103
ans aux prunes ! La vache, le mec aura été hors normes jusqu’au bout !
1916-2020. Avec ce qu’il a bu et clopé, pas sûr que le Ministère
de la santé en fasse son égérie ! Tous les médias ont parlé du décès de
Kirk Douglas, on a même vu des nécros sur le web où on lisait : mort le
xx/xx/xxxx, genre le truc était pondu d’avance, mais ces charognes n’avaient même
pas eu la décence de relire et compléter leur papier virtuel avant de cliquer
sur envoyer… Bande de cons.
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Déjà
le pseudo claque comme un coup de fouet, et si vous rajoutez la gueule
exceptionnelle du gars, le talent et la niaque qui vont avec, vous obtenez une
star. Vous vous souvenez de son passage à la télé française, chez Pivot ? Il
y parlait parfaitement français (marié à la belge Anne Buydens, 100 ans aux
miches !) et répondait à ce triste sire de Jacques Séguéla qui dissertait sur
la différence entre star et vedette : « Mais vous êtes qui, vous,
pour dire que Kirk Douglas n’est pas une star ?! ». Il était né pauvre,
chétif et juif. Tout ce qu’il faut pour réussir dans la vie. D’où cette soif de
revanche, et son amitié pour Tony Curtis, né Bernard Schwartz, au parcours identique.
J’ai
trois acteurs dans mon panthéon hollywoodien : James Stewart, Burt
Lancaster et Kirk Douglas. Les deux derniers étaient amis, ils ont tourné 6 ou
7 films ensemble, L’HOMME AUX ABOIS (1948) marque leur rencontre, mais on se
souvient évidemment de REGLEMENT DE COMPTE A OK CORRAL (John Sturges, 1957) et
des diffusions télé le dimanche après-midi avant que le bétonneur Bouygues
mette la main sur la première chaine française. C’est sans doute dans ce
western efficacement charpenté - mais LE DERNIER TRAIN POUR GUN HILL du même
réalisateur n’est pas mal non plus - que j’ai découvert Kirk Douglas, tenant le
rôle du tuberculeux et alcoolique Doc Holliday.
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A
partir de là, il faut que je vous explique un truc. Dans les années 50, un
certain nombre de réalisateurs ou acteurs en avaient
marre des diktats des Studios, du genre soit beau et tais-toi. T’es salarié, on
te paie une fortune, tu fais le job et tu la fermes. Apparait donc une
génération d’acteurs/producteurs. Ca veut dire quoi ? Qu’un acteur monte
une structure financière sur ses gains acquis, sa renommée, achète les
droits de tel roman ou scénario, et les développe. Bref, devient le patron,
comme un Alain Delon en France, s’opposant à la notion d’auteur. Les Studios
continuent de distribuer les films (s’ils croient au potentiel commercial) mais
n’en sont plus à l’origine. Le producteur devient prestataire de service, des
gars comme Jack Nicholson ou Warren Beatty feront la même chose dans les 70’s.
Kirk
Douglas monte sa boite, Byrna, du prénom de sa mère, et développe ses propres projets.
C’est ainsi qu’il repère un jeune metteur en scène, Stanley Kubrick, qui vient
de sortir ce joyau de Film Noir L’ULTIME RAZZIA (THE KILLING, 1956). Leur première
collaboration sera LES SENTIERS DE LA GLOIRE (1957) sur lequel il est inutile de
revenir, film majeur, les mots nous manquent... Sous
contrat, Kubrick accepte de reprendre au débotté le
tournage de la super production SPARTACUS (1960) dont le premier réalisateur
Anthony Mann avait été viré. Douglas impose au générique le nom du scénariste de
Dalton Trumbo, inscrit sur la liste noire de Joseph McCarthy, le sénateur qui
pourchassait les communistes ou prétendus tels. Acte politique, qui fit grand
bruit. La suite on la connait. Les deux hommes ne s’apprécient guère, Kubrick
fulmine de n’être qu’un faire-valoir aux ordres du producteur/star tout puissant,
Douglas le libère de ses obligations, Kubrick se barre à Londres. Merci Kirk !
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Kirk
Douglas s’était essayé à la mise en scène, SCALAWAG (1973, en V.O. LE TRESOR DE
BOX CANYON d’après RL Stevenson) et LA BRIGADE DU TEXAS (1975) : des flops
commerciaux retentissants.
La
suite n’a que peu d’importance, il s’amuse avec son pote Burt Lancaster dans l’oubliable
COUP DOUBLE (1986), mais sa renommée était faite. Acteur très engagé
politiquement et socialement jusqu’au bout (relire sa diatribe anti-Trump), il
avait gardé toute sa tête malgré une attaque cérébrale qui le prive de sa bonne
élocution en 1996, et son apparence de vieillard momifié à coups de
bistouris – mais pourquoi,
bon dieu, pourquoi ?! Ce mec était un immense acteur, qui vous crucifiait de
son regard tantôt pétillant ou acéré, froid comme l’acier, une lame de couteau,
mâchoire en béton, sourire carnassier et venimeux, une gueule et une voix, celle
de Roger Rudel en français, car c’est bien avec ce timbre si caractéristique qu’on
l’a connu.
Impossible
de tout dire, tout raconter, je ne vous ai parlé que des films que je
connais, que j’ai vus, aimés, liste sélective, vous pouvez piocher
dedans, c’est cadeau !
Allez Sonia, passez-moi mon glaive en carton, ma jupette, et aidez-moi à monter sur le bureau, ah putain mon dos... Bruno ! Claude, aidez-la ! Pour crier une dernière fois : « I’m Spartacus ! »
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