mardi 4 février 2020

L’OPERA DES VILLES ET L’OPERA DES CHANTS - par Pat Slade



Il y a longtemps déjà, j’avais chroniqué  trois opéras français : «Carmen» de Georges Bizet, «La Damnation de Faust» d’Hector Berlioz et «La Belle Hélène» de Jacques Offenbach. Claude notre doyen et docteur honoris causa en musique classique n’étant pas trop un grand amateur du genre lyrique, j’ai tant bien que mal essayé de prendre le relais, mais la chose n’est pas simple ! Donc je vais aujourd’hui survoler l’opéra à travers ses airs les plus célèbres. Cela dit Claude s'est penché sur Debussy «Pelleas et Mélisande», Richard Strauss «Salomé» et «Tristan et Isolde» de Richard Wagner.




La Castafiore a 80 ans






Maria Callas
L’opéra est un art difficilement abordable pour certain, quand on parle de bel canto, tous le monde pense à «L’air des bijoux» du «Faust» de Gounod interprété par le rossignol milanais Bianca Castafiore dans les aventures de Tintin à la force de ses abondants poumons. Et de ce personnage fictif aux formes généreuses et à la voix puissante, l’image de la cantatrice va se forger dans les esprits des non mélomanes. A la question : «Citez moi une et un chanteur d’opéra», la réponse est pratiquement toujours la même, Maria Callas pour les sopranos et Luciano Pavarotti chez les ténors. Jamais ils ne citeront un baryton, une basse, une Mezzo-soprano, une Contre-Alto ou encore un Contre-ténor pour ne donner qu’un exemple des différentes tessitures de voix. Mais je ne suis pas là pour faire le procès de ceux qui ne connaissent pas cette forme d’art qu’est l’opéra, mais pour essayer de les sensibiliser à des airs et des voix qu’ils ont sûrement déjà entendus et que cela fasse un déclic avec l’envie d’écouter un opéra en entier.

Luciano Pavarotti
Bien sûr, un opéra peut être très long. Et pour les lecteurs, à moins que vous soyez courageux ou masochiste, je conseillerai de ne pas commencer par le cycle entier de la Tétralogie «Der Ring Des Nibelungen» ou même le «Tristan et Isolde» de Richard Wagner. chroniqué par mon camarade. Se goinfrer une suite d'opéras de plus de 14h00 pour le premier et en langue germanique de surcroît,  pour une première se serait sûrement indigeste et rébarbatif pour un novice. Il vaut mieux commencer par des choses plus légères, plus agréables et surtout dans sa langue d’origine pour mieux comprendre le livret. Pour cela je conseillerai l’humour de «La Belle Hélène» de Jacques Offenbach ou encore «Carmen» de Georges Bizet avec ses airs connus du grand public. 

Mais revenons à ces acteurs de la scène lyrique qui donnent de la voix. Oublions l’image de la Castafiore, cette caricature de la chanteuse lyrique  à la poitrine généreuse et au tour de taille conséquent que l’on imagine plus dans le rôle de "la Walkyrie" de Wagner que dans celui de «Manon Lescaut» dans l’opéra du même nom de Puccini. Et encore, une Walkyrie devrait avoir le look nordique top model. La seule à ma connaissance qui avait un surpoids c’étais «La Superba» Montserrat Caballé et aussi peut être Jessye Norman en fin de carrière, mais tout cela n’est en aucun cas une moquerie ou une réprobation de ma part sur le tour de taille de ces dames. La cantatrice a su trouver une élégance et une beauté selon les rôles qu’elle a tenus. Que ce soit Kiri Te Kanawa, MirellaFreni, Teresa Berganza
Montserrat Caballé
ou Julia Migenes, les sopranos sont devenues des vamps de chevet. Chez les hommes, l’embonpoint n’a jamais été un problème surtout quand ils doivent jouer le rôle de «Falstaff» de Verdi. Pour ne citer que les plus ténors connus, Placido Domingo, José Carreras, Enrico Caruso, Roberto Alagna
, Jonas Kaufmann et Guiseppe Di Stefano. Mais la liste, que ce soit chez les cantatrices comme chez les ténors est infinie, et encore je n’ai pas parlé des barytons et des basses comme Dietrich Fisher-Dieskau, José van Dam, Kurt Moll et Nicolaï Ghiaurov. Mais arrêtons l’annuaire des grandes voix pour se plonger dans les airs d’opéras célèbres.

