Denys
Arcand est un scénariste-réalisateur québécois qui tourne depuis les années 60 (78
balais à ce jour) et parfois comédien, dont on connait peu l’œuvre en France, à
part quelques métrages qui ont passé l’Atlantique. Chez nous on le découvre
avec LE DECLIN DE L’EMPIRE AMERICAIN (1986) son titre le plus célèbre,
formidable comédie de mœurs sur les affres sexuelles de ses contemporains. Autre
titre connu, JESUS DE MONTREAL (1989) et en 2003, il donne une suite au DECLIN avec
la même distribution : LES INVASIONS BARBARES. Je ne saurais trop vous
conseiller ce dyptique, je défie quiconque de ne pas verser une larme à la
dernière séquence. Ce film était aussi l’occasion de découvrir l’actrice Marie
Josée Croze, d’un charme et d’une beauté… arfff…
Si
le titre LA CHUTE DE L’EMPIRE AMERICAIN fait référence au premiers opus, pour des
raisons marketing surement, l’intrigue
n’a rien à voir. C’est à la fois une comédie, un film Noir, et une charge féroce
du système capitaliste. Denys Arcand est un cinéaste politisé, à gauche toute,
mais avant tout un humaniste, qui sous couvert d’intrigues romanesques met
bien les pieds dans le plat. Dans LES INVASIONS, qui dénoncait entre autre le système de santé outre-Atlantique, il jouait un syndicaliste borné…
Le
pitch est très simple : que feriez-vous si vous tombiez sur deux sacs remplis de
billets dont la somme dépasse le million ?
C’est ce qui arrive à Pierre-Paul Daoust. Un trentenaire docteur en philosophie qui végète comme coursier, et le soir sert la soupe aux SDF. On le découvre dans un driving en train de rompre avec sa fiancée - employée de banque - avançant des arguments improbables sur les grands intellectuels de ce monde dont il charrie les dérives, genre, Jean Paul Sartre et ses idéaux qui allaient jusqu’à soutenir Pol Pot. Comment lui, Pierre-Paul, humaniste et le coeur à gauche peut-il vivre avec une banquière forcément capitaliste ?! Une scène d’ouverture jubilatoire, pour dire cette confusion des esprits, des pensées et des actes : le sujet du film.
C’est ce qui arrive à Pierre-Paul Daoust. Un trentenaire docteur en philosophie qui végète comme coursier, et le soir sert la soupe aux SDF. On le découvre dans un driving en train de rompre avec sa fiancée - employée de banque - avançant des arguments improbables sur les grands intellectuels de ce monde dont il charrie les dérives, genre, Jean Paul Sartre et ses idéaux qui allaient jusqu’à soutenir Pol Pot. Comment lui, Pierre-Paul, humaniste et le coeur à gauche peut-il vivre avec une banquière forcément capitaliste ?! Une scène d’ouverture jubilatoire, pour dire cette confusion des esprits, des pensées et des actes : le sujet du film.
Notre exaspérant idéaliste tête à claques prompt à dénoncer les travers de la société
capitaliste, va être mêlé par hasard à un hold-up sanglant. Deux cadavres au
sol, un blessé, Jacmel, et des sacs de biftons qui ne demandent qu’à être
récupérés. Mais pour en faire quoi ? Pierre-Paul Daoust s’y connait en
associations caritatives, bénévole dans une sorte de Restau du Cœur, mais
question flouze, que dalle. Il contacte donc un escroc, Sylvain Bigras, qui vient de
sortir de huit ans de taule, profitant de ses années d’incarcération pour
passer un diplôme d’analyste financier ! Le candidat idéal pour lui donner
un coup de main.
Le
film reprend les codes du film de gangsters. Le holp-up, les flics qui mènent l’enquête,
le commanditaire du casse qui cherche à retrouver son fric, les bandes rivales,
tout cela est rondement mené, réaliste à l’écran, on a droit à une scène de
torture particulièrement atroce, parce que les mecs contre qui se cogne Pierre-Paul
Daoust ne sont pas des enfants de cœur. Un autre personnage arrive, Camille, une
call girl que Daoust a réservé sur Internet, l’hyper bandante Maripier Morin (obscure starlette tv de la belle province)
qui se dit qu’avec ce pigeon soudainement friqué, y un truc à faire (excellente
scène de la pipe avec l’arrivée des flics…).
Le
film va couvrir trois aspects : 1) l’enquête des policiers qui subodorent que
l’unique témoin du hold-up n’est pas franc du collier 2) les
gangsters qui ratissent la ville à la recherche de Jacmel Rosalbert, le survivant
du hold-up 3) la constitution d’une équipe de bras cassés pour faire fructifier le butin. Avec l’aide d’un avocat
d’affaires, ancien client de Camille, va se monter un coup fumant...
Camille...arrffff, Camille... |
J’adore
ces films d’escroquerie auxquels je ne comprends pas tout, ces histoires de
transactions financières, optimisations fiscales, comptes off-shore (fabuleuse
séquence de l’avocat au téléphone qui construit une avalanche de transferts)
mais racontées par Denys Arcand c’est un régal d’humour et de cynisme. Les dialogues
aux petits oignons sont pleins de drôlerie, et débités avec l’accent québécois,
c’est bonus ! Calice ! Tabernacle ! J’aime chez Denys Arcand son
regard acéré sur cette société des nantis, des tricheurs, des cyniques, mais
aussi son regard plein d’humanité sur les petites gens.
Car
Pierre-Paul Daoust va s’adjoindre d’autres complices, une équipe de
branquignols revanchards, filmée tout en générosité (jolie scène du sdf à qui
il trouve un appartement), opposé à leurs "clients" petits bourgeois corrompus. Génial couple qui arrivent avec une valoche pleine d’argent sale pour repartir
avec leur Samsonite de billets propres… je vous laisse découvrir le pourquoi du
comment. Et cette dernière séquence où les flics se retrouvent à servir la
soupe dans un dispensaire. On objectera tout de même le fait que le seul des
escrocs à être arrêté, est … bah non j’vous dis pas !
LA
CHUTE DE L’EMPIRE AMERICAIN est un divertissement rondement mené, très
efficacement réalisé dans les scènes de comédie comme d’action, remarquablement
écrit et scénarisé (plein de vrai-faux rebondissements), noir et léger à la fois, utopique, naïf, surement mais on s’en
fout. Denys Arcand dénonce dans ses films les travers de cette société basée
sur le profit, propose une alternative ancrée dans ce que l’humanité à de plus
beau. Un monde de rêve ? Sans doute, mais j’aimerais beaucoup y vivre,
surtout si y’a Camille dedans !
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