et" Nouvelle Vague"
4) l'acteur principal est aussi chanteur
5) Bobby Lapointe fait une apparition...
D’ici là, portez-vous bien et faites pas les cons...
...et le réalisateur c'est F Truffaut ?
RépondreSupprimerHeu... oui ! Donc tu as quasiment trouvé... J'ai donné trop d'indices, je ferai plus dur la prochaine fois !
RépondreSupprimerOk!...
SupprimerTiens, cadeau:
https://www.youtube.com/watch?v=QUW7PvvbbO4&feature=emb_logo
Ça devrait te faire plaisir Lucio
J L
Merci ! Eh ben, je ne savais même pas qu'ils étaient en studio. Le titre n'est pas terrible...
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