- Ah, je me
disais dernièrement qu'il y a bien longtemps que Claude ne nous a pas déniché
l'une de ses artistes canons et sans doute talentueuses… De la trompette !
- Oui, ça
change du violon et du piano, les virtuoses de la trompette sont souvent des hommes,
comme Maurice André en classique, en jazz on ne les compte plus…
- En effet,
Chet Baker, Miles Davies, Louis Armstrong, ceux qui me viennent à l'esprit… Une
américaine cette belle blonde ?
- Non
anglaise Sonia, une grande fille aux allures de top model, elle a complété ses
études au Conservatoire de Paris… Petite quarantaine et discographie abondante…
- Il n'est
pas très long ce concerto de papy Haydn ? C'est qui Hummel ?
- Non mais la
musique, ce n'est pas au poids. Mais il est bien composé et rigolo, comme
d'habitude Haydn associe poésie et humour, un grand cru du répertoire… Celui de
Hummel, un contemporain de Beethoven est souvent joué en complément d'un disque…
Trompette baroque (1600) |
Trompette à clefs (1790) ; celle de Haydn xxx |
Trompette moderne à piston de 1890 |
Au début du romantisme, la trompette à clefs aura du
mal à s'imposer, le mécanisme étant peu pratique. L'invention vers 1865 de la trompette moderne à pistons
permettra à l'instrument d'acquérir ses lettres de noblesse. Dans l'orchestre,
on lui confie des solos très difficiles (symphonie 5 & 9 de Mahler, Petrouchka de Stravinsky) et des concertos et pièces
diverses lui sont dédiées.
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Alison Balsom xxx |
Hummel |
Alison Balsom est native
du Hertfordshire, un comté au nord de Londres. Pour les amateurs de people et
pour dissuader Rockin' de toute tentative galante, la blonde trompettiste n'est
autre que Madame Sam Mendès à la
ville, le réalisateur de American Beauty (4 oscars) et aussi de Les Sentiers de
la perdition, de Spectre, un Bond avec Daniel Craig et de 1917 commenté
récemment par Luc.
Elle commence l'étude de la trompette dès l'âge de 7
ans. Elle fréquente divers conservatoires britanniques et sort diplômée à
seulement 16 ans de Cambridge. Elle vendra se perfectionner au Conservatoire
supérieur de Paris connu pour la qualité de l'enseignement adapté aux
instruments à vent.
La jeune femme impose son instrument sur toutes les
scènes du monde malgré un répertoire moins fourni, le mot est faible, que celui
pour le piano, le violon et même la flûte. Elle étend le catalogue assez mince pour
la trompette soliste, quelques soient les modèles, en établissant des transcriptions
de concertos pour d'autres instruments et en créant nombres d'œuvres contemporaines
composées à son intention, tel le concertino pour trompette de James MacMillan.
Sa discographie est très riche avec environ une
douzaine d'albums à son actif réunissant une myriade de compositeurs de
l'époque baroque à notre temps : Purcell,
Messiaen, Françaix,
Hindemith, Martinů,
Vivaldi, Bach,
Debussy, des dizaines d'autres plus ou
moins célèbres… L'album de ce jour de 2008
comporte deux des concertos les plus prisés, ceux de Haydn
et de Hummel mais aussi de Jan Křtitel Jiří Neruda de l'époque
classique tchèque ou de Torelli,
un baroqueux italien.
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Concerto de
Haydn :
Le premier point commun avec celui de Hummel est qu'il a été composé et dédié au
trompettiste virtuose Anton Weidinger,
l'inventeur de la fameuse trompette à clefs jouant "juste" toutes les gammes
chromatiques. Le concerto daté de 1796
est ainsi en mi bémol majeur, une création impossible même à l'époque de Mozart mort en 1791… Très divertissant, il est créé par son dédicataire en 1800 mais devra attendre 1929 pour son édition ; il fait le
bonheur des trompettistes…
En 1796 Haydn a achevé depuis peu son fabuleux cycle
de 104 symphonies dont les 12 dernières, les londoniennes, font appel à un orchestre
étoffé qui sera en termes d'effectif la référence en cette fin de l'époque
classique et pendant les débuts du romantisme, notamment chez Beethoven. Les trombones devront attendre
plus tard. Donc :
2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2
trompettes naturelles, 2 cors, deux timbales et les cordes.
Pour la douzaine d'années de vie qui le guideront à
l'âge vénérable pour l'époque de 77 ans, Haydn
abandonne l'univers symphonique pour la composition de six messes (l'homme
était franc-maçon mais il faut bien avoir un gagne-painJ). Et puis on ne peut passer sous silence les
oratorios La Création et Les Saison de 1798 et 1801, aboutissement et synthèse de
son art. Il composera peu au début du XIXème siècle, fatigué et souffrant mais
dieu vivant dans le monde musical viennois…
On pense à tort que Haydn
a peu composé de concertos. On en compte quand même 44 pour la plupart des
instruments : piano et clavecin, flûte,
cor, etc. et même pour vielles à roue ! Ceux pour violoncelle sont les plus connus. Des œuvres agréables mais occultées
par le génie des concertos de Mozart
ou de Beethoven, d'une hauteur de
vue bien supérieure… Celui pour trompette
est unique en son genre, une composition conjoncturelle en rapport avec la
trompette chromatique toute neuve…
L'œuvre est de forme traditionnelle en trois mouvements :
Anton Weidinger |
Andante : Haydn
réutilisera le thème galant de ce mouvement pour écrire l'hymne autrichien en 1797
Allegro : Très guilleret et
martial, un défilé amusant de soldats de plomb, appliquant la forme sonate et la forme rondo. J'ai
utilisé le trépidant motif pour l'illustration sonore d'un film-diapos créé par
des enfants vers 1970… (Le numérique
n'existait pas, on galérait). L'histoire d'une marguerite triste d'être plantée
prisonnière de la terre. Elle s'ennuie et décide de partir en voyage découvrir
le monde… La petite mélodie sautillante et ludique jouée par la trompette servait
d'intermède en leitmotiv quand la fleur aventureuse se déplaçait d'une scénette
à une autre😊.
Concerto de Hummel
:
Je ne m'étends pas aujourd'hui sur la biographie de ce
compositeur jamais invité dans le blog. C'est un papier sur la trompette dans
l'univers concertant et je ne veux pas voler la vedette à notre Alison au look de fée elfique. Contemporain
de Beethoven (1770-1827), Johann Nepomuk
Hummel (1778-1837)
appartient à ce groupe de compositeurs assurant la transition entre les styles
"classique" et "romantique" à l'ombre de Mozart
et de Beethoven mais aussi de Haydn qui fut son professeur.
Thomas Klug |
Le concerto pour trompette daté de 1803 est dédicacé à Anton Weidinger comme celui de Haydn. Les deux concertos partagent la
même tonalité : mi bémol majeur, mais celui-ci peut être joué en mi majeur.
Dans les deux cas des tonalités optimistes… Petit détail, Hummel
composera aussi un trio pour trompette à l'intention d'Anton
Weidinger.
L'orchestration du concerto de Hummel
est plus chambriste et proche de celle d'un Mozart
: 1flûte, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 cors, timbales et cordes. L'ouvrage
comporte très classiquement trois mouvements. Le concerto dure près de 25
minutes soit le double de celui de Haydn.
2 – Andante : Très charmeur, l'andante
adopte l'esprit romantique. Sur une scansion des cordes, un motif élégiaque
agrémenté de trilles (quelle finesse dans le jeu de l'artiste) ouvre
le mouvement lent. Le développement est introduit par des trilles à la flûte,
une orchestration plutôt originale, très beau chant du hautbois également. Et
même un climax lyrique achève l'andante…
3 – Rondo : directement enchaîné, le
rondo est une course folle très rythmée et incisive, une danse bucolique
endiablée. Ne pas oublier : une très belle prise de on !
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Ah, ça y est : je constate que Warner Classics cède également à la mode des pochettes de CD racoleuses, phénomène dont Decca s'était fait une spécialité ces dernières années ;-) !!! Bon, ça ne casse pas trois pattes à un canard, ces deux concertos pour trompette -je cherche encore trace de l'Empereur de Beethoven : le test est négatif chez moi ;-) -, mais ça permet de passer une agréable demi-heure musicale ! Et ça rajoute à l'aspect "cuivré - chasse à courre" de ma journée d'hier :-)
RépondreSupprimerJe ne vois pas pourquoi, les artistes classiques de la nouvelle génération devraient s'afficher avec des godillots, habillées comme pour se rendre à des obsèques, un chignon grisonnant et des lunettes en écailles :o))))
RépondreSupprimerNon pas des chefs-d'oeuvre, mais ça change...
Oui, "l'empereur", c'est très fugace, limite psy :o)
Le papier sur l'ouvrage pianistique de 4 plombes et plus paraît jeudi