Qui n’a jamais entendu et susurrer «L'amour est un oiseau rebelle» ou «La chanson du toréador» ? Sûrement les airs les plus connus de «Carmen» et pourtant pas les plus beaux. En écoutant ces morceaux, on passe à coté des autres comme «L’air de Micaëla» ou le «Trio des cartes». Pour rester dans l’opéra français, comment ne pas fondre en écoutant le «Duo des fleurs» de «Lakmé» l’opéra de Léo Delibes, ne pas vibrer au «Chœur des soldats» du «Faust» de Gounod, rire au «Couplet des rois» de «La belle Hélène» d’Offenbach, envoûté par la «Barcarolle» et «Les oiseaux dans la charmille»  des «Contes d’Hoffmann» du même
P.Domingo - T.Berganza dans "Carmen"
Offenbach et frissonner à «L’air de Mireille»  de Charles Gounod dans l’opéra du même nom ? Les opéras étrangers ont aussi laissé des airs célèbres que l’on chantonne après les avoir entendus au détour d’une publicité ou à la radio par inadvertance. Je réitère que tout le monde connaît au moins un air d’opéra même dans une langue qui n’est pas la sienne. «La flûte enchantée» de Mozart et «L’air de la Reine de la Nuit», le chœur des esclaves «Va pensiero» du «Nabucco» de Verdi, «Un bel di vedremo» de «Madame Butterfly» de Puccini, ne pas oublier le «Nessun Dorma» de «Turandot» du même Puccini sans oublier la superbe interprétation de Luciano Pavarotti. Et puis comment ne pas oublier le magnifique «Una furtiva lagrima» de «L’élixir d’amour» de G.Donizetti et tout les grands airs des opéras de Verdi : «La donna è mobile» dans «Rigoletto», «Brindisi» faussement titré «Libiamo, nè lieti calici» dans «La Traviata». Et puis les autres, des airs connus comme «O mio babbino caro» extrait de «Gianni Schicchi» de Puccini, l’air de la Wally «
Ebben? Ne andrò lontana» de Catalani remis au goût du jour en 1981 par Jean-Jacques Beineix dans le film «Diva», «Vesti la giubba» de «Pagliacci» de Ruggero Leoncavallo ou Robert «Al Capone» De Niro pleure
Kiri Te Kanawa
comme une madeleine en l’écoutant dans le film «Les Incorruptibles» en 1987 ou encore Tom Hanks en transe sur "La mama morta" l'aria d'"Andrea Chenier" d'Umberto Giordano dans le film "Philadelphia". Et puis pour finir, n’oublions pas Mozart, «L’air de Papageno» dans «La flûte enchantée», le final de «Don Giovanni» avec la statue du commandeur «
Don Giovanni, a cenar teco», «Les noces de Figaro» «Non piu andrai farfallone amoroso», «Voi che sapete». 

Pardon… ? Je n’ai pas parlé de Rossini ? Ah oui !  «Le Barbier de Séville» et l’ «Air de Figaro», le fameux «Trio patriotique» de l’acte deux de «Guillaume Tell» qu’Offenbach ajoutera dans «La Belle Hélène» avec une grande part d’humour et pour finir, la cerise sur le gâteau, «Duetto buffo di due gatti» ou «Duo des chats». Bon si dans tout cela, rien ne va, je jette l'éponge 😁.

Tout ceci n’est qu’une goutte d’eau dans la mer de la culture du Bel Canto, mais il y a au moins, voire plus, voire tous, un air que le commun des mortels connaissent. Sur tous les exemples que j’ai donné (Et il y en a beaucoup plus !), vous pourrez trouver votre bonheur en cherchant sur youtube et en CD, il existe beaucoup de compilation rassemblant les grands airs du répertoire. Vous pouvez aussi vous forger l’oreille sur les films comme «Don Giovanni» de Joseph Losey (1979), «Carmen» de Francesco Rosi (1984) ou «La flûte en chantée» d’Ingmar Bergman (1975). 

Le prix d’un billet d’entrée pour écouter un opéra s’est démocratisé, il ne faut pas croire que cela est juste réservé à une élite. Il faut compter entre 35€ et 145€ en catégorie optimale, mais il y en a pour toutes les bourses et je parle de l’opéra Garnier. Mais le théâtre des Champs Élysées a aussi une grille de programme pour toute les bourses allant de 5€ (Si c’est pour ce retrouver à un kilomètre de la scène caché par un poteau, oubliez tout de suite !) à 85€, c’est d’ailleurs dans cette salle que Teresa Berganza, Placido Domingo et Claudio Abbado joueront un ébouriffant «Carmen» en 1978. Alors si vous avez les moyens (même modeste !), vous pourrez vous faire plaisir !                  
 
Une petite sélection, avec dans l'ordre :
Duo des fleurs de  Lakmé de Delibes chanté en 2007 par Anna Netrebko (soprano) & Elina Garanca (mezzo-soprano)
Libiamo ne'lieti calici (Buvons dans ces joyeuses coupes) extrait de la Traviata de Verdi. Venera Gimadieva (Violetta), Michael Fabiano (Alfredo). Opéra inspiré de La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas. Nota : et en plus c'est du Dom Pérignon !!! (2014)
Montserrat Caballé (soprano, à droite) et Marilyn Horne (mezzo-soprano, à gauche) chantent le duo de la Barcarolle des Contes d'Hoffmann d'Offenbach. Munich, 1990.
Kiri Te Kanawa (la "grande" soprano) & Norma Burrows (la soprano blonde) dans le duo des chats de Rossini en 1982.



